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Comme tant de lecteurs, j'ai été enthousiaste et marquée par le texte avant-gardiste, « Ainsi soit-elle « de Benoîte Groult, bréviaire …féministe, lu dans les années 80... !

Quelle ne fut pas ma surprise d'apprendre par les commentaires d' Olivia de Lamberterie l'origine de la naissance ce « Journal": Paul Guimard, qui encouragea Benoîte à écrire ce journal à 4 mains., afin qu'elle prenne confiance ; nous apprenons ainsi avec stupéfaction que Benoîte Groult était maladivement timide et réservée… manquait d'assurance , ne songeait pas à écrire , et encore moins à être publiée!
Encouragement généreux de Paul Guimard vis-à-vis de sa compagne, surtout que l'on sent qu'écrire lui aussi ce journal n'est pas un exercice habituel, ni qu'il affectionne particulièrement...

Une lecture plaisante , touchante, drôle nous plongeant dans les années 50…dans des milieux aisés et intellectuels… mondanités nombreuses, mais aussi fantaisie, humour, indépendance de vie , de pensée de Paul et de Benoîte…originaux facétieux…même si , en dépit d'un amour certain, lumineux…la « guerre des sexes » n'est jamais loin… Voyages , leurs moments d'intimité dans leur maison de Valmondois où Benoîte se prend de passion pour la botanique et le jardinage, le côté pratique du quotidien pour lequel Paul n'est pas doué, la vie commune d'un couple avec ses aléas…

Ils se racontent, parlent de la vie, de leurs lectures, leurs métiers, leurs différences et parfois divergences … et puis il y a aussi les discussions autour de la fidélité, la jalousie… j'allais omettre le rôle, et pas des moindres. Celui de « mère » de Benoîte pour ses deux petites filles, enfants du premier mariage avec Pierre de Caunes, Blandine et Lison, etc. Ses deux filles qu'elle aime infiniment tout comme Paul Guimard, qui s'occupe d'elles, les voit grandir... [Lison et Blandine sont en adoration devant leur beau-père ]
[** la fin du Journal s'achève sur l'attente de leur et en enfant..."Constance" qui naîtra en 1953]

*** Curieusement, contrairement à mes idées en débutant cette lecture, j'ai finalement plus apprécié le style et les propos de Paul Guimard, à la fois très détaché , caustique et lucide sur leur milieu social privilégié et la " comédie humaine" les entourant, à laquelle ils participaient... J'ai ri, entre autres pour son "refus d'idolâtrie'" envers son ami Mitterrand, quant au pélèrinage à la Roche de Solutré à laquelle il n'a aucune envie de participer. Au bout de trois années d'insistance du Président... Paul Guimard finit par trouver une" excuse" des plus malicieuses pour échapper à la "corvée" et au "sacro-saint rituel" !!

L'amour perce mais avec retenue, toujours… le journal semble aider Benoîte à exprimer par écrit des émotions, des convictions, des réactions parfois emportées sur les différences entre les femmes et les hommes…qu'elle ne parvient pas à dire de vive voix…. Paul Guimard constate parfois qu'il lui est plus facile de connaître sa femme par son journal… … car tous les deux, Paul comme Benoîte restent en dépit de leurs complicités ,de leurs désaccords, de leurs discussions, leur mauvaise foi , souvent… restent extrêmement pudiques.

Avec ce journal s'installe un jeu de lectures réciproque, assez drôle, parfois à la dérobée car l'un est trop curieux de ce que pense, et transcris l'autre d'un quotidien amoureux, commun ! … de « quotidien » , ce journal à 4 mains subit une certaine lassitude réciproque et ne devient que « mensuel » en 1952, encore plus rarement en 1953, puisque ce journal s'achèvera en mars...

Je retiens parmi les passages retenus un portrait fort touchant de Benoîte par Paul :
» 21 octobre [1952]
Je viens de feuilleter un petit agenda qui traîne sur mon bureau: Hermès 2e trimestre 1948.
Extraordinaire sensation. Avec soin, comme toujours, Benoîte y a consigné les événements quotidiens. (...)
Et cela me paraît subitement incroyable que Benoîte, il y a quatre ans, ait vécu cette vie sans moi, ait fait des enfants, pleuré pour le départ d'un homme et invité les Guimard à dîner.
Les Guimard sont devenus Guimard, lequel est devenu Paul (...)
Je connais assez mal les réactions de Benoîte vis-à-vis de son passé, des deux hommes qu'elle a aimés au point de les épouser, de sa vie sans cesse en mouvement. Je la crois capable de songer à tout cela très calmement tant elle possède à un point inégalable la faculté de vivre dans le présent.
(p. 224)”

Après ce « Journal amoureux »…envie peut-être ultérieurement de lire le texte de sa fille, Blandine de Caunes « La mère morte », comme pour percevoir d'autres facettes de cette femme de conviction et d'engagements, dévorant la vie…

***[mardi 6 avril 2021] Dans la suite de cette lecture, j'ai éprouvé également une vive curiosité pour Paul Guimard, son parcours et ses écrits...Je suis ravie d'avoir fait cette démarche car j'ai ainsi découvert son essai sur Giraudoux : "Giraudoux ? tiens !" [Grasset], souhaitant "dépoussiérer" cet écrivain trop méconnu à son goût. J'ai regardé et écouté d'anciennes archives de l'INA... Je suis tombée sous le charme de la malice , l'élégance et l'intelligence caustique de cet homme...

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Paul Guimard propose à sa femme Benoîte Groult qu'ils écrivent leur journal chacun de leur côté.
Cette aventure durera trois ans, de 1951 à 1953.
Blandine de Caunes a retrouvé ces carnets et les publie, précédés d'une longue préface de sa main.
J'ai aimé beaucoup de livres de Benoîte Groult, particulièrement « Les vaisseaux du coeur », mais là j'avoue ne pas avoir été très sensible à celui-là.
D'abord, c'était une histoire entre eux et je ne suis pas sûre qu'elle nous ait été destinée.
Heureusement ce n'est pas spécialement intime, donc ce n'est pas trop indiscret.
Ensuite je trouve que Blandine de Caunes n'arrête pas de jouer les prolongations avec sa mère.
C'est tout à son honneur, bien sûr, mais je me demande après ce livre comment elle trouvera encore prétexte à pouvoir prolonger Benoîte Groult.
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A la lecture de ce livre, on constate que Benoîte Groult est venue assez tardivement à la littérature. Paul Guimard a cru en elle, et le dessein ici est de lui mettre l'eau à la bouche. A part ça, je n'ai pas trop compris la manoeuvre (en eau douce). Un Journal à quatre mains avec sa soeur Flora Groult, . Ils écrivent au lit sur ce que leur inspire la journée basée sur l'état de leur relation, l'un à part l'autre, d'abord sans lire le travail de l'autre, mais il semble que c'est bien plus amusant quand l'un subrepticement lit le travail de l'autre..

Personnellement pour moi, le maître c'est Paul Guimard, il a un beau style et signe de magnifiques feuilles au milieu du livre. Il agrémente ses textes de poésie. La troisième personne qui entend prendre sa part du gâteau, Blandine de Caunes qui n'est autre que la fille de Benoîte Groult, signe la préface assez abondante voulant ainsi marquer qu'elle existe et profiter de l'ombre des deux écrivains pour y mettre sa patte personnelle. C'est elle qui a réuni ces textes aux fins de publication. Il manque d'ailleurs des feuilles, des fois 15 jours se passent sans que les deux protagonistes ne produisent de textes. Doit-on appeler cela Journal, je suis perplexe. Ce sont des exercices amoureux ! .;

L'ouvrage est cela dit intéressant si l'on est intéressé par le défrichage permanent de leur jardin de Valmondois, contrée de Duhamel, de Daumier.. C'est Benoîte qui s'y coltine et qui s'en plaint, lui il fait plutôt le pacha.. Si on n'est pas de cette partie, il est intéressant de voir comment se comportait cette gauche intellectuelle des années cinquante qui se relevait de de la guerre avec une relative morgue. Sous des faux airs de liberté reconquise, je trouve qu'on était assez dans le quand dira t'on malgré tout . le puritanisme en prenait plein son grade, il semble qu'un nouvel ordre idéologique prenait place, plus d'ailleurs chez Benoîte Groult qui va devenir la grande féministe que l'on sait..
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Dans ce journal amoureux on absorbe toute la bonté de l'être humain, tantôt par des récits, tantôt par de la poésie, les deux auteurs sont doués pour faire passer des sentiments en quelques mots, ou pour décrire une de leurs aventures. Benoîte Groult est particulièrement intéressante de par son parcours, féministe dès les années 50, elle sera de tous les combats pour plus de justice et d'égalité. Quant à Paul Guimard, il la suivra amoureusement dans ses batailles.
Je ne connaissais pas les auteurs avant ce livre mais ça m'a beaucoup plu et me donne envie d'en lire davantage. D'habitude je n'aime pas lire des histoires d'amour, encore moins quand c'est aussi intime et n'avait pas vocation première à être publiée, pourtant mon coeur a été touché par leurs sensibilité, chacun a sa manière, Benoîte et Paul vont nous ouvrir le leur de coeur et le résultat est touchant. Outre la sensibilité, c'est aussi un bon témoignage sur le début du féminisme et surtout au début des années 50, les questions de société soulevées par l'un ou par l'autre m'évoque un passé pas si rose que ça…sauf quand on a l'amour de sa vie à côté de soi.
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Benoîte Groult a toujours tenu un journal, sa soeur et elle y étaient même obligées par leur mère ! Pendant deux années, de 1951 à 1953 Paul Guimard qui devient alors son mari et elle tentent de tenir parallèlement un journal d'abord en s'interdisant de lire celui de l'autre, puis en les échangeant régulièrement. Préfacé par Blandine de Caunes, fille de Benoîte Groult, ce sont ces deux années de journaux qui sont données à lire ici, mêlant à la fois vie quotidienne du couple et regards sur leur époque et leurs contemporains. Les pages écrites par Paul Guimard sont plus rares et plus courtes, parfois réécrites après coup. On y découvre aussi de fort jolis poèmes de sa main.
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A la fois délicieux (on a l'impression de rencontrer d'anciens amis !) et décevant (on voudrait bien sûr lire les pages arrachées ! On aurait voulu aussi que ça dure plus longtemps, à quatre mains… ). Paul Guimard ne se foule pas trop : moins doué peut-être que Benoîte Groult pour l'introspection en prose, ou plus nonchalant, il « remplit » avec des poèmes, au demeurant fort émouvants.

Ce texte sans concession nous montre au jour le jour combien un couple passionnément amoureux se délite rapidement : lassitudes, agacements, rancunes… voir l'épilogue dans le « Journal d'Irlande ». Il faut dire que ce « Journal amoureux » a été tiré, en 1959, des notes prises en 1951-53 !

« On ne peut souhaiter situation plus inextricable qu'un homme et une femme face à face pour la vie » note Paul. (Ils le resteront… aux deux sens du « face à face » : amour et opposition. Avec le droit réciproque, qu'ils se sont accordé, de regarder ailleurs assez souvent !) « C'est la situation la plus dramatique du monde, et cela reste la situation dramatique numéro 1. » analyse-t-il, en bon romancier.

Le journal en duo laisse une place relativement restreinte aux enfants – l'éloge de la parentalité n'est pas sa vocation. Benoîte est une mère attentive, chez qui perce déjà la brillante féministe ; Paul, un beau-père infiniment aimé.

Nous plongeons dans la vie sociale et culturelle des années cinquante comme on s'enfonce dans une forêt dont on reconnaît quelques espèces, sans pour autant bien s'orienter… Une excursion qui offre beaucoup de plaisir(s).


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Journal à quatre mains (1951-1953) proposé par Paul Guimard à son épouse Benoîte Groult afin d'encourager son talent d'écrivaine en devenir.

Ce document retrouvé et publié par Blandine de Caulnes nous entraine avec plaisir dans le quotidien des premières années de ce jeune couple amoureux, partageant sa vie entre son petit appartement de Paris 16ème et sa maison de campagne sans aucun confort de Valmondois (Val d'Oise) où ils jouent aux apprentis jardiniers (surtout Benoîte) et reçoivent amis et famille.

Comme dans tout journal intime, les sujets sont extrêmement variés. On y trouve un peu de tout et de rien ; des réflexions sur la vie de tous les jours, occupations professionnelles, travaux ménagers, loisirs, des propos philosophiques, quelques poèmes, des considérations sur le couple et la condition de la femme… On sent déjà poindre chez Benoîte Groult une révolte qu'elle confirmera par son engagement féministe durant toute son existence.

Voici un ouvrage qui se lit facilement. Même si son intérêt immédiat n'est pas toujours évident, il est agréable et très bien écrit. Déjà au début des années 50, la plume de Benoite Groult et de Paul Guimard est claire, riche et élégante et laisse présager du talent des deux futurs célèbres écrivains.
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▶ Après le remarquable «journal d'Irlande » qui couvrait les années 1977 à 2003, Blandine de Caunes nous présente ce «journal amoureux, 1951 - 1953 » tenu par sa mère, l'écrivaine et grande féministe Benoîte Groult et le mari de de celle-ci, Paul Guimard, l'auteur du célèbre roman «les choses de la vie » qui fera ensuite l'objet d'une adaptation au cinéma avec Michel Picoli et Romy Schneider.... Au début des années 50, au moment de ce journal, Benoîte Groult et Paul Guimard n'ont encore rien publié et sont tous deux journalistes...
▶ Ce «journal amoureux » est passionnant ; au delà du récit de leur quotidien, il aborde , et c'est la tout l'intérêt, des sujets plus personnels, plus intimes et profonds ; l'amour, le couple et la fidélité - les deux auteurs ayant dès le départ de leur rencontre, souscrit au contrat proposé alors par Sartre et Beauvoir s'agissant des « amours nécessaires et des amours contingentes »... Ainsi, Paul Guimard écrit-il (p. 238): «La fidélité est une qu'est de temps. Et le couple intact vit sur une équivoque. Il n'y a pas de trivialité à le constater : certains corps font envie et ces envies-là ne se laissent pas mettre la corde au cou. Nous avons eu envie de nous marier. Nous avons suivi la règle de notre désir et ce serait aussi une trahison que, chemin faisant, d'en choisir une autre ». Et d'ajouter : «Ceci dit, nul ne peut accepter de sang froid l'idée de faire de la peine à l'autre. »
▶ C'est aussi, bien avant son célèbre essai «Ainsi soit-elle », les premières réflexions féministes de Benoîte Groult (p.111) : «Avec le pourcentage de femmes qui sont fières d'être de «vraies femmes », c'est-à-dire des moitiés d'être humain, et la majorité d'hommes qui ont tout avantage à nous voir rester de «vraies femmes », sortirons-nous jamais de l'ornière millénaire où nous végétons? »
▶ Formidable préface de Blandine de Caunes qui explique la genèse de ce journal, la rencontre de Benoîte Groult et Paul Guimard et le contexte de ces années 50...
▶ Au départ, chacun tient son journal isolement et puis très vite, tous deux vont lire le journal de l'autre, sans s'en cacher et sans mentir ; P. G. (p. 68) : «D'ailleurs, Benoîte ment très mal....Mentir aussi mal devient de la franchise. » ; les joutes par journal interposé sont assez jubilatoires - les deux auteurs ayant la dent dure et ne s'épargnant pas l'un l'autre...
Paul Guimard, moins rompu à l'exercice de diariste, émaille son journal de poèmes qui sont de lui et qui sont de toute beauté...
▶ Au final, un journal intelligent, drôle, érudit et féroce écrit d'une plume maîtrisée et acérée... C'est aussi, en germe, la preuve éclatante de leur talent d'écrivains en devenir et qu'ils deviendront avec le succès que l'on sait... À lire!!...
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Dans une longue préface, Blandine de Caunes explique le contexte de ce journal à 4 mains et sa publication. Paul souhaite donner confiance à Benoîte pour qu'elle se lance dans l'écriture. Elle a l'habitude de tenir un journal intime mais pas d'écrire pour être lue. Alors que pour Paul c'est l'inverse, il est journaliste. Il écrit aussi des poèmes qui ne sont pas publiés et qu'on retrouve dans ce livre.
L'écriture de ce journal va devenir un jeu entre eux, comme un ping-pong, ils se répondent. On y trouve des souvenirs de vacances, des dîners, des références littéraires, des réflexions autour du couple, la construction des « vatères » dans leur maison de campagne, le tout avec beaucoup d'ironie et d'humour. On voit aussi le côté le plus connu de Benoîte, la féministe.
Il y a parfois des pages manquantes, toujours signalées.
Ce journal est un véritable témoignage d'une époque, les années 50. Cette lecture ne m'a pas passionnée mais nul doute qu'elle plaira aux fans de Benoîte Groult. Pour ma part, j'ai préféré la plume de Paul Guimard.
Merci à Netgalley et Stock pour cette lecture.
Lien : https://joellebooks.fr/2021/..
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« Journal amoureux » est un journal intime à quatre mains dans lequel Benoîte Groult et son troisième époux, Paul Guimard, relatent en parallèle leur quotidien.

C'est la photo d'une certaine bourgeoisie intellectuelle des années 50 qui, pour peu représentative de la société de l'époque, n'en demeure pas moins piquante et pleine d'esprit.

J'adore les journaux et, celui-ci, très gai, ne m'a pas déçue.

A lire au jardin.
Lien : https://wordpress.com/post/l..
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