L'univers se construit et évolue comme se compose une symphonie : les mesures s'enchainent selon une logique globale, toujours plus riches mais en cohérence — ou en rupture — avec les pages qui précèdent. La symphonie est un tout organique qui s'élabore par accumulation, avec des audaces, des dissonances, des fausses notes, des motifs qui émergent et entrent en interférences avec d'autres motifs pour ouvrir la porte à de nouvelles possibilités d'émergence.
Un système complexe ne se fabrique pas ; il se construit lui-même, de l'intérieur, comme un arbre qui pousse « de l'intérieur » à partir de sa graine : c'est cela l'autopoïèse. On ne fabrique pas un arbre par assemblage de molécules.
Gravité et célérité de la lumière sont donc des propriétés antérieures à la Matière et irréductibles à elle. Telle est la raison profonde pour laquelle toutes les tentatives d'unification de la force gravitationnelle avec les forces matérielles (électromagnétiques et nucléaires) ont échoué depuis un demi-siècle ; ces forces ne se situent pas sur le même échelon de l'échelle des complexités.
L'échelle des complexités possède aujourd'hui quatre échelons : celui de la Prématière (la Hylé, ses photons et sa gravitation), celui de la Matière (toutes les combinaisons possibles de protons, électrons et neutrinos), celui de la Vie (toutes les combinaisons possibles de cellules procaryotes) et celui de l'Esprit (toutes les combinaisons possibles de myriades de noèmes culturels).
Le temps ne passe pas, il s'accumule. Le passé demeure à jamais bien réel « sous » le présent.
La spiritualité, le grand défi de notre époque