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EAN : 9780873527774
168 pages
Modern Language Association of America (01/01/1993)
3.32/5   28 notes
Résumé :
Zilia est une jeune Péruvienne promise au prince inca. Le jour de ses noces, elle est enlevée par des Espagnols dont le bateau tombe bientôt aux mains d'un commandant français. Zilia est amenée à Paris. En attendant de retrouver un jour celui qu'elle aime, elle lui écrit de longues lettres : elle s'étonne des mœurs qu'elle découvre, souligne les inégalités et les injustices qu'elle observe, s'indigne du sort réservé aux femmes...
Roman épistolaire et sentime... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
C'est avec ce roman polymorphe que je découvre Mme de Graffigny : roman épistolaire, roman d'éducation, roman sentimental, roman de critique sociale. Tout cela est vu à travers les yeux de Zilia, doublement étrangère par son statut de Péruvienne et de femme.
Les lettres (les quipos au départ) qu'elle envoie à son fiancé Aza sont pour elle le moyen d'affronter le déracinement complet qu'elle subit. Elles lui permettent de mettre des mots sur ses pensées confuses et douloureuses et petit à petit de se construire une nouvelle identité. D'abord consacrées à l'expression de ses sentiments, elles abordent plus tard la critique sociale au fur et à mesure que Zilia apprend le français et comprend ce qui se passe autour d'elle.
Contrairement aux Persans de Montesquieu, Zilia a subi son voyage en France, il est vital pour elle de se positionner face à Détreville et aux autres personnages et c'est à travers l'écriture qu'elle le fait. de bonne sauvage (Mme de Graffigny partage les idées de Rousseau), elle devient une jeune femme cultivée qui s'assume et choisit sa vie.
Une très agréable découverte.
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Excellent complément aux lettres persannes de Montesquieu, c'est en lisant ce genre d'ouvrage que l'on remarque le peu de progrès de la société ces derniers siècles, le plus dramatique c'est que, dans l'industrie il y a eu remise en cause, par exemple la mise en place de l'ISO 9001: Il y a encore 20 ans vous auriez demandé à votre patron de peindre le sol de l'atelier, il vous foutait dehors en vous traitant de fou, de nos jours si votre atelier n'a pas de peinture au sol on vous enlève les commandes...
Dans un microcosme l'évolution est possible, pas dans les sociétés; comme disait Zola pour que l'homme change il faut que les sociétés civiles changent.
Utopie, utopie quand tu nous tiens!
Le tournant eut pu avoir lieu si on avait échangé avec les sociétés Indienne du nouveau continent au lieu de les piller, maintenant c'est trop tard, malheureusement!
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Roman épistolaire dont les lettres sont davantage tournées vers des épanchements du coeur que vers une critique de la société. Il s'agit de l'histoire de Zilia, une jeune princesse du Pérou qui est arrachée à son temple par les Espagnols, ainsi qu'à son fiancé Aza, prince Inca avec qui elle devait se marier. Elle sera sauvée en mer par des Français (dont le chevalier Déterville qui tombera amoureux d'elle). Ensuite, elle sera amenée à Paris dont elle ne connaît rien (coutumes, moeurs, etc.), ne parlant même pas français. Elle écrit alors des lettres pour raconter à son fiancé inca disparu tout ce qu'elle voit et comprend.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Je ne sais quelles sont les suites de l’éducation qu’un père donne à son fils : je ne m’en suis pas informée. Mais je sais que du moment que les filles commencent à être capables de recevoir des instructions, on les enferme dans une maison religieuse, pour leur apprendre à vivre dans le monde ; que l’on confie le soin d’éclairer leur esprit à des personnes auxquelles on ferait peut-être un crime d’en avoir, et qui sont incapables de leur former le cœur qu’elles ne connaissent pas.
Les principes de la religion, si propres à servir de germe à toutes les vertus, ne sont appris que superficiellement et par mémoire. Les devoirs à l’égard de la divinité ne sont pas inspirés avec plus de méthode. Ils consistent dans de petites cérémonies d’un culte extérieur, exigées avec tant de sévérité, pratiquées avec tant d’ennui, que c’est le premier joug dont on se défait en entrant dans le monde, et si l’on en conserve encore quelques usages, à la manière dont on s’en acquitte, on croirait volontiers que ce n’est qu’une espèce de politesse que l’on rend par habitude à la divinité. […]
Régler les mouvements du corps, arranger ceux du visage, composer l’extérieur, sont les points essentiels de l’éducation. C’est sur les attitudes plus ou moins gênantes de leurs filles que les parents se glorifient de les avoir bien élevées. […]
Quand tu sauras qu’ici l’autorité est entièrement du côté des hommes, tu ne douteras pas, mon chez Aza, qu’ils ne soient responsables de tous les désordres de la société. Ceux qui, par une lâche indifférence, laissent suivre à leurs femmes le goût qui les perd, sans être les plus coupables, ne sont pas les moins dignes d’être méprisés ; mais on ne fait pas assez d’attention à ceux qui, par l’exemple d’une conduite vicieuse et indécente, entraînent leurs femmes dans le dérèglement, ou par dépit ou par vengeance. Et en effet, mon cher Aza, comment ne seraient-elles pas révoltées contre l’injustice des lois qui tolèrent l’impunité des hommes, poussée au même excès que par leur autorité ? Un mari, sans craindre aucune punition, peut avoir pour sa femme les manières les plus rebutantes, il peut dissiper en prodigalités, aussi criminelles qu’excessives, non seulement son bien, celui des enfants, mais même celui de la victime qu’il fait gémir par l’indigence, par une avarice pour les dépenses honnêtes, qui s’allie très communément ici avec la prodigalité. Il est autorisé à punir rigoureusement l’apparence d’une légère infidélité, en se livrant sans honte à toutes celles que le libertinage lui suggère. Enfin, mon cher Aza, il semble qu’en France les liens du mariage ne soient réciproques qu’au moment de la célébration, et que dans la suite les femmes seules y doivent être assujetties.
Je pense et je sens que ce serait les honorer beaucoup de les croire capables de conserver de l’amour pour leur mari, malgré l’indifférence et les dégoûts dont la plupart sont accablées. Mais qui peut résister au mépris ?
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Il m’a fallu beaucoup de temps, mon cher Aza, pour approfondir la cause du mépris que l’on a presque généralement ici pour les femmes. Enfin je crois l’avoir découverte dans le peu de rapport qu’il y a entre ce qu’elles sont et ce que l’on s’imagine qu’elles devraient être. On voudrait, comme ailleurs, qu’elles eussent du mérite et de la vertu. Mais il faudrait que la nature les fît ainsi ; car l’éducation qu’on leur donne est si opposée à la fin qu’on se propose, qu’elle me paraît être le chef-d’œuvre de l’inconséquence française.
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Quoique j’aie pris tous les soins qui sont en mon pouvoir pour acquérir quelque lumière sur mon sort, mon cher Aza, je n’en suis pas mieux instruite que je l’étais il y a trois jours. Tout ce que j’ai pu remarquer, c’est que les sauvages de cette contrée paraissent aussi bons, aussi humains que le Cacique; ils chantent et dansent comme s’ils avaient tous les jours des terres à cultiver. Si je m’en rapportais à l’opposition de leurs usages à ceux de notre nation, je n’aurais plus d’espoir; mais je me souviens que ton auguste père a soumis à son obéissance des provinces fort éloignées, et dont les peuples n’avaient pas plus de rapport avec les nôtres : pourquoi celle-ci n’en serait-elle pas une?
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Le plaisir d'être; ce plaisir oublié, ignoré même de tant d'aveugles humains; cette pensée si douce, ce bonheur si pur, je suis, je vis, j'existe, pourrait seul rendre heureux, si l'on s'en souvenait, si l'on en jouissait, si l'on en connaissait le prix.
P209
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Dans la littérature spéciale qui traite des Indiens, nous verrons que les malheureux amenés de gré ou de force à Paris, mis en contact direct avec des civilisés, ne cessent de regretter leurs forêts, de nous faire, à notre face, l'éloge de leur vie, et, dès qu'ils en ont le pouvoir, retourne à leur solitude avec la haine et le mépris de la civilisation. L'exotisme américain est, dès l'origine, antisocial, ce caractère ne va faire que se développer au cours du XVIIIe siècle.
P.14
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