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EAN : 9782362790775
416 pages
Alma Editeur (12/09/2013)
3.36/5   7 notes
Résumé :
" Depuis que je suis parti de la maison de santé mon état ne s'est pas amélioré. J'ai essayé toutes choses : travail, exercices divers, repos, ce travail du cerveau est toujours là, élancement, persécutions, craquements, coups, ronflements, insomnies m'enlevant l'aptitude au travail... Or je n'ai pas de situation personnelle et il m'est impossible en cet état de gagner ma vie. Comme vous m'avez conseillé monsieur le docteur de m'adresser à mon député pour un secours... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Je remercie Masse critique et les éditions Alma de m'avoir permis de livre cet ouvrage sur une période historique peu glorieuse de l'histoire de France mais qui m'intéresse beaucoup néanmoins.

Cette Première Guerre mondiale a laissé de douloureuses blessures bien après 1918, la littérature nous en a laissé quelques témoignages bien connus - dont un récemment adapté au cinéma avec Un Long Dimanche de fiançailles. Mais peu de documents qui nous restituent leur place à ceux que la guerre a rendu (littéralement) fou.

Du front l'asile réhabilite ces pauvres soldats (quelque soit leur grade) en démontrant tous les enjeux de ce diagnostique, que ce soit pendant la guerre ou après l'Armistice. A chaque chapitre, les auteurs partent de cas précis de soldats internés pour développer les thématiques choisies, ce qui donne un visage plus "humain" à ces fous pas toujours bien compris (ni même bien pris en charge) par les institutions compétentes de l'époque.
Cette étude des historiens Stéphane Tison et Hervé Guillemain est très richement documentée et remet toutes les étapes en contexte, faisant notamment référence à la guerre de 1870, et fait de nombreux rappels sur l'histoire du développement de la psychiatrie et de la prise en charge des patients de la fin du 19ème siècle à la veille de la Première Guerre mondiale. Comme pour les stratégies de terrain, la pratique de la psychiatrie en France s'avère complètement dépassée et en retard - comparées, ironiquement, à ce qui se fait en Grande-Bretagne ou en Allemagne.

Le reproche que je ferai à cette étude c'est la façon dont elle a été problématisée. Il faut bien avouer que je suis plus une littéraire qu'une historienne (même si de temps à autres j'aime lire des essais historiques) mais j'aurai quand même aimé que les choses soient présentées de façon plus simples. En ayant par exemple une première partie claire sur l'état des lieux avant 1914, cela aurait beaucoup facilité la lecture (à mon sens, bien sûr) .
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Un essai parfaitement documenté avec une bibliographie et des notes très nombreuses.
Bien écrit, il se lit facilement mais des pauses régulières sont nécessaires pour assimiler les notions données au fil des pages.
Les exemples de cas concrets en début de chapitres permettent une approche plus simple et une meilleure compréhension des cas exposés.
Au cours de la Première Guerre mondiale, la folie ou tout ce qui s'apparente à ce mot est une vaste énigme et les auteurs essayent de nous en expliquer les raisons. Certes la peur, le bruit, la perte de camarades, le manque de repaires peuvent chez certains individus être intolérables, et leur carapace n'était pas assez solide pour réussir à faire face, faire face à toutes ces horreurs, la peur au ventre. Rien de plus compréhensible. de plus, certaines "folies" peuvent être dues au souffle de l'obus créant des dommages internes qui ne sont à cette époque pas visibles car la radiologie en était qu'à ses premiers balbutiements. Seules les blessures visibles à l'oeil pouvaient être soignées, mais pas toutes évidemment.
En lisant cet ouvrage, j'ai parfois dû arrêter la lecture tellement la souffrance de ces gens me procurait un mal-être. Pauvres soldats dont la souffrance n'était pas comprise...
Merci aux Editions Alma et à Babelio masse critique de m'avoir permis de découvrir cet ouvrage.
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Reçu dans le cadre d'une masse critique, je remercie Babelio et Alma éditeur de m'avoir fait parvenir ce livre.
Ce livre m'a interpellé par son sujet peu courant : l'aspect psychologie de la première guerre mondiale. Étant amatrice d'Histoire (et histoires), c'est souvent cet aspect qui m'intéresse le plus (les conséquences des grands évènements, etc.). C'est donc avec beaucoup de bonne volonté que j'ai commencé la lecture de cet ouvrage.
J'ai apprécié le découpage des chapitres, ils mettent en avant divers aspects des répercutions de cette grande guerre (que ce soit dû à l'enrôlement, les premiers combats ou encore du côté des civils).
Pour ce qui est du contenu, j'ai vite trouvé ça « un peu fourre tout », ne parlons pas de mauvaise qualité loin de là, mais j'ai eu l'impression que l'on voulait nous donner le plus d'informations possible d'un coup. On nous présente régulièrement des lieux et des chiffres illustrés par de nombreux cas (avec quelques fois des extraits de rapports des médecins ou de lettres des patients), des avis médicaux de l'époque et les constations de maintenant. En fait ce que je reproche, ce n'est pas que toutes ces informations figurent dans cet ouvrage (parce qu'elles doivent y être, c'est ce qui le rend complet), mais à mes yeux c'est le manque de structure qui fait défaut. Heureusement que les histoires de ces victimes sont là car on peut être vite submergés par le côté « statistiques » si on n'est pas concentré. J'aurai toutefois aimé en savoir un peu plus sur ces malades, qu'ils ne soient plus juste que des noms.
Néanmoins, cela reste un ouvrage fort intéressant riches en informations intéressantes et son sujet peu banal.
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Hervé Guillemain et Stéphane Tison s'intéressent à la folie, pendant la Première Guerre Mondiale, de la mobilisation à l'après-guerre. Ce thème est original car il est très peu abordé par les historiens.

Les auteurs ont réalisé un excellent travail de recherche et d'analyse dans les archives des asiles. Des exemples concrets sont présentés au début de chaque chapitre.

Cet essai rappelle que la folie n'est pas forcément visible, contrairement aux gueules cassées. D'autre part, il est toujours délicat pour les familles de réclamer une pension de guerre car la folie n'est pas toujours reconnue comme une blessure de guerre. Les médecins ont aussi pour mission de déceler les simulateurs. Les effets psychologiques de la guerre se prolongent bien au-delà de 1918 alors que ces malades tombent complètement dans l'oubli.

Cet ouvrage est difficile à lire et à comprendre pour un lecteur non averti car le vocabulaire de la psychiatrie et de la neurologie est très complexe. Un lexique à la fin de l'ouvrage aurait été un plus.
Lien : http://lilasviolet.blogspot...
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Un ouvrage essentiel qui réfute bien des clichés et renforce bien des impressions. le questions et le constat restent certainement d'actualité en 2015.
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critiques presse (2)
LeMonde
18 février 2014
Hervé Guillemain et Stéphane Tison se livrent à une étude tout à la fois passionnante, rigoureuse et nuancée.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Liberation
07 octobre 2013
Fort des archives conservées dans les établissements psychiatriques de la 4e région militaire (Alençon, Mayenne, Le Mans), ce livre est le premier à traiter des «blessures invisibles» de la guerre.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
A "l'angoisse de guerre" constatée par les médecins dans une partie de la population civile, et qui s'exprime par des insomnies résistantes aux somnifères, par des troubles de l'alimentation, par des baisses de pression artérielle, viennent s'ajouter les problématiques du deuil.
(...)
Parfois, le deuil est impossible, puisque les corps des proches ne sont pas restitués aux familles. Les soldats, en effet, sont inhumés dans des cimetières provisoires près du front. Les familles qui souhaitaient faire revenir la dépouille mortelle de leur enfant, père ou mari pour l'inhumer dans le caveau familial, ont dû attendre la loi du 31 juillet 1920 pour que la restitution des corps soit autorisée. (...) La souffrance de l'absence, doublée de cette attente qui diffère parfois la possibilité de réaliser concrètement la perte, est plus problématique encore lorsque le soldat est "porté disparu".
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Sans aucun doute des soldats psychotiques, mélancoliques, délirants ou idiots sont-ils tombés sur les champs de bataille sans jamais s'être signalés auprès des psychiatres. Qui s'aventurera d'ailleurs à délimiter une frontière nette entre normalité et folie à propos de cet univers apocalyptique qu'ont représenté les tranchées de 14-18 ?
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"Voilà plusieurs mois que le régiment patauge dans les tranchées de ce secteur. Le même face-à-face recommence chaque jour avec cet ennemi invisible. L'esprit est en veille et le corps en alerte. Pour ne pas subir le feu, il faut rester silencieux et cacher le moindre de ses mouvements. Quand cesseront les bruits sourds de la sape et les hurlements aériens des marmites ? Le feu roulant de l'artillerie agit comme un ronronnement qui pousse à la somnolence. On s'enfonce dans le sol et on attend. A peine le temps de bondir hors de sa position sous l'effet de l'éclatement proche d'un obus. Et puis on retourne dans son état de torpeur. Quelques jours ici, quelques jours là, mais finalement rien ne change. Avec la relève, les bruits s'estompent, mais le feu n'est jamais loin. On dort entassés dans les granges d'un village de l'arrière." PAUL D. sergent de la 13ème Cie du 317ème régiment d'infanterie.
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La guerre, c'est en effet d'abord la rupture du quotidien, des liens, des espoirs engagés, des projets envisagés. La folie ? Peut-être est-ce un refuge pour ne pas voir ce qui va se passer, ce que l'on préssent d'horrible et de dangereux. Dans les premiers jours qui suivent la mobilisation, avant même une confrontation quelconque à la violence, plusieurs dizaines d'hommes et de femmes en France sombrent dans une autre guerre, intérieure celle-ci. Cette guerre intime les retranche d'une société qui s'apprête à subir le choc des armes. Avant même la confrontation des hommes au combat, l'enclenchement du conflit favorise donc une première vague morbide. L'angoisse seule suffit à affecter profondément un certain nombre d'hommes qui ne purent entrer dans le rôle que la société les enjoignent d'endosser.
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La création des centres neuropsychiatriques est donc le fruit de l'improvisation et de la nécessité, à partir de l'initiative personnelle et de l'expérience des neurologues et des psychiatres plus particulièrement intéressés à la question de la santé mentale des soldats dès l'avant-guerre.
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