Humbert Fabrice – "
Le monde n'existe pas" – Gallimard / Folio, 2020 (ISBN 978-2-07-293589-3)
Quel navet !
Pour moi qui ai lu et apprécié presque tous les
romans antérieurs de cet auteur, c'est une énorme déception !
C'est verbeux, mal écrit, parsemé de paragraphes sentencieux et d'autres d'érudition littéraire de niveau élémentaire, l'auteur nous inflige même une bonne dizaine "d'alors même que", tournure déplorable qui tend à se généraliser.
L'intrigue est faiblarde, les histoires de limite floue entre la réalité et la fiction sont déjà légion, ce n'est pas ce ratage qui va renouveler le genre (
Fabrice Humbert aurait-il surconsommé du
Modiano qu'il convient de réserver aux suites d'abcès dentaire ?).
Le pire étant cet amoncellement de lieux communs, à commencer par le sempiternel racisme social franchouillard qui veut que toute petite ville "de province" soit inexorablement décrite comme un puits sans fond d'ennui et de bêtise, forcément peuplé de gens bas du crâne, méchants et à demi-imbéciles. Il est vraiment désolant de voir un auteur comme Humbert sombrer dans ce genre de racisme (pp. 68-69, entre autres paragraphes), qui plus est en l'insérant dans le cadre des Etats-Unis !!! Grands dieux, que viennent faire les USA dans cet amphigouri ?
Quant au thème central, le rôle des médias et des journalistes (p. 41, pp. 70-72), la "mécanique narrative" (p. 134) qui fait que "
le monde n'existe pas" (p. 71), il est exposé avec une telle lourdeur et si peu de finesse qu'il termine discrédité par son auteur lui-même.
Et ce, même si la conclusion pourrait être intéressante (p. 234) puisque dénonçant la propension actuelle à matraquer en permanence une théorie du complot qui caractérise tous les médias, y compris ceux se présentant comme sérieux (cf les obsessions du journal "Le Monde" dénaturant de plus en plus souvent la relation des évènements les plus divers), pour en arriver au point où "il n'y a plus de réalité" (p. 252).
Quel dommage que l'auteur sabote ainsi son propos : espérons que
Fabrice Humbert reviendra prochainement au niveau de qualité qui caractérisait ses précédentes publications.