C'est également le titre d'une des nouvelles du recueil. Cela donne le ton. Car toutes, oui toutes, tournent autour, sont en plein dedans. La drogue. Dans un Mexique desespéré, où la lutte contre ce fléau est remplacé par la tolérance face à la consommation. Presque encouragée.
Des nouvelles courtes, un recueil très mince, un style vif. La déchéance morale, physique. Peu d'espoir. Un pays en perdition.
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Mais à ce moment-là, j'ai compris que tout partait en vrille, et que ni ma réhabilitation ni le frigo plein ne pourraient nous sauver. J'ai sur que nous étions fichus à coup sûr et je n'ai rien dit parce qu'il y avait déjà assez de bruit avec les pleurs d'Isabel, les pas de Pindaro dans la rue et mon fils qui balbutiait ses premiers mots. Et de toute façon, qu'aurais-je pu dire, qu'est-ce-que j'y peux si certaines choses sont laides parce qu'on ne peut pas les expliquer, si le fait d'être pourri de l'intérieur n'est pas une question d'âge, de climat ou de fatigue : c'est comme si tu croyais être une aiguille, et que d'un coup tu t'aperçois que tout le monde te voit comme un fétu de paille.
Appelez-moi comme vous voudrez : coké, vicieux, malade, mon-fils-qu'est-ce-qui-t'arrive arrête-ça-mon-frère je-suis-un-mort-vivant-à-quoi-bon, appelez-moi scorie, appelez-moi Dieu, appelez-moi par mon nom et par le nom de mes migraines, de mes lectures nocturnes et de l'aube qui me trouve désespéré. e suis celui qui cherche un caillou sous le bureau, sur le lavabo, sur le miroir, dans sa chemise et se réveille un matin de plus sans un sou ; le sourire glacé du voisin à travers les persiennes, tu croyais peut-être qu'il n'avait rien remarqué. Je suis installé à Baker Street et je regarde passer sur la neige les roues sales de ma vie.