Le monde selon Garp

Préface Pierre-Yves Petillon : Alors, in extremis, elle chevauche ce corps à l'agonie et lui arrache un ultime copeau avant l'extinction des feux. Une giclée pré-posthume : son dernier coup, ses Mémoires d'outre-tombe.

Helen, à trente ans passés, était une femme séduisante, non simplement qu'elle fut belle, mais parce qu'elle avait une allure parfaite. Il importe de souligner qu’elle donnait non seulement l'impression d'avoir pris soin de sa personne, mais encore d'avoir eu de bonnes raisons de le faire. Cette allure à la fois redoutable et séduisante, dans le cas d'Helen, n'était nullement trompeuse. Le succès lui souriait. On sentait qu'elle était à ce point maîtresse de sa vie que seuls les hommes les plus sûrs d'eux-mêmes osaient continuer à la dévisager lorsqu'elle affrontait leur regard. Même aux arrêts d'autobus, c'était le genre de femme que l'on ne dévisageait que jusqu'au moment où elle vous rendait la pareille. (333)

Comme le laissait supposer le destin de l'homme qui ne pouvait marcher que sur les mains. Garp avait une dent contre les escaliers mécaniques.

Jenny Fields se plaignit bel et bien à son fils du "second souffle du coucou". Elle ne lui cacha pas qu'elle se sentait déçue qu'il eût choisi un sujet aussi mince et dépourvu de toute résonance universelle.
-Elle veut parler du sexe, commenta Garp. Le coup est classique. Une femme qui, pas une seule fois dans sa vie, n'a ressenti le désir sexuel, fait un sermon sur ce qui est universel ! Et le pape, qui a fait vœu de chasteté, tranche pour des millions d'êtres le problème de la contraception. Le monde est fou !

« Les écrivains sont de simples observateurs, de fidèles et implacables imitateurs de la nature humaine »

Le monde est dangereux et imprévisible, alors qu'on nous vend un monde confortable et sans surprise.

"- C'est simple, tu ne prends jamais la peine de te tenir au courant de ce qui se passe ?"
Ce qui "se passait", pour Garp, n'avait jamais autant d'importance que ce qu'il inventait.

ST Garp : Sergent Technicien Garp

Dans ce monde à l'esprit pourri, une femme ne saurait être que l'épouse ou la putain d'un homme - du moins ne tarde-t-elle pas à devenir l'une ou l'autre.


Il écrivit à Helen qu'un jeune écrivain a désespérement besoin de vivre avec quelqu'un, et qu'il était arrivé à cette conclusion qu'il voulait vivre avec elle ; même l'épouser, proposa-t-il, car l'activitaié sexuelle était bien sur indispensable, mais on gaspillait trop de temps si l'on était contraint de planifier sans cesse les moyens de la satisfaire. En conséquence, raisonnait Garp, mieux vaut encore vivre avec !
Helen ratura plusieurs lettres avant de lui en envoyer une qui l'invitait, à quelque chose près, à aller se faire voir.
Croyait-il vraiment qu'elle s'imposait avec tant de rigueur des études supérieures dans le simple dessein de lui procurer une vie sexuelle qui ne demanderait même pas à être planifiée ?

Mais il le savait, ce n'était qu'une question de temps pour qu'il parvienne à son tourà imaginer un monde bien à lui - avec un peu d'aide de la part du monde réel. Le monde réel ne tarderait pas à coopérer.

Je considère qu'un roman se doit de raconter une bonne histoire.
I hold a novel accountable for a good story.