La présentation de ce livre par l'éditeur est une de ces quatrième de couverture typiquement trompeuse pour donner envie d'acheter le livre. Je pense qu'elle devrait mentionner la petite vie ennuyeuse d'Arthur Ophof, son mariage raté, la démission et son indemnité de licenciement. Et mentionner qu'ensuite, pendant le reste du livre, Ophof passe son temps à fantasmer sur les enterrements et les crémations, à faire des recherches à leur sujet et à organiser ses propres funérailles.
Jusqu'à ce qu'elles arrivent, et ne pas raconter la fin.
Car vraiment, c'est tout ce que ce livre peut vous raconter. le début est drôle, mais l'éditeur vous l'a déjà raconté. Bien sûr, on s'attend à ce que toutes sortes de choses excitantes se produisent après le licenciement. Cette villa achetée à un criminel, à quoi va-t-elle ressembler dans la réalité, et d'autres détails, autant d'occasions de faire un roman merveilleusement amusant et passionnant.
Au lieu de cela, nous passons des centaines de pages avec Ophof à réfléchir sur les funérailles et les crémations, nous en apprenons beaucoup à leur sujet parce qu'il visite des musées. Parfois, il y a quelque chose de drôle mais sans plus. Ce n'est pas de l'humour ni un bon humour noir.
Il n'y a pas de suspense. Il n'y a pas non plus d'humour profond. Arthur Ophof, qui veut enfin réaliser quelque chose de grandiose et de convaincant dans la vie, s'avère être un homme pitoyable, sérieux et médiocre. Et ce n'est pas amusant.
Tout cela peut se résumer en un mot : mesquin.
Cela rappelle aussi les agences de voyage qui organisent les voyages d'aventure. Et puis, un jour, on voit une publicité pour ce voyage d'aventure faite par une compagnie d'assurance : "Apportez la sécurité dans votre aventure".
Très aventureux, en effet.
De plus, j'ai sympathisé avec les mauvais personnages : l'ami reniée, la femme d'Arthur. Par contre, la clique d'amis était rustre (sans être amusante), alors que Arthur, était mesquin.
Hendrik Groen peut écrire de belles chroniques amusantes. Dans ses journaux intimes, il pouvait enchainer des histoires courtes et les rassembler dans le cadre d'une maison de repos. Mais lorsqu'il veut écrire un vrai livre avec une intrigue qui doit se développer et devenir de plus en plus passionnante tout en restant humoristique, il manque d'inspiration, de structure et de suspense, et les lecteurices se retrouvent coincés dans l'existence ennuyeuse du protagoniste médiocre.
Et la fin, pour moi, était le summum de la trivialité. Que fait Arthur Ophof quand il est enfin dans sa villa en Toscane ? Il a une belle routine. Il a un moment pour son rameur, ses courses, son apéro dans son café favori et pour faire de la natation. Faut-il faire tant d'histoires pour pouvoir soi-disant vivre une vies passionnante, pour tomber dans une routine où tous les jours sont les mêmes ? Ophof est vraiment une machine, pas un être humain. le stéréotype de l'hollandais qui veut que tout soit propre et bien organisé, et puis il trouve sa petite vie agréable. On aurait également espéré que quelque chose le décevrait, que la villa achetée via Internet soit une arnaque, mais rien du tout. Belle villa. Pour un petit, petit gnome.
Beaucoup de choses ne collent pas, d'ailleurs. Dans un beau roman d'aventures humoristique, une auteurice peut nous le faire avaler, mais dans un livre qui prend l'évènement tellement au sérieux, la fin est improbable. de quoi Ophof va-t-il vivre le reste de sa vie ? 65 000 euros ne sont pas une grande somme pour vivre longtemps. Surtout dans une belle et grande villa, et quand on se fait vieux.
Son jardin est entretenu quasi gratuitement, la piscine aussi, par quelqu'un qui ne demande que du chianti pour ça... Je ne connais pas beaucoup de gens qui feraient ça, pas même des Italiens. Et l'ami qui possède la maison ne veut venir que deux semaines par an. Allons, c'est sa maison ! Arthur Ophof est le gérant, pas le propriétaire.
Parfois, c'était agréablement ridicule. Surtout au début, je me suis vraiment bien amusée. Après, je ne riais plus que de temps en temps. Néanmoins, cela reste une lecture facile, rapide quand elle n'est pas ennuyeuse, pas mauvaise. Allons bon, trois étoiles.