A chaque sortie de Tokyo Tarareba Girls, je suis impatiente de découvrir quelles nouvelles tuiles vont tomber sur nos trois trentenaires totalement barrées et on peut dire que l'autrice ne se défile jamais !
On pourrait croire qu'on a fait le tour de leurs déboires, mais ceux-ci sont inépuisables. Ainsi dans ce nouveau tome entre peur d'une grossesse imprévue, découverte fortuite d'une relation adultère et retrouvailles étranges avec un ancien prétendant, elles ne mollissent pas. le ton est toujours aussi désopilant et grinçant. Je note cependant une petite répétitivité dans les schémas engagés qui me font dire que je suis heureuse que la fin pointe quand même le bout de son nez car trop de mésaventures tue la mésaventure.
C'est donc Kaori qui ouvre le bal en se faisant une grosse frayeur. J'ai été touchée par sa détresse, sa fragilité, son besoin d'être accompagnée parce qu'elle se sentait perdue face à tout ça et qu'on fond elle est un peu restée une enfant fleur bleue. le fait qu'elle ne sache pas à la fin si elle et heureuse ou pas de cette conclusion en dit long. Elle m'a fait beaucoup de peine et à aucun moment je n'ai pu la juger, alors que je m'y serais attendue me connaissant, mais non, l'autrice a trop bien écrit son personnage et son histoire pour cela. D'ailleurs, la façon dont l'épaulent ses amis n'y est pas pour rien, que ce soient ces deux amies de toujours ou l'étrange et fascinant Key. Celui-ci, un peu comme un Jiminy Cricket, est souvent là pour les sortir d'une mauvaise passe, comme s'il veillait sur elles, et je commence à pas mal l'apprécier pour ça.
Cette ambivalence des traits et caractère, je l'ai également ressenti dans le développement de Koyuki ici. L'autrice nous offre effectivement tour à tour le développement des romances de ces trois héroïnes, en commençant par celles-ci qui sont d'habitude un peu en retrait. C'est chouette. L'histoire de Koyuki est probablement celle qui me met le plus mal à l'aise, à cause de sa relation adultère assumée avec un homme marié en passe de devenir papa. le fait qu'elle accepte cela en dit long sur sa détresse sentimentale quand même. de la même façon, ce schéma de la femme japonaise typique qu'elle reproduit me glace le sang à chaque fois. Je n'en peux plus de la voir préparer ses petits plats pour son homme parce que monsieur le lui demande. Brr… Je suis donc ravie qu'ils aient été perçus à jour et j'espère que ça va la secouer un peu, car j'ai vraiment eu l'impression comme chez Kaori qu'elles étaient arrivées à un point de non retour dans leurs histoires réciproques.
A l'inverse, Rinko, qui ne vivait rien, semble se relancer mais d'une façon assez inattendue. Avec elle, c'est le schéma de la trentenaire qui faute de partenaire qui la fasse vraiment vibrer se réfugie dans une relation bateau et plan plan archi commune. L'autrice a beau habiller cela sous le trait d'une Rinko plus entreprenante et guillerette, ça ne prend pas. Ainsi, à nouveau j'ai adoré l'élément perturbateur qui vient dérégler tout ça même si je suis hyper frustrée que ça s'arrête là-dessus.
Tokyo Tarareba Girls est et reste une lecture divertissante et rafraichissante sur le destin de trois amies trentenaires pour qui les relations amoureuses n'ont rien de simple et rien de tendre. Ce portrait d'une génération qui se cherche entre le modèle traditionnel japonais, plutôt représenté par Koyuki, et celui plus moderne et libéré, qu'incarnent Rinko et Kaori, est très riche car l'autrice en montre toutes les nuances, les limites et les failles faisant souffrir ses femmes qui peinent à trouver l'amour et/ou le bonheur. Il est à regretter que le message soit pour l'instant dans l'accomplissement de soi à travers l'homme aimé, et il est à espérer que cela évolue vers quelque chose de plus actuel, mais n'allons pas trop vite.
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