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3,57

sur 323 notes
Une énorme déception. J'attendais beaucoup de ce livre de Kazuo Ishiguro, auteur des Vestiges du jour, prix Nobel de littérature 2017. Dans une Grande Bretagne médiévale aux prises avec les rivalités entre celtes et saxons, une étrange brume efface les souvenirs, condamnant les habitants du pays à une amnésie chronique. le roman raconte comment un vieux couple part à la recherche de son passé perdu. Pourquoi ce sortilège ? Les deux parents vont-ils retrouver leur fils disparu ? Quel est ce guerrier saxon qui les protège durant leur voyage ? Et ce chevalier de la Table ronde qu'ils croisent régulièrement, quelle mission poursuit-il ? Tous les ingrédients sont là pour composer un roman à mi-chemin entre récit historique, légende arthurienne et fantasy où rodent géants, lutins et dragons. Intrigué, le lecteur entre dans ce monde magique. Il est prêt à apprendre que… ah oui, au fait, apprendre quoi ? Et là, patatras, le lecteur attend, il attend vraiment longtemps. Pour être précis, près de cinq cents pages en édition folio. L'histoire se déroule de façon lente et répétitive, les personnages sont réduits à des archétypes, les dialogues sont lourds, et surtout des intrigues sont ébauchées tout au long du chemin pour être aussitôt abandonnées sans autre explication, à la plus grande frustration du lecteur. Malheureusement, l'écriture ne vient pas sauver le roman, le style reste obstinément plat, impuissant à dissiper le brouillard de l'ennui. Et contrairement à d'autres lecteurs, je n'ai trouvé dans ce livre aucune véritable réflexion sur la mémoire et l'oubli ou le pardon et la vengeance, sinon quelques considérations politiquement correctes. Pourquoi une oeuvre aussi nébuleuse ? Épuisement de l'inspiration chez un auteur qui n'aura publié qu'un roman et quelques nouvelles en bientôt quinze ans ? Il semble que son entreprise ait succombé aux mêmes pièges maléfiques où ont sombré les aventures édifiantes des innombrables romans de chevalerie d'autrefois. le thème de la mémoire et de l'oubli m'avait attiré vers ce livre, qu'en ai-je appris ? Je ne me rappelle déjà plus !
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Pourquoi je l'ai choisi:

Ce livre m'a été recommandé par un Babéliote passionné, Krout. Je le remercie de m'avoir mis sur la voie de ses géants: c'est exactement le genre de livre que j'adore! La passion de lecture se partage, et là, c'était un super conseil!!!!
Les personnages:

Axl et Beatrice sont un couple en fin de vie, qui se sont aimé toute leurs vies dans les joies autant que les tempêtes. Très touchant.

Sire Gauvain, il apporte une touche de chevalerie, une douce flamme presque éteinte, mais indéniablement là, vibrante.

Wistan et Edwin nous rappelle que tout un homme est un guerrier…

Ce que j'ai ressenti:…Une étincelle dans la brume…

En fait, ce livre il vous emporte:
•Dans la brume électrique…(Non je ne me suis pas trompé de livre, on n'est pas dans celui de James Lee Burke …). Il y a une sorte d'ambiance opaque qui vous happe dès les premiers mots…Cette brume vous enveloppe pour ne plus vous laisser tranquille…Se souvenir ou oublier ? Telle est la grande question dans ce claquement de doigts qu'est notre passage sur Terre…

« C'est bizarre la façon dont le monde oublie les gens et les évènements de la veille ou de l'avant veille. C'est comme une maladie qui nous atteint tous. »
•Dans la légende Arthurienne…Chevaliers, dragons, géants, elfes…Le fantastique se mêle avec douceur dans ses pages nous offrant un souffle de magie enchanteresse plus qu'appréciable. le roi Arthur n'a pas fini d'inspirer les auteurs, des centaines d'années après pour notre plus grand plaisir!

« Je suis un simple mortel, je ne le nie pas, mais je suis un chevalier bien entrainé et encouragé durant de longues années de ma jeunesse par le grand Arthur, qui m'a appris à affronter toutes sortes de défis avec enthousiasme, même lorsque la peur s'insinue jusque dans la moelle, car si nous sommes mortels, brillons du moins de tous nos feux aux yeux de Dieu pendant que nous marchons sur cette terre! «
•Dans une histoire d'amour…La tendresse de leur amour est touchante, malgré les points noirs qui jalonnent leurs histoires, ils restent ensemble, côte à côte, bravant ensemble les difficultés…Une histoire tout en pudeur, en simplicité et respect de l'autre…

« -Promets moi, princesse, que tu n'oublieras pas ce que tu ressens pour moi en ce moment dans ton coeur. A quoi servirait un souvenir surgi de la brume s'il se contente d'en chasser un autre? »

Il est des livres comme ça, qui vous tombe dessus et qui vous envoûte…Une histoire qui vous laisse une forte impression même en l'ayant refermé depuis des jours… Celui ci, il a une Atmosphère pesante, une Poésie enivrante, une Intention éclairante. Ce texte derrière son empreinte magique, vous torpille l'esprit sans que vous vous en rendiez compte. Il nous montre le Monde, en perpétuel renouvèlement de ses erreurs, de ses attentes, de ses victoires. le temps n'a pas de prise sur nos envies d'évasions, d'invasions et de découvertes. A y regarder de plus près, les mots sont plus incisifs qu'il n'y parait et prenne une résonnance dans nos quotidiens sombres. Je regrette, juste un peu, qu'on ne soit plus dans le souffle du dragon…

Les gens devaient accepter avec philosophie de pareilles violences.

Avec ses trois points, je me rend compte que la rencontre avec ce livre était une évidence…Ma mémoire me joue des tours, mais je suis presque certaine , de ne pas oublier cette lecture de sitôt…J'enfouis ce géant légendaire dans mon esprit, en espérant que la haine n'emporte pas tous les coeurs…Très joli conteur que ce Kazuo Ishiguro, il prend son temps, mais il nous offre un fabuleux moment de lecture…


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Autant l'avouer, malgré ma grande envie de découvrir ce livre, les premières pages m'ont déroutée. Et puis... et puis à petits pas, j'ai pénétré dans cet univers brumeux du Haut Moyen-Age dans une Angleterre que se partageaient alors Saxons et Bretons, jusqu'à cette fin magnifique.

Les deux peuples ont depuis longtemps oublié leurs différends et surtout les massacres qui ont eu lieu entre les deux peuples car la dragonne Querig souffle depuis des années la brume de l'oubli sur les terres.
Axl et sa femme Béatrice se souviennent à peine de leur fils mais décident de le retrouver. Quittant leur village souterrain, ils marchent à travers le pays et rencontre le guerrier Wistan, Saxon élevé parmi les Bretons, ainsi qu'Edwin, l'enfant maudit et menacé de mort, et enfin maître Gauvain - personnage fabuleux soit dit en passant!-, neveu du grand Arthur. Tous les trois sont chargés de tuer Querig afin de libérer le pays de son emprise.

Tout au long du périple, les souvenirs vont revenir par intermittences, et le vieux couple redécouvrira son passé, affrontant sortilèges et mises à l'épreuve.

C'est un roman particulièrement envoûtant, un conte pour adulte, une des légendes secrètes de l'époque d'Arthur. L'amnésie est une belle métaphore et une grande question philosophique que le roman nous propose: pour la paix de ces deux peuples qui se sont massacrés, n'est-elle pas nécessaire? Ou faut-il se souvenir, coûte que coûte, et par là-même redouter des représailles sanglantes?

J'ai envie de dire que ce roman fait partie des plus singuliers que j'ai pu lire dernièrement, non sur la forme mais sur le fond.
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Avant le géant enfoui, le dernier roman de Kazuo Ishiguro remontait à dix ans. Depuis, seul un recueil de nouvelles a permis de patienter. Surprise à la découverte du sujet et surtout de l'époque où se déroule l'action de ce nouveau livre : l'Angleterre post-Arthurienne du 6ème siècle, ce haut moyen-âge pendant lequel bretons et saxons vivaient encore dans une paix précaire. Période obscure et transitoire dans un pays que le livre d'Ishiguro décrit et imagine avec une brume persistante qui provoque une sorte d'amnésie collective. Et c'est là où l'on retrouve les thèmes de prédilection de l'auteur : la mémoire et l'oubli, le désir de résilience. Au début du livre, un très vieux couple se décide à quitter leur communauté pour retrouver leur fils depuis longtemps enfui. Leur périple va être émaillé de différentes rencontres. Humaines (un chevalier saxon et son jeune apprenti, un ancien compagnon d'Arthur, des moines trompeurs) et surnaturelles : elfes, monstres, dragonne et autres créatures ... Comment ? Ishiguro aurait écrit un roman de fantaisie médiévale ? Pas si vite, l'écrivain britannique n'est pas Tolkien et si combats il y a dans le géant enfoui, ils n'ont rien d'héroïques ou épiques. Cependant, une quête est bien au centre du récit et elle est inquiète et périlleuse car elle pourrait bien, si le brume se lève, révéler des lambeaux du passé et assombrir l'avenir. Fourbu mais résolu, le vieux couple poursuit sa route, ne cessant de se rappeler leur passion l'un pour l'autre, la peur chevillée au coeur de libérer leur mémoire et d'entacher leur inaltérable amour. Au-delà de son décor médiéval et fantastique, le livre est une allégorie évidente du monde d'aujourd'hui, avec ses guerres et ses haines, et une splendide ode à la vie à deux que le temps et l'habitude ne sauraient préserver des dangers qui pourraient les séparer. Jusqu'à la dernière ligne, la menace stagne comme l'eau croupie d'un étang.
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Bien loin, très loin de notre temps, dans l'Angleterre médiévale qui suit la légende arthurienne, une communauté de Bretons vivait là, dans cette contrée plutôt lugubre d'après l'auteur. Parfois, du vaste marécage environnant, sortaient des ogres émergeant de la brume. Des logis, creusés dans la colline, formaient un labyrinthe avec une salle commune où un grand feu flambait pour réchauffer les différentes chambres. Celle d'Axl et de Béatrice, un vieux couple uni, se trouvait au fond du souterrain. Ici, ils sont considérés comme un couple stupide, interdit de s'éclairer d'une bougie, la vieillesse pouvant conduire à un éventuel départ de feu.
Dans cette communauté, pas d'évocation du passé, mais Axl se tourmente sur des personnes désormais absentes mais qu'il est bien persuadé d'avoir connues. Sont-ce des inventions découlant d'un esprit vieilli et embrumé ? Des restes de rêves ? Une mémoire qui devient confuse ?
Pourtant, tout le monde semble oublier les évènements et jusqu'aux êtres qui ont marqué les jours précédents et les années passées. Alors Axl décide qu'avec sa princesse, ils doivent sans délai accomplir le voyage longtemps repoussé qui doit les mener au village de leur fils. Pourquoi ne pas y avoir songé avant ? Même si aucune image du fils ne traverse leur mémoire, malgré les efforts à tous deux pour faire ressurgir leurs souvenirs, ils préfèrent aller le rejoindre. Tous les épisodes de leur vie commune sont comme mangés par la brume. Quelle peut être l'origine de cette brume qui prend en otage le passé ?

Kasuo Ishiguro nous pousse alors vers une bien étrange et envoûtante quête. Son féérique talent de conteur tente de nous perdre dans ce voyage aux accents de légende, d'histoire, de superstitions. Mais l'on se doute bien que tous les éléments, toutes les rencontres, tout ce cheminement vont nous ouvrir les portes de réflexions plus profondes.

La première étape du périple de nos deux Bretons, pour s'abriter d'un orage, me laisse immédiatement perplexe. Mais où de telles singularités de la part de l'auteur peuvent-elles nous mener ? Je baigne dans une ambiance de conte qui flirte avec le sordide, dans une villa en ruines qui abrite, d'un côté, une vieille femme agrippant un lapin sur la gorge duquel elle maintient fermement un couteau, et dans un autre recoin un homme de haute taille, batelier de son état, qui nous fait part de sa détresse. L'étrangeté manifeste de cette halte trouvera pourtant tout son sens à la fin du voyage.
Même si l'auteur semble s'attarder quelque peu sur le trajet, je n'ai pu résister à l'envie de déceler toutes les allégories qu'il nous fait rencontrer en chemin, tout en partageant la tendresse qui unit ce vieux couple.
Après le passage de la Grande Plaine, ils arrivent chez les Saxons et repartent accompagnés d'un guerrier et d'un jeune garçon. Plus loin, ce sera la rencontre avec un ancien chevalier du roi Arthur dont la côte de maille toute rouillée grince à chaque pas. Et ces pas grinçant vont nous mener vers une dragonne, tout en gardant à l'esprit qu'il est impératif pour Béatrice de recouvrer tous ses souvenirs. Mais est-ce réellement une bonne chose que la brume se dissipe ? Cette dissipation ne va-t-elle pas mettre en lumière des actes répréhensibles, des discordes qu'il serait plus sage d'oublier ?

Oui, le voyage est osé, complètement atypique, nous plongeant même dans une rivière maléfique où grouillent des elfes sauvages, mais quel voyage merveilleux dans la prise de conscience sur la mémoire et le passé qui s'y rapporte, sur les aléas de la vie de couple et l'amour inaltérable, sur la fragilité de la paix lorsque l'esprit de conquête ne meurt jamais, sur l'envie de vengeance ou de pardon et sur la fin qui nous attend tous.

Dans une enveloppe marquée d'imaginaire Kazuo Ishiguro évoque incomparablement des chapitres de nos propres vies.
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Sortent de la brume, par la magie de la plume de Kazuo Ishiguro qui m'emporte délicieusement avec ses pleins et ses déliés, des êtres fantastiques : Ogres, Elfes, Lutins, qui autrefois surgissaient d'un bois pour calmer la fin, pullulaient autour d'une eau stagnante ou pour les derniers s'aventuraient au sein du logis d'un humain. En ces temps maintenant révolus, ces créatures étranges et de longtemps oubliées, non seulement, côtoyaient les hommes, mais parfois venaient à les tourmenter, le plus souvent à l'heure du premier sommeil, se mélangeant à leurs rêves agités, troublant leurs nuits, les maintenant éveillés. Et je n'ai pas encore parlé de la plus connue et terrible d'entre elles : Quéric, une Dragonne, crainte des monts aux vallées. Pour les hommes en ce haut moyen-âge, pas vraiment de quiétude, ou alors trompeuse, hasardeuse et temporaire, car ces êtres, dont nous n'avons plus qu'un très lointain et très vague souvenir, étaient bels et biens vivants, si pas dans la réalité à tout le moins dans l'imaginaire collectif des hommes; ce qui avouons-le, revient au même dans ces pays de brumes et de légendes.

Et puis le grand roi Arthur était mort de quelques années seulement que déjà son souvenir s'effaçait. La crainte qu'il inspirait peu à peu se dissipait dans les mémoires, les bienfaits d'une paix fragile bien moins vivaces que les affres des sanglantes batailles. Planait donc une menace voilée, le plus souvent ignorée, mais à l'Est, chez les Saxons, loin de la douceur de la brume, germaient la haine, le désir de la vengeance et l'appel du sang. Ainsi vivaient les hommes, sans grande lucidité et dans la précarité. S'agit-il de la verte Irlande avec ses lacs, ses rivières et ses tourbières, ses plaines et ses monts du Connemara ? S'agit-il du Lake district, ou au Nord du mur d'Adrien, des Midlands ou carrément les Highlands ? Peu importe car l'écriture d'Ishiguro, entre récit de chevalerie, épopée fantastique et merveilleuse odyssée, nous offre au long de ce lent cheminement une oeuvre mythique, universelle, intemporelle.

Axl et Béatrice sont mari et femme, depuis longtemps. Je les vois comme deux grands arbres, côte à côte, leurs feuillages se frôlent et souvent s'entremêlent, ils bruissent des mots tendres et doux, inlassablement. Inlassablement répétés, ils se touchent et s'appuient l'un sur l'autre, tantôt l'un, tantôt l'autre, pour résister aux vents contraires. Chacun frêle, mais se soutenant, à deux plus forts, et l'on devine que leurs racines plongent profondément et se sont enlacées à tout jamais. Ces deux-là sont passés à travers les grains et les chagrins, ils ont dû résister à bien des tempêtes, bien des tourments. A eux deux, ils forment une île, une île mystérieuse, une île au trésor, une île flottante au coeur de la brume. Leurs feuillages se frôlent et parfois se touchent, quand le ciel s'éclaircit ils se racontent ce qui leur reste de souvenirs des bons jours et quand la brume s'épaissit alors chacun garde pour lui ses petits renoncements, minimise ses faiblesses et oublie ses griefs. p.406 "Mais Dieu connaît le lent chemin de l'amour d'un vieux couple, et il comprendra que les ombres noires font partie de son entité."

La leçon pourrait n'être que belle, elle est sans artifice, sans recours à la facilité, point de larmes arrachées, de frayeurs générées, d'élans provoqués, elle devient transcendance et creuse au plus profond, vous prend et vous étreint, vous marque de son empreinte. L'écriture est cette longue mélopée intérieure, compagne fidèle des chevaliers errants qui rêvent leur vie, de ce Messire Gauvain chevauchant son vieil Horace à la poursuite ultime de la quête dont il se voit le garant. La magie d'Ishiguro s'est de faire remonter d'un très ancien déchirement venu d'une lance ou d'une épée, ce géant enfoui en chacun de nous dans les brumes de notre mémoire. Un moment rare de pure communion à travers les siècles, l'éblouissement lorsque la brume se dissipe avant de respirer l'essence dont sont faits les hommes.

Et moi tel un de ces étranges bateliers de te poser la question : " Ami(e), oseras-tu cette traversée ?"


PS. Ici à Mons ce dimanche 22 mai au combat dit Lumeçon, tous de s'écrier "El biète est morte"*, lorsque St Georges achève le Dragon mais deux jours plus tard s'inscrit en lettres de feu "In vla co pou ein an"* pour terminer la ducasse et rappeler aux esprits embrumés par forces ripailles et moultes bières que le combat entre l'ordre et le désordre est sans cesse à recommencer. Il faut recommencer, année après année, pour ne pas oublier le Dragon, souffle de liesse et liberté, terrassé par St Georges engoncé dans son armure, conforté par le bon droit, main armée aux ordres de l'autorité. Où est le Bien ? Où est le Mal ? Qui en décide ? Faudrait-il oser l'année du Dragon, lui accorder notre confiance ? Ou continuer à préférer la quiétude de l'oubli à une année de folie ? Ici l'histoire se répète, sa magie serait-elle moins forte que celle d'Ishiguro ?

* La bête est morte
* En voilà encore pour un an
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Après avoir lu, et apprécié, les vestiges du jour, j'ai pu découvrir une autre face de Kazuo Ishiguro en abordant le géant enfoui.
Dans un monde encore trouble, dans l'Angleterre du Haut Moyen-Âge, Axl et son épouse Béatrice vivent dans un village très pauvre.
Le brouillard qui flotte sur le pays les a privés de leur mémoire, ce qui les décide à entreprendre ensemble un voyage pour retrouver leur fils qui, croient-ils, est parti vivre sa vie dans un autre village.
De ce point de départ qui semble simple, l'auteur emporte son lecteur dans un monde presque insondable où se mêlent un quotidien particulièrement âpre et des légendes immémoriales qui sont arrivées jusqu'à nous.
A travers ce voyage et les rencontres que fait ce couple, on découvre un univers rattaché à la légende du roi Arthur, mais aussi aux mythologies qui avaient cours alors.
Plein de suspense malgré un rythme mesuré, on avance au même pas que les deux protagonistes et, chemin faisant, le brouillard finit par s'entr'ouvrir vers un dénouement inattendu.
Servi par un style pur et limpide, ce roman très prenant est une parenthèse qui permet de découvrir un style peu usité en même temps qu'un auteur remarquable.
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Sans la caution du nom de l'auteur sur la couverture, je n'aurais sans doute jamais emprunté ce roman. Mais Kazuo Ishiguro n'est pas un inconnu même si c'est un auteur plutôt rare. Son dernier roman date de 2005, c'est le très beau Auprès de moi toujours, qui brasse beaucoup de thèmes sur fond de roman d'anticipation. C'est la richesse psychologique qui m'a le plus frappée dans ce roman. J'ai lu aussi Quand nous étions orphelins, et même si cette lecture date, je me souviens encore de l'évocation très visuelle de Shanghai au début du vingtième siècle.
Dans le géant enfoui, l'auteur remonte cette fois aux tout débuts du Moyen-Âge. Un couple de villageois âgés, Axl et Beatrice, décident de partir enfin revoir leur fils qui les a quittés depuis longtemps pour un autre village. Ils ont toutefois du mal à mettre ce projet en oeuvre, tant leurs souvenirs semblent s'effacer. C'est le cas de tous les habitants de cette région habitée par des communautés de Bretons et de Saxons. Leur voyage va leur permettre aussi de comprendre pourquoi leur mémoire, et surtout la mémoire collective s'efface ainsi. Leur périple est semé de péripéties et de rencontres, amicales ou hostiles.
Le lecteur peut être un peu surpris de ce Haut-Moyen-Âge à la fois réaliste et fantaisiste : les personnages merveilleux, géants, dragons, fées, trolls, auxquels croient les paysans, apparaissent vraiment au cours du récit. Mais le plus intéressant porte sur le thème de la mémoire, et aussi la crainte de l'étranger, la récurrence des conflits religieux. Les dialogues sont nombreux, Axl et Beatrice passent au cours de leur voyage beaucoup de temps à discuter ensemble ou à interroger leurs compagnons de voyage, et cela aussi peut déstabiliser un peu. La quantité de dialogues peut apparaître importante, mais dans la mesure où le roman y gagne en profondeur, devenant un miroir de notre époque et de ses conflits, ces dialogues sont bien loin d'être inutiles.
J'ai beaucoup aimé la façon dont l'auteur a imaginé la langue de l'époque et aussi la traduction qui donne un ton particulier au langage, simple, mais absolument pas folklorique, ou de pacotille !
Au final, je me suis attachée aux personnages, qui ont une vraie présence, une profondeur psychologique certaine, et j'ai suivi leur quête avec inquiétude, m'habituant au contexte historico-poétique original. C'est un moment à part, une échappée dans un passé méconnu et réinventé, un conte qui envoûte et fait réfléchir à notre propre monde…
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Axl et Beatrice sont deux petits vieux qui se souviennent de pas grand chose. Enfin, ils ne sont pas les seuls : tout le monde a l'air d'avoir des problèmes à se rappeler quoi que ce soit. Mais ce qui est sûr pour nos deux protagonistes, c'est qu'ils ont un fils, et que celui-ci, parti depuis longtemps, n'attend qu'une chose : les revoir. Ils se lancent alors dans un long voyage dans cette Angleterre moyenâgeuse, pendant lequel ils découvriront bien plus qu'escompté...

Je cherche encore à comprendre l'engouement presque général pour ce livre. Certes, quand on lit le pitch, qu'on sait que que ça se passe au Moyen-Âge, que la brume qui fait tout oublier vient de Merlin pour éviter une guerre éternelle et que dragons et monstres peuplent le moindre bosquet, y a de quoi baver d'envie de lire. Sauf que... c'est long, c'est chiant, c'est répétitif. Des détails qui semblent importants sont abandonnés au point d'en être frustrants, on ignore ce qu'il advient de beaucoup de personnages ; et ça jacasse, beaucoup beaucoup. Les actions et rares explications peinent à arriver, et encore il reste beaucoup de brume, même chez le lecteur, à la fin de cet ouvrage. C'est fait exprès, bien sûr. le lecteur expérimente aussi, comme les personnages, le manque d'information et l'oubli de tout. Mais ça reste frustrant, et ça retire clairement tout charme au livre.
Bien qu'ayant passé la majorité de sa vie en Angleterre et n'ayant pas revu la terre de ses ancêtres avant d'être trentenaire, et bien que son récit soit ancré dans l'histoire et l'imaginaire anglais, Ishiguro offre quand même un style d'écriture et une intrigue que l'on peut sans conteste rapprocher de la littérature japonaise qui joue beaucoup sur le symbolisme, les non-dits, et s'efforce aussi de décrire la Nature dans le but de la rendre aussi belle que dans le réel. Pour qui a lu un peu de littérature japonaise, le lien est presque flagrant.
En conclusion, on pourrait ajouter qu'une part du succès s'explique en partie parce qu'Ishiguro n'avait rien publié depuis dix ans. Alors, bercés par le syndrome Donna Tartt, les gens se sont rués et se sont extasiés, parce que c'est rare vous comprenez. C'est étrange, je reste effectivement dans le brouillard. Ishiguro, avec cet ouvrage, cherchait-il un effet, une expérience de lecture plutôt qu'un récit à message ? Je ne vois pas, je ne comprends pas ; je passe parce que je n'y ai, au final et de toute façon, pas trouvé mon compte.
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Le ressenti évoqué par les babeliotes m'a alléché, l'atmosphère décrite; la brume sur la lande des souvenirs enfouis, les valeurs attachées au légendaire arthurien , en fond d'écran, ogres, elfes et dragons...
Mais la narration répétitive, la lenteur, parfois lourde des dialogues, même si compréhensive dans le contexte, mais vraiment trop présente, tout cela combiné a failli me laisser au bord du chemin...Je l'ai suivi malgré cela, sentant un épilogue qui se voulait digne d'un conte initiatique...jusqu'au bout j'attendais cette fin qui fait du bien, réjouie les coeurs, voir la morale...j'avais oublié que l'auteur était un japonais anglophile...
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