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sur 2558 notes
« Dieu s'occupe de nous en réalité il pense à nous à chaque instant, et il nous donne des directives parfois très précises. Ces élans d'amour qui affluent dans nos poitrines jusqu'à nous couper le souffle, ces illuminations, ces extases, inexplicables si l'on considère notre nature biologique, notre statut de simples primates, sont des signes extrêmement clairs. Et je comprends, aujourd'hui, le point de vue du christ, son agacement répété devant l'endurcissement des coeurs: ils ont tous les signes, et ils n'en tiennent pas compte. Est-ce qu'il faut vraiment, en supplément, que je donne ma vie pour ces minables? Est-ce qu'il faut vraiment être à ce point explicite? »

Florent Claude Labrouste a quarante six ans, il ne va pas bien et s'enfonce lentement dans un enfer qu'il a, selon ses propres termes, bâti à sa convenance. Cet enfer, c'est juste le quotidien d'un homme que la dépression ronge depuis des années. Il y a bien le Captorix, cet antidépresseur qui libère de la sérotonine mais qui a le léger inconvénient de rendre impuissant… Alors, comment en finir avec la vie? Avant de faire le grand saut, le narrateur revisite son passé, ses amours, ses trajectoires professionnelles, il les convoque dans un récit où le burlesque côtoie le tragique. D'une ironie mordante, le texte aborde des sujets contemporains bien connus et maîtrisés par Houellebecq, les dérives de l'agro-alimentaire, les dégâts causés par les réglementations européennes, le désespoir des agriculteurs. Florent Claude a, comme l'auteur, fait des études d'agronomie. Un temps au service de Monsanto, il a choisi d'entrer à la direction régionale de l'agriculture et de la forêt où il s'occupe de l'exportation des fromages français. C'est là qu'il rencontre Camille, l'amour de sa vie. Mais l'amour est-il assez fort pour survivre? L'amour peut-il sauver le monde? A l'ouverture du roman, c'est de la japonaise Yuzu, adepte des gang bangs que le narrateur se sépare. L'occasion pour Houellebecq d'évoquer le sexe, l'impuissance, avec une drôlerie rare dans le paysage littéraire. Orchestrant sa propre disparition, il laisse Yuzu à ses élucubrations et se retourne sur son passé. Il retrouve ainsi Aymeric, son ami de l'école d'agronomie, l'aristocrate devenu agriculteur bio, sorte de Don Quichotte auquel il consacre des pages émouvantes. Quant aux retrouvailles avec Camille, sont-elles encore possibles? le nihilisme de l'auteur n'empêche pas certaines envolées lyriques sur le pouvoir de l'amour.

Dans ce roman de la désespérance, les mécanismes du malheur sont les plus forts. En route vers l'anéantissement, notre anti héros , » une lopette,une triste et insignifiante lopette, vieillissante de surcroît, » face à la mort du romantisme, a t'il une chance de survivre? Dieu peut-il sauver l'humanité? L'ironie est là jusqu'au bout.

» Ce qui se passe en ce moment avec l'agriculture en France, c'est un énorme plan social, le plus gros plan social à l'oeuvre à l'heure actuelle, mais c'est un plan social secret, invisible, où les gens disparaissent individuellement, dans leur coin, sans jamais donner matière à un sujet dans BFM. »
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Peut-être un des livres les plus facile de Houellebecq. Un roman parfois drôle, parfois vulgaire et certainement cynique où chaque individu dans une profonde détresse est détruit par la société. C'est le premier livre de l'auteur que je lis et il m'a donné l'envie de continuer.


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Florent-Claude Labrouste, 46 ans, ingénieur agronome, commence sa journée par un comprimé d'antidépresseur, un café et 2 à 3 cigarettes.
Il remonte alors sur sa vie quelques années en arrière et ses difficultés d'intégration dans la vie en société : son expérience professionnelle, ses amis, sa relation avec les femmes. Cela nous permet de comprendre comment il a pu en arriver là.
Comme pour les précédents romans, le style varie selon les passages, avec un langage parfois cru, ancré dans le quotidien, et toujours beaucoup de provocation et de misogynie... et un soupçon d'humour de second degré qui parvient à nous faire sourire. L'auteur évoque ainsi la crise de la quarantaine d'un homme blanc hétérosexuel, thème privilégié par l'auteur. Michel Houellebecq consacre également une large part de son récit à la condition des agriculteurs dans la Manche. 
Un nouvelle occasion de partager avec nous son analyse froide et cynique de la société, dénuée de toute émotion.
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Florent-Claude est dépressif, très dépressif, et commence un nouveau traitement pour booster sa sérotonine.
Sa libido s'en trouve totalement affectée, plus rien ne l'intéresse. Alternant entre ses souvenirs et des rendez-vous avec les personnes qui ont comptées dans sa vie, ce anti héros dresse un portrait très sombre de la France.
Se comptant sur les doigts d'une main, ces personnes incarnent un pan de la société que l'auteur en profite pour incriminer.
Sans suspens et sans réelle intrigue, ce livre ne m'a pas tenue en haleine, mais j'avais quand même envie de savoir comment il allait finir, comment Florent allait finir.
Le style de Houellebecq est agréable à lire et c'est ce qui a fait que j'ai continué dans la lecture. Sinon j'aurais sûrement arrêté, parce que je n'ai pas trouvé les blagues très drôles.
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Pour moi qui ne suis pas un gros fan de Houellebecq, j'ai trouvé un certain plaisir à lire ce roman paru en 2019. le narrateur revient sur les grands moments de sa vie, ses liaisons, ses bonheurs passés. Il y a tout à la fois une construction classique et solide, un jeu de références littéraires, de l'humour, un portrait déprimant de la France contemporaine. Et puis bien sûr on retrouve le Houellebecq que l'on attend, alcool à tous les étages, éloge du politiquement incorrect (ainsi des scènes très drôles avec les détecteurs fumée), sexe parfois limite cf un passage zoophile qui empêchera de programmer ce livre pou le bac ! (au jeu du "ni oui ni suce" il semble bien qu'il perde presque à toutes les pages !). Certains passages mettent très mal à l'aise telle cette description de rapports sexuel pédophile...Sur le plan politique de petits passages font froid dans le dos. Ok il y a une distance entre auteur et narrateur mais ce n'est pas une raison ...Reste que le livre est riche et se lit avec plaisir et intérêt, même si j'ai trouvé la fin un peu bâclée. Bref réac, dérangeant, amusant...Mais j'ai toujours du mal à voir en lui le grand écrivain que certains voient !
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Après le scandale provoqué par son très politique et polémique "Soumission", l'auteur est revenu aux fondements de ce qui a fait son succès. On retrouve par conséquent un protagoniste Houellebecquien de la pure espère, toujours cette déprime de l'homme seul, professionnellement au milieu (ni patron ni ouvrier... entre les deux, cadre moyen), dont l'intérêt pour la vie semble décroître au fur et à mesure de l'existence. Ici, ce Florent-Claude, est attachant de médiocrité. Clairvoyant aussi. Et le style de Michel Houellebecq, oscillant entre des phrases directes et des digressions sans fin pour des détails sans importance (mais qui contribuent à définir des personnages trouvant où ils peuvent du réconfort), rend chacune de ses oeuvres unique.
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Distrayant, sans plus.

Il y a quelques bons passages, notamment sur la crise agricole. Mais l'ensemble est décousu, désabusé, parfois à l'opposé du civisme minimal (exemple : saboter le détecteur de fumée pour fumer tranquille dans sa chambre d'hôtel !).
Le caractère plus ou moins autobiographique du livre, avec un personnage central, riche mais persuadé d'être malheureux à perpétuité, m'a souvent déplu.

Anecdotique mais décevant encore, il y a un manque de relecture, Flammarion pourrait corriger les fautes de l'auteur : Anschauung s'écrit avec deux u (au passage, pourquoi mettre un terme allemand plutôt que le mot français conception, est-ce pour paraître plus érudit ?) ou la confusion étonnante pour un ingénieur entre kbars et bars (pour la pression des pneus), il y a de quoi éclater… de rire (mais c'est la seule fois).
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Il faut le dire d'emblée : mieux vaut ne pas avoir le moral dans les chaussettes quand on aborde ce roman !
Bien sûr la plume de Michel Houellebecq est toujours aussi élégante et son style impeccable mais que de tristesse insondable dans cette histoire d'un homme à la dérive qui pourrait être un double de l'auteur.
Ingénieur agronome Florent-Claude Labrouste a travaillé d'abord pour l'entreprise Mosanto de sinistre mémoire avant d'opter pour l'administration et de constater que la politique agricole européenne laisse peu de possibilités aux exploitants de vivre de leur métier et qu'ils sont destinés à une disparition prochaine.
Quel morceau de bravoure que la narration du conflit des producteurs laitiers de l'Orne qui se termine par un drame affreux après l'affrontement avec les forces de l'ordre. En peu de pages, l'auteur a su admirablement résumer le malaise de notre politique agricole broyeuse de vies . le gémissement des vaches privées de traite, le sort effroyable des poules d'un élevage industriel, le désespoir de ceux qui ont cru pouvoir vivre de leur passion de la terre, tout ceci prend aux tripes et l'humour féroce qui guide la plume de l'auteur quand il évoque les bobos parisiens , notamment dans la première partie du livre, laisse place à l'indignation virulente derrière l'absence apparente de réaction du personnage principal, cet anti héros qui vit dans le souvenir d'un passé fantasmé et la certitude qu'il a gâché toutes ses chances de bonheur.
La sérotonine (molécule de base des antidépresseurs tels le Prozac tellement consommé en France) suffira t'elle a redresser la barre ? Bien sûr que non et le malheureux part à la dérive sur les traces de son passé, envisageant même le crime le plus horrible pour tenter de renouer avec une femme qu'il a aimée mais trahie.
Tout se délite jusqu'à une fin en pointillé qui laisse le lecteur perplexe.
A travers son personnage désenchanté qui habite un monde qui nous est bien familier, serait-ce lui-même que Michel Houellebecq chercherait à décrire ? Similitude de formation, absence de souci financier, incapacité à s'inscrire dans une histoire heureuse ?
Les relations amoureuses sont elles systématiquement vouées à l'échec et les hommes incapables de s'investir dans une relations authentique et durable ?
Le pessimisme foncier de l'auteur se déroule avec somptuosité et finalement la vie n'est vraiment (pour lui) qu'une sinistre imposture, un parcours semé d'embûches sans aucun but . Même le sexe est triste et là pour l'auteur, c'est vraiment le comble !
Un roman à éviter absolument pour les neurasthéniques, les âmes sensibles et plus généralement tout ceux qui apprécient tellement la littérature qu'ils rentrent à pieds joints dans l'histoire. Vite il faut alors en sortir et passer à une lecture plus réjouissante.
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Comme d'habitude Houellebecq nous plonge dans les affres de la souffrance humaine.
Une vision assez noire de notre société et de sa dégénérescence. Mais qui est peut-être proche de la vérité après tout.

« Mes croyances sont limitées, mais elles sont violentes. Je crois à la possibilité du royaume restreint. Je crois à l'amour » écrivait récemment Michel Houellebecq.
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Un Houellebecq encore envenimé qui, dans le style troubadour, mêle le banal des insignes commerciales (sfr, carrefour) à l'exaltant irréel du littéraire (Proust, Mann, Gogol). de ces vies parallèles qui si peu souvent se superposent émane l'impression d'une torpeur dévorante, de nous autres trop bien connue. Une époque qui considère que tout se vaut car plus rien n'a de valeur ne peut en effet qu'engendrer des sujets de rien, plongeant dans la sérotonine en lieu et place du désir. Un bon cru Houellebecq.
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