Parole & Sculpture

C'est difficile d'écrire une chronique sur un être qui vient de vous quitter. Je laisserai le silence prendre son temps, et penser à lui, fermant le yeux, écouter son timbre de voix comme s'il me le lisait, ce texte sur Job, Je n'ai de pain que mes larmes, sculpture N° 16.

"En 1985, je réalisais en bronze une petite statue représentant un homme en position de yoga, les moins ouvertes, les yeux fermés, qui semble méditer, en proie à une grande douleur, comme dit le psaume 42, 4: Je n'ai de pain que mes larmes"....P99
,
Le texte que je lui ai donné l'hiver dernier, parle du livre de Job,
mais aussi, juste de la beauté de ses mains de sculpteur;

Les Mains de Pierre,


Caressant la traverse ,
Ce bois brûlé trop séché de soleil
la main de Pierre se polit, se lustre, se lignifie
cherchant l'âme du bois, sa respiration
son odeur si chaude du sommeil de tant d'années ...
La gouge glisse, ajuste le fil du bois
les yeux de Job fixent le regard du sculpteur
se creusent de bois
son visage semble l'interroger, pourquoi m'as tu créé ?
La main n'était plus guidé par Pierre,
Mais par un dessein plus grand, magnifiant dans le bois les traits et la douleur,
Les mains de Pierre savaient
« je veux te bénir, en ma vie, à ton nom, élever mes mains... »*
elles gardaient en creux dans sa mémoire ce qu'elles avaient sculptées, agencées, créées,
Aussi précisément que le ferait un dessinateur sans la dureté de la mine
Mémoire des gestes, aveugle aux marchands de rêves
Ses belles mains si tannées glissent lentement de l'une à l'autre
Encore étreintes par la peur qui émane maintenant du vieil homme
JOB, toujours debout de bois vêtu,
Les mains de Pierre prient,
Donner vie !
« Tu le visites chaque matin, et à chaque instant tu l'éprouves »*