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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Now think of all things created
Think of those that you care for
Think of what you've been blessed with
And everything that makes you afraid

Quelques paroles de Home Made religion de la chanteuse israelienne Noa pour vous mettre en condition de pause et d'écoute.

Voilà plusieurs jours que j'ai terminé ce livre. Plusieurs jours que je médite cet avis. Non pas que je sois dubitative, bien au contraire.
Mais un texte qui confine au sacré mérite qu'on lui accorde le temps d'un hommage réfléchi, sincère et recueilli.

Car ce livre est comme une prière. Une prière universelle qui touche du doigt ces jours où la mort s'approche un peu plus que de coutume de nos vies. Ces jours où se mélangent des sentiments forts : la peur de perdre un être aimé, l'absence abyssale que l'on présage puis que l'on ressent. Et comment survivre à ce bouleversement ? Comment dire adieu ? Comment s'approcher de la mort en restant accroché à la vie ?
Delphine Horvilleur avec une grande pudeur, nous dévoile quelques histoires qui résonnent/raisonnent avec nos vies et nos morts. Et elle nous initie aux croyances, aux rites de passage de la religion juive. C'est fascinant et fabuleusement humain. Personnellement j'avoue qu'avant de lire ce texte, je n'y connaissais pas grand chose. Et je ne savais même pas qu'une femme pouvait être rabbin, comme c'est le cas pour cette auteure. Au delà du contenu, savoir qu'il y a sur terre des croyants, quelle que soit leur religion, d'une telle générosité, d'une telle humanité, m'est extrêmement réconfortant. Je me dis qu'on n'est pas foutu. Qu'il reste un espoir.
Le texte parle des derniers moments de vie, des premiers moments après la vie, d'humour, de maladie, de Simone Veil et sa copine Marceline, Charlie Hebdo.De la façon, avec une grand humilité, Delphine accompagne ces moments. Sur la pointe des pieds mais de tout son coeur.
Bref on y parle de la mort avec simplicité. Comment trouver les mots pour l'expliquer à un enfant. Comment raconter la vie d'un proche un peu secret. Comment vivre avec ses morts et leurs souvenirs voire leurs fantômes, si l'on admet une certaine perméabilité entre deux mondes. La mort on ne l'éloigne pas en se cachant derrière son petit doigt, mais en l'apprivoisant.
Delphine Horvilleur n'est pas là pour vous convaincre, juste pour vous ouvrir sa porte sur son monde, sa religion, sa famille même. Une femme rabin laïque comme on lui a un jour dit.
Elle m'a rappelé ma grand-mère, qui, très croyante et pieuse, vivait la religion comme un partage, une lumière, une générosité.

Cette lecture est un de mes coups de coeur 2021.

Alors, faut-il le lire ? Oui. Faites-vous ce cadeau de sérénité et d'apaisement.
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J'avoue, j'ai adoré, j'avais le sentiment de partager une discussion profonde avec une amie. J'aime beaucoup l'humilité et l'ouverture de cette auteure En tant que rabbin, elle nous partage avec simplicité le coeur de ce qu'elle rencontre au quotidien et là en l'occurrence tout son questionnement autour de la mort, des endeuillés, et de son accompagnement dans ces moments, son quotidien. Ce qui est passionnant avec elle c'est la manière très personnelle qu'elle a d'illustrer avec des textes traditionnels qu'elle sait moderniser. Elle nous fait partager toute cette connaissance de la tradition et nous montre comment cela répond aux situations actuelles de l'époque, de la vie, du quotidien. C'est un exercice périlleux dans lequel elle excelle.
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A chaque fois que j'ai l'occasion de lire ou écouter Delphine Horvilleur, que ce soit à la télé ou dans un article, je le fais avec  grand plaisir. Je la trouve fascinante! Elle dégage tellement de sérénité et de douceur et elle fait preuve de tellement d'intelligence dans ses analyses!Lorsque j'ai eu la possibilité d'écouter Vivre avec nos morts, en livre audio, je n'ai pas hésité une seconde, et je n'ai pas été déçue.Avec sa voix douce et apaisante, elle nous conte onze histoires de deuil, onze familles qu'elle a eu à accompagner et à apaiser. Elle lie ces chagrins avec son histoire personnelle et la tradition juive et nous emmène avec elle découvrir (pour ma part) la richesse de cette religion, qu'elle veut ouverte et humaniste.Elle fait parler les familles, les écoute, entend leurs interrogations et leur répond en leur livrant l'histoire du disparu d'après ce qu'ils ont pu lui en dire et ce qu'elle en voit au travers de la religion. C'est un très beau texte, qui questionne, éclaire, passionne et fait parfois sourire. C'est un réel plaisir d'écouter ses réflexions sur la mort, mais aussi sur la vie, la religion, la laïcité... C'est un texte rempli d'humanité, de tolérance et d'intelligence, à l'image de son autrice, à n'en pas douter.
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"Penser que Dieu s'offusque d'être moqué, n'est-ce pas la plus grande profanation qui soit ? Grand est le Dieu de l'humour. Tout petit est celui qui en manque." 
Élevè dans la religion catholique, il y a bien longtemps que j'ai abandonné ces obligations et rites religieux dans lesquels je ne me reconnais plus. Je n'en garde pas moins quelques souvenirs, et surtout une certaine forme de morale dans mes rapports aux autres. Je n'ai par contre que très peu de connaissances de la religion et des rites religieux juifs. Et j'avoue que Delphine Horvilleur est une femme qui me fascine et m'interpelle par ses discours, ses prises de position  et son ouverture d'esprit.... une personne que je prends plaisir à écouter.
Elle croît, et surtout ne m'a jamais donné l'impression de vouloir convaincre les autres de croire, ce qui change fondamentalement la relation que l'on peut avoir avec son discours, avec ses prises de position. Elle ne prêche pas.
C'est un sentiment tout personnel, que d'autres peuvent contester, ce qui est tout à fait concevable, un sentiment qui me permet de l'écouter, sans crainte de subir un discours imposé, un discours culpabilisant presque celui qui ne croît pas, ou ne croît plus.
Elle a rencontré de nombreuses personnes confrontées à la mort, à leur mort prochaine, ou à la mort de proches, des anonymes mais aussi des personnages célèbres... toutes égales devant cette porte qui s'ouvrait à eux, certaines plus angoissées que d'autres.
Ne le serons nous pas nous aussi quand notre heure viendra?
Elle nous parle de onze d'entre elles, qu'elle a accompagnées au cimetière, onze personnes dont elle a rencontré les proches. Onze rencontres toutes différentes, qui révèlent sa grande culture, son sens de l'écoute, son ouverture d'esprit, sa charité, ses doutes également, et ceci avec humour souvent ...onze rencontres avec des croyants ou des agnostiques, célèbres ou anonyme. Onze rencontres qui n'apportent aucune réponse révélée au lecteur, qui le laissent face à ses doutes, face à ses interrogations, les mêmes que celles de l'auteur.
Parler de la mort ne fait pas mourir !
Je n'attendais pas de réponse, car personne n'a pu m'en apporter.  Je n'attendais pas de réponse, car personne n'a pu m'en apporter. Ceux qui veulent m'en apportent une, me demandent seulement de croire que leur vérité est "LA" vérité.
Au moins Delphine Horvilleur a le courage de me répondre :
"Le judaïsme n'apporte pas de réponse ferme sur l'après-vie à ceux qui s'en inquiètent. Je ne compte pas le nombre de fois où, dans une conversation sur la mort qui approche, mon interlocuteur me demande : « Où vais-je aller ? » et d'entendre en moi cette voix, qui voudrait lui répondre : « Aucune idée ! »."

.... et le don de me faire souvent sourire de la mort
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Cet essai est agréable à lire et confirme par l'écrit l'impressionnante aisance dont fait preuve à l'oral la rabbine Delphine Horvilleur que vous avez peut-être vue ou entendue sur les médias. du savoir, des convictions, des doutes, de l'humour, une grande et belle idée de l'être humain affrontent en onze chapitres la mort que nos sociétés tentent de masquer. Chacun des ces chapitres raconte un histoire, une rencontre. Tous passent très au large du "mélo" et évitent d'asséner des vérités ; ils suggèrent des émerveillements et des interrogations tout en distillant une atmosphère d'apaisement.

Aucun prosélytisme, mais des explications précises de certaines traditions juives ; aucun pédantisme, mais des retours précieux à l'étymologie quand cela s'avère nécessaire. Cet essai éclaire d'une lumière très douce l'entrée de nos proches dans le royaume des ombres. Ce n'est pas un coup de projecteur brutal d'une vérité assénée, mais une série de petites lumières qui, finalement éclairent beaucoup mieux.

On appréciera la belle et positive présentation de la laïcité à la française, celle des destins de Simone Veil et Marceline Loridan-Ivens et la très utile (pour moi du moins) explication du rabbinat "laïc".

On aimera surtout le très bel hymne à la Vie.
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Je suis athée et pourtant j'ai été happée par ce livre.

Chaque chapitre raconte un décès et l'accompagnement de la rabbine Delphine Horvilleur pendant la cérémonie auprès des proches.

J'avais peur d'un " croyez en ma religion, Dieu existe" dans l'idée, hein !

Et pas du tout ! Elle raconte avec une simplicité touchante, son travail, sa croyance, sa religion. Ce n'est pas larmoyant même si un chapitre m'as touché car il me rappelait un décès d'une proche.

On apprend tellement sur la religion juive, c'est émouvant, intéressant et cela permet d'une certaine manière de prendre un petit recul sur la peur de la mort.

Ce que je retiens de livre, c'est la simplicité de parler d'un sujet difficile (la mort, la peine de ceux qui restent, l'injustice de certains départs), l'humour, s'enrichir en découvrant une culture, religion.

Je vais sûrement me pencher sur son autre livre : Il n'y a pas de Ajar.

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Merci et bravo à Madame le rabbin « laïque » pour ce précieux « Petit traité de consolation ».Un véritable don de conteuse, légèreté , humour, élégance de style , pédagogie efficace pour nous initier aux rites de la mort dans la tradition juive, sans prosélytisme, présentation originale des grands personnages de la Bible, Isaac, CaÏn, Moïse .Une approche discrète , pleine de tendresse, de respect, de reconnaissance , d'humour envers ses amies, ici Simone Veil et Marceline Loridan-Evans ; paroles apaisantes, réponses intelligentes à petit garçon « orphelin » son frère qui demande « dans quelle direction regarder » pour le voir.
Le dernier chapitre , où elle retrouve ses racines, une branche de l'arbre généalogique , celée sous silence, lors d'une visite du cimetière profané de Westhoffen en Alsace, en 2019, est vraiment émouvant.
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ATTENTION : c'est une lecture personnelle, avec des défauts que vous pouvez me signaler, avec des détails qui peuvent paraître ennuyeux pour certaines personnes.


« Je me souviens de la première fois où j'ai vu un mort. C'était à Jérusalem et c'était une femme. J'étais alors étudiante en médecine et notre semestre était consacré à l'anatomie » p.17.

Delphine Horvilleur est maintenant rabbin. Elle « voit » Azraël, l'ange de la mort, qui vient toquer à nos portes, « une épée à la main ». Elle nous exhorte à ruser, à ne pas le laisser entrer, à lui jeter un sort avec un toast « LeH'ayim ! à la vie ! ».

[…] « Nous aimons croire que les parois sont hermétiques, que la vie et la mort sont bien séparées et que les vivants et les morts n'ont pas à se croiser. Et s'ils ne faisaient que cela en réalité ? » p.16-7

Elle-même prend le temps, après chaque office, de se laver longuement les mains, pour se purifier, et éloigner la mort.

Sauf que parfois Azraël force l'entrée et frappe de façon cruelle et inattendue, comme pour le premier ministre Yitzhak Rabin, tué par deux balles tirées à bout portant dans son dos, alors qu'il venait de prononcer un discours pour la paix dans une grande place publique de Tel Aviv , ou pour le meurtre terroriste d'Elsa Cayat, la psychanalyste de Charlie Hebdo, dont l'enterrement fait l'ouverture de Vivre avec nos morts.

« Je vous présente Delphine, notre rabbin. Mais ne vous inquiétez pas, c'est un rabbin laïc ! » s'empresse de dire Béatrice, la soeur d'Elsa, en la prenant par la main.

Delphine Horvilleur est perplexe : « Je n'ai pas trouvé quoi dire, et suis restée muette. S'agissait-il d'une plaisanterie ? Y avait-il un malentendu sur ce qu'on attendait de moi ? Quelle fonction devais-je remplir. »

La famille Cayat est profondément athée et Elsa était attachée à « la laïcité et à l'esprit Charlie où elle avait installé son célèbre divan ».

Grâce à Béatrice, elle sait ce qu'elle va raconter, la légende du four, tirée du Talmud.

Rabbi Eliezer s'affronte à d'autres sages pour affirmer que le four est pur, qu'il peut être utilisé pour des rites, et pour prouver qu'il a raison il déclenche plusieurs miracles : le déracinement d'un arbre, la déviation du cours d'une rivière – sans convaincre ses détracteurs -, alors il décide d'ordonner aux murs d'une maison de s'effondrer et, sitôt dit, ceux-ci se mettent à trembler et à s'affaisser, en menaçant les sages de les écraser.
Ces derniers s'offusquent : « de quoi vous mêlez-vous ? Quand les sages débattent entre eux, cela ne vous concerne pas. »
Les murs interrompent leur chute et restent figés tandis que Rabbi Eleizer déclare : « Si j'ai raison et que mon avis est le bon, une voix céleste viendra le confirmer. » le verdict de Dieu est sans appel : « L'avis de Rabbi Eliezer est conforme à la loi. »
Rabbi Joshua s'adresse à l'Éternel : « La Thora n'est pas aux cieux. »
Dieu se met à rire et décrète : « Mes fils m'ont vaincu, mes fils m'ont vaincu » p. 31-2

C'est un rire d'impuissance, le rire d'un père dépassé par ses fils.

« Sur la tombe d'Elsa, on a gravé LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ. […]. Pendant de longs mois, l'extrait du Talmud que j'avais cité est resté posé […] sous une pierre, dans une pochette plastifiée » p. 36-7

« Qu'est-ce que c'est qu'un rabbin ? […] Nos récits sacrés ouvrent un passage entre les vivants et les morts. le rôle d'un conteur est de se tenir à la porte pour s'assurer qu'elle reste ouverte » p. 16

« le mot « H'ayim », la vie est un pluriel [qui en hébreu] n'existe pas au singulier […], chacun de nous a plusieurs vies, non pas successives mais tressées les unes aux autres, comme des fils qui se croisent […], nos vies font tapisserie jusqu'à ce que nous puissions en défaire les noeuds en racontant des histoires […]. Tout au long des siècles, une étrange histoire d'amour a lié les juifs au tissu, et bien des blagues juives en gardent la trace » p. 26

[…] « le nom « Cayat » signifie « couturier » en hébreu et en arabe » p. 26

Les morts sont enterrés sans cercueil en Israël, dans un linceul blanc qui doit être cousu aux extrémités, cette couture scelle leur départ. Par ricochet lorsqu'un tissu est décousu, il faut empêcher la mort de s'immiscer. Pour conjurer le sort, il faut mâcher pendant la retouche.

[Métaphore] « Une génération en hébreu est une rangée d'un panier. Elle s'attache à la force de la précédente et anticipe la consolidation de la suivante […]. La Shoah […] a fait des béances « intissables » p.75

Sarah vient de mourir. Son fils appelle Delphine Horvilleur. Il ne connaît pas grand-chose ni à la tradition juive, ni à la vie de sa mère qui est une rescapée d'Auschwitz.

« J'écoute ce fils m'évoquer sa mère et je me demande comment je vais pouvoir raconter cette histoire le lendemain au cimetière à ses proches réunis. Que dois-je y faire résonner ? » p.73

Elle conclut : « Pour raconter Sarah, il faut dire L Histoire et pas seulement la sienne, rappeler ce que l'Homme à fait à l'Homme, à travers cette femme, pour que chaque génération s'en souvienne » p.74

« le lendemain de ma conversation avec le fils de Sarah, je suis arrivée tôt au cimetière. Je voulais voir à quoi ressemblait le panier et ses morceaux éparpillés. Je voulais [connaître et interroger ses proches] » p. 77.

Elle se trompe de cortège avant de se rendre compte que pour l'enterrement de Sarah, elle est toute seule avec le fils. Elle est troublée parce qu'elle doit officier sans « minyam », quorum de dix personnes nécessaire pour qu'une prière soit valable. Elle explique au fils que le « kaddish » est la prière des endeuillés, que doit réciter une personne désignée, par exemple un fils.

J'ai bien ri car je l'ai imaginé très sérieuse, en train de se préparer pour son office. Il y a beaucoup de passages drôles dans ce livre au titre macabre. J'ai beaucoup aimé le récit de Myriam.

Delphine Horvilleur donne des cours d'hébreu dans une synagogue de Manhattan, à des femmes de la haute société, parmi elles, se trouve Myriam, qui semble plus âgée, qui est « drôle et légère » (p.147), qui ne manque jamais d'apporter thermos et pléthore de victuailles. Un jour Myriam se confie : elle n'a pas toujours été comme ça, elle a souffert d'une profonde dépression pendant plusieurs années. Elle passait son temps à mettre en scène ses funérailles, jusqu'au jour où sa fille Ruth l'a conviée pour un soi-disant shopping (p.156) alors qu'il s'agissait de fausses funérailles, avec toute la mise en scène que Myriam avait prévue.

Voici l'incipit de Vivre avec nos morts :

« Juste avant le début de la cérémonie au cimetière, mon téléphone sonne […]. Souvent, lorsque [mes] amis m'appellent, ils me demandent en plaisantant qui est mort aujourd'hui, et comment va la vie au cimetière. »

« Un jour, mon téléphone sonne » p. 127. C'est le mari d'Ariane, sa « presque moi », qui lui annonce que son amie est atteinte d'un cancer du cerveau incurable. Épreuve doublement difficile, c'est un drame intime qui la conduit à transgresser la séparation entre sphères privée et « professionnelle ».

« Ariane m'a demandé solennellement si, pour elle, je serais capable de me dédoubler, et si j'accepterais à partir de cet instant de ne plus être simplement son amie, mais de devenir aussi son rabbin » p. 134

Pour les obsèques de Simone Veil, ses fils Jean et Pierre-François lui demandent d'officier auprès du Grand Rabbin de France. Un média juif parle d'intox.

Le ton badin nous permet de digérer la profondeur des propos. Delphine Horvilleur reste humble et s'interroge, sans cesser de continuer à étudier les textes saints qui ne donnent pas de réponses, juste des pistes.

Son petit frère Isaac est mort subitement, il veut savoir où il se trouve.

« Faut-il dispenser aux endeuillés un cours d'histoire ? Non, bien entendu. Mais rien n'interdit de leur faire tout de même entendre les voix qui parlent en polyphonie au sein de la tradition juive » p. 119

« J'ignore où se trouve exactement Isaac. Mais je sais que sa famille, avec un amour éternel, continuera à le chercher, et parlera tous les langages d'une tradition qui garde en vie la question que sa mort pose » p. 124


C'est un livre merveilleux qui nous prépare en douceur à la mort et qui nous console de la mort de nos proches, et aussi qui nous permet de nous initier au judaïsme, de connaître Delphine Horvilleur, en tant que femme et en tant que rabbin.

L'écriture est fluide, élégante et imagée.

Ce billet reste ouvert, ma lecture n'est pas terminée et je serais ravie que vous me fassiez des commentaires, pour le compléter, pour le critiquer, pour l'amender.
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Un texte qui fait du bien à l'âme et au coeur.

Les temps sont anxiogènes, la mort rode et personnellement les deuils ont envahi ma sphère, cette année, d'où m'ont envie de lire ce texte.

J'ai tout d'abord découvert une voix (j'ai lu la version audio), magnifique, suave, emphatique, une voix de conteuse.
Puis, j'ai découvert cette magnifique personne qu'est Delphine Horvilleur, à travers ses mots, ses anecdotes, ses réflexions personnelles, j'ai pu déceler sa bienveillance enveloppante, sa grandeur d'âme, son amour des autres.

A travers 11 fragments de récits, elle dénoue la peur de la mort en nous racontant comment elle, ou ses proches, ou encore ceux qu'elle accompagnait en tant que Rabin, ont traversé les attentats de Charlie Hebdo, l'assassinat d' Yitzhak Rabin.

Le propos est éclairant et enrichissant, brillant et modeste à la fois, parsemé d'humour, de tendresse et de beaucoup de sagesse, bref apaisant.

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Quand j'ai acheté ce livre, je ne savais pas qu'il avait été récompensé par un prix des lecteurs de Babelio, mais je peux vous assurer qu'il le mérite amplement et il a été mon livre de chevet durant cet été 2021. Dans son introduction, Delphine Horvilleur compare son métier de rabbin à celui de conteur, et du coup elle est véritablement une conteuse hors pair. Elle puise des exemples dans sa vie professionnelle ou personnelle, dans ses références religieuses ou philosophiques et n'hésite pas à mettre une bonne dose d'humour dans son propos.
"Vivre avec nos morts", c'est assurément une partie du ministère de rabbin. C'est rendre hommage aux personnes disparues, mais aussi aider leurs proches à vivre ce moment particulier du deuil et de la séparation. Delphine Horvilleur l'a fait avec des personnes très différentes connues ou non, dans des circonstances tragiques ou avec plus d'humour, à Paris comme à New-York.
"Vivre avec nos morts", c'est aussi continuer à vivre avec ces personnes disparues, parfois avec le non-dit qui entoure leur disparition, comme ce fut le cas pour une partie de la famille de Delphine Horvilleur lors de la Shoah. C'est aussi garder le souvenir de ces vivants qui nous ont précédés comme quand elle relate sa visite au cimetière juif de Westhoffen.
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