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4,11

sur 891 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Roman d'une remarquable intensité émotionnelle.
Comment raconter l'indicible souffrance de deux soeurs,
dont l'une d'elles mourra en martyr. Ivan Jablonka nous
plonge dans ces vies massacrées dès l'enfance , par
une enquête détaillée de cet horrible fait 'divers'.
Il nous transmet son empathie, son amour pour ces
deux jeunes filles et l'on voudrait partager avec lui ses
rencontres remplies d'humanité avec tous ceux qui ont
connu ces jeunes filles . On les aime aussi ces copains
avec qui Laetitia correspondra pas sms jusqu'au dernier
moment, on les aime ces enquêteurs qui travaillent sans
relâche pour que la vérité soit faite, ces Magistrats qui oeuvrent pour que justice soit rendue.
Pas de voyeurisme dans ce récit mais une compassion
empreinte d'une incroyable intensité.
Je les aime aussi, Laetitia et Jessica.

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L'auteur, un historien & sociologue nous livre içi un récit & un essai magistral sur le fait divers, son utilisation politique ( je ne reviendrai pas dessus car Sarkozy ne le mérite pas)mais aussi sur les populations péri-urbaines ( comme il faut les dénommer), sur le travail phénoménal de la Justice, de la Police & de l'ASE.

Laetitia était avant tout une jeune fille qui aurait pu être comme les autres si la vie lui avait souri! Jessica, sa jumelle, est un exemple de résilience dans un monde qui ne lui a pas toujours donné toutes les cartes pour s'y retrouver.
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En janvier 2011, Laetitia Perrais a été assassinée sauvagement puis dépecée par un multirécidiviste violent Tony Meilhon qui n'avouera jamais son crime et refusera de dire aux enquêteurs où il a caché le corps de la victime.
Superbe récit que ce Laetitia.
Yvan Jablonka alterne des chapitres consacrés à la courte vie de la jeune fille assassinée à 18 ans et ceux consacrés à l'enquête, aux procès et à l'emballement médiatique qui a entouré cette affaire.
Bien que très loin de l'univers pauvre aussi bien matériellement qu'intellectuellement où a grandi Laetita (l'auteur est historien, parisien, cultivé, issu de la bourgeoisie), le portrait d'Y.Jablonka est empreint de délicatesse et de bienveillance.
Il ne porte pas de jugement de valeur mais au contraire montre beaucoup d'empathie à l'égard de son héroïne et de sa soeur jumelle Jessica.
Laetita aura toute sa vie été victime des hommes : un père biologique violent et défaillant, un père d'accueil qui profitait de ses fonctions pour abuser sexuellement des jeunes filles confiées par les services sociaux, son meurtrier et pour finir un président de la République qui profitera de ce fait divers atroce pour de bas intérêts électoralistes.
Le récit est vraiment bouleversant, mais il est également extrêmement pédagogique : comment fonctionnent les services sociaux, une procédure d'assistance éducative devant le Juge des Enfants, un suivi par le SPIP, comment se déroulent une enquête criminelle ou un procès d'assises. Tout est pertinent (je peux en témoigner ayant quelques connaissance en la matière). C'est aussi un bel hommage aux juges d'instruction, aux enquêteurs et aux avocats, à tous ceux qui tant bien que mal, malgré les coupes budgétaires, essayent de faire correctement et dignement leur travail.
A contrario, la récupération politique qu'a tenté de faire Nicolas Sarkozy apparaît bien misérable.
Les portraits du meurtrier et du père d'accueil, Monsieur PATRON, sont terribles et sans appel.
C'est un bel hommage aux femmes meurtries par la domination et la violence de certains hommes.
Je dois avouer que quelques larmes m'ont échappé en finissant le livre.
Vraiment magnifique.
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Autopsie d'une tragédie sociale

"Les contours de la littérature française sont-ils en train de se redessiner, bousculés et dérangés par la vitalité des sciences sociales ?" se demande Juliette Cerf dans Télérama, à propos du dernier livre d'Ivan Jablonka, "Laetitia ou la fin des hommes". Ça me fait penser à cette dédicace qu'Annie Ernaux m'a écrit en première page de son livre, Mémoire de fille : "Pour Stéphanie, par compréhension de ce qu'apporte la sociologie à la littérature".
L'affaire Laetitia, 2011. Je n'en ai d'abord pas de souvenir. L'évocation du nom de Tony Meilhon me rafraichit un peu la mémoire. Meurtre sordide. Point. Je n'ai plus les détails, je ne situe même plus l'histoire dans sa géographie, celle qui m'est pourtant proche puisqu'elle s'est déroulée à quelques dizaines de kilomètres de chez moi. Une zone côtière de l'Atlantique que j'associe à l'été, au plaisir des ballades en bord de mer.
Or, Ivan Jablonka va me replonger dans l'affaire de ce féminicide en me livrant page après page l'autopsie d'une tragédie sociale. Et là après l'intérêt de côtoyer de plus près des personnages que j'ai eu l'occasion de rencontrer ici à Nantes, dans la ville où je vis et travaille, une avocate, un procureur…Après l'intérêt de vivre de l'intérieur l'expérience d'une enquête criminelle, ses méthodes, ses tensions, les réflexions de ses différents protagonistes, arrivent successivement une colère sourde et une infinie tristesse face à l'impitoyable description de ce destin où les déterminismes psychosociologiques n'auront de cesse d'anéantir les élans, l'énergie, le courage, l'envie de vivre et de s'en sortir d'une jeune fille , Laetitia Perrais, née le 4 mai 1992 à Nantes et morte à 18 ans près de Pornic, sans que l'on arrive précisément à situer le lieu du décès .
On peut invoquer toutes les sirènes de la méritocratie, rejeter la sociologie de Bourdieu, je ne vois pas comment on peut nier après cette lecture le déterminisme social à l'oeuvre dans les trajectoires de vie. Comme l'écrit Ivan Jablonka: "L'affaire Laetitia révèle le spectre des masculinités dévoyées du XXIème siècle, des tyrannies mâles, des paternités difformes, le patriarcat qui n'en finit pas de mourir […] "Comprendre ce que Laetitia a fait et ce que les hommes lui ont fait, n'est pas sans rapport avec la démocratie".
Alors oui, j'ai pleuré vers la fin du livre mais ce que j'ai aimé et ce que je vais retenir, c'est l'humanisme de cette écriture qui rend admirablement sa dignité aux victimes de ces tragédies sociales. Un humanisme qui appelle à poursuivre sans relâche, le combat pour l'égalité et la lutte contre les violences faites aux femmes.
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Laëtitia ou la fin des hommes' c'est l'histoire d'un fait divers sordide qui a bouleversé la France en 2011.
Laëtitia Perrais est retrouvée dépecée au fond d'un lac, elle avait 18 ans. Son bourreau n'est autre qu'un multirécidiviste extrêmement dangereux tout juste sorti de prison.

L'écrivain et historien Ivan Jablonka nous livre une étude brillante sur une société capable d'engendrer de tels monstres.

Ivan Jablonka évoque les faits liés au crime de Laëtitia et établit un inventaire effrayant de l'état de la société française.

Une lecture parfois glaçante mais utile pour s'interroger sur les travers de notre société.
Un remarquable état des lieux de la France.

L'oeuvre d'Ivan Jablonka est remarquable de justesse et ne tombe jamais dans le voyeurisme.

Une écriture pleine d'empathie et de bienveillance à l'égard de Laëtitia et de sa jumelle Jessica, victime elle aussi de la cruauté des hommes.

Un document puissant qui, à la fois, émeut le lecteur et l'interroge sur le monde.
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A partir d'un fait divers atroce et pourtant bien réel (le meurtre de Laëtitia Perrais en 2011), Ivan Jablonka tente de dresser le portrait de ces personnes délaissées dès l'enfance et qui deviennent soit coupable soit victime; comme si les fées du malheur s'étaient penchées sur leurs berceaux.
L'auteur nous permet de revivre en temps réel l'attente éprouvante des proches de Laëtitia depuis la nuit de sa disparition jusqu'à la découverte, en deux temps, des membres de son corps supplicié. Il analyse également l'appropriation politique de l'affaire par le gouvernement de l'époque qui a débouché sur une manifestation des magistrats, vexés d'être ainsi remis en question sur leurs pratiques de travail.
La plume d'Ivan Jablonka est très factuelle mais porteuse d'une empathie profonde.
On ressort de ce récit troublé, ému.
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Grâce à un petit mot de Jérôme Garcin, en fin d'émission du Masque, j'ai eu envie de découvrir ce livre.

Vous avez peut- être déjà oublié Laëtitia Perrais, jeune fille placée en famille d'accueil, avec sa jumelle Jessica, après une enfance massacrée- mère dépressive et père affectueux avec ses filles mais brutal avec leur mère, foyer, et....famille d'accueil- ?

Sa route croise, un triste jour de janvier, celle d'un criminel récidiviste, brutal, violent, mais pas encore un assassin. L'alcool, la drogue, la frustration et la haine le font irrésistiblement partir en vrille : il va la tuer, la dépecer, éparpiller son corps martyrisé dans les étangs du pays de Retz

Le pays de Gilles de Retz , le terrible Barbe-Bleue. Tout un programme.

Encore un fait divers, me direz-vous, avec une mine un peu dégoûtée. Ce n'est pas de la littérature !

D'abord, écrit Ivan Jablonka , historien et sociologue plus que romancier et auteur de nombreux ouvrages savants , « un fait divers n'est jamais un simple « fait » et il n'a rien de « divers » ». Il « peut être analysé comme un objet d'histoire » car « il dissimule une profondeur humaine et un certain état de la société : des familles disloquées, des souffrances d'enfant muettes, des jeunes entrés tôt dans la vie active, mais aussi le pays au début du XXIème siècle, la France de la pauvreté, des zones périurbaines, des inégalités sociales. »

Ce n'est donc pas un récit linéaire , c'est encore moins un roman, et c'est beaucoup plus qu'une enquête: c'est une interrogation profonde, pertinente, et décapante sur l'espace de liberté que nos sociétés inégalitaires, machistes et sur-médiatisées laissent aux petites filles pauvres pour se soustraire à un destin tout tracé de victimes, et sur celui qu'elles laissent aux hommes de bonne volonté pour faire l'exacte lumière sur les actes et les êtres, et pour exercer la justice malgré des pressions populistes émanant du pouvoir lui-même.

Ivan Jablonka a voulu rendre justice aux unes et aux autres, redonner une place à ces humbles enfants battues, ballotées et martyrisées, et montrer l' obstination et la farouche indépendance de ces discrets travailleurs de l'ombre, gendarmes, juges d'instruction,avocats, travailleurs sociaux, à l'écoute des drames énormes de ces vies minuscules.

Que de prédateurs dans cet assassinat sordide : l'assassin lui-même, bien sûr, mais aussi le père biologique, histrion alcoolique et sentimental (mais auteur de brutalités conjugales) , le père d'accueil, vrai Tartuffe et s'avérant, après l'affaire et sa sanctification en père idéal par l'Elysée, un prédateur sexuel sans scrupule qui a honteusement abusé de ses nombreuses « filles » de passage, et, pour terminer, le président de la République, Nicolas Sarkozy lui-même, instrumentalisant l'affaire comme à son habitude pour faire monter la mayonnaise sécuritaire et durcir encore la législation pénale. « Un fait divers, une intervention publique. A chaque crime, sa loi. Un meurtre vient « prouver » les failles du système pénal existant ; la loi qui y fait suite doit « couvrir » tous les crimes à venir". Ce président n'hésite pas à accuser la magistrature de laxisme, à fausser les faits, à forcer les rôles, provoquant , en Bretagne et ailleurs, une fronde des juges sans précédent. Pauvre Laëtitia, « démembrée par un barbare, récupérée par un charognard » titrait Charlie Hebdo…

Pour résumer, dit Jablonka, la mort de Laëtitia est un véritable féminicide : une petite jeune fille de 18 ans en butte aux quatre figures du prédateur machiste : le Caïd toxico et dangereux, le Nerveux imbibé, le Père-la-Morale pervers et le Chef qui joue les « puissances invitantes », « quatre cultures, quatre corruptions viriles, quatre manières d'héroïser la violence »


L'auteur va même jusqu'à se mettre lui-même en accusation, conscient qu'il est lui aussi un homme, après tout, et même une sorte de disséqueur de cadavre et que son livre,qui jette en pâture au public la vie trop brève de Laëtitia, pratique lui aussi sur la jeune fille une forme de violence. Il entreprend avec une grande lucidité son autocritique ainsi que celle du fait divers en tant que tel, et dénonce avec vigueur les « couples » écrivain-criminel célèbres, de Genet-Pilorge à Carrère-Romand.

Il faut, dit-il, que toute la fascination provoquée par le fait divers aille cette fois à la victime.

Car cette analyse sociologique et politique n'est pas seulement intelligente et convaincante, elle est aussi tendre, empathique, bouleversante: l'auteur fait revivre la figure timide de la petite serveuse, sa vie ébauchée, son essor interrompu, avec un très grand respect, une infinie douceur, une grande justesse.

Laëtitia recouvre son intégrité, et le fait divers, dans un tel ouvrage, ses lettres de noblesse.

Un livre formidable de profondeur, d'humanité et d'intelligence. Je recommande plus que chaudement !!

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