Marc Halévy est un scientifique de la nouvelle école : celle proposant une nouvelle approche des sciences, de la connaissance et du Réel selon l'approche systémique. Pour avoir lu plusieurs de ses récents ouvrages, je reconnais dans "
Le Taoïsme" une des sources principales de ses inspirations. Au-delà de mon adhésion à la philosophie taoïste, présentée par
Marc Halévy dans cet ouvrage, c'est à la qualité de la présentation qu'il faut rendre hommage.
Marc Halévy est capable de nous présenter, dans un langage commun et accessible à tous ceux, qui comme moi, raisonnent en occidental, la sagesse sous-jacente du taoïsme.
Marc Halévy recourt à juste raison à la répétition, tout au long de l'ouvrage, d'extraits du Tao Te King de
Lao Tseu, tout en le commentant à chaque fois sous une lumière légèrement différente, afin que petit à petit nous soyons capables de toucher du doigt la philosophie taoïste.
On pourrait qualifier l'approche de l'auteur partisane ou singulière, en même temps il s'agit d'une singularité revendiquée. Régulièrement,
Marc Halévy écorne la civilisation chrétienne au détour d'une phrase ou d'une réflexion visant à mette en parallèle la pensée occidentale et la pensée orientale. Il le fait pour des raisons qui semblent parfois bonnes et légitimes, parfois peut-être pour d'autres raisons qui lui appartiennent et qu'il convient de recevoir sans nécessairement les juger.
J'ai trouvé dans cette présentation du taoïsme par
Marc Halévy une voix parfaitement recevable et intelligible pour s'initier à la pensée chinoise et orientale, bien loin d'une certaine pensée catégorique occidentale, et qui permettrait à l'Occident de régénérer sa propre pensée. L'auteur rend d'ailleurs hommage à
François Cheng, qui est dans une démarche similaire de rapprochement mais en miroir, puisque ce dernier est originaire de l'Orient et que son oeuvre est un hommage à sa découverte de l'Occident.
Bien sûr, la pensée occidentale pourrait tout aussi bien se régénérer aux sources de sa propre genèse et histoire. Bien sûr,
Marc Halévy reconnait à mi-mot que
le taoïsme est devenu une philosophie étrangère à son propre pays d'origine qui l'a vu naître, grandir et péricliter sous le poids du réalisme confucéen ayant débouché sur un matérialisme qui n'a rien à envier à la pauvreté matérialiste et dualiste vers laquelle l'Occident, dans son ensemble, à tendance à se diriger. D'une civilisation à l'autre, les clivages de pensées, les évolutions, se ressemblent étrangement... Il faut espérer que, toutes les civilisations autant qu'elles sont, auront la capacité de renouer avec des sagesses antiques perdues de vue, qu'elles soient d'ici ou d'ailleurs. A ce titre, cet ouvrage de
Marc Halévy apporte une pierre positive à ce projet et édifice.