AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,82

sur 184 notes
5
21 avis
4
25 avis
3
11 avis
2
0 avis
1
1 avis
Trois générations de femmes en Tchécoslovaquie. Magdalena, Libuse et Eva. Toutes les trois bâtardes. J'y ajouterais Marie, la plus ancienne de la lignée et non des moindres, sa personnalité pesant sur les suivantes. Elles vivent pauvrement à la frontière autrichienne, élevant des vaches, tenant un café ou brodant selon la situation du moment, entendez situation politique, puisque la première connaîtra l'annexion nazie, la deuxième le communisme et la dernière la chute du mur de Berlin.

Le roman est divisé en trois parties, une nouvelle narratrice prenant la parole. C'est ainsi que nous voyons le déroulement des années par trois regards différents, les uns éclairant les autres. C'est l'intérêt et la limite du roman, j'ai eu du mal à abandonner la première narratrice, Magdalena et à ne plus entendre parler d'elle que par la bouche de sa fille et de sa petite-fille. Je n'ai pas réussi à faire le lien entre la jeune fille vive et pleine de rêves et la femme qui se laisse soumettre par un bon à rien, sous la férule de Marie.

Lien : http://legoutdeslivres.canal..
Commenter  J’apprécie          70
Bouleversant et touchant !
Une lecture qui donne une furieuse envie de découvrir la République Tchèque et ses représentantes.
Commenter  J’apprécie          60
Des giboulées de soleil, c'est ce qui va venir ensoleiller par moments la lignée de ces femmes ( arrière-grand-mère, grand-mère, mère et petite fille).

Marie, l'aïeule, était l'assistante d'un gynécologue juif à Vienne (Autriche). Or quand celui-ci fuit les nazis avec toute sa famille, la laissant seule avec sa fille Magdalena, elle décide de retourner en Tchécoslovaquie son pays d'origine.

Elle choisit de s'installer dans un petit village où elle va s'établir comme sage-femme, ne fréquentant que très peu de monde en raison de sa situation de mère célibataire. Magdalena, traîtée de bâtarde, grandit auprès d'une mère dure de caractère et fermée sur elle-même. Elle ne rêve que d'une chose : retourner vivre à Vienne.

Mais Magdalena ne réalisera pas son rêve. Elle se retrouvera à son tour mère célibataire d'une petite fille Libuse, qui elle même le deviendra. Chacune de ces femmes assumera et imposera ses choix dans une époque difficile :

« La ligne intitulée Nom du père est vide. Chez moi, elle est vide, la ligne est blanche. Piqûre de rappel, je ne suis pas comme les autres. Je m'en fous de porter le nom de jeune fille de ma mère, de ma grand-mère et de mon arrière-grand-mère. J'en suis même fière. Mais dehors, avoir un vide sur un acte de naissance ça pèse. Mon vide n'est pas passé inaperçu. »

Ces femmes sont aussi victimes de la situation de leur pays. Après la seconde guerre mondiale, c'est le communisme qui s'est installé avec la confiscation de tous les biens pour la coopérative et la disparition de la propriété privée.

Chaque individu est sans cesse sous la surveillance de son voisin. La peur s'installe, la liberté de parole et d'opinion disparaissent.

Mais l'aïeule, Marie, si forte, si dure mais tout en même temps si humaine, n'aura de cesse de répéter : » Prends la vie comme elle vient mais ne baisse jamais la tête ! Ne laisse jamais les gens avoir pitié de toi ; la pitié c'est ce qui se change en haine le plus rapidement. Après l'amour. »

Très beau roman qui a d'ailleurs obtenu le Prix Renaudot des Lycéens en 2016.

Commenter  J’apprécie          60
L'histoire de la Tchécoslovaquie de l'après-guerre aux années 80, est vue par le prisme de quatre générations de femmes. C'est une sorte de malédiction qui fait naître à chaque génération une fille au lieu du garçon attendu, et qui voit se perpétuer cette tradition subie. J'ai été séduite au début par l'atmosphère de la campagne d'Europe centrale, et par l'écriture douce et sobre, sans longueurs inutiles, de Lenka Horňáková Civade, qui m'a rappelé les romans de Robert Seethaler, le tabac Tresniek ou Une vie entière, avec un petit quelque chose du Coeur cousu de Carole Martinez.
Le personnage incontestablement le plus intéressant est la mère de Magdalena, dont l'histoire apparaît racontée par les trois générations qui la suivent. Mais il est dommage que le début prometteur se dilue au fil des portraits, qui deviennent moins convaincants, et que le roman se termine sur la résolution d'un mystère qui m'a semblé secondaire.
Une jeune auteure à ne pas perdre de vue, toutefois !
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
Commenter  J’apprécie          60
Magnifique oxymore que ce roman à l'image de son tout aussi magnifique titre "Giboulées de soleil". Brodeuses de mère en fille, mais aussi et peut-être surtout bâtardes de mère en fille, bâtardes mais fières, dignes, libres et, plutôt que d'en rougir, elles portent cette particularité en bandoulière. Lenka Hornakova-Civade nous narre ainsi l'histoire de trois femmes, la mère Magdalena, la fille Libuse et la petite fille Eva, toutes nées de père inconnu et à travers elles, en filigrane, celle de son pays natal, la Moravie (actuelle République Tchèque).
Il est vrai que, sous la houlette de Marie, la mère de Magdalena, la première à avoir "fauté", elles transforment leur malchance en une sorte de dignité, une forme de majesté, une distinction qu'elles revendiquent chacune à leur manière haut et fort.
Chacun des trois chapitres du livre raconte l'histoire d'une femme, sa vie et celle de son pays passant de l'annexion nazie à la période de montée du communisme puis à la fin de l'hégémonie russe. Les hommes, eux, n'y ont pas la part belle, lâches qu'ils sont, veules, abjects, malveillants pour la plupart.
C'est un très beau roman où le pire, les giboulées, (ce n'est pas facile dans une société traditionnelle de ne pas avoir de père connu) côtoie le meilleur, le soleil, (la liberté, la fierté et aussi l'amour). Les réflexions sont d'une grande simplicité, voire d'une naïveté peu commune. La langue est belle, la tendresse affleure, et la vie demeure. La tête haute, ces femmes avancent. Et nous les suivons, les admirons, les aimons.
J'ai aimé cette véritable saga familiale qui, une fois commencée, ne peut être lâchée. J'ai eu l'impression de dérouler un de leurs fils à broder et de le suivre sans reprendre mon souffle, en empathie totale avec leurs âmes nobles, indépendantes, courageuses. Comme disent les québécois, je suis tombée en amour de ce beau roman.
Commenter  J’apprécie          60
Ce premier roman lu grâce à l'aventure des 68 premières fois m'a véritablement enthousiasmée ! Tenu de bout en bout, plein de subtilité et de profondeur, il m'a emmenée dans un village perdu en Tchécoslovaquie pour regarder vivre des femmes dignes, fières et belles alors que le vent de l'histoire déplace les repères, bouscule les individus et les valeurs. Magdalena, Eva, Luba. Trois générations de femmes dont l'histoire semble bégayer : bâtardes et mères de bâtarde. Chacune d'entre elles prend en charge la narration de sa propre histoire qui s'enchâsse en amont dans celle de sa mère. Cette construction en trois parties enchaînées l'une à l'autre coud les destins individuels à l'histoire familiale et aux soubresauts de la destinée nationale.
Enfermées dans le silence de leurs origines, elles rêvent, travaillent, aiment et résistent, groupées autour de Marie, la première, celle qui vient de la ville, et qui a étouffé sa tendresse pour sa fille pour mieux la préserver. Résister, lutter, garder la tête haute et rester debout contre tous les chagrins, toutes les humiliations, toutes les violences. Elles sont admirables, Marie, Magdalena, Luba et Eva, admirables de rester libres de leurs choix et de les assumer face à tous les autres.
A l'image des broderies précises et chamarrées qu'elles créent, leurs récits tracent des arabesques dans le temps et laissent leur empreinte se poursuivre d'une génération à l'autre, comme une histoire jamais close. L'écriture de Lenka Hornakova-Civade fait déborder la vie, s'insinue entre les êtres, court d'une époque à l'autre sans jamais s'épuiser. Un vrai de vrai beau roman, subtil et profond !
Commenter  J’apprécie          60
Ce roman parle du destin de trois femmes, la mère, la fille et la petite fille qui ont toutes trois la particularité de ne pas avoir de père.
Trois femmes au destin contrarié par des questions géopolitiques. Tout d'abord la guerre qui a poussé un grand nombre de personnes sur les routes puis la main mise de la Russie sur les pays qui formeront le bloc soviétique. Et c'est sans compter sur la domination masculine et le poids des traditions.
Néanmoins, elles feront fi et avanceront dans la vie et démontreront que les femmes sont fortes et courageuses.
Très beau roman sur la condition de la femme qui voit sa situation évoluer même si celle-ci reste de nos jours toujours encore précaire.
Ce roman nous brosse aussi une image d'un pays marqué par le communisme et le collectivisme et nous en montre ses limites : l'absence de nourriture, et surtout l'absence de liberté.
Commenter  J’apprécie          50
Délicate couverture et titre poétique pour ce livre sur fond d'histoire de la Tchécoslovaquie d'après-guerre à la chute du Mur de Berlin. Une histoire transgénérationnelle d'une lignée de mères et de filles qui portent leur bâtardise comme une marque de fabrique.

Marie et sa fille Magdalena vivent dans un petit village de la campagne tchèque non loin de la frontière autrichienne. Petit à petit, la collectivisation se met en place en Tchécoslovaquie et Magdalena se voit contrainte de quitter sa place de servante et fille de ferme chez les Feldmann, propriétaires terriens dépossédés de leurs biens. Enceinte de Josef, le fils des patrons chassés, la vie reprend ses droits. Ce sera une fille, Libuše, qui elle-même en 1969, accouchera d'une petite fille, Eva.

La première partie du livre est de loin la plus passionnante et la plus crédible. On y découvre la personnalité de Marie, caractère fort et indépendant, ce qui l'a amenée à quitter Vienne et le père de Magdalena, les valeurs qu'elle inculque à sa fille, liberté et fierté, la vie rude de la campagne, les aléas politiques qui chamboulent l'équilibre précaire dans lequel elles se sont installées, sans compter la stigmatisation de leur situation de mère célibataire et d'enfant illégitime et, pire encore, de citoyenne qui refuse de prendre la carte du Parti ! Tout cela est bien rendu, notamment l'attachement qui lie la mère et la fille, malgré l'absence de tendresse, passant par, outre la manie d'enfanter hors les liens du mariage, celui de la transmission de l'art de la broderie, on aurait presqu'envie de courir acheter fils et aiguilles et de s'y mettre sur le champ. Et on a droit à quelques belles évocations bucoliques.

La suite m'a plutôt déçue, je m'attendais à ce que la lignée matriarcale indépendante et un brin rebelle se perpétue. Au lieu de quoi, en complète incohérence avec les valeurs prônées - "Tu n'appartiens à personne. Tu es libre. Il n'y a que ça qui compte. Ne l'oublie jamais." - et les caractères bien trempés des deux femmes, nous nous retrouvons face à une Marie qui marie sa fille à un rustre, et à une Magdalena qui subit sans réagir le mariage et ses déconvenues prévisibles. Suivent un récit un peu trop mélodramatique à mon goût, des discours qui souvent sonnent faux et une fin précipitée avec une surenchère de secrets de famille, tout droit sortis d'un catalogue dont je ne dirai rien mais, croyez-moi, aucun ne manque à l'appel. Tout cela gâche une histoire qui avait pourtant bien commencé, ce doit être ça l'effet giboulée. Heureusement, le théâtre politique qui se joue en arrière-plan sauve un peu la mise.
Lien : http://moustafette.canalblog..
Commenter  J’apprécie          50
Voilà un prix mérité pour un livre à la fois simple (dans son abord et sa construction) et ambitieux (dans son humanité). A découvrir.
Commenter  J’apprécie          50
Un livre que j'ai découvert dans le contexte de mon comité de lecture pour le festival du Premier Roman.
Un roman dédié aux femmes, plutôt à une lignée de femmes dont les vies sont en quelque sorte bouleversées par les hommes.
Un roman sur l'héritage, la transmission, les origines, la filiation.
J'ai trouvé un intérêt particulier dans ce livre, en ce qui concerne le contexte historique qui nous permet de voir une fois de plus, que la grande Histoire pèse souvent très lourd sur les destins individuels.
C'est écrit d'une façon remarquable, en français, par une écrivaine d'origine tchèque et " chapeau bas " pour ce travail.
On pourrait dire, finalement, que chaque femme est l'héroïne de son propre roman, chacune a sa vie et sa personnalité.
Une très belle découverte.
Commenter  J’apprécie          50




Lecteurs (340) Voir plus



Quiz Voir plus

Famille je vous [h]aime

Complétez le titre du roman de Roy Lewis : Pourquoi j'ai mangé mon _ _ _

chien
père
papy
bébé

10 questions
1431 lecteurs ont répondu
Thèmes : enfants , familles , familleCréer un quiz sur ce livre

{* *}