Je remercie Masse critique et les éditions Alma de m'avoir permis de livre cet ouvrage sur une période historique peu glorieuse de l'histoire de France mais qui m'intéresse beaucoup néanmoins.
Cette Première Guerre mondiale a laissé de douloureuses blessures bien après 1918, la littérature nous en a laissé quelques témoignages bien connus - dont un récemment adapté au cinéma avec Un Long Dimanche de fiançailles. Mais peu de documents qui nous restituent leur place à ceux que la guerre a rendu (littéralement) fou.
Du front l'asile réhabilite ces pauvres soldats (quelque soit leur grade) en démontrant tous les enjeux de ce diagnostique, que ce soit pendant la guerre ou après l'Armistice. A chaque chapitre, les auteurs partent de cas précis de soldats internés pour développer les thématiques choisies, ce qui donne un visage plus "humain" à ces fous pas toujours bien compris (ni même bien pris en charge) par les institutions compétentes de l'époque.
Cette étude des historiens
Stéphane Tison et
Hervé Guillemain est très richement documentée et remet toutes les étapes en contexte, faisant notamment référence à la guerre de 1870, et fait de nombreux rappels sur l'histoire du développement de la psychiatrie et de la prise en charge des patients de la fin du 19ème siècle à la veille de la Première Guerre mondiale. Comme pour les stratégies de terrain, la pratique de la psychiatrie en France s'avère complètement dépassée et en retard - comparées, ironiquement, à ce qui se fait en Grande-Bretagne ou en Allemagne.
Le reproche que je ferai à cette étude c'est la façon dont elle a été problématisée. Il faut bien avouer que je suis plus une littéraire qu'une historienne (même si de temps à autres j'aime lire des essais historiques) mais j'aurai quand même aimé que les choses soient présentées de façon plus simples. En ayant par exemple une première partie claire sur l'état des lieux avant 1914, cela aurait beaucoup facilité la lecture (à mon sens, bien sûr) .