Le titre de ce livre ne vous dira certainement rien.
Pas plus d'ailleurs que le nom de son auteur, qui semble bien oublié.
Pourtant "le coeur et les chiffres" est un bon roman.
Il est paru en 1927.
Antoine-Cyprien-Jules Arscher est mort.
Il avait brassé les affaires et convoité les honneurs durant quarante ans.
Il avait conservé intact la splendeur de son nom et la prospérité de son usine.
Mais une embolie l'a terrassé au sortir de la bourse.
Son fils Jacques a trente ans.
C'est un jeune écrivain dont le premier livre, "les égarés" vient de paraître.
Il s'est depuis toujours désintéressé des affaires familiales ...
Un chapitre passe, puis le deuxième.
Le lecteur s'installe dans un bon roman social, bien écrit, avec, par petites touches piquantes, un rien d'insolence.
Mais au troisième de ses chapitres, le récit amorce un changement de direction.
L'on pressentait "les grandes familles" et voilà qu'un maître chanteur s'annonce.
Il se nomme Antonio Precioso. Il se prétend italien.
Mais "le coeur et les chiffres" ne va pas pour autant en devenir un roman policier.
Inattendu, indéfinissable, plus profond qu'il n'y paraît d'abord, le roman de Georges Imann mérite d'être sauvé de l'oubli.
Parce qu'il est moderne d'abord et captivant aussi.
Parce qu'il est bien écrit et que ses personnages méritent bien un petit détour de lecture.
Mr Geoffrin, comptable sérieux de son état et devenu personnage principal du récit sans vraiment l'avoir voulu, est un homme que l'on ne regrette pas d'avoir croisé.
Pourtant au deux tiers du livre, le rythme se ralentit, s'éternise dans une quête qui ne semble devoir jamais finir et le plaisir de la lecture en pâtit un peu.
Mais l'épilogue, soigné, arrive à point pour sortir le récit de cette petite ornière dans laquelle il était venu se fourrer.
Au final, "le coeur et les chiffres" est un roman intéressant et inattendu que je vous souhaite de croiser dans vos lectures de l'été ....
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N'ayant que son fixe pour vivre, une pupille à nourrir et 28.257 francs à offrir à Jeannine, Mr Geoffrin ne pouvait concevoir l'avarice : c'est un luxe, en effet, trop coûteux pour les pauvres gens ...
Les chiffres ... oui ... les chiffres ... mais le coeur ?