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sur 203 notes
Deuxième lecture de Kazuo Ishiguro et deuxième satisfaction. Cette fois-ci, au lieu d'un de ses romans, j'ai essayé un recueil de nouvelles, Nocturnes. le sous-titre l'explique très bien, la musique est au coeur de ses courtes histoires et, quant au crépuscule, je peux l'associer à une certaine nostalgie qui les empreint, soit le succès qui abandonne tranquillement certains artistes sur le déclin ou soit les débuts difficiles qui pourraient pousser des jeunes à abandonner ce métier avant même que leur carrière n'ait décollée.

Mais je vais trop vite. Plus haut, j'écrivais que ce recueil était constitué de courtes histoires. Oui, mais pas trop. La plupart comptent une cinquantaine de page, la plus longue en a septante-cinq. Ainsi, je sens que je peux m'investir dans leurs protagonistes, me sentir concerné par leurs aventures sans craindre de les voir disparaître à jamais. D'autant plus que les tranches de vie qui sont proposées ne prennent pas fin abruptement, n'offrent pas de réelles conclusions. Je peux m'imaginer la suite dans ma tête…

Kazuo Ishiguro promène ses lecteurs en différents endroits d'Europe et d'Amérique. Sans qu'il n'entre dans des descriptions sans fin, l'auteur glisse suffisamment d'informations pour qu'on s'en fasse une tête, pour qu'on ait l'impression d'y être et de ressentir les mêmes émotions que ses personnages. Et ces lieux, et l'atmosphère qui s'en dégage, conviennent à chacune des situations. La terrasse d'un café italien pour les rencontres opportunes et presque irréelles, l'hôtel hollywoodien pour les scènes de couple pas très glamour, l'appartement miteux pour la situation pathétique d'un jeune artiste sans le sous, la campagne anglaise pour l'autre qui cherche un endroit calme et bucolique pour composer ses chansons en paix, etc.

Mais, surtout, il y a ces personnages. Ils pourraient être vous ou moi, n'importe quel jeune qui cherche à vivre de son art – c'est beau, les rêves ! – ou bien n'importe quel individu qui a connu un certain succès dans sa carrière et qui doit accepter d'être éventuellement remplacé. Ça ne s'applique pas qu'à la musique.

Le narrateur de la première nouvelle est un jeune musicien qui espère percer (sérieusement) dans le métier. Pour l'instant, il n'est qu'un « Bohémien », il joue dans les petits clubs. Puis, un jour, il croise un chanteur à succès sur le déclin et ce dernier, plutôt que de le regarder de haut, commence à échanger avec lui, à lui donner des trucs. Un peu comme un mentor le ferait avec une recrue. Mais leurs échanges ne se limitent pas à la musique, il y est question de la célébrité, des femmes, de la vie quoi !

C'est pareil pour les autres nouvelles. Je ne vous les résumerai pas toute, il suffit que je vous dise que la plupart ont comme narrateur un jeune homme qui souhaite faire carrière dans la musique. Leurs aventures ne concernent pas toujours directement leur art, bien souvent ils apprennent des leçons de vie. Par exemple, dans Les collines de Malverne, le narrateur prend pitié d'une vieille enseignante et découvre que la vie en couple n'est pas aussi rose qu'il le croyait. Dans Nocturne, il apprend que la célébrité a ses couts.

Mais il n'y a pas que les protagonistes qui sont importants. Les personnages « de soutien », si on me permet cette expression plus propre au cinéma, apportent beaucoup. Je pense à Tony Gardner, ce cronner sur le déclin, qui n'est pas amer ni aigri malgré la célébrité qui l'abandonne petit à petit. Il a une attitude sage et humaine. Pareillement pour son épouse Lindy, qui revient dans la quatrième nouvelle, qu'on découvre moins superficiel qu'on ne l'aurait cru. Et que dire de la virtuose Eloise McCormack ? Ils sont tous touchants, vrai malgré leurs travers !

J'ai passé de très agréables moments à lire ces nouvelles. Je les recommande vivement.
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Lorsque j'ouvre un livre et que la magie extraordinaire des mots me propulse à des lieux, à des moments, à des odeurs et à des impressions de déjà vu, c'est alors une plénitude bienfaisante que je classerais dans les petits bonheurs gratuits de la vie.

Ces 5 nouvelles qui ont comme thème principale la musique m'ont renvoyé à une sensation très précise, celle de me lever à 5h du matin tous les lundis du mois de juillet pour me rendre à Les Aubes musicales à Genève.
C'est un rendez-vous magique, hors du temps, qui démarre à 6h du matin et où des groupes de musique viennent jouer au bord du lac Léman. Cet événement célèbre autant la sortie de l'obscurité que le retour de la lumière et de la chaleur, dans l'insouciance d'une journée à naître.
Quelques aficionados courageux se retrouvent pour déguster ce moment suspendu .

Le langage universel de la musique est comme un ciment de connexion sociale.

Dans Nocturnes, recueil composé de cinq nouvelles, l'auteur japonais naturalisé britannique fait bruiter personnages et décors autour de la musique, avec cette précision et cette rapidité exigée par le genre littéraire, sans que cela ôte pour autant la profondeur.

Passionné de musique, dans ce recueil les thématiques sont souvent liées au changement et à la difficulté de vivre dans un monde en constante évolution. 
Si le style d'Ishiguro est empreint de douceur et de calme, c'est pour mieux aborder les drames auxquels chacun fait face.

Ce recueil se picore comme des cartes postales qu'on aurait trouvé dans une vieille boîte dans un grenier, nous incitant à ouvrir grands les yeux sur le monde qui nous entoure.

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Je dois faire deux aveux.
Le premier c'est que je n'avais pas encore lu le Prix Nobel britannique d'origine japonaise - et oui on a tous des impasses - et c'était mon cas.
Le second est que j'ai commencé par ce recueil de nouvelles, trouvé dans ma Médiathèque, un peu par hasard, et que je dois avouer ne pas avoir été transportée.

Certes il y a un certain charme suranné dans ces cinq nouvelles d'un autre temps.

On y croise des couples, qui vont plutôt mal, des musiciens - connus et inconnus - et des lieux différents. Tous ont un lien avec la musique, soit qu'ils en vivent, soit qu'ils en rêvent, soit qu'ils en écoutent, tandis que le couple se défait dans une atmosphère de nostalgie et de mélancolie.
Je ne nie pas qu'elles aient un certain charme, mais je dois reconnaître que je suis restée sur le bord du chemin sans être embarquée réellement.
Je crois que cela arrive parfois - rien de grave au fond - et je pense que je réessaierais ultérieurement.

Je ne doute pas que "Les vestiges du jour" soit un grand livre (je suis fan de sa traduction en film avec Anthony Hopkins) et que Ishiguro soit un grand écrivain.

Mais ce sera pour une autre chronique - une autre fois.
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Petite déception avec ce recueil de nouvelles, d'un auteur dont j'ai beaucoup aimé les trois romans que j'ai lus.
Ces cinq nouvelles, organisées autour des mêmes thèmes - la musique, le couple en déliquescence - et le même type de personnages - un narrateur à la carrière qui ne décolle pas, un peu banal, des femmes à la personnalité ambivalente...- finissent par se confondre une fois le recueil terminé; elles sont construites comme des variations dont les dénouements sont systématiquement en queue de poisson.
C'est vrai que certains passages, surtout dans la première nouvelle où un homme se retrouve dans une situation complètement absurde parce qu'il a froissé la page d'un journal intime de son amie et qu'il essaie de cacher son acte, certains passages comme celui-ci donc m'ont bien fait rire, mais dans l'ensemble, je me suis un peu ennuyée et je trouve que ce livre n'est pas du tout à la hauteur de ce que Kazuo Ishiguro a pu écrire d'autre. Ces nouvelles sont beaucoup plus terre-à-terre que ses autres récits, nimbés de mystère. Dommage!



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Avec mélancolie, Kazuo Ishiguro décrit les instants fragiles où tout bascule. Les nouvelles de « Nocturnes » ont pour points communs le couple, le crépuscule qui reflète les renoncements des personnages, la musique qui fait écho aux subtiles variations des liens amoureux face au temps qui passe.

Certains passages, avec un humour mordant, décrivent des situations pathétiques. Ainsi cet ancien copain de fac qui se trouve pris au piège dans un traquenard conjugal et accepte de s'enliser en rentrant dans un jeu cruel. Un musicien talentueux qui n'arrive pas à percer peut-il accepter de refaire son visage aux frais de l'amant de sa femme, pour réussir ?

La quête intérieure de ces personnages qui n'ont pas réussi et s'accrochent à leurs rêves est subtilement décrite. Installez-vous donc à la terrasse d'un café à Venise, écoutez un orchestre de jazz en buvant un café et vous apercevrez peut-être une vieille gloire oubliée qui a enchanté votre enfance. A moins qu'une femme vienne à votre table pour vous faire une étrange proposition….

Kazuo Ishiguro avait déjà démontré son immense talent (« Les vestiges du jour », « Auprès de moi toujours ») mais il sait se renouveler et ses prochaines parutions seront très attendues.
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Donc cinq nouvelles sur la musique. Que ce soit celle d'un chanteur à succès en déclin, celle que deux amis appréciaient lorsqu'ils étaient étudiants, celle d'un guitariste qui cherche à percer avec son groupe puis se réfugie à la campagne…
Il est beaucoup question du succès bien sûr et de la difficulté à rester en haut de l'affiche lorsque l'on y est arrivé. Il ne faut pas hésiter à sacrifier ses amours, son visage…
J'ai été particulièrement interpellée par la dernière, Violoncellistes, dans laquelle un musicien débutant rencontre une virtuose qui lui propose des leçons. J'ai eu une réminiscence d'une nouvelle De Balzac un peu semblable mais concernant la peinture.
Même si Ishiguro nous laisse généralement sans réelle conclusion, libres d'imaginer la suite, je n'ai pas eu le sentiment d'être simplement spectatrice d'un moment de vie sans comprendre les tenants et les aboutissements, comme pour les nouvelles d'autres auteurs.
Un bon recueil tant pour le sujet que pour le traitement par l'auteur.

Challenge ABC 2015-2016


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Gros coup de coeur pour ce merveilleux recueil de nouvelles, emprunt d'une ambiance inimitable qui m'a tout de suite donné envie de découvrir plus avant cet auteur au ton si juste.

Comme son titre l'indique, les nouvelles ont en commun la musique à la tombée de la nuit, tantôt la musique est ici comme une réminiscence, un échos à la mémoire de l'âme. Apaisante, envoutant ou entêtante elle enveloppe le lecteur, à la fois unique et multiple, envoûtante et presque magnétique.

Entre Italie, Angleterre et Hollywood - On croise ici des mélomanes, des musiciens, des nostalgiques, des espoirs brisés, des amours et des vies rêvés qui rebondissent parfois d'une nouvelle à l'autre. L'écriture est belle, elle a une simplicité qui tend à la noblesse et instille le récit avec justesse et précision. Les émotions sont prégnantes, et on aime se laisser à imaginer un air de musique lointain, perdu dans la lumière tombante et oscillant entre le rose et le gris, la tête engourdie par la douceur des soirs d'été.

Crooner. Un chanteur américain dont la gloire passée s'éteint doucement est à Venise avec sa femme. Il se fait aborder par le narrateur, un jeune musicien étranger, issu d'un pays anciennement communiste (ce détail a son importance et nourri le côté décalé et naïf du personnage, par contraste avec le chanteur), qui fait les différents orchestres de la place St Marc. le crooner lui demande alors de l'accompagner à la guitare le soir, sur une gondole, afin de chanter à la nuit tombée sous la fenêtre de son épouse. Une chanson d'amour et d'adieu, pleine de souvenirs et d'émotions.

Advienne que pourra: Ou comment un homme de 47 ans ans, caricature du loser en train de rater ça vie, velléitaire né, est invité par son ancien meilleur ami - business man accompli - et son épouse, camarades de fac, à venir passer quelques jours chez eux à Londres. Cette invitation s'avère finalement être un traquenard. Son ami a en fait des problèmes de couple, et essaie de se servir de son hôte comme faire valoir afin de résoudre ses difficultés. Comment faire pour rendre service? Rester soi-même, et surtout ne pas parler musique. Délicieux moments burlesques.

Les collines de Malvern: Un étudiant anglais lâche ses études pour se dévouer tout entier à sa passion, la guitare. Ses pérégrinations au travers de Londres en vue de trouver un groupe restant infructueuse, il décide de partir pour quelques temps au vert, chez sa soeur, qui tient à la campagne un hôtel. Il rencontre à ce moment là un couple atypique de musiciens suisses.

Nocturne. Un talentueux saxophoniste a le malheur d'avoir un physique ingrat - une laideur banale, qui l'empêche de devenir aussi largement reconnu que certains de ses confrères - pourtant moins habiles. Son agent lui propose de booster sa carrière en se soumettant à quelques opérations de chirurgie. Cette idée, au départ saugrenue, fait pourtant son chemin. le départ de son épouse le fera basculer. Et le voilà, grâce aux deniers de l'amant de sa femme, dans une clinique privée huppée des hauteurs de Hollywood, avec comme voisine de chambre l'ex d'un célèbre crooner.

Violoncelliste: Sur la place Saint Marc, dans les orchestres décrits dans la première nouvelle. Un violoncelliste se produit. Un étrange musicienne vient à lui et commence à lui donner des leçons. Au fur et à mesure de celles-ci, le jeune musicien découvre des jardins cachés de son art, ouvre de nouvelles portes. Jusqu'à ce qu'il se rende compte que ce professeur était en fait un génie d'un genre bien particulier.

J'ai profondément aimé certes lire mais aussi ressentir ce livre. Un très joli moment de lecture que je me devais de partager avec vous :)
Lien : http://lelabo.blogspot.com/2..
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bizarre ....j'ai lu la premiere nouvelle et étais vraiment sur de l'avoir déjà lu....mais pas du tout la même sensation sur les autres ....
j'ai aimé ....on retrouve cette belle écriture simple, cette profondeur dans les personnages, tous normaux plutôt mais avec cette petite aspérité qui permet à l'auteur de construire une histoire....j'aime cet auteur ,j'aime les nouvelles, j'ai plutôt aimé le livre!
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J'ai un immense respect pour Kazuo Ishiguro, pour la subtilité sans pareille avec laquelle il décrit les absurdités du comportement humain autant que les ambiances délétères dans lesquelles ce comportement s'exprime. C'est donc avec enthousiasme que j'ai emprunté ce recueil à la bibliothèque, recueil dont la parution avait échappé à mon attention. J'ai apprécié ces histoires un peu loufoques aux personnages souvent exclus de la réussite sociale, même s'ils sont bourrés de talent. Certains sont si naïfs qu'ils en sont touchants, d'autres au contraire sont manipulateurs; mais, même si leur description frise parfois la caricature, tous sont attachants. le format de nouvelle, en ce sens, est un peu déstabilisant, laissant souvent le lecteur un pied en l'air: on aimerait savoir plus, comment ils s'en sortent... le recueil est cependant cohérent, les histoires étant comme les perles d'un même collier: indépendantes les unes des autres mais reliées par un fil commun.
L'humour un peu grinçant, l'absurdité des situations, l'écriture rappellent, dans une certaine mesure, les nouvelles de Roald Dahl (Bizarre, Bizarre ou Kiss Kiss), un autre anglais d'adoption.
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Un recueil de cinq nouvelles douces amères dont le fil conducteur est la musique. La musique comme vecteur permettant de lier des relations, transmettre ce qui ne peut plus être dit par des mots, apaiser les tensions... la musique comme un vecteur universel de communication entre les êtres humains, un homme et une femme, un musicien vers un auditoire.
On retrouve dans ces cinq nouvelles le style si brillant et si magnifique de Kazuo Ishiguro. Notamment la nouvelle intitulée "Advienne que pourra" qui se rapproche beaucoup du roman "l'inconsolé". Tous les personnages sont traités avec beaucoup de finesse et d'intelligence. Ils sont tous touchants dans leur désespoir de perdre leur amour, leur quête de reconnaissance, leur douce folie.
Le ton général de ces nouvelles que l'on retrouve dans les romans de Ishiguro et qui moi me fascine c'est ce léger décalage qui apparaît dans chaque histoire. Il y a toujours une faille, un biais, quelque chose difficile à comprendre, dont on ignore ou suppose les véritables raisons. Ishiguro nous laisse à chaque fois dans le questionnement et par sa petite musique marque le lecteur de ses interrogations.
Ces cinq textes sont remarquables et magnifiquement écrits
La lecture de ce recueil peut être une bonne introduction à l'univers d'Ishiguro pour une première découverte.
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