Les aventures de Jack Aubrey, tome 13 : Le rendez-vous malais

Le reste du temps, il se promenait dans la région, comme on peut l'attendre d'un philosophe naturel, hôte du capitaine, parfois avec Richardson, parfois avec Macmillan, éventuellement avec Jack, mais le plus souvent seul, car ses compagnons désapprouvaient les sangsues des forêts qui s'attachaient à eux par dizaines dans les régions les plus sauvages, et les mouches et moustiques qui les tourmentaient dans les champs irrigués. C'était toutefois des promenades fort profitables en dépit de ces inconvénients et même en dépit d'une espèce d'abeille atrocement agressive qui construisait son rayon de miel en plein air, accrochée à une branche robuste, et qui attaquait à vue, poursuivant l'intrus sur un quart de mille ou jusqu'au plus proche buisson fort épais, lui-même habité parfois par des fourmis rouges plus féroces encore ou, à une occasion, par une irritable femelle python lovée autour de ses œufs.

Le pourpre s'était répandu sur plus de la moitié du ciel, l'éclat cuivré sur la plus grande partie du reste, atteignant ça et là l'horizon lointain. De l'obscurité loin derrière venait un roulement de tonnerre bas et constant, et l'éclat de la foudre tout au long du ciel dans l'est. Alors, avec un hurlement, le vent surgit, galopant sur la mer en un grain blanc; dans cet air jusque là calme, en un instant, toute la violence de la tourmente fut sur eux, arrachant l'eau, leu coupant le souffle, leur brouillant la vue.