Alors qu'une éniéme loi sur l'immigration est débattue au Parlement, cela fait du bien de lire un tel texte, dans lequel on découvre que derrière des chiffres, il y a des êtres humains et des histoires, souvent difficiles.
L'exil n'est jamais un choix, c'est la recherche d'un monde meilleur, mais celui ci n'est pas toujours le meilleur et l'accueil est quelquefois rempli d'embûches.
Ce texte est le récit d'une jeune professeure de français langue étrangère en ENSA, UREZA dans un collège parisien. Sous ces acronymes, ce sont des classes d'accueil de jeunes migrants où ils vont apprendre le français. Ce texte est très personnel et la narratrice va nous raconter ses choix d'être professeure dans de telle classe et les embûches qu'elle rencontre et le peu de soutien, que ce soit de collègues ou de sa hiérarchie. C'est aussi de beaux portraits d'enfants migrants.
Il y a Mouss, qui vient d'Afrique subsaharienne et qui est un sacré débrouillard, Ixi, âgé de 11 ans et qui vient de Chine, Paula, onze ans et qui vient des forêts des Carpates, Salimata, de Côte d'Ivoire et qui se verrait bien faire de la politique et qui des idées bien arrêtées après le 1er tour des élections présidentielle, Fatou qui vient de Somalie et qui ne dit pas un seul mot au début et qui va réussir à intégrer une classe dans un collège normal, Solal, du Tchad, mineur isolé mais bien dans ses baskets.
Tous ces jeunes sont touchants "ce sont des enfants blessés mais pas blasés, qui cueillent la vie comme elle s'offre à eux, qui me donnent des mots ou ce qu'ils peuvent d'autre." (p65).
Avec une belle écriture et des métaphores marins (des cours de surf, des images de mouettes) la narratrice nous parle de son quotidien professionnel et des parcours de chacun de ses élèves.
"Il faut que chacun, sur sa planche ou son radeau, se lève et prenne la vague au bon moment. La vague, c'est décider de laisser le passé et apprendre. L'enseignement est un moment de résilience, tout désapprendre pour se lever sur la planche , celle des nouveaux savoirs. Avec cette trouille tenace : celle de tomber, d'échouer" (p11)
Un beau texte sur l'accueil, sur l'humanité et surtout ne jamais oublier que derrière des chiffes, il y a un être humain avec son histoire et de plus, ce sont souvent de très jeunes enfants.
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