C'est évidemment avec une expérience personnelle du sujet que j'ai postulé pour cet ouvrage lorsqu'il est apparu dans l'opération Masse critique de Babelio.
Acouphènes : un mot qui ne dit rien à qui n'en souffre pas. Un mot qui vole le silence à qui en souffre. Un mot que les ORL n'aiment pas entendre tant il les met devant leur impuissance à soulager le patient qui s'en plaint. Et de répondre avec une moue désolée qu'il faut apprendre à vivre avec. Réponse qui sera d'autant plus déprimante que la nature, le niveau sonore et l'opiniâtreté du phénomène sont entêtants. Ce qui se mesure désormais, je l'ai appris en lisant cet ouvrage de
Patricia Grévin, avec le questionnaire THI « Tinnitus Handicap Inventory ». Je me suis évalué.
Cet ouvrage, il m'a fait souffrir. Au début en tout cas. Car la seule façon de vivre avec les
acouphènes, c'est de ne pas les laisser prendre le devant de la scène. Les oublier, ce n'est pas possible, mais les mépriser est la seule solution de vivre avec. Aussi imaginez bien que lorsqu'on trouve le mot à longueur de pages, le phénomène associé se fait un devoir de se signaler dans votre cerveau. C'est là que je le situe, qu'il a chez moi trouvé son terrain de jeu. Plus que dans les oreilles. Ce qui me fait dire que les
acouphènes sont une lubie cérébrale, plus qu'un dysfonctionnement de la « mécanique » auditive. Théorie personnelle propre à me convaincre aussi du fait que les ORL avec leur otoscope sont bien à la peine de pouvoir le déceler, à des années lumières de pouvoir le juguler.
C'est un phénomène que je préfère traiter avec légèreté pour ne pas lui donner l'importance qu'il voudrait avoir dans ma vie. Ce qui m'autorise cela c'est sans doute aussi le score au test personnel THI que j'ai pratiqué (50/100), score obtenu à force de me dire depuis les décennies que la nuisance m'obsède, que seul mon esprit peut combattre ce que mon cerveau veut lui infliger.
Tout cela étant des considérations personnelles qui ne disent rien de l'ouvrage de
Patricia Grévin. Mais comme je l'ai déjà dit, le fait d'entendre ou de lire le mot me fait penser qu'ils sont là et essaient de reprendre le dessus à chaque fois que je baisse la garde. Au point de faire perdre de vue l'objectif assigné.
Avec l'ouvrage de
Patricia Grévin, j'ai appris que ce phénomène qui plonge dans la solitude de la nuisance « égoïste » et perpétuelle a quand même des pourfendeurs, lesquels vous témoignent l'empathie que l'ORL dans son impuissance thérapeutique se garde bien de vous réserver… Patient suivant, s'il vous plaît.
J'ai appris aussi que cette discipline dont j'ignore tout, la sophrologie, s'est mise en demeure de pallier l'impuissance du spécialiste. Non pas pour guérir le mal, ce n'est pas possible tant que nos cerveaux seront encore biologiques - vivement l'intelligence artificielle - mais de mépriser la souffrance inhérente. L'acouphène n'étant pas une souffrance physique, en tout pour ce qui me concerne, mais bien psychologique.
J'ai appris avec cet ouvrage quelques théories, gestes, postures, comportements, de nature à favoriser l'intériorité nécessaire pour combattre le phénomène. Je ne dirais pas que ce fut salutaire, le déroulement de mon auto traitement appris n'étant pas compatible avec le délai dans lequel il faut produire une chronique pour Babelio.
J'ai surtout entendu la voix de
Patricia Grévin au travers des fichiers audio auxquels elle autorise l'accès par QR code, et je dois dire que cette voix est tellement empreinte d'empathie que l'apaisement gagne, qu'une confiance point à l'horizon.
Il n'y a bien sûr pas que cela dans cet ouvrage avec en particulier l'abord du sujet dans sa globalité : origine, manifestations, point de situation de la médecine au regard du phénomène et les possibilités qui se présentent en l'état actuel des connaissances pour soulager le patient. Et puis aussi et surtout l'espoir et le réconfort que fait naître l'enthousiasme de son auteure pour soulager les personnes en souffrance. Avec en particulier en fin d'ouvrage des témoignages de personnes qui ont retrouvé le goût de vivre parti avec le silence qui avait déserté leur esprit. J'ai noté au passage que ces six témoignages de soulagement sont ceux de personnes chez qui l'apparition du phénomène était de fraîche date. Quid de l'acouphène qui a pris de la maturité et l'obstination qui va avec.
Etant de nature septique avec les thérapies qui ne marchent que si on y croit, je dois quand même dire que cet ouvrage ouvre des pistes d'apaisement, ne serait-ce que par le fait que des personnes se penchent sur le sort de personnes pour qui la médecine traditionnelle avoue son impuissance, s'attachent à soulager un mal invisible, incurable, qui enferme celui qui en souffre dans une solitude bruyante.
Je vais conclure en précisant que sur le plan personnel, un dommage collatéral contre lequel il est le plus difficile de lutter est la perte de la capacité de concentration. Et que dans l'enchaînement des préjudices, il a celui de la perturbation de la lecture. Ce qui est un grand handicap chez un adepte de Babelio. Aussi faut-il que l'auteur ait un style et un sujet accrocheurs, pour que l'esprit ne divague pas dans des sphères bruyantes.
Me reste maintenant à reléguer ces maudits
acouphènes dans le mépris dans lequel j'arrive à les cantonner parfois.