Le goût des retrouvailles, tome 2

Quand a commencé cette courte série, tandis que je tergiversais encore, je vous avais parlé d'un début fort encourageant. Je peux désormais vous dire que cela se confirme fort fort fort. J'ai adoré ce deuxième volume qui a frôle le coup de coeur !

Avec beaucoup de subtilité, Nozo Itoi revient sur les dynamiques familiales complexes de ses personnages pour un récit éminemment touchant et sensible. Ce que je prenais pas de l'étrangeté et de la froideur est en fait l'écriture de personnages tout en nuances, garnis de multiples couches qui les rendent vraiment différents de ceux à qui on est habitué et c'est ce qui rend ce titre si beau et émouvant.

J'ai été profondément touchée dans ce tome par la tendre et complexe relation qui commence tout juste à se tisser entre ce père et sa fille. J'ai adoré l'astuce dont fait preuve l'autrice en prenant son temps pour le mettre en scène et nous le raconter. Elle use pour cela de scènes à la tension scénaristique éculée mais qui ici prennent une teinte toute différente. de l'arrivée inopinée de la grand-mère à la disparition malencontreuse en forêt, tout cela n'est que prétexte à nous faire découvrir ce que cache les masques de nos héros.

En effet, le père et la fille sont deux faces d'une même pièce, une pièce ancienne et compliquée, très différente de celles simples et modernes que l'on connait habituellement. On se plaît à en apprendre plus sur le passé de cet homme à l'éternel sourire. On se plaît à voir les ressemblances qu'il existe entre son histoire d'enfant et celle de sa fille. L'autrice nous guide pas à pas en cela, sans jamais rien forcer. Elle montre les maladresses et erreurs de chacun, mais aussi ses craintes et ses aspirations, le tout avec beaucoup de bienveillance. On en vient ainsi à aimer cet homme à femme qui désirait tant une petite fille, et on s'attendrit devant les épreuves que celle-ci lui fait passer.

L'autrice croque comme rarement je l'ai lu les relations compliqués des enfants avec leurs parents. C'est plein de pudeur et de sous-entendus que le lecteur décryptera facilement mais qui donneront un shot d'émotions. J'ai ainsi apprécié de voir en fin de tome se mêler également l'histoire du colocataire forcé de Rutsubo : Masaharu, dont les parents ont aussi une histoire pas piquée des ronces. Et il en va de même pour la courte histoire indépendante qui clôt ce tome et qui raconte une histoire farfelue entre un père dans le troisième âge et une jeune femme se disant la réincarnation de son épouse disparue. Avec l'autrice, c'est toujours étrange et saugrenu mais parfaitement juste bizarrement. Ses histoires farfelues trouvent écho en nous, révélant des failles de notre société moderne.

J'ai ainsi frôle le coup de coeur avec cette suite toujours aussi émouvante d'un tranche de vie différent de ce que j'ai pu lire sur le thème des dynamiques familiales. Dans la veine cependant de ce qu'Akata a aimé proposé avec Goodnight I love you de John Tarachine ou Autour d'elles de Shino Torino, le goût des retrouvailles sort des sentiers battus et ose proposer une histoire familiale mature et pleine d'imperfections entre un père et une fille qui se découvrent sur le tard. On est fan !
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La série continue à être très touchante et en même temps très troublante. Elle nous montre des familles différentes, des choix de vie compliqués, en même temps c'est tout un défi à lire.
Certains personnages peuvent nous être antipathiques sur certains points mais ne le sont absolument pas sur tout. Quelque part ça nous pousse à réfléchir sur plein de choses de la société, à nous interroger.
Rutsubo est une jeune fille très attachante. Elle continue à soulever quelque chose d'assez unique et dingue, mais en même temps beau. Elle se souvient quand sa mère parlait avec elle dans son ventre. Tant de gens font cela, mais pourtant qui en réellement des souvenirs ? C'est aussi le seul moment où Rutsubo a pu connaître sa mère. Rutsubo et son "père" continuent à s'apprivoiser, passer du temps ensemble, développer leurs relations. La visite de la grand-mère de Rutusbo nous montre un autre visage de la jeune fille et déclenche de nouvelles choses.
Est-ce que Rutsubo peut lui pardonner ? A quelle(s) condition(s) ? Quel avenir pour eux ?
En même temps, Shima est assez particulier sur sa manière de faire, d'avoir des relations, et cela depuis qu'il est enfant. Il a eu pas mal de difficultés avec les femmes, des maladresses, mais cette petite femme de 9 ans, c'est une relation à vie. C'est encore un enjeu différent, auquel il peut nettement moins échapper et faire des dégâts.
C'est avec pertinence que des pans du passé de Shima se dévoilent à nous, y compris dans son enfance. de même pour Eri, la maman, quand Rutsubo était dans son ventre, quand elle même était enfant.
De plus, le scénario sait être renversant, surprenant, nous prendre au dépourvu. Nous allons également en apprendre plus sur le squatteur : Masaharu Shôji.
Ce n'est pas le dernier chapitre qui va contredire cela, lui aussi nous proposant quelque chose de très original.
En même temps, cela fait réfléchir sur la liberté, la famille, la carrière, etc.
Une série qui vaut la lecture et la découverte, qui ne laisse pas indifférent, nous déstabilise, interroge des choses plus profondes, et nous montre des familles différentes avec des fêlures. Ainsi, elle interroge également le pardon.

Rutsubo et son père accueillent la grand-mère maternelle de Rutsubo et tentent de lui faire croire à une entente parfaite. Rutsubo lutte avec ses sentiments envers son père qui a tenté de s'adapter à son rythme depuis son retour. Deux autres personnages, Masaharu et Himeko, ajoutent de la complexité à l'histoire. le père, Shima, malgré ses défauts, cherche à reconstruire sa relation avec sa fille de manière tendre. La qualité d'impression et le dessin du manga sont loués pour adoucir un récit émotionnellement intense. Ce tome reçoit une note de quatre étoiles.
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Le fossé nettement visible au tome 1 se remplit petit à petit comme les liens entre père et fille se créent avec pudeur et retenue. C'est un titre très touchant avec de la tendresse, de la peur et de l'attente. J'aime beaucoup beaucoup. Il y a beaucoup d'humanité et de réalisme dans ce manga. le flashback retraçant la rencontre d'Eri la maman et donc Shima le papa, ici dans ce tome est un excellent choix scénaristique. J'ai dévoré le tome et me suis jetée dessus malgré ma pile de mangas en attente déjà conséquente, oups...

"Le goût des retrouvailles" tome 2 poursuit avec la visite inopinée de la grand-mère maternelle de Rutsubo, désireuse de voir comment s'en sortent sa petite-fille et Shima, le père de cette dernière, dans ces retrouvailles bancales. Cette rencontre sera le moment pour le lecteur comme pour le père de Rutsubo de comprendre que les secrets occupent également la vie de la grand-mère de sa fille, qui comme lui, n'aura pas réellement connu sa fille mais aura vu débarquer par surprise la petite Rutsubo dans sa vie. Dans ce deuxième tome, nous avons également l'occasion de découvrir des parallèles entre l'enfance de Shima et celle de sa fille.

Ainsi, Nozo Itoi nous amène à plonger un peu plus dans le passé, le quotidien et les pensées des personnages. A l'aide d'un certain dramatisme, heureusement léger, j'ai été encore plus investi dans les échanges entre Shima et Rutsubo, qu'ils se limitent à des regards ou non. En tant que lecteur omniscient, je me suis senti proche des deux parties et puis, on voit et lit leur désir mutuel, mêlé de peur, de se rapprocher, de s'autoriser au pardon et à l'amour. Toujours très touchant, j'attends maintenant la suite et fin de cette série.