Un livre indispensablement vital, à lire en gardant en tête la notion de SPECTRE autistique plus que celle de « niveaux » ou « catégories » autistiques. Car quelque soit la catégorisation « dénominale », le propre même du fonctionnement autistique fait qu'une personne autiste, même dite « verbale » peut se trouver coincée, à des moments non linéaires de sa vie, aux paliers inférieurs de la si explicite pyramide de fonctionnement interne créée par l'auteur. Je suis trop bien placée pour en témoigner.
Les citations que j'en ai extraites sont purement « personnelles » ; elles ne servent qu'à donner un fade avant goût de la teneur totale réelle de ce livre et de ce qu'enseignent Mesdames Harrisson et Saint-Charles. Si seulement il pouvait servir de base d'apprentissages pour toutes personnes se voulant « aidants » de personnes autistes, surtout au niveau professionnel, mais aussi pour les familles, amis et autres. Cela reste malheureusement une pure utopie beaucoup trop éloignée de la réalité pour espérer l'y voir intégrée un jour : ce qui est différent de la majorité n'a aucun droit de cité dans les faits, ou alors c'est au mieux considéré comme une maladie, une anomalie à guérir et à corriger sans aucune considération pour la personne elle-même.
À lire. À relire. À méditer. Pour enrichir chacun d'entre nous, quelque soit son ou ses liens avec les TSA comme ils sont maintenant nommés. Un livre que nous devrions tous avoir dans notre bibliothèque.
Pour ma part, je tient vraiment à remercier la personne qui m'a prêté ce livre (que je pouvais pas m'acheter), même si je regrette de ne pas l'avoir dans ma bibliothèque où j'aurai été amenée à aller le chercher régulièrement à l'avenir. Et par dessus tout, je remercie infiniment Madame Harrisson d'avoir entrepris le partage de cet immense et certainement fastidieux, MAIS Ô COMBIEN UTILE, travail de transcription. Merci.
PS : pensez à lire les textes en annexes ; certains sont de pures perles « d'humour tellement réaliste ». J'ai en tête particulièrement, « Autismapolis », « Les Komnous et les Komvous » et « Le trouble envahissant du sentiment » (annexes 4 à 6). D'une manière générale, tout, absolument tout (de la toute première page à la toute dernière page) dans ce livre est à lire et méditer, pas seulement le texte principal.
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Les professionnels neurotypiques ne savent pas se taire. Ils ne connaissent pas les autistes et ne leur permettent pas de terminer leur manœuvres. Ce qui est encore plus grave, c'est que souvent ils parlent pour calmer leur propre anxiété alors qu'ils sont supposés aider les autistes. Après, ils se demandent pourquoi ceux-ci sont très anxieux. Toute personne neurotypique qui veut travailler en autisme doit apprendre à se taire, à savoir quand et pourquoi garder le silence. C'est vital.
La structure autistique statique cause déjà de l'anxiété. Les participants (« non autistes », c'est moi qui rajoute cette parenthèse et non l'auteur) à qui nous enseignons les situations anxiogènes en autisme, sont très étonnés de la quantité de situations qui causent de l'anxiété. Ils nous mentionnent qu'ils n'auraient jamais pu imaginer cela puisque par exemple, manger, ou prendre une douche ou même se déplacer d'une pièce à l'autre n'est pas anxiogène pour un neurotypique.
Tous les programmes, toutes les interventions sont construits sur la structure de pensée neurotypique. Et dès que les autistes seront en colère de ne pas être aidés, ils vont recevoir l'étiquette de personnes ayant des troubles du comportement. Comme ils ne peuvent pas communiquer convenablement, ils ne pourront pas se défendre avec des mots. Il existe une loi de la nature : quand on ne peut pas dire ce qu'on vit, on le montre.
Il est très anxiogène pour un individu TED de ne pas comprendre ce qu'une personne dit. Souvent les Asperger vont refuser de parler à quelqu'un, uniquement parce qu'ils ne comprennent pas ce qui se dit. Et comme tout le monde parle aux Asperger continuellement sans aide conceptuelle, ils vont vivre de l'anxiété en continuité.
La compréhension des consignes va dans le même sens. La journée se passe d'échec en échec pour les individus TED les plus conscients.
(…) il est important de savoir qu'un autiste qui crie beaucoup, tente de communiquer mais n'a pas de mots. Il lui faut enregistrer les représentations mentales pour donner le sens du son et ces images passent par les outils visuels statiques et ensuite dynamiques. Il est probable qu'on ne lui ait pas donné accès aux images de la manières adéquate. Donc, on ne devrait jamais laisser un autiste qui crie sans système de communication : il le demande en agissant ainsi.
Brigitte Harrisson lors du lancement du numéro spécial de Québec Science sur l'autisme