On ne présente plus R.E. Howard, l'auteur texan qui a fait entrer le récit d'aventure dans le XXe siècle. Il est d'une telle modernité, que non seulement la plupart de ces récits n'ont pas pris une ride, mais en plus certains d'entre eux font aussi moderne que ce qui se fait aujourd'hui, voire plus moderne que certains auteurs peu inspirés...
Plus qu'à tous les genres de l'imaginaire, l'auteur mort à l'âge de 30 ans s'est attaqué à tous les genres populaires et ici oeuvre dans le récit de croisades à la sauce cape & épée avec enthousiasme, mais aussi mélancolie, avec ce mélange action / horreur qui a toujours fait le bonheur du survival. Bref, on est bien dans la Res Adventura, un univers d'aventures hautes en couleurs ! ^^
https://www.youtube.com/watch?v=ZeZL2R9jDJM
"Des Éperviers sur l'Egypte" :
Le Castillan Diego de Guzman ne vit que pour se venger de l'homme qui a trahi et assassiné les siens. Une double mission l'amène au coeur de l'Égypte fatimide : tuer le général berbère El-Ghazi et empêcher le calife Al-Hakim de lancer ses troupes à la conquête de l'Espagne et de l'Europe. Et les rivalités des généraux El-Ghazi, Othman et Es Salih Muhammad, les disputes entre les soldats berbères, soudanais et turcs ainsi que la folie grandissante du calife font de la ville du Caire une véritable poudrière prête à exploser à la première étincelle !
Le héros, sa mission et sa vengeance ont finalement moins d'importance que les vilains qu'il doit affronter : nous sommes entre "Pour une poignée de dollars" et "New York 1997", le tout temps transposé au Moyen-Âge au temps des croisades dans l'Egypte des califes fatimides. L'hidalgo justicier fait cause commune avec El Salih Muhammad l'ambitieux général turc qui souhaite se débarrasser se ses embarrassant collègues berbères et soudanais pour devenir calife à la place du calife. Justement en rajoutant Al-Hakim le calife fou, Zulaïka la sorcière et Zaïda la courtisane vénitienne on aboutit à réjouissant cocktails de twists et de cliffhangers à base d'assassinats, d'intrigues, de complots, d'émeutes meurtrières et de duels à mort… Et tout le monde trahit tout le monde, toujours au pire moment ! (et après je lis encore qu'un certain GRR Martin aurait révolutionné le genre à lui tout seul avec son "GoT"… mdr)
"Sur les Traces de Bohémond" :
Byzance, An de Grâce 1097 : un aventurier occidental est confondu avec le basileus Alexis Comnène et obtient ainsi des renseignements sensibles qui n'auraient jamais dû tombe dans des oreilles francques… Car les Grecs jouent double-jeu et espèrent manipuler les croisés pour que leurs nouveaux alliés chrétiens entre-tuent avec leurs vieux ennemis musulmans. le compte à rebours est lancé pour confondre à temps le fourbe Butmidès envoyé de l'empereur…
En lisant cette histoire menée tambour battant, je n'ai pas arrêté de penser à deux trucs :
- avec encore plus d'ambition, on transposait le roman "Le Prisonnier de Zenda" de Ruritanie à Byzance ^^
- la bande dessinée "Le Château des djinns" (cf "L'Histoire Secrète") pourrait presque en être l'héritière, voire la suite, car après tout Renaud de Châtillon épousa la fille de Bohémond d'Antioche… blink
"Les Portes de l'empire" :
Le gros Giles Hobson est un menteur, un bagarreur et un soiffard invétéré. C'est aussi un grand lâche qui doit fuir son pays après avoir provoquer une émeute dans laquelle son seigneur Guiscard de Chastillon a failli mourir. Les caprices du destin le conduisent à la ville du Caire où il se fait passer pour le bâtard du roi d'Angleterre pour les Musulmans, et pour le fils cadet d'un nobliau écossais pour les Chrétiens. Mais il se retrouve bien malgré lui au centre des intrigues nouées par Shawar, le vizir du califat fatimide, Shirkuh, le bras droit du puissant maître de la Syrie Nur-ad-Dîn, et Almaric le roi de Jérusalem...
Un récit à part dans la bibliographie de l'auteur avec un anti-héros comique. Giles Hobson ne fait son destin, il le subit : il survit non par ses actes, mais par ses paroles en multipliant les bobards plus gros les uns que les autres comme tout opportuniste qui se respecte… Mais il est constamment sur la corde raide arrivant comme un cheveu sur la soupe dans les intrigues entre Francs et Sarrasins où tout le monde joue double jeu pour mettre la main sur l'Egypte et ses richesses On est ici bien loin des baroudeurs badass de l'auteur texan… Mais on n'est si loin que cela d'un aïeul de Sir Harry Paget Flashman ou Tyrion Lannister ! ^^
"La Route d'Azraël" :
Kosru Malik le mercenaire chagatai n'a ni dieu ni maître. Mais quand il croise le chemin d'Eric de Cogan, l'homme qui lui sauva la vie lors de la prise de Jérusalem, la vie du farouche guerrier turc bascule... Tous deux se lancent dans une chevauchée pour ravir aux mains de Muhammad Khan, le nouveau Lion de l'Islam, la jeune Ettaire dont le noble chrétien comme le souverain musulman sont fous amoureux. Pour échapper à leurs poursuivants, l'Anglais et le Turc combattent alors côte à côte sur la route de l'ange de la mort Azraël !
Dans un Moyen-âge qui place la foi en Dieu en premier lieu, et le rejet de ceux qui ne croit pas en Lui en second lieu, on nous raconte une belle histoire d'amitié entre un chevalier anglais, qui n'est qu'honneur, et un guerrier tatar, qui n'est que roublardise, n'ayant chacun ni dieu ni maître. Ce qui la rend encore plus touchante, c'est qu'elle est racontée par à la première personne par Kosru Malik le mécréant qui parce qu'il doit une vie à Eric de Cogan va le suivre sur la route de l'ange de la mort, jusqu'en l'enfer s'il le faut… Car Eric de Cogan, comme un héros des légendes arthurienne, désir libérer la belle Ettaine qui a ravi son cœur comme celui Muhammad Khan, allégorie de Zengi l'atabeg d'Alep et Mossoul… Nous avons donc un triangle amoureux tragique qui va causer la mort de tant d'hommes… (remember la Guerre de Troie ^^)
Amitié, amour, honneur, courage, rédemption, avec des traques, des cavales et des batailles sous un soleil brûlant comme l'auteur texan savait si bien le faire. Le fantastique pointe le bout de nez dans le grand final avec l'arrivée de renforts ressemblant fortement à une Justice League viking ^^ (une version démultipliée des "Rois de la nuit" : Michael Moorcock et David Gemmell nous ont refait le coup je ne sais combien de fois par la suite… blink)
L'auteur qui nous a trop tôt quitté est un véritable magicien, un alchimiste transformant le plomb en or : sous sa plume, et quel que soit le genre abordé, la plus classique des histoires devient une épopée flamboyante, âpre et violente…
Et ici dans cet opus de la collection "Néo" des éditions Fleuve Noir (et oui, il fut un temps bien loin désormais où ces derniers faisait le bonheur des amateurs de littérature de genre), il faut ajouter la préface de François Truchaud, toujours intéressant dans cet exercice, et la traduction du même bonhomme, toujours plaisant dans cet exercice. Il fait partie des défenseurs acharnés de la culture populaire et nous le remercions bien !
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A présent le chariot passait à ma hauteur, et l'une des roues, grinçant sur le sol inégal, cahota ans un creux et y resta coincée. Les mules, comme le font toutes les mules, tentèrent de continuer puis renoncèrent à tirer le chariot. Le cavalier qui me semblait familier s'approcha, une torche à la main, et jura.
Dans un tourbillon rouge et aveugle, au sein du chaos de la destruction et du délire, je me retrouve en train de me battre vainement contre des géants qui semblaient faits d’acier indestructible. Glissant sur les immondices d'un caniveau où coulaient des flots de sang, je hachais follement au milieu de la poussière et de la fumée, puis les cavaliers me jetèrent à terre et me piétinèrent. Je me redressai en titubant, couvert de sang et à moitié assommé. alors un homme gigantesque - un véritable monstre aux beuglement féroces - s'avança à grand pas, surgissant du carnage et balançant une masse d'armes. Je n'avais jamais combattu les Francs et j’ignorais avec quelle force redoutable ils assenaient leurs coups dans un combat au corps.
Un feu intérieur le stimulait et le poussait de l'avant ; son âme flamboyait avec une telle ardeur qu'elle triomphait de la faiblesse et de la lassitude de son corps. en vérité, mais c'était une route impitoyable que nous suivions... la route d'Azraël !
Zaida la Vénitienne n'était pas une beauté exceptionnelle, selon certains critères arbitraires, qui exigent des traits ciselés à la perfection et un corps délicat...
Le cinéaste Bertrand Mandico s'empare de la figure de Conan le barbare, d'abord adaptée sur grand écran par John Milius en 1982 d'après l'oeuvre originale de Robert E. Howard. Il donne une version bien revisitée et loin de celle interprétée par Arnold Schwarzenegger. Car Conann avec deux "N" est "iel", loin des clichés de virilité, et le réalisateur joue avec les codes queer pour mettre en scène sa vie...
Il est l'invité de Géraldine Mosna-Savoye et Nicolas Herbeaux.
#cinéma #conan #feminisme
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