Allers-retours
Une pièce écrite en 1933 par un auteur d'origine hongroise, mais de langue allemande, sujet de l'empire austro-hongrois à la naissance avant que cet état ne disparaisse.
Havlicek, commerçant en faillite, est expulsé du pays où il réside et dans lequel il est arrivé presque à la naissance. Mais voilà que le pays où il est né a changé ses lois : pour garder sa nationalité, Havlicek aurait dû en faire la demande. A défaut, il se retrouve apatride. Et il ne lui reste plus qu'à faire des allers-retours sur le pont qui sépare les deux pays. Un certain nombre de personnages assistent à l'affaire, où vont jouer un rôle dans le destin de Havlicek : un couple en villégiature venu pêcher, les douaniers ou gendarmes préposés à la frontière, la fille de l'un d'entre eux amoureuse du préposé de l'autre côté, des trafiquants de drogue…
Une situation absurde, un personnage perdu, écrasé, mais aussi une incontestable drôlerie, un décalage permanent. C'est très fort, sans être pesant. L'indésirable permet de nouer des liens entre les deux rives et résoudre des problématiques avec lesquels les personnages ne se sortent pas. Les personnages qui ont un statut social qui paraît stable sont presque plus désarmés que l'homme sans place. von Horvath ne pousse pas l'aspect tragique jusqu'au bout de ce qu'il pourrait être, ce qui ne l'empêche pas d'être suggéré d'une façon marquée. La pièce est rythmée, savamment construite l'air de rien et avance petit à petit vers son dénouement, en machinerie d'une grande efficacité. C'est virtuose.
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Mon mari est un brave homme, mais ne prolongez pas l'audience inutilement par votre défense. Quand ça refroidit dans les assiettes à midi, du fait que la séance s'éternise, lui aussi perd patience. Il faut que les accusés fassent preuve d'un peu de bon sens quand même, pensez-y. Un juge après tout, c'est un homme comme les autres.
Extraits de la pièce Don Juan revient de guerre, joué par la compagnie Nova