Une fable très courte et réussie.
Dans un avenir plus ou moins proche, dans un monde qui continue sa transformation, deux membres d'un groupe musical (les instruments, la musique ne sont bien entendus plus les mêmes ni la façon de jouer, qui met en jeu tout l'instrumentiste, et la rencontre des corps, des peaux) et l'irruption de ce qui ressemble fort à quelque chose d'oublié, l'amour, les relations personnelles qui se voudraient exclusives, et la jouissance maintenant interdite, comme l'attachement. La recherche aussi, scientifiquement, de recréer le ressenti.... En un temps où chacun est multiple.
Et avec l'irruption de l'amour, celle de la solitude, etc... et sa nécessité.
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Je tiquais, même si je ne pouvais m’empêcher de ressentir une décharge de plaisir vaguement répréhensible. Oui, je la sentais me picoter du côté de l’estomac et voilà qu’elle se propageait vers le bas du ventre. Oui, c’était indiscutable. Un plaisir acidulé que je n’avais pas appris à connaître m’avait encore investi. Il fallait que je le sonde pour savoir si je pouvais lui laisser prendre prise ou le briser impitoyablement. Avec cette aigreur caractéristique, je devinais qu’il appartenait à ces fruits défendus. Un poison lent et délicieux qui n’apporterait à terme que décomposition.
Deux forces violentes qu’on apprenait à maîtriser. La force de la mémoire et la force de l’oubli. Apprendre était déjà difficile. Apprendre à oublier nécessitait encore plus d’énergie. Mais c’était la règle fondamentale qui avait permis au monde de faire un bond prodigieux, de se débarrasser de tous ces appareils fantastiques du passé, juges, tribunaux, et toutes les administrations sur lesquels juchait le monstre froid qu’avait été l’État.