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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Femme rabbin, Delphine Horvilleur côtoie la mort, et surtout en ces temps de Covid, les cérémonies peuvent prendre un tour inattendu, comme lorsqu'elle doit assurer la cérémonie funèbre par téléphone.
"La question de la mort existe en chacun d'entre nous, c'est la question par excellence." et comme elle le rappelle si bien, aucune réponse n'est vraiment apportée dans la religion juive puisque, dans le Talmud, comme elle le rappelle, quand on meurt, on tombe dans le "sheol", la question.

En plusieurs récits, elle nous raconte comment elle accompagne les mourants et leur famille.
Le récit est souvent poignant, comme lorsqu'elle évoque la mort d'une amie très proche. Les récits unissent des anonymes et des personnalités comme Simone Veil et Marceline Loridan-Ivens.
Il s'agit pour elle de trouver les mots et les gestes.
Sa mission est aussi de nous réconcilier avec nos fantômes, ceux de nos familles, de nos cultures, de nos régions...

La pandémie nous oblige à voir que la mort est toujours là et que dans les années qui viennent, nous allons avoir des fantômes autour de nous, de ceux que nous n'avons pas pu accompagner jusqu'au bout en raison de l'épidémie.

Elle-même a été confrontée jeune à la mort dans sa famille d'origine alsacienne, en raison des morts de la Shoah,
Elle évoque dans des passages bouleversants la mort du Premier ministre israélien Isaac Rabin en 1995, alors qu'elle vivait à Jérusalem. La médecine, le journalisme, le rabbinat, sa carrière est très riche.

Ce qui m'a le plus touchée dans ce livre court mais fort en émotion, c'est lorsqu'elle revient au cimetière juif profané de Westhoffen, là où sont enterrés plusieurs de ses ancêtres, dans cette terre alsacienne qu'elle affectionne...
Un très beau moment de lecture qui nous ramène à notre dure condition humaine...
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Delphine Horvilleur fait preuve d'un humour, d'une tolérance, d'une compréhension des autres qui donne à réfléchir. Même si je n'ai pas la même religion, je me suis sentie proche d'elle.
Le thème : Vivre avec nos morts Petit traité de consolation est conté à travers des situations vécues . Un sujet traité avec tact et délicatesse.
Beaucoup de thèmes abordés :
La perte d'une amie et ce besoin d'arrêter le temps .
Le jour où nous découvrons notre mortalité et l'angoisse qui en résulte.
Ces personnes qui organisent leur enterrement nous enlevant la possibilité de leur montrer notre amour une dernière fois.
L'amitié des filles de Birkenau et leur différence, tant d'hommages à ces disparus…
Et puis, au milieu, la vie d'une rabbine de notre temps qui s'investit, se montre telle qu'elle est avec ses doutes, ses questions et admet que malgré son savoir nous partageons tous le même sort.
Une belle leçon d'humanisme et de bienveillance. LeH'ayim.
Merci aux éditions Grasset
#Vivre avec nos morts#NetGalleyFrance
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Se laisser porter par le chagrin puis renaitre. Faire renaitre les morts pour mieux vivre.
Vivre avec nos morts.

Cet essai tout en nuances et en profondeur touche au point le plus sensible. Delphine Horvilleur, « rabbine laïque », mérite bien cette dénomination. « Laïque » parce qu'ouverte et tolérante, prête à accepter les autres, leurs croyances, leurs besoins. « Rabbine » parce qu'empreinte de la religion juive, touchant à ses racines, mais aussi savourant l'humour juif.

Cet essai fait du bien, il permet de se recentrer et de ne pas oublier que les morts s'effacent pour que les vivants continuent. Ils s'effacent mais perdurent.
« Pour tisser un panier, il faut passer un fil ou de la paille entre les lanières bien rangées de la lignée précédente. Chaque nouvelle rangée s'accroche à celle qui lui a donné naissance, s'ancre en elle, pour constituer à son tour le support solide de la rangée suivante. On comprend la métaphore : une génération est une rangée d'un panier. Elle s'attache à la force de la précédente et anticipe la consolidation de la suivante ».
Que ça fait du bien de lire cette réflexion !

L'auteure nous rassure, nous consolide, nous dit de tenir. Et pour cela, elle nous fait part de son expérience, de ses propres difficultés et de ses dépassements, de ses amitiés, comme celle d'Elsa Cayat, la psy de Charlie Hebdo, assassinée dans l'attentat que l'on connait.
Elle nous parle de Moïse, de la Torah, de Dieu que les Juifs n'ont pas peur d'invectiver.
Elle se raconte, elle nous raconte. Nous, les vivants devant cohabiter avec la mort, la tenir à distance, la défier, l'apprivoiser, l'accepter.

Nos morts, c'est nos vies. Ne l'oublions jamais.
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En levant mes yeux vers cette statuette du Bouddha offerte dans le temps par quelqu'un de très proche, aujourd'hui disparu, je me rends compte que j'avais refermé mon livre depuis un bon moment et que je l'avais gardé serré entre mes bras, contre ma poitrine. En tenant ainsi VIVRE AVEC NOS MORTS près de mon corps, cadeau que je viens aussi de recevoir de quelqu'un de très cher, peut-être, me suis-je dit, nourrissais-je au fond cet espoir insensé de pouvoir le conserver à portée, tangible comme ce talisman en plâtre que mon regard venait de croiser. Afin de pouvoir faire durer cette suspension bienfaisante à l'emprise cruelle que le dieu Chronos exerce habituellement sur nous et que mon Bouddha khmer m'inspire quelquefois lui aussi à poursuivre. Pour que mon esprit et ma vue restent sensibles à la clarté de ces territoires mouvants de l'entre-deux où cette lecture m'avait momentanément ravi, cet espace ineffable entre être et néant, entre vie et mort, impermanence et éternité, sorte de no man's land multidimensionné partagé indifféremment par vivants et morts, à l'abri cependant de l'amertume et du pretium doloris intrinsèques à notre condition d'êtres endeuillés et rappelés par la même occasion à notre propre éphémérité.
Seule l'intelligence du coeur et un renoncement construit systématiquement sur un combat personnel et acharné contre le despotisme insidieux de nos egos timorés, défensifs et triomphants peuvent à mon sens engendrer des oeuvres d'une telle sagesse, aussi pleines de grâce, empreintes d'une telle simplicité et sincérité, faisant preuve d'une telle ouverture : océanique ! Peu importe à ce moment-là qu'elles soient rédigées par un croyant ou pas, lues par un athée ou pas, ou bien par un agnostique encroûté comme moi. Aucune importance. Ainsi soit-il ! Incha'Allah ! Saravá ! LeH'ayim ! À la vie !
Un livre qui en effet s'est ouvert à moi comme une grande fenêtre à croisée donnant sur la mer et faisant pénétrer l'air du large. Et que je ne voulais absolument pas quitter...
VIVRE AVEC NOS MORTS est un témoignage personnel et en même temps une oeuvre d'une incroyable densité et universelle, formidablement construite, libre et sans artifices, à la fois grave et drôle, touchante et intelligente, accessible et en même temps spontanément érudite. La préparation et le déroulement de cérémonies traditionnelles juives au cimetière, l'accompagnement des familles endeuillées par Delphine Horvilleur lui permettent d'évoquer non seulement son rôle de rabbine, qu'elle envisage plutôt comme celui d' «une conteuse», essayant d'une voix adaptée à chaque situation de «faire dialoguer » les mots des familles «avec ceux d'une tradition ancestrale, transmise de génération en génération», mais aussi le maillage subtil qui se tisse à chacune de ses rencontres de la mort des autres, avec ses propres expériences, ses fantômes, son histoire et ses souvenirs personnels liés à la mort, sa lecture personnelle de la Bible ou son travail d'exégète des textes sacrés du judaïsme.
Accessoirement, VIVRE AVEC NOS MORTS est aussi, de mon point de vue en tout cas, un formidable pied de nez, dépourvu néanmoins de toute forme d'hostilité ou d'attaque directement adressées, à cette brutalité latente qui nous menace de toutes parts, qu'elle soit de nature religieuse ou idéologique et politique, distillée quelquefois en discours chauvins et nauséabonds, masquée souvent sous l'apparence de prises de positions rationnelles ou historiquement justifiées, mais ne générant en réalité que crispations, clivages stériles et revendications ressentimentaires.
Aucun règlement de compte donc de la part de cette grande dame, femme et rabbine, libérale et «laïque» (on pourra y lire par exemple cette savoureuse réplique: « être un rabbin laïc {c'est] se réjouir que sous le ciel il y ait assez de vide pour que chacun reprenne sa respiration » !), farouchement non-alignée à l'actuelle politique d'occupation israélienne, aussi peu encline aux bondieuseries qu'à se laisser aller à toute forme de pensée magique, même si elle avouera sans complexes que malgré sa fréquentation assidue des cimetières, elle peut parfois en être la proie lorsqu'elle se retrouve confrontée à l'idée de sa propre mort ou à celle de ses proches : « Après une inhumation, je m'impose toujours un détour par un café, un magasin, peu importe (...). Pas question de la ramener [la mort] chez moi. Il me faut à tout prix la semer, la laisser ailleurs, près d'une tasse de café, dans un musée ou une cabine d'essayage, et m'assurer qu'elle perde ma trace et ne trouve surtout pas mon adresse».
Elle qui, ayant acquis une aura et une certification solides après avoir officié, entre autres aux obsèques de Simone Veil, ou bien à celles de la psychanalyste Elsa Cayet, assassinée lors de la tuerie de Charlie en 2015, pourrait profiter de la tribune et de la visibilité désormais conquises pour prendre sa revanche vis-à-vis de ceux que ses choix et sa sensibilité atypiques avaient froissés au départ, déclenchant à l'époque de nombreux griefs et de stupides discriminations à son encontre. Au contraire, Delphine Horvilleur semble avoir su tirer une leçon souveraine de cette tendance quasiment constitutive de la pensée à vouloir abolir les contraires, à polariser les discours, à hiérarchiser les pratiques et à rejeter les parcours hors normes.
Ainsi, avant de faire le procès les uns des autres, faudrait-il peut-être, nous conseille la rabbine depuis son point de vue d'exégète de la Bible, commencer déjà par reconnaître que nous portons tous, en nous, l'ombre d'un Caïn primordial. Nous sommes tous potentiellement des Caïn (« possession » en hébreu) cherchant à acquérir et à conquérir, à cacher nos grands forfaits et nos petites turpitudes, à nos accrocher à des vaines certitudes, à bâtir des murs solides, prêts parfois, si l'on me permet de paraphraser quelque peu la voix du génial Maïakovski, «à sacrifier nos vies pour une maison ou pour une tranchée». Au début de toute cette affaire, souvenez-vous, Caïn tue son frère Abel (« souffle évanescent », « buée » en hébreu). « Il s'agit toujours de se débarrasser d'Abel, d'effacer tout ce qui vient nous rappeler que rien ne dure, qu'il faudra faire avec le manque et renoncer à tout ce qu'on acquiert».
Cinq étoiles, donc, et très lumineuses à ce VIVRE AVEC NOS MORTS, livre d'une intelligence et d'une sensibilité rares, à lire et...à offrir (j'ai entendu dire autrefois que selon certaines croyances populaires les vertus des amulettes reçues en cadeau seraient décuplées !).
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Que signifie être rabbin, et comment rendre hommage aux personnes assassinées telle la psychanalyste Elsa Cayat, lors des attentats de Charlie Hebdo ou dans un autre deuil, quand parfois la famille elle-même sait si peu de choses sur la personne qui est accompagnée ?

Delphine Horvilleur revient dans cet essai puissant sur le judaïsme, par rapport à la laïcité, revenant sur des textes sacrés pour étayer son analyse. Elle évoque également la notion de Dieu et de ces hommes qui tuent en se revendiquant de son nom.

Elle évoque, les survivants de la Shoah et l'impossibilité à dire l'horreur, ce silence face à l'indicible, et ces enfants devenus les parents de leurs propres parents pour continuer à avancer. de même que les conséquences du silence, du non-dit et ces fantômes qui viennent tenter de faire face à l'histoire des familles, aux gens qui manquent et dont on ne parle pas.

Elle rend un bel hommage aux filles de Birkenau, amies à vie, Simone avec son chignon très serré, presque austère qui a dédié sa vie à la Nation, et la crinière flamboyante de Marceline, qui avait tendance à brûler la vie par les deux bouts, restant à jamais, l'adolescente rebelle (il ne faut jamais oublier qu'elle avait quinze ans quand elle a été déportée) chacune entre à sa manière en résilience.

« Simone Veil savait que le combat pour les droits des femmes est infini et que rien n'y est jamais acquis. En bien des occasions, elle a démontré que pour le mener, il fallait savoir renverser des « cruches » sur la tête de ses détracteurs, pour ne pas être prise pour l'une d'elles. »

L'auteure aborde d'autres thèmes, la mort d'un enfant, d'un conjoint, de la signification de la mort dans nos sociétés et par ricochet, celle de la vie, ou encore, où vont les morts après. Réflexion aussi sur la peur qui entoure, la maladie, notamment les maladies neurologiques (les plus terribles à mon humble avis !) avec le cas d'Ariane, tout autant que la peur de la mort.

La mort d'un enfant vous condamne à l'exil sur une terre que personne ne peut visiter, à part ceux à qui il est arrivé la même chose.

J'ai bien aimé la manière dont elle évoque Myriam, tellement obsédée par la mort qu'elle décide de préparer à l'avance le moindre détail de ses obsèques, pour que tout soit conforme à ce qu'elle désire, quitte à risque l'empêcher ceux qui y assisteront à ne jouer aucun rôle, rendant le deuil encore plus difficile.

J'ai mis beaucoup de temps à rédiger ma chronique sur cet essai qui m'a vraiment passionnée, alors que je ne connaissais rien du Judaïsme et de ses rituels, car je n'avais pas envie de me séparer de son auteure. Je l'ai lu, relu, annoté à un point tel que choisir des extraits a été compliqué, tant les surlignages abondaient. J'ai décidé de me procurer la version papier, pour l'avoir toujours à portée de mains.

Ce livre m'a accompagné pendant quelques mois et je pense qu'il fera partie de ma vie, moi l'athée, déçue par tant de religions, de chapelles, et l'idée de demander des comptes à Dieu ne peut que me plaire, il devait vraiment regarder ailleurs au moment de la Shoah, des croisades, des attentats et autres massacres perpétrés en son nom.

Dernière petite chose : j'aime beaucoup écouter Delphine Horvilleur, je ne rate jamais ses passages à la TV, qu'il s'agisse d'émissions littéraires ou en tant qu'invitée, sa manière d'intervenir est toujours juste, et elle explique très bien…

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Grasset qui ont bien voulu me faire confiance une nouvelle fois en me faisant découvrir ce livre, ce qui m'a donné envie d'en savoir plus.

#Vivreavecnosmort #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Avec cet essai "Vivre avec nos morts", Delphine Horvilleur nous propose une réflexion autour de son métier de femme rabbin et notamment sa tâche d'accompagnatrice des morts et de ceux qui restent.

Brillante et ouverte d'esprit, Delphine Horvilleur émerveille par son savoir et son écriture. J'ai vraiment été charmé par cet essai qui nous offre une réflexion sur la mort, mais également sur la vie et qui m'a appris énormément de choses sur la culture juive.

Delphine Horvilleur nous partage ses expériences personnelles qui ont su forger la femme qu'elle est aujourd'hui. Nous rencontrerons à travers son regard Elsa Cayat, la psy assassinée de Charlie Hebdo, Simone Veil et Marceline Loridan, les deux amies de Birkenau, ainsi que des anonymes aux destins tout aussi touchants et émouvants,

Habituellement peu intéressée par tous livres traitant de la religion ou de la mort, j'ai été très curieuse après l'engouement en librairie et après en avoir parlé avec des personnes de mon entourage et bien m'en a fait. Loin d'être un éloge de la religion ou un titre ésotérique sur la mort (aprioris que j'avais avant de connaître l'autrice ou le sujet du roman), Vivre avec nos morts est un essai lumineux et plein de réflexion et de vie que je prendrais grand plaisir à refeuilleter !
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Le cimetière en hébreu se dit "maison de la vie".
Dans la Bible on dit que les morts vont dans un lieu qui s'appelle le "sheol" ; le "sheol" veut dire en hébreu "la question". En fait, quand on meurt on tombe dans la "question".
Je crois que cette introduction pose les bases à partir desquelles le rabbin auteur Delphine Horvilleur, dont le métier consiste - pour partie - à accompagner les endeuillés ou les mourants, peut appréhender les questions obsédantes et récurrentes qui sont les trois questions essentielles des uns et des autres :
- "Où vais-je aller ?" Traduisez qu'y a-til après la mort ?
- Et "Où est-il ou où est-elle ?" Là, il faut traduire : y at-il une vie au-delà de la vie terrestre et à quoi ressemble-t-elle ?
- "Le, la retrouverai-je ?" La grande question sur la résurrection et l'immortalité de l'âme.
Dans cet ouvrage de témoignage et de réflexion, DH nous conte - parce qu'un rabbin n'est en somme qu'un conteur - les rencontres qu'elle a été amené à faire via les endeuillés ou les mourants.
Se référant à sa culture "théologique", mais globalement à son incontestable érudition - elle a fait quelques études de médecine qu'elle n'a pas achevées c'est lors d'une séance en salle de dissection qu'elle a eu affaire à son premier contact avec un corps mort... une femme dont les ongles fraîchement vernis lui ont fait toucher du doigt ( pas de vilain jeu de mots ) l'impermanence de l'existence et la superfluité de l'instant -, des études de journalisme, de philo et a obtenu un diplôme de rabbin à New York - , à son parcours de vie, à son héritage d'enfant juive dont une partie de la famille n'est pas revenue d'Auschwitz, à son engagement politique à gauche, à son militantisme sioniste inscrit dans l'héritage d'Yitzhak Rabin, à son identité de "rabbin laïque"... adopté lors des obsèques d'Elsa Cayat, la "psy de Charlie" assassinée par les frères Kouachi (vous lirez et comprendrez ), à "l'enfant d'Israël" - elle est née à Nancy mais avait voulu fuir les cimetières d'Europe - qui a définitivement choisi la France, à la mère française dont l'un des fils veut aller vivre en Israël, à l'amie intime d'une des "deux filles de Birkenau" ( Simone Veil - un modèle - et Marceline Loridan... davantage qu'une amie ), à la petite-nièce d'un grand- oncle enterré au cimetière alsacien de Westhoffen - cimetière profané ...
"Dans ce minuscule village alsacien, sont enterrés les ancêtres d'illustres familles : les aïeux de Robert Debré, mais aussi ceux de Karl Marx, et de Léon Blum. Y reposent les ancêtres du Grand Rabbin Guggenheim, ceux du mathématicien Laurent Schwartz ou de la journaliste Anne Sinclair.
Le tout petit cimetière israélite de Westhoffen fait un peu figure de Who's Who funéraire des grandes lignées juives françaises."
En passant par le témoin de notre époque où la mère d'Ilan Halimi fait exhumer la dépouille de son enfant martyrisé par "le gang des barbares", pour que son fils puisse reposer en paix en terre d'Israël ( j'ai repensé à Zemmour... beurk !!! ), parce qu'en France les stèles à sa mémoire sont régulièrement vandalisées, qu'elle craint qu'on ne s'en prenne à sa sépulture et qu'on continue à s'acharner sur son malheureux enfant, et que dans ce pays, comme dans d'autres, certains haïssent tout autant les Juifs vivants que les Juifs morts...
Delphine Horvilleur nous raconte onze histoires qui tournent autour de la mort et de la vie.
Du passage entre les deux.
De la trace laissée en chacun de ceux qui l'on connu par celui ou celle qui est parti(e).
Avec sérieux, gravité mais aussi distance et humour.
"Car si nous ne savons pas ce qu'il y a après la mort... après la mort il y a ce que nous ne savons pas."
Et parce qu'aussi, comme disait Romain Gary : "Au fond, si la mort n'existait pas, la vie perdrait son caractère comique"
Le tout fait un livre brillant, sans aucun prêchi-prêcha religieux, sans aucun prosélytisme, sans moraline.
Des questions, du doute auxquels répond l'humilité de " ceux qui ont pris le parti de ceux qui ne sont pas sûrs d'avoir raison."
"La mort ne se dit pas. Ce qu'on peut dire, c'est la vie de ceux qui partent et essayer de faire entendre à une oreille ce qu'une bouche a dit et n'a pas pu entendre. Comprendre ce qui fait qu'une vie qui est partie se tisse à la nôtre."
Onze vies d'anonymes ou de personnalités.
Onze témoignages où l'on est invité à ne pas oublier que " Buée des buées, tout est buée !", mais que cela ne doit pas nous empêcher de lever notre verre et de porter un toast " le H'ayim !"... " À la vie !"
J'aurais aimé que Delphine Horvilleur me raconte la vie de Christelle, ma fille aînée et de Monette, ma maman... parce que lorsque je les ai racontées, je ne les ai pas entendues.
Un livre de chevet.
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Delphine Horvilleur nous confie ce qu'est, pour elle, être rabbin, au delà de cette présence qu'elle apporte à tous ceux qui viennent à elle, au delà de la présence, de l'enseignement, il lui semble que le métier qui se rapproche du sien est bel et bien celui de conteur.
" Savoir raconter ce qui fut mille fois dit, mais donner à celui qui entend l'histoire pour la première fois des clés inédites pour appréhender la sienne... le rôle d'un conteur est de se tenir à la porte pour s'assurer qu'elle reste ouverte. "
Être rabbin c'est donc aussi accompagner les vivants auprès de leurs chers disparus. Elle sait être l'écoute bienveillante auprès de chacun, recueillant leur parole comme un texte sacré. Dans ce récit l'auteure interpelle, interroge notre rapport à la mort, nous raconte quelques destins de femmes et d'hommes comme celui d'Elsa Cayat de Simone Veil, créant des ponts avec sa propre histoire. Ce texte est doux, érudit et teinté d'humour.
La vie et la mort se tiennent la main jusqu'à la dernière seconde dans ce monde.

Lien : https://www.instagram.com/un..
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C'est le premier livre en entier que je lis depuis le déces de mon père.
Merci à Delphine Horviller d'avoir écrit ce livre.
C'est toujours un plaisir de la lire.
Une étrange coïncidence s'est passé avec ce livre.
Je voulais le lire pour la Toussaint c'est la fête des morts chez les chrétiens et j'ai été prise par d'autres livres.
Quand j'apprends la mort de père, je prends cet ouvrage avec moi.
je suis allée dans trois librairies indépendantes à chaque fois j'ai vu ce livre et nous sommes dans le Finistère ou le christianisme est une religion prépondérante par rapport autres religions.
Il y a de humanité dans son écriture.
Grâce à ce livre, j'ai découvert les pratiques du judaïsme lors de la mort d'un proche (Kaddische, cailloux sur les tombes, obligation d'enterré les morts, on ne doit pas voir la tête du mort est..)
A travers différents, personnes elle explique la mort.
Chaque un entre nous sera plus touché par tels personnes.
Pour Arianne, elle écrit ce que tout le monde pense sur la maladie pour elle est les proches.
C'est un livre qui m'a apaisé.
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C'est un livre qui fait du bien car :
- Il est très bien écrit
- Il est lumineux et éclairant.

J'ai appris beaucoup sur la religion juive et son approche de la mort, des rituels funéraires. L'autrice partage son expérience individuelle et de rabbine.*

Il ne s'agit pas d'évacuer la peur mais d'apprendre à faire avec. Elle met son érudition au service de la vie. La mort, étant une des composantes, de la vie.

Basés sur des récits, le livre passe de célébrités (La psy de Charlie Hebdo, Isaac Rabbin) à des individus lambda. Certains ont vécu la Shoah, d'autres ont eu une vie trop courte du fait de la maladie ou autres accidents de la vie. Dans tous les cas, le rôle de Mme Horvilleur est de raconter la vie des défunts et d'aider autant que possible, ceux qui restent.

De ces récits, elle élabore sur la religion juive et la spiritualité liée à la mort. Et ces parallèles entre des vies, des morts et la spiritualité qui l'anime donnent lieu à de très belles pages. Certaines sont complexes et méritent de s'y attarder, d'autres sont amusantes. Je me rappellerai de cette femme qui n'est pas ressuscitée mais presque.

Je ressors plus sage, plus apaisée de ce livre. Je vous le conseille.

Si vous connaissez Mme Horvilleur, avez-vous lu ses autres ouvrages ? si oui les conseillez vous ?

• * Avant de crier au massacre de la langue française, ce terme est utilisé par l'autrice** page 203
• ** autrice est un mot utilisé au XXVIIeme siècle, c'est Le Figaro qui l'écrit.
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