Ariol, numéro 2 : Jeux idiots

Aujourd'hui c'est lundi et lundi c'est… les histoires à Berni !
Les élèves sont entrés dans la classe, tel un troupeau de coquelicots dans un magasin d'éléphants.
Pirli, le perroquet perché sur les épaules de la petite Francine accompagnait cette entrée magistrale en sifflant l'air du film On a retrouvé la septième compagnie
« Tiens ! D'habitude c'est mercredi, a remarqué la petite Isa intriguée. Voilà qu'il commence à confondre les jours, notre ami Berni.
- C'est parce qu'il est daltonien, a suggéré la petite Marie.
- Chut ! Faisons comme si on n'avait rien remarqué, a fait la petite Djamila, s'il est contrarié il pourrait ne plus jamais revenir.
- Ou bien alors on risque de finir en CE3, a dit la petite Anne-So.
- J'ai un cousin qui souffre de la même chose, a évoqué la petite Domi, il ne faut surtout pas les réveiller quand ça arrive. »
C'était tout d'abord l'occasion d'accueillir dans notre charmante classe de CE2 une nouvelle élève. Il s'agissait de la petite Bichette. Alors on l'a accueillie à bras ouvert.
La maîtresse d'école, Sandrine, nous a invité à lui accorder un accueil digne d'une classe de CE2.
Le petit Titimeccano s'est approché d'elle d'un air goguenard et lui a dit :
« Hihi ! Tu as un prénom idéal pour nos histoires du mercredi.
- Ah oui, et toi, tu t'appelles comment ? lui a demandé du tac-au-tac Petite Bichette.
- Titimeccano, a-t-il répondu en bombant le torse.
- Ah oui quand même, ils t'ont pas loupé tes vieux, dis-moi ! » C'était à son tour d'être goguenarde.
- C'est à cause de l'hélice ! a fait le petit Titimeccano en se frottant la moustache dans un geste raffiné car il est très précoce, le petit Titimeccano.
- L'hélice ? » a demandé Petite Bichette d'un air étonné.
Alors tous les enfants se sont exclamés à l'unisson : « Hélas ! C'est là qu'est l'os ! »
Le petit Pat a alors entraîné Petite Bichette vers le juke-box où trônait désormais fièrement une hélice.
Mais il était temps de revenir à l'histoire du mercredi, pardon... du lundi.
« Alors, Berni, que nous as tu apporté ce matin dans ta brouette facétieuse ? a demandé la petite Sylvie, les mains vissées sur ses hanches.
- Un récit qui n'a encore jamais été chroniqué sur Babelio, ai-je répondu en faisant durer le mystère.
- Mouhahaha ! s'est écriée la petite Anna prenant à partie le reste du groupe, et quel est donc ce mystérieux chef d'oeuvre inconnu qui s'apprête à passer à la postérité, Berni-Chou ? »
Alors j'ai montré la couverture de ce petit album pour les enfants, écrit par Emmanuel Guibert et illustré par Marc Boutavant : Ariol, numéro 2 : Jeux idiots.
Sandrine, la maîtresse d'école, découvrant le titre mais surtout le thème du livre, a levé les bras au ciel d'un air dépité.
« Jeux idiots ! Rien que ça Berni-Chou ? a fait la petite Nico d'un ton ironique. Hihi !Tu crois bien qu'on n'a pas attendu tout ce temps-là où tu étais mystérieusement absent jusqu'à aujourd'hui pour savoir comment on pratique des jeux idiots !
- Même que ! a renchéri la petite Dori la bouche badigeonnée de chocolat de Pâques.
Tous les élèves ont approuvé en hochant le visage d'un air empli de reproches.
La petite Chrystèle a cependant soulevé une question essentielle : « Jeux idiots, ce ne serait pas un pléonasme ?
- Non, c'est un oxymore, a répondu la petite Sonia.
- Tu veux dire : un occiput, a renchéri la petite Manue.
- Je crois que tu veux parler d'un uppercut, a précisé la petite Marie-Caroline
- Vous n'y êtes pas du tout les amis, c'est une tmèse, a rajouté la petite Francine.
- À tes souhaits, a répondu la petite Nico.
- Non, c'est un chiasme, a dit la petite Anne-So.
- Reste polie, a fait la petite Dori.
- Mais non c'est une lilote », a tranché la petite Hélène.
J'ai commencé à raconter l'incipit du récit : « Ramono déboule dans la cour de récré en criant : « Eh ! Écoutez-moi tous ! J'ai appris un nouveau jeu. » Ariol et les copains s'approchent, intéressés : qu'est-ce qu'il a encore inventé comme jeu idiot, Ramono ? »
Alors tous les élèves, qui ont senti qu'ils allaient apprendre beaucoup de choses instructives, se sont approchés et assis en cercle autour de moi en faisant le silence. Face à moi, au milieu de l'auditoire, le petit Pat a installé une caméra Super 8 sur son trépied pour ne rien perdre de l'événement, tandis que le petit Titimeccano est venu lui proposer de raccorder la caméra à l'hélice, histoire de gagner en autonomie d'énergie. le petit Pat a décliné sa proposition, bien qu'il l'a trouva fort originale.
« Je ne prendrai pas le risque, a-t-il avoué tout penaud, l'appareil ne m'appartient pas, c'est Tonton Émile qui me l'a prêté.
- Tonton Émile ? Celui du slip à coucougnettes ? a demandé la petite Hélène d'un air facétieux.
- Voilà ! » a fait le petit Pat rougissant, coupant court à l'échange et se réfugiant dans les bandes de son appareil vidéo vintage, on ne sait vraiment pas pourquoi.
Les élèves ont cherché à marquer le silence,
La petite Dori et la petite Nico se sont installées l'une côte à côte, avec chacune un carnet à spirales et leur plus beau stylo. C'est la première fois qu'on les voyait toutes deux aussi studieuses et assidues au cours. À tel point que, la petite Chrystèle et la petite Anna continuant à bavarder entre elles, la petite Dori et la petite Nico se sont retournées vers elles et d'une même voix se sont exclamées : « Mais chut ! Voyons ! On entend rien à cause de vous ! »
Cela dit, je n'avais pas encore commencé à raconter l'histoire.
Plus tard, lorsque la séance fut finie, la petite Gaëlle est sortie du rang, s'est dirigée vers moi tandis que je rangeais mes affaires. « Elle est chouette ton histoire, camarade. J'espère que tu reviendras très vite nous revoir ».
C'est alors que Pirli a lancé façon Michel Polnareff ♪♫ C'est une poupée qui fait non...non...non...non... non...non...non... ♪♫