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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
L'autrice, Delphine HORVILLER est une rabbin du Judaïsme en Mouvement. Quand elle définit son rôle, elle parle, bien sûr, du temps consacré à officier et enseigner en synagogue ou traduire des textes anciens pour qu'ils soient audibles et compréhensibles par la génération actuelle. Mais, plus que tout, elle se définit comme conteuse. Une grande partie de son temps, dit-elle, elle accompagne en effet les vivants touchés par la mort d'un proche. Elle leur raconte des histoires issues de l'Ancien Testament ou de la tradition juive pour qu'ils trouvent du sens (à la fois direction et signification) que la vie prend face à la mort.
Son approche de la célébration des funérailles juives est donc bien de se centrer sur ceux qui restent. Ceux qui vivent dans la perte de repères (repaires), dans le désarroi, qui ont une vie à reconstruire tout en faisant mémoire du mort. Elle aime rappeler que les cimetières, dans l'étymologie du mot hébreux qui les désigne, se traduit par « jardin des vivants ». C'est donc un lieu non destiné aux défunt mais à ceux qui restent, lieu où ils pourront évoquer et garder mémoire de ce mort, ce proche qui a été partie intégrante de leurs vies.
Delphine Horviller puise donc dans la tradition les histoires qui permettent, moyennant une explication et un éclairage de notre temps, d'appréhender les forces, les valeurs, les questions et les parcours de vie des défunts. Chargés de symboliques, ces textes ouvrent à un à-venir.
Face à la mort, on entre dans ce livre sans angoisse et on en sort enrichi du sens qu'une Tradition peut donner à la vie. Et, ce qui ne gâte rien, elle délivre toutes ces approches, chargées de connaissances, avec de nombreuses anecdotes mettant en exergue l'humour juif et le sens de la vie qu'il recèle. Bien des expressions, passées dans le langage courant, trouveront ici leurs origines et aideront les uns et les autres à se situer sereinement face à la mort, cette mort qui n'est autre qu'un moment de vie !
J'ai beaucoup aimé ce livre, très accessible et non anxiogène sur un sujet aussi important que nos morts et les vivants qui continuent à les faire vivre.

Lien : https://frconstant.com
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L'auteure nous offre une magnifique leçon d'humanité, de tolérance et une découverte de la libéralité possible dans la religion juive. Son ouverture d'esprit et son érudition rendent son discours convaincant, aussi bien à l'écrit qu'à l'oral au travers d'une présence médiatique qui se remarque. Les nombreuses occasions qu'elle a eu dans sa fonction de rabbin d'apporter du réconfort aux familles endeuillées et qu'elle nous décrit sont autant de preuves que la compassion n'a pas forcément une étiquette strictement religieuse. le doute qui parfois l'habite gagnerait à être mieux partagé par toutes les orthodoxies intransigeantes. Très beau partage d'expérience et de réflexion sur la vie avec nos morts.
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Lisant ce livre à la plage, confortablement allongé, j'ai eu la surprise de voir à deux reprises une silhouette se pencher sur mon livrre pour en lire le titre et en repartir un peu perplexe.
le petit papy qui s'éloignait devait se dire que lire un livre sur la mort en plein soleil au bord de la Méditerranée était bien curieux. Et pourtant après avoir vu ce livre je suis convaincu que rien n'est plus proche de Delphine Horvilleur qu'un tel contraste apparent.
J'ai beaucoup aimé ce livre lu pourtant un peu à reculons, traditionnel effet sur moi d'un concert unanime de louange. Delphine Horvilleur y questionne notre rapport à la mort et le sien par la même occasion. Chaque chapitre s'appuie sur un épisode spécifique, tragique le plus souvent, drôle parfois, mais toujours matière à réflexion.
C'est à la fois un livre très drôle. On y lit quelques histoires juives extraordinairement drôles, et on est plongé au coeur du plus profond tragique. Comme lorsque Delphine Horvilleur se voir poser la question suivante par un petit garçon ayant perdu son frère " J'ai besoin de savoir où est allé Issac. Parce que je ne sais pas où regarder pour le chercher." Humour à nouveau lorsqu'une femme obsédée par la mort se voit offrir par sa fille, pour exorciser son obsession, des funérailles de son vivant.
Tragédie en fin lorsque une histoire d'amour prend fin avec des rêves de paix au moment de l'assassinat de Rabbin.
Il ya beaucoup de choses dans ce livre superbement écrit, de la philosphie, du récit personnel, à la limite de mémoires, de l'initiation à la pensée hébraïque.
C'est formidable et cela constitue l'une de mes plus belles lectures récentes. Je n'oublierai pas, entre autre, le superbe portrait de Simoine Veil et de sa meilleure amie Marcelline Loridan-Ivens.
Et puis il ya cette scène proprement incroyable dans laquelle elle doit prononcer le Kaddish pour la mère d'un fils éploré. Pasant avant une cérémonie avec une foule compacte elle se rend compte qu'elle s'est trompée et se dirige vers la "vraie" cérémonie. Il s'avère qu'elle est seule avec le fils. Elle fait le récit de la vie de la mère sur la seule base des informations du fils qui dit alors en susbtance, semblant découvrir la vie de sa mère " quelle vie elle a eue" !
J'ai souligné de très nombreuses phrases dans le livre, je m'aperçois que toutes ont frappé les lecteurs. C'est dire la force du livre de Delphine Horvilleur et l'effet profond qu'il fait sur ses lecteurs.
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Ce livre récompensé par le Prix Babélio essai mériterait bien plus de cinq étoiles, c'est l'un des plus beaux et plus profonds que j'aie lus depuis bien longtemps. La version audio, lue par l'auteure y ajoute encore une dimension supplémentaire, sa voix sonne toujours juste et on se sent en empathie avec elle. Elle nous transmet avec délicatesse et pas mal d'humour un contenu grave qui aurait pu être juste tragique. J'ai passé plus de cinq heures merveilleuses en présence de cette conteuse hors pair, je ne peux que remercier vivement Netgalley et Audiolib pour ce livre que je conseille chaleureusement.

Delphine Horvilleur est rabbin, ce qui n'est pas très fréquent pour une femme, elle est donc issue de la tradition libérale, les rabbins orthodoxes étant uniquement des hommes. Elle traite surtout de la mort et de l'accompagnement des endeuillés dans ce livre, ce qu'elle fait avec une grande délicatesse. Elle en profite pour nous expliquer certains textes et traditions juifs à ce sujet.

Elle parle de différentes personnes qu'elle a accompagnées, parfois célèbres comme Simone Veil ou la psy de Charly Hebdo, mais le plus souvent des anonymes, dont une amie proche décédée d'un cancer. Dans ce cas, elle a dû jongler entre son rôle d'amie qui pleure et celle de rabbin qui ne peut se laisser submerger par ses émotions. Cette amie meurt d'une tumeur au cerveau qui la fait devenir peu à peu une autre tout en restant aussi elle-même. C'est l'occasion d'évoquer Rebecca, enceinte des jumeaux Isaac et Esaü, lesquelles sont entrés en conflits dès leur conception, déchirant leur mère de l'intérieur, avant de passer toute une vie de conflits fraternels. Chaque histoire est l'occasion de nous parler d'un texte biblique célèbre et je dois dire que j'en ai été très touchée. Venant d'un milieu protestant, je connais tous ces récits, mais c'est très enrichissant d'en lire les interprétations faite par Mme Horvilleur, parfois proches des nôtres et parfois très différentes. Et ces différences m'ont fortement interpelée, j'aime cette polyphonie du texte biblique qui est complètement ouverte. Chez les protestants comme chez les juifs, les morts sont enterrés dans un linceul blanc, qui rappelle la tenue des Cohen et pas en habits de ville.

J'ai beaucoup aimé aussi son interprétation du sionisme, elle oppose un sionisme de propriétaires celui de l'assassin de Rabbin en 1995, qu'elle ne peut accepter à un sionisme de passage, fait des traditions accumulées au cours de l'histoire. Elle se trouvait dans la manifestation après laquelle le premier ministre a été assassiné et qui marque la fin de sa relation amoureuse avec un soldat issu d'un kibboutz ainsi que son désir de revenir en France, elle ne se sent plus chez elle sur cette terre où le sang a trop coulé. Elle parle d'un texte prophétique et très intéressant de Gershom Sholem, écrit en 1926. Ce grand mystique vivait il y a un siècle en Israël qui n'était pas encore un pays. Des utopistes totalement laïcs ont entrepris de faire revivre la langue hébraïque, il les a mis en garde, disant que ce projet était une bombe à retardement car on ne pourrait pas dépouiller la langue de sa violence et de ses traditions messianiques, ce qui entraînerait une catastrophe un jour ou l'autre. Notre auteure situe l'explosion de la bombe lors de l'assassinat de Rabbin, quand le sionisme de propriétaire prend le dessus en Israël.

J'ai aussi été touchée par la façon dont elle parle avec délicatesse des familles, principalement des descendants des victimes de la Shoah, pour la plupart murée dans le silence et qui seront des victimes collatérales bien longtemps après les faits. Deux autres histoires m'ont encore particulièrement touchée, celle du frère d'Isaac, qui a perdu son petit frère et qu'elle encouragera grâce à l'histoire d'Issac le patriarche., c'est plein de délicatesse et de résilience. Sa propre expérience de la transgression du fruit de l'arbre de vie, sous forme d'un jouet en plastique parlera à chacun d'entre nous, on est loin de la culpabilité et du péché originel, mais au plus près d'une expérience que tous les enfants ont fait, ce qui est bien rafraîchissant.

Je pourrais parler des heures durant de ce merveilleux livre mais je conclurai sur des aspects qui m'ont beaucoup surprises, même si je ne les ignorais pas totalement. Tout d'abord la liberté avec laquelle les sages du Talmud dialogue avec Dieu et n'hésitent pas à le renvoyer dans les cordes. L'épisode de la construction du four est très parlant, l'un d'eux démontre à plusieurs reprises qu'elle doit se faire ainsi, ce que Dieu confirme par des miracles alors que les autres sages décident à la majorité qu'il faut faire autrement et que Dieu n'a qu'à se plier à la volonté démocratique de la majorité… j'avoue que mon petit fond pentecôtiste en a presque été choqué : Si on demande à Dieu quelle sa volonté c'est pour s'y plier et pas lui ordonner de faire la nôtre, même s'il s'agit là d'un sujet bien trivial. le manque de perspective eschatologique m'a également beaucoup surprise, il n'y a aucune représentation de l'après-mort. On ne tranche pas entre les diverses possibilités : néant, réincarnation ou résurrection.

Un livre qui permettra à chacun de trouver un sujet d'intérêt.

#Vivreavecnosmorts #NetGalleyFrance !
Lien : https://patpolar48361071.wor..
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Delphine HORVILLEUR. Vivre avec nos morts.

C'est avec cette citation, extraite du témoignage de Delphine HORVILLEUR que je débute ma critique : «  Et chaque génération, parce qu'elle vient après une autre, grandit sur un terreau qui lui permet de faire pousser ce que ceux qui sont partis n'ont pas eu le temps de voir fleurir. ». Cette jeune femme, rabbin a accompagné de nombreuses familles frappées par un deuil. Elle nous transmet quelques exemples qui l'ont profondément marqués. Ce documentaire nous permet d'accéder, de façon simple, aux diverses questions que se posent, les croyants, les non-croyants, les laïcs lors de la disparition d'un membre de la famille. Elle tente de répondre aux demandes de ces familles endeuillées de façon simple, compréhensive, très abordable.

J'ai suivi les obsèques d'Isaac, et comme son petit frère pose la question : « J'ai besoin de savoir où Isaac est allé. Papa et maman ne savent pas me le dire. Ils n'arrivent pas à se décider. Ils me disent que demain on va l'enterrer, et ils me disent aussi qu'il est allé au ciel. Alors je ne comprends pas : est-ce qu'il va être dans la terre ou bien au ciel ? Moi, j'ai besoin de savoir où je dois regarder pour le chercher. » ( page 112). Je suis comme ce petit garçon, face à la disparition d'un être cher. Aujourd'hui, nous foulons le sol, et demain , nous disparaissons, ensevelis dans ce sol ! Il faut trouver des mots, des gestes, des phrases afin d'accompagner les vivants face à leur chagrin. Mais n'oublions pas que nous ne sommes que de passage sur cette planète et quel que soit le rite qui ponctue nos funérailles, nous avons tous besoin d'être réconfortés, entourés, lors de cette douloureuse épreuve.

Avec des exemples concrets, Delphine nous fait part de son ressenti et de sa conduite exemplaire lorsqu'elle conduit des funérailles, de personnalités, Simone VEIL, ou sa compagne du camp de la mort de Birkenau, Marceline LORIDAN-IVANS, ou des personnes modestes comme vous et moi. Ces récits sont empreints d'humilité, de sagesse, reliant avec brio, le monde des vivants avec celui de nos morts. Je recommande à tous la lecture de ces témoignages sobres, poétiques et même humoristiques, relatant la vraie vie. Je pense que comme moi, vous rirez en lisant l'organisation, millimétrée, chronométrée de Myriam, une New Yorkaise qui a planifié sa propre cérémonie. Merci pour ces récits vivants qui nous permettront d'être plus sereins lorsque la dernière heure nous happera. Non ce documentaire n'est pas triste, il y a beaucoup de connivence, d'humour. Aussi je vous souhaite une bonne lecture et une bonne journée. Il nous transmet une belle leçon de vie.
( 14/01/2024).
Lien : https://lucette.dutour@orang..
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François Busnel a demandé à cette écrivaine en avril de cette année de venir parler de son dernier petit traité de consolation, avec deux autres écrivains Jean-Marie Laclavetine et Michel Rostain car le thème de son émission était : A nos morts, A la vie ! Comment vivre avec nos morts, c'est la question que vous posez tous les trois.
Je l'ai écoutée et j'ai trouvé que c'était une extraordinaire conteuse. Elle le dit elle-même. Il y a un lien très fort entre l'activité d'un rabbin et l'art de conter. Elle dit aussi qu'elle a placé dans son livre beaucoup de ses secrets, beaucoup de ses silences. Elle croit à la capacité des histoires à changer le monde et aussi au caractère sacré du récit.
Elle évoque le côté plus que tragique de la pandémie qui nous a empêchés de faire notre deuil. Certains morts ont été enterrés à la va vite sans cérémonie. Ne pas pouvoir accompagner les morts, cela crée des fantômes au sens de revenants, de résidus de vie qui ne passent pas et qui ne cessent de revenir nous hanter. Quelque chose qui m'a frappée, c'est quand elle a assisté à distance par téléphone de ses prières une famille juive qui était au cimetière devant le cercueil de leur père sans personnes à leurs côtés. Ils n'avaient demandé à aucun ami de les accompagner, ne voulant mettre qui que ce soit en danger. Terrible cette épidémie qui nous a tous isolés.
Elle a aussi évoqué Simone Veil, la femme politique déportée à Auschwitz à 16 ans et Marceline Loridan-Ivens, la scénariste athée, déportée à Auschwitz à 15 ans, qui ont su, toutes deux, témoigner sans enfermement victimaire.
Elle a également parlé de la profanation du cimetière juif de Westhoffen le 3 décembre 2019. Un joli petit village qui s'enorgueillit d'être la capitale mondiale de la cerise d'Alsace.
Elle évoque tout plein de sujets brûlants qui seraient trop longs à citer. Il faut lire ce livre-témoignage de notre époque troublée. Je n'en dirai pas plus.
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En préambule, je précise que je ne suis ni juive, ni musulmane, ni catholique ; mais être athée ne signifie pas être hermétique au dialogue ou à la découverte d'autres croyances ou convictions que les miennes ; peut-être cela permet-il même au contraire d'être plus ouvert à la discussion, sans idée préconçue ni visée prosélyte. Ce qui est sûr, c'est que croyant ou pas, chacun d'entre nous est un jour confronté à la mort, celle d'un proche, et ultimement à la nôtre. Je suis une endeuillée très récente, la mort de mon compagnon provoque en moi de nombreuses questions auxquelles la plupart ne recevront jamais de réponse. Cependant, j'éprouve le besoin inédit de découvrir comment la mort est vécue dans d'autres civilisations ou cultures, dans d'autres pays ou religions, dans d'autres époques que la nôtre. L'essai de Delphine Horvilleur arrive à point nommé ; sa lecture bouleversante, la personnalité hors normes de son auteure, le choix des personnes et des situations qu'elles a accompagnées en sa qualité de rabbin m'ont permis d'effectuer un pas sur le chemin du deuil.


L'auteure ne définit pas le rabbinat comme un sacerdoce mais comme un métier où elle doit trouver les mots et connaître les gestes ; elle a été surnommée par la soeur d'Elsa Cayat le « rabbin laïc ». Si évidemment la religion est à la base de sa réflexion, elle n'emploie dans aucune page le jargon habituel : péché, culpabilité, rédemption, pénitence, purgatoire. Delphine Horvilleur parle à ses lecteurs de traditions, d'Histoire, de mythologie, de rites d'accompagnement, de transmission. Elle évoque le monde dans lequel nous vivons et celui vers lequel nous allons, sans faire de promesses mensongères ou employer la pensée magique anesthésiante. Elle est une femme honnête, lucide qui ne craint pas de reconnaître les limites de ses connaissances ou de ses croyances. Pour elle, les laïcs et religieux se complètent, elle concilie pour réconcilier. Conteuse hors pair, elle évoque les funérailles poignantes d'Elsa Cayat, les pratiques funéraires barbares imposées par le covid, ange de la mort qui plane sur le monde, ou la profanation des sépultures juives de Westhoffen, crée des ponts entre les temps et les générations. Elle suggère et propose à la réflexion sans asséner de trucs et astuces pour apprivoiser l'inéluctable finitude, que la mort est partie intégrante de la vie, que le début et la fin sont intimement liés alors que nous les pensons souvent dissociés.


Je salue l'érudition de Delphine Horvilleur, son éblouissante réflexion restituée avec humilité et sobriété, son style d'une grande délicatesse, la finesse de son vocabulaire, son courage. Tout dans sa démarche impose le respect. Au final, cet ouvrage concerne chacun d'entre nous, au-delà de toute croyance. Il célèbre la vie, jette un regard neuf sur l'existence, réconcilie la vie et la mort, nous parle de perpétuation de la mémoire de nos morts - ceux qui sont tombés dans la question, en laissant les autres sans réponse - et nous encourage, sous quelque forme que ce soit, à entretenir avec eux des conversations, à poser un caillou sur leur tombe. Quelle magnifique tradition ! « Poser un caillou sur une tombe, c'est déclarer à celui ou celle qui y repose que l'on s'inscrit dans son héritage, que l'on se place dans l'enchaînement des générations qui prolongent son histoire. La pierre dit la filiation, réelle ou fictive, mais toujours véritable ».

LeH'ayim
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Quelle intelligence dans ce livre !!
Je l'ai emprunté au hasard dans ma bibliothèque, n'ayant plus rien à lire en période de vacances (dramatique !). Comme cela ne coûte rien, je teste, j'essaie. Parfois je tombe sur des pépites (c'est ainsi que j'ai "rencontré" Fatou Diome), et d'autres fois sur des livres qui ne me parlent pas. Là, je suis tombée juste.
Je découvre cette femme, rabbine, d'une incroyable sensibilité et d'une humanité sans pareil.

Au fur et à mesure des chapitres, on suit plusieurs rencontres, dans les accompagnements qu'elle fait quand on l'appelle pour un deuil. le passage sur la mort d'un enfant m'a particulièrement touchée. Il est impossible d'en faire un résumé finalement. Delphine Horvilleur raconte ces rencontres, en les ponctuant d'humanité, de tendresse, et toujours -je le disais- avec grande intelligence.
En, en filigrane, des informations sur la religion juive, des questionnements, des certitudes, des souvenirs, des blessures...
Pour le coup, une vraie belle découverte, qui m'a touchée au coeur et enthousiasmée. Je tâcherai de retrouver d'autres ouvrages de cette autrice.

Parce que la mort touche tout le monde, et que nous avons, chacun à sa manière, une façon différente de la vivre, de l'aborder. Ce livre est assez essentiel, et formidablement bien écrit. Bravo. Et merci.

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C'est en regardant récemment Delphine Horvilleur à la TV dans l'émission la Grande Librairie où elle était invitée avec Leila Slimani, que j'ai été convaincue qu'il me fallait lire au plus tôt, cet ouvrage – Ce « Petit Traité de Consolation. »

C'est un très beau livre touchant, instructif et profondément humain, pas triste du tout malgré la gravité du sujet. L'autrice, une des rares femmes rabbins en France et porte-parole du judaïsme libéral, nous offre ici une réflexion sur la mort mais aussi sur la vie. Elle écrit si justement :

"La biologie m'a appris combien la mort fait partie de nos vies. Mon métier de rabbin m'enseigne chaque jour qu'il nous est donné de faire que l'inverse soit tout aussi vrai."

La mort, Delphine Horvilleur la côtoie régulièrement, elle s'en approche de très près pour accompagner au cimetière les familles endeuillées et rendre un dernier et vibrant hommage aux défunts. Cela fait partie de ses fonctions de rabbin. « Quand les gens meurent » rappelle-t-elle, « ce n'est jamais de leur fin ou de leur tragédie qu'il faut parler, mais de la vie et la façon dont ils l'ont célébrée ».

Dans Vivre avec nos Morts
Delphine Horvilleur rassemble donc « quelques histoires qu'il lui a été donné de raconter, des vies et des deuils qu'il lui a fallu vivre ou qu'elle a pu accompagner ». Avec sagesse, sobriété et humanité, mais aussi parfois avec humour, par le biais de onze chapitres, elle nous conte le destin de personnes illustres comme Elsa Cayat, Simone Veil, Marceline Loridan ou bien totalement inconnues mais proches d'elle.

Outre les quelques vies évoquées, le lecteur en apprend beaucoup sur le judaïsme, ses textes sacrés, ses rites. Delphine Horvilleur nous informe de manière très simple avec sensibilité, sans jamais tomber dans le pathos ou le prosélytisme. Elle nous dévoile également une partie d'elle-même, son quotidien, son parcours, ses doutes, ses émotions… elle revient en particulier sur l'assassinat d'Yitzhak Rabin qui l'a énormément marquée dans sa jeunesse.

Vivre avec nos morts est un livre que j'ai lu avec plaisir et que je conseille à tous. Il est agréable et réconfortant.

#Challenge illimité des Départements français en lectures (54 - Meurthe-et-Moselle)
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Je précise tout d'abord que ma lecture, ma compréhension et mon appréciation de ce livre n'engagent que moi, c'est un avis tout personnel.

Derrière ce titre en forme d'oxymore, Delphine Horvilleur parle de la mort, de sa vie de femme et de rabbin confrontée à des morts diverses et variées et à ceux et celles qu'elle accompagne dans sa fonction de rabbine. Et ce n'est pas parce qu'elle est « habituée » comme on le lui dit souvent qu'elle apprivoiserait la mort sans aucune crainte.

Les différentes histoires qu'elle nous raconte ont des liens avec sa vie personnelle de femme, d'étudiante, de rabbine. Elle commence par les funérailles d'Elsa Cayat, assassinée le 7 janvier 2015, plusieurs mois après, celles de Marc, son correspondant avec qui la psychanalyste de Charlie Hebdo allait écrire un livre. Elle nous parle avec chaleur et respect des deux amies, Marceline Loridan-Ivens et de Simone Veil, les filles de Birkenau devenues des icônes des droits des femmes. Elle évoque son amie Ariane, emportée bien trop tôt par une tumeur au cerveau, dont elle a accompagné la fin de vie sur le fil étroit entre amie et rabbin. Elle raconte Myriam, rencontrée quand Delphine Horvilleur étudiait à New York, une vieille juive américaine obsédée par la préparation de ses funérailles. Elle nous parle de son oncle Edgar, enterré en Alsace. Elle raconte aussi des figures bibliques, Isaac, Ismaël, Jacob, et le grand Moïse qui vécut jusqu'à 120 ans, mourut, nous dit la Torah, en pleine force de l'âge et dont personne ne connaît la tombe.

Autant de récits, bibliques ou non, qui disent la vie, la mort, la peur de la mort, l'incompréhension, le chagrin, qui tissent des liens entre le visible et l'invisible, entre ce que l'on vit et ce que l'on croit de l'au-delà. Des extraits de la Torah éclairent avec à-propos les histoires individuelles, ils sont particulièrement intéressants (à mon sens) parce que les traductions apportent une fraîcheur, un éclairage nouveau et qu'elles sont intimement mêlées aux interprétations proposées au long des temps par le Talmud, entre autres. Les histoires rencontrées interpellent donc la rabbine dans sa vie personnelle et tissent des liens précieux. L'humour n'est pas exclu et j'y ai goûté d'excellentes blagues juives.

A la fin du livre, Delphine Horvilleur évoque l'assassinat d'Itzhak Rabin en 1995. On comprend entre les lignes que l'auteure défend un sionisme ouvert, un sionisme qui laisse la place à l'autre, qui reconnaît qu'il n'est pas seul sur le terrain. Lire cela m'a fait du bien en ce moment où la « Terre sainte » résonne de violence, d'horreur et de prises de pouvoir insensées au détriment des populations civiles israéliennes et palestiniennes. Lire Delphine Horvilleur, c'est entendre sa voix musicale, souvent sollicitée dans les médias, c'est entendre une voix ouverte, chaleureuse, attentive à tous. Une voix qui dit que la religion peut être une source de vie, de bon vivre ensemble. Une voix libre.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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