Les choses vagues

La clinique est organisée autour d'un "domaine vague". L'auteur cite souvent Valéry et ses Cahiers, en écho à ces choses vagues qui animent une foule ou l'analyste et ses patients.
Cet essai est à la fois réflexion sur la relativité de la méthode psychanalytique et récit de deux analyses, celles de Louise et de Nina. La pensée de Michel Gribinski découle des séances, après-coup, "quand ce qui y a conduit s'est perdu en chemin". Les idées viennent en reconstruisant ce qui s'est passé dans le temps spécial du moment entre l'analysant et l'analyste.
Toutefois, la reconstruction est à manier avec des pincettes ; s'y fier trop serait minorer l'importance de l'intuition dans le processus de la cure. Il est vain de chercher une logique dans la technique de l'analyse, ce sont d'abord deux êtres aux prises avec leurs ressorts intérieurs. L'un aspire à les dévoiler, l'autre tente de démonter ce que l'être souffrant attend de lui. Louise fuit les mots, cultive le silence. Nina hurle sa différence, se déclare inapte à l'analyse.
Le sondage de l'âme et de l'esprit confine à la broderie. Il exige délicatesse et implication. Rien de pire que l'indifférence, corollaire de l'apathie, cet état nous gagnant face à la complexité de la vie et des choses. L'indifférence anesthésie la pensée. Et sans pensée, comment choisir, décider et agir ?
Les choses vagues nous parle de politique et de psychologie, un exercice d'équilibriste, parfois difficile à suivre dans son élaboration intellectuelle, très riche de petites phrases lumineuses sur la difficulté de voir -sentir qui on est et ce que l'on a. le vague à l'âme nous emmène loin sur notre mer intérieure. Ce court essai érudit et incertain aide à naviguer en eaux troubles et troublantes.