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sur 677 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Humbert Francis - "L'origine de la violence", éditions "le passage", 2009 (ISBN 978-2-253-12946-2)

Sidérant.

Des auteurs nés bien après s'emparent de la fouille mémorielle dans l'histoire de la seconde guerre mondiale : parmi les ouvrages à lire absolument figurent déjà "le rapport de Brodeck" de Philippe Claudel (né en 1962), ou encore "les disparus" de Daniel Mendelsohn (né en 1960).
Avec «L'origine de la violence» de Francis Humbert, nous tenons un troisième roman-essai tout aussi exceptionnel si ce n'est plus.

Le récit commence par une mise en situation typique : à notre époque, vers 2009, un gentil prof de lycée français emmène sa classe de grands dadais en voyage d'étude en Allemagne ; à cette occasion, ils visitent le camp de concentration de Buchenwald, près de Weimar, comme beaucoup d'entre nous l'ont fait. Il y a alors un jeu d'impressions d'une justesse époustouflante (et d'un grand intérêt) entre l'Allemagne d'aujourd'hui, le passé nazi, la jeunesse française d'aujourd'hui, ce qu'on peut comprendre de cette violence passée que nous n'avons pas vécu... mais – et c'est là l'un des thèmes majeurs – qui a vécu à l'intérieur de nos parents et de leurs propres parents (nos grands-parents), voire qui a ravagé leurs vie comme ce jeune enseignant va bientôt le découvrir à travers l'histoire de son propre grand-père.
Au passage, l'auteur restitue avec une grande justesse le vécu des différentes générations allemandes d'aujourd'hui, les gens âgés qui participèrent à la descente aux enfers du nazisme, la génération suivante qui se prit tout ça dans la figure sans avoir le droit d'en parler à coeur ouvert dans le cercle familial, et enfin la génération d'aujourd'hui, qui commence à pouvoir en parler (c'est d'ailleurs le schéma générationnel désormais établi par les recherches en psychologie des traumatismes collectifs).

Pour moi qui ai vécu longtemps en Allemagne, des deux côtés du rideau de fer, il y a là des observations d'une justesse dénotant de la part de l'auteur une véritable connaissance de son sujet (et Dieu sait s'il est rarissime de rencontrer un francophone sachant de quoi il parle lorsqu'il aborde la problématique allemande !).

Un livre exceptionnel, bien écrit, qui se lit d'une traite.
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Fabrice Humbert va rencontrer un grand succès avec ce troisième roman, "L'origine de la violence". Cette fiction est construite à partir d'un voyage scolaire fait en Allemagne, au cours duquel, le professeur croit reconnaitre son père sur une photo de détenus de Buchenwald. L'intrigue consistant à retrouver le nom d'un homme sur une photo est classique, mais tout le roman qui va suivre est passionnant et pose des questions à chacun de nous.



Vous raconter l'histoire serait dommage, si vous décidez d'entrer dans le roman, et d'autres la raconteront très bien. Mais ce sont les qualités du livre que sont la forme, le fond et l'objectif de l'oeuvre, qui le placent parmi les très bons romans..... C'est d'abord une histoire comme on les aime, avec des personnages qu'on découvre petit à petit, levant doucement le voile posé sur les secrets de leurs vies, avec leur part d'ombre et de lumière; dans une époque bouleversée par ses propres acteurs; avec des vies animées par le courage, la lâcheté, la vengeance, la jalousie, la honte.

C'est aussi une construction sans hésitation, pure, apparemment simple, tant la lecture est sans ennui, ni lenteurs. On suit le narrateur pas à pas, dans sa quête qui décrypte les rouages d'un monde, d'une société, d'une époque dont on a déjà beaucoup parlé, mais qui ne cesse de nous embarrasser.

Et donc naturellement, le livre pose une question universelle, qui est celle du pardon. Après avoir compris les mécanismes d'une partie de la société, malgré le soin que le temps a mis pour dissimuler des actes peu glorieux, on avance sans porter de jugement vers une forme de réconciliation peut-être. Comme si toutes les zones d'ombre faisaient ressortir aussi les lumières de chacun.
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Pas facile d'écrire un billet sur ce livre, d'autant que je l'ai lu sans faire usage de mon carnet de notes, peut-être parce que je sentais que je ne pouvais pas le réduire aux quelques petites phrases sibyllines qui me servent habituellement de base d'écriture. Les thèmes de la mémoire, des liens familiaux, de la violence que les hommes peuvent s'exercer entre eux sont traités dans ce roman à la manière d'une autobiographie imaginaire. le narrateur est un jeune professeur, dont nous ignorons le nom, qui, à partir d'une photo vue en visitant le camp de Buchenwald, recherche des témoignages sur un homme qui pourrait être son grand-père.

Ce point de départ un peu mince n'est pas très crédible, mais peu importe, c'est surtout la réflexion sur le mal, et comment des personnes ordinaires se sont transformées en bourreaux pour d'autres, qui est prenante. le personnage du jeune professeur met en avant le devoir de mémoire, terme pourtant galvaudé, qui prend ici toute sa signification. Il tente de comprendre aussi le pourquoi de cette violence qu'il sent parfois en lui, et qu'il canalise à sa manière, tout autant que l'enfermement de son père dans un monde routinier ou la complexité de ses relations familiales. Bref, un roman sensible, intéressant, qui ne peut pas remplacer la lecture de Si c'est un homme, incontournable, mais qui peut la compléter.
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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Tout ce que j'aime réuni dans ce roman : La famille, les secrets, la question des origines.. Et écrit avec beaucoup de finesse
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Professeur de lettres dans un lycée franco-allemand, le narrateur accompagne ses élèves à Buchenwald. Lors de cette visite, il est frappé par la photo d'un déporté qui ressemble étrangement à son père. Il enquête sur cet homme, David Wagner, et parallèlement sur l'histoire de sa propre famille. Ses recherches le confrontent à l'horreur de la Shoah, et à son propre rapport à la violence...
J'ai découvert "L'origine de la violence" en 2009, je l'ai relu dans le cadre d'un prix de lecteurs. J'ai retrouvé le même plaisir de lecture lorsque le narrateur fouille dans le passé familial... puis le même choc quand il est question de Buchenwald. Fabrice Humbert traite de l'horreur des camps sans fard, il nous livre des faits bruts, atroces. Ce faisant, il s'interroge sur la violence, le sadisme sans bornes des bourreaux. Plus diluée, éparpillée, la deuxième partie du roman m'a moins convaincue : l'auteur y développe des réflexions sur le nazisme (et là j'ai trouvé des longueurs), il revient également sur l'histoire familiale des Fabre - adultère, relations père-fils, identité et filiation... En dépit de ces quelques réserves, cet ouvrage reste pour moi un récit intense, révoltant, bouleversant, sur la Shoah et la violence humaine...

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Une enquête absolument passionnante, digne d'un polar, mais aussi empreinte de beaucoup d'émotion, que vous ne pourrez pas lâcher tant que vous n'aurez pas terminé ce livre. A la suite de la découverte de cette étrange ressemblance entre son père et un prisonnier de Buchenwald, le narrateur va mener des recherches minutieuses : il retrouve les témoins de l'époque, les fait parler, réunit peu à peu toutes les pièces de ce puzzle familial, de ce secret de famille qu'on a soigneusement tû.

Et comme tous les secrets de famille, cela cache des attitudes et des évènements pas vraiment jolis-jolis. Bassesses, lâchetés, mensonges, trahisons... tout y est, mais il faut encore trouver le pourquoi et le comment et répondre à toutes les questions qui se posent une à une, au fur et à mesure qu'on en apprend un peu plus sur les membres de cette famille. Et on a froid dans le dos de voir ce mal roder partout, cette violence, parfois sourde ou parfois éclatant au grand jour se propager et, telle une maladie infamante, atteindre tous ou presque tous les gens confrontés à cette histoire, et à cette période de l'Histoire.

La question cruciale est bien de comprendre où se situe l'origine de la violence.
Suite sur Les lectures de Lili
Lien : http://liliba.canalblog.com/..
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Un beau livre profond qui vient mêler à dessein des quêtes sur les origines : celle d'un grand-père inconnu retrouvé sur une photo exposée à la vue de tous , celle du mal absolu qui enferme le cadre de cette photo et qui entraina la perte de cet aïeul et de de milliers d'êtres: le camp de concentration de Buchenwald.

Rien n'est laissé au hasard : la narration autobiographique qui rend si proche le personnage principal dans sa progression, les témoignages de tous les survivants de cette époque recomposant les faits et les parcours, enfin l'exigence de la réflexion et les références qui l'alimentent (Levi, Semprun, Goethe, ...)

Un roman actuel, intelligent et touchant destiné à percer non seulement des secrets, mais, les carapaces de l'oubli alors que s'estompent peu à peu les ombres des horreurs du nazisme.

Un petit point d'agacement, mais, qui reste un détail :
j'ai trouvé incongrue la liaison du personnage principal avec une fille canon dont le grand-père fut ancien du NSDAP, et aussi un proche de Stauffenberg (un des principaux organisateurs de l'attentat raté contre Hitler en juillet 44).

Il me semble que la comparaison intéressante qui suit avec Haffner, auteur du journal d'un allemand : http://www.babelio.com/livres/Haffner-Histoire-dun-Allemand--Souvenirs-1914-1933/14813
, aurait pu être amené sans cet artifice où je suis juste venu me dire : "Cela fait beaucoup!"
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Un très bon roman, passionnant qui soulève beaucoup de réflexions sur le passé, la violence, l'idéologie nazi. Certains passages sont très durs mais ça reste un livre qui se lit très facilement.
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Au début, je me suis dit "Cela doit être un peu comme Les Disparus ou comme Une histoire familiale de la peur". J'ai donc pris L'origine de la violence à la librairie car j'avais apprécié ces deux livres ; en plus, il y avait une banderole qui disait que la libraire avait aimé et que nous avons souvent les mêmes goûts.

Ce que j'avais oublié c'est qu'ici c'est un roman et pas un essai que j'allais lire. L'auteur peut donc se permettre plus de choses. le livre mélange secret de famille et enquête sur le véritable grand-père déporté à Buchenwald. le narrateur explore à la fois le passé et le présent de la France et de l'Allemagne. Il ne cherche pas à voir un seul côté ; pour lui, il n'y a pas les bons et les méchants. Il ne glorifie pas son ancêtre disparu. Il veut juste le voir tel qu'il était. C'est ce que j'ai trouvé très intéressant dans ce roman ; est-ce que cela aurait été possible si ça n'avait pas été un roman, je ne sais pas ... Quelques fois, il y a des passages un peu psychologiques que j'ai trouvé pas forcément intéressants mais dans l'ensemble, le style de l'auteur sert positivement l'histoire : il décrit son enquête, ses états d'âme, sa vie passée et présente et fait parler sa famille et les témoins.

Je vais essayer de lire ces deux autres ouvrages pour me faire une opinion plus éclairée sur cet auteur. En résumé, une bonne impression à confirmer !
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L'histoire : le narrateur est un jeune prof d'allemand qui, lors d'un voyage scolaire, visite le camp de concentration de Buchenwald. Lors de cette visite, il est frappé par une photo où un prisonnier présente une ressemblance frappante avec son propre père. Trop troublante pour que ce jeune prof laisse passer cette coincidence. Il décide alors d'enquêter et de faire des recherches; il se heurte au silence de son père, aux secrets de son grand-père, du reste de sa famille. Et de cette recherche de soi et d'un passé à la fois collectif et personnel va également voir le jour une histoire d'amour peu ordinaire.

Verdict : lu dans le cadre du prix du LDP, Fabrice Humbert nous conte finalement deux histoires. La petite histoire du narrateur sur fond de l'Histoire, la grande, et sur une de ces périodes les plus noires. C'est donc bien l'histoire d'une société et d'une famille. A travers les recherches entreprises sur cette photgraphie, le narrateur nous entraîne aussi sur une autre piste, celle de la compréhension de la violence, la sienne mais aussi de la Violence. Bien qu'en toile de fond, cette recherche est bien présente au coeur du roman à travers la reconstitution de l'histoire familiale. Une histoire qui correspond aussi à une époque qui n'est pas toujours évidente à comprendre avec un regard de trentenaire qui n'a pas connu la guerre, ni les préjugés de l'époque.
Cet homme sur la photo est le grand père du narrateur; une histoire d'amour interdite, désaprouvée par une famille bien pensante, une dénonciation et une déportation d'un côté et côté sombre, incompréhensible, l'acharnement d'un homme, d'un nazi, sa volonté de détruire un autre homme sans aucune autre raison que sa haine. le narrateur cherche, se cherche, essaye de comprendre lui et les autres. En parallèle il noue une histoire avec une jeune femme qui n'a pas du tout la même vision que lui de l'Histoire.
C'est donc à une lecture sur plusieurs plans à laquelle on fait face. de mon point de vue c'est un bon roman bien que toutes les facettes du livre ne m'aient pas intéressé avec un même degré. Attirée la guerre et ses récits, j'ai préféré la reconstitution de la vie du camp et de qui s'y passait. Dommage pour moi, la réflexion sur la violence m'a moins attirée du moins la violence personnelle de l'auteur. Mais la réflexion sur l'importance du passé et de sa propre histoire oui par contre.
Un roman qui n'est pas uniforme où tout porte à réflechir sur ce que l'on est et surtout sur un passé où il était difficile d'être tout noir ou tout blanc.
Une bonne note pour moi un 8/10.


Lien : http://noryane.canalblog.com..
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