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3,71

sur 603 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
La démarche de Philippe Jaenada est désormais connue, et très appréciée. Pour avoir lu avec grand intérêt La Serpe, je me suis lancé dans la lecture de ce Au Printemps des monstres. Une somme, encore une fois, 750 pages – il m'a fallu dix jours à raison d'une heure et demie (au moins) par jour.
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Jaenada brille avant tout par la construction de son livre. Surtout, lectrices et lecteurs, ne vous documentez pas sur l'affaire Lucien Léger avant d'ouvrir ce livre. Ce serait dommage tant l'auteur sait mettre en scène son propos. Pour ma part, j'en ignorais tout, aussi ai-je découvert avec effroi l'hystérie médiatique déclenchée par ce drame (le meurtre d'un enfant de 11 ans) datant de 1964.
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Après l'exposé de l'affaire telle que l'on vécue les Français à l'époque, Jaenada reprend le déroulé des faits et les passe au crible de sa sagacité. Et l'on se rend compte que tout le monde – journalistes, grand public, policiers, juge d'instruction, cour d'assises – s'est limité à une seule vision, au point d'ignorer tout le reste. Déclaré coupable, Lucien Léger passera alors plus de 40 années en prison.
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L'examen détaillé de tous les protagonistes de l'affaire révèle des attitudes, questions, comportements tous aussi effroyables les uns que les autres. Et Jaenada en arrive à son intime conviction, que je n'évoque qu'en version "masquée" pour ne pas gâcher le suspense.
Si je n'ai attribué que 3 étoiles à ma lecture, c'est en raison d'une (relative) déception. le talent de Philippe Jaenada n'est pas en cause. Il brille toujours de tous ses feux, et la lecture ne demande guère d'efforts, si ce n'est de l'attention, tant les personnages et les faits sont présentés avec clarté et méthode, toujours agrémentés de notations personnelles – quoique beaucoup moins nombreuses que dans ses enquêtes précédentes. Il poursuit son chemin de “détective littéraire” avec un soin maniaque qui force l'admiration.
Je terminerai par une pirouette : j'avais énormément apprécié un autre de ses livres, La Grande à Bouche molle, aux antipodes de ce Printemps des monstres : un roman, relativement court, improvisé, drôle… Bref ! Une lecture hautement récréative, à enchaîner avec celle du Printemps des monstres si vous souhaitez rester “avec” l'auteur dans un tout autre registre.
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S'il n'avait été écrivain Philippe Jaenada aurait pu être juge d'Instruction ! son étude extrêmement fouillée ,sa recherche du moindre détail, pour tenter d'élucider les circonstances du meurtre du petit Luc Taron, auraient sans doute permis à la justice d'éviter une erreur judiciaire et Lucien Léger éviter la prison à vie .
Il ne faut pas avoir le moral en berne pour lire ce livre ,l'atmosphère est des plus glauque , la plupart des personnages comme l'indique le tître ressemblent à des monstres et qui plus est c'est long ,très long ! mais au final très intéressant ,surprenant, qu'un écrivain soit capable de faire ce travail de fourmi.
L'ambiance des années 1960 est parfaitement restituée , l'auteur retrace la vie de maints personnages ,décédés ,oubliés, qui a un moment donné ont peut-être croisé les protagonistes de cette affaire.Leur passage sur cette terre n'est donc relaté que dans cette biographie qui les fait un peu revivre .
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De philippe Jaenada, j'ai lu avant ce dernier texte, deux romans : "La petite femelle" et "La serpe". En lisant ce nouvel écrit, j'ai eu la sensation que Jaenada avait repris le flambeau (dans un autre style certes) du roman fonctionnel dit "true crime" qu'a inauguré Truman Capote avec "De sang froid".
Ici, Jaenada nous plonge dans une affaire datant des années 60 (les meilleurs années; d'ailleurs, Jaenada partageons un point commun : nous sommes nés touts les deux à St Germain en Laye à la Clinique Louis XIV, mais à deux ans de distance) : la disparition puis la découverte dans un bois d'un enfant de 11 ans, Luc Taron et d'un coupable "L'étrangleur" alias Lucien Léger qui a passé 40 ans de sa vie en prison sur une succession de boulettes, mensonges, inadvertances, contre-vérités, qui laissent pantois.
Jaenada arrive dans un contexte distancé (60 ans se sont écoulés depuis les faits) pour reprendre l'affaire avec le ton qui a l'air très foutraque, mais en fait est très organisé et sérieux qui est le sien.
L'auteur, tandis qu'il remonte ses filets des pêches judiciaires, sociales, administratives de l'affaire de l'Etrangleur (à Londres, ils ont eu "the ripper", à Paris, c'est "the strangler" : l'étrangleur, ça pète moins quand même), nous raconte son quotidien très médical depuis quelques temps (j'espère qu'il se soigne très sérieusement), nous parle très peu de la pandémie (merci, sauf sur quelques notes de fonds de cour), nous amuse, nous fait rire (pourtant le fait-divers n'est pas drôle). Jaenada arrive à rendre vivants les acteurs de cette histoire et tente de découvrir une ou des vérités sur l'imbroglio de cette histoire et les nombreux monstres qui la composent (et ne sont pas forcément "l'Etrangleur").
Juste un petit bémol, mais je n'aime pas ajouter des bémols à une partition que je ne saurais jouer : bon je me lance, quelquefois, j'ai un peu fatiguée dans la lecture, car je ne savais plus où j'en étais. Mais, sinon, Monsieur Jaenada continuer à écrire, je continuerais à vous lire entre San Germanois, on se comprend.
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Ayant lu avec passion La Petite femelle et La Serpe, je me suis plongée avec impatience dans le dernier livre de Philippe Jaenada, Au printemps des monstres, qui dissèque l'affaire du meurtre du petit Luc Taron. Si les débuts sont prometteurs (récit des faits selon la version officielle, retour sur des personnalités plus obscures qu'elles ne le semblaient de prime abord, découverte de pièces contredisant le récit officiel), on se perd un peu vers la deuxième partie du livre. le rythme s'essouffle, les détails s'accumulent sans nécessairement qu'une direction se dessine.
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PJ se plonge dans l'affaire Luc Taron un enfant retrouvé assassiné dans la forêt de Verrière qui a défrayé la chronique en 1964. Un « malade » inonde les médias, la police et les parents de revendications démentes signés « L'Etrangleur », les mots choisis sont ignobles et cruels. Il s'agit de Lucien Léger qui se fait arrêter bêtement quelques semaines plus tard, il revendique le meurtre avant de se rétracter juste avant le procès au cours duquel il est condamné, il échappe à la guillotine mais sera enfermé plus de 40ans, un record ! PJ décortique dans le détail cette affaire pleine de zones d'ombres, il analyse les témoignages, enquête sur les histoires cachées de tous les protagonistes, constate qu'ils ont des passés troubles : le père est un escroc, la mère une femme de petite vertu, l'ami soit disant sorti des camps de concentration héro de la résistance était en fait un collabo actif, etc … La police, la justice ayant trouvé un coupable idéal n'ont pas poussé leurs investigations alors qu'il y avait matière. Tout laisse à penser que LG, même s'il est impliqué d'une manière ou une autre, n'est pas le véritable meurtrier.
C'est un travail de fourmi que nous livre PJ qui met en évidence les carences de la police et de la justice, la faute des avocats. C'est intéressant mais trop c'est trop, il est inutile de nous infliger dans le menu tous les détails secondaires, heureusement que PJ parsème son texte de pointes d'humeur mais ce n'est pas suffisant pour faire passer la pilule, 300/400 pages auraient certainement suffi pour nous tenir en haleine et faire passer les messages. Dommage.
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J'ai dévoré les 750 pages du dernier livre de Philippe Jaenada « Au printemps des monstres » et je ressors de cette aventure avec une double impression de malaise .
Tout d'abord, un malaise à propos de l'affaire Taron, identique à celui éprouvé à propos de l'affaire Girard, qui est l'objet du précédent livre de l'auteur « La serpe ». C'est celui que provoque l'accumulation des erreurs, omissions, biais, mensonges, etc. dans l'enquête judiciaire. La presse, malgré quelques exceptions, n'en sort pas grandie : le sensationnalisme l'emporte sur toute autre considération et pour soutenir l'intérêt des lecteurs de journaux, les reporters sont prêts à écrire n'importe quoi. Que les magistrats, les avocats, les policiers, les gendarmes, les experts se laissent aller à oublier leur mission de recherche de la vérité au profit d'une instruction presque constmmant à charge est à la fois stupéfiant et effrayant. Dans l'affaire qui occupe Jaenada dans « au printemps des monstres », c'est d'autant plus terrifiant qu'il y a un homme, Lucien Léger, qui a été condamné pour ce meurtre, qui a passé 41 ans en prison (« le plus vieux condamné de France »), qui est mort trois ans après sa libération conditionnelle enfin accordée et qui, c'est au moins la thèse de l'auteur, n'est probablement pas l'auteur principal du crime même s'il a reconnu être l'Etrangleur.
Ensuite, un malaise à propos de la méthode employée par l'auteur. Je ne parle pas bien entendu de la manière dont il refait l'enquête et alimente le lecteur d'une profusion de détails (même si je ne suis pas sûr que le prénom du professeur de guitare, dans le cours duquel Lucien Léger a rencontré Douchka, soit indispensable...). Je parle des fameuses digressions, qui sont l'une des particularités de cet auteur. Si certaines rêveries, devant les lieux où se déroule une partie de la vie de certains protagonistes, sont plaisantes à lire et participent de l'atmosphère que l'auteur s'efforce de restituer, je ne suis pas certain qu'il en aille de même, par exemple, de ses rendez-vous chez le dentiste ou de la texture des seins de l'infirmière-anesthésiste. Que pèsent ces notations personnelles à côté de l'enquête ou des 41 ans que Léger a passé en prison ? Bref j'ai trouvé ça gênant voire déplacé.
L'auteur peut être remercié de remettre sur le devant de la scène une affaire judiciaire qui cumule les erreurs, j'aurais aimé simplement un peu plus de concision.
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Beau travail de journaliste à la manière de Capote pour ce nouveau livre de Jaenada, gros travail d'investigation et de recherche avec des parenthèses qui allègent le texte.Mais vraiment trop long, plus de 700 pages (le nombre ne m'a jamais fait peur mais ça dépend quand même du livre) on a parfois l 'impression de relecture .Dommage !
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Philippe Jaenada se replonge dans un fait divers qui a défrayé la chronique pendant plusieurs décennies. Comme à son habitude, des digressions sur son travail de recherche mais également sur sa vie personnelle (et ses soucis de santé) émaillent le récit.
Enquête extrêmement fouillée qui semble réhabiliter Lucien Leger, "le plus ancien détenu de France".
On croise une multitude de personnages bizarres, malveillants, qui ont trempé de près ou de loin dans cette affaire. Quel secret voulait garder Lucien Léger en s'accusant du meurtre du petit Luc Taron? C'est ce mystère que tente d'éclaircir l'auteur dans ce pavé de plus de 700 pages.

C'est intéressant bien sûr, très prenant, et l'on admire le travail titanesque de Jaenada.
Cependant, à un moment j'ai plus ou moins décroché et n'avais qu'une hâte, terminer ce bouquin. Bref, c'est très bien mais un peu indigeste au final, donc un sentiment mitigé...
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          Philippe Jaenada a trouvé un excellent filon: il reprend une affaire policière sordide, pas très claire, de la France des années 50, il la triture, il la mouline.... et naturellement il arrive à des conclusions différentes du jury d'alors. 

          Là, sur le plan du sordide, on est servis: l'assassinat du petit Luc Taron par Lucien Léger, qui va, avant d'être démasqué, inonder la famille Taron et les différents media de lettre immondes signées l'Etrangleur. le jour où on va l'identifier (car en plus le fanfaron n'est pas très malin), sa version change: c'est pas lui! il n'a tué personne! c'était juste pour rigoler! Et il invente un complot extravagant avec filière de l'OAS à laquelle aurait appartenu Yves Taron, un règlement de compte pour un détournement de fonds.... interviennent des personnages imaginaires -on n'a jamais pu avoir une preuve de leur existence-, un certain Molinaro par exemple. Il y a aussi, dans tous ses délires (en plus, ça change à chaque audition) Jacques Salce, qui lui existe bien, prof de psycho qui a inventé la graphométrie, ou graphologie scientifique, faux résistant mais vrai collabo (d'après Jaenada), qui avec son épouse Marie-Madeleine Fourgheon (qui, elle, a vraiment été AFAT pendant la guerre, puis secrétaire au tribunal de Nuremberg) constitue une importante collection d'objets d'art asiatiques qu'ils légueront à un musée de province (certains même pas déballés depuis la salle de vente, d'après Jaenada); toujours d'après le même, ils vivaient dans un studio sordide avec douche sur le pallier. On se demande comment Marie-Madeleine aurait pu vivre cinquante ans avec un salaud pareil.... et comment Salce a pu être estimé dans certain milieu universitaire. 

          Léger d'en démords pas: c'est un complot, il connait l'assassin, mais il se refuse le dénoncer car on ne dénonce pas un ami....

          Mais, d'après Jaenada, tous des monstres (sauf naturellement Lucien Léger l'innocent). On commence par Maurice Garçon, qui après s'être déchargé de l'affaire sur son fils, l'abandonne en rase campagne; mais surtout, qu'est ce qu'elle reçoit, la famille Taron!! Suzanne, la mère, bourgeoise distinguée, se serait prostituée et aurait vécu grâce à la générosité de papys fortunés avant sa rencontre avec Taron. Quant à lui, escroc notoire, spécialiste dans le montage foireux de sociétés éphémères, pesant de l'opulence à l'indigence, il aurait fait partie de réseaux d'extrême-droite aux agissements crapuleux . Mais il n'a jamais été contacté par l'Etrangleur pour payer une rançon qu'il aurait refusé de payer, Jaenada le reconnait. A part ça: Suzanne et Yves, couple de monstres.

          La première partie (le fou), où Jaenanda reconstitue par le menu l'affaire, tout en l'intercalant comme il en a l'habitude, et de façon des plus divertissante, avec la saga de ses ennuis de santé -dus pour la plupart à une hygiène de vie qu'on qualifiera de .... négligée- se lit avec passion. Quant à la seconde partie (les monstres) où l'auteur prétend nous démontrer que Léger était forcément innocent, que c'est une erreur judiciaire, en entrant dans ses délires auxquels il prête un certain crédit (et si Molinaro avait bien existé, hein?) elle devient vite aussi étouffante qu'un sandwich au pain dur. 

          Enfant d'une famille peu reluisante, après de multiples métiers le voilà élève infirmier, Léger. Autodidacte, il lit beaucoup, et de la littérature des plus savantes, tant des classiques que des contemporains; d'ailleurs il écrit bien. On peut dire qu'il est parvenu à être un homme cultivé. Il écrit même des poèmes.... En tous cas, au vu des délires qu'il invente, il aurait mieux fait de se lancer dans l'écriture de romans d'espionnage, plutôt que de faire le corbeau...

          La dernière partie, c'est l'histoire de Solange, son épouse. A peu près aussi acadabrantesque que celle de Lucien. Fille d'une souillon, elle est vite recueillie par l'Assistance et a la chance d'être placée chez de bonnes gens, qui la traitent comme si elle était vraiment de la famille. Ce n'est donc pas une victime de la vie, comme Jaenada tente de le faire accroitre. Mais elle devient accro aux tranquillisants et aime bien se faire interner.... Ses premières rencontres avec Lucien se soldent par un quasi viol où il lui serre le kiki. Mais de toutes façons, ni l'un ni l'autre ne sont très portés sur  la chose. Pourtant, ensuite, dès qu'il seront séparés, ils s'enverront des lettres à l'eau de rose, "mon petit chou", "mon petit mari chéri, je rêve que tu me serres dans tes bras", etc....  Jolie brune à l'air effronté, aux coiffures souvent extravagantes, coiffure à la Cléopatre sur la couverture du volume; très maquillée, surtout les yeux. Quand Léger est arrêté, elle le pense coupable, et ça ne semble pas la gêner du tout. Drôle de fille. Elle raconte que, ado, elle avait pris beaucoup de plaisir à voir une chatte dévorer des lapereaux nouveau-nés. Qu'elle distribue un par un pout bien faire durer le plaisir. Pour Jaenada, c'est juste une petite lubie d'ado qui veut faire l'intéressante. Pas pour moi. Je vois plutôt un couple de pervers se nourrissant l'un de l'autre...

          Finalement, le meilleur livre de Jaenada aura été La Serpe -fascinant roman. Depuis qu'il veut jouer à celui qui est pour tout ce qui est contre, et faire des criminels (pervers narcissiques comme la Pauline Dubuisson) des anges persécutés par la société, et qu'il se lance dans des arguties filandreuses pour étayer ses thèses, le tout drôlement entrecoupé d'histoires de kystes, il devient lourd. A quand la réhabilitation du sympathique docteur Petiot???
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« On ne peut pas en vouloir aux enquêteurs, qui ont capturé celui qu'ils devaient capturer, ni à la presse, qui a joué, avec un peu trop de zèle, son rôle de chambre d'écho, ni à l'opinion publique, qui s'est jetée sur celui qu'on lui désignait. »

Ça ne vous rappelle rien ? Moi si. L'affaire Grégory, bien sûr…qui 20 ans après celle-ci, connaitra elle aussi son lot de fiascos médiatico-judiciaires, ses témoins surexposés ou à l'inverse oubliés, sans oublier ses égos surdimensionnés, et j'en passe…

Mais remontons le temps… pour nous retrouver en ce printemps 64, le printemps des monstres…

En ce 26 mai 64 plus précisément, l'auteur, né la veille, vit son premier jour sur terre, là où le petit Luc Taron, âgé de 11 ans, quant à lui, vivra sa dernière soirée sur cette même terre. le lendemain matin, il sera retrouvé mort au pied d'un arbre dans une forêt non loin de Paris. Un homme, qui se fait appeler « L'Etrangleur » s'acharne pendant 40 jours à revendiquer ce meurtre, inondant les médias et les parents de missives nauséabondes et violentes (mais aux descriptifs très précis sur l'enfant), avant de se rétracter, expliquant avoir cherché à protéger les agissements d'un autre.

Trop tard… La machine s'est emballée…les fauves lâchés… les monstres aux aguets… Lucien Léger (qui n'a de léger que le nom) passera 41 ans de sa vie derrière les barreaux, faisant de lui à l'époque le plus vieux prisonnier de France. Libéré en 2003, il mourra en 2008, à jamais coupable pour la société. Clap de fin sur un fait divers sordide parmi d'autres…

Mais c'était sans compter sur Philippe Jaenada qui visiblement s'ennuyer, en compagnie de ses addictions et ses problèmes de santé, qu'il partage généreusement avec le lecteur, non sans un certain sens de l'humour et de l'autodérision fort drôles, et très appréciables pour alléger la lecture de ce « pavé » de 750 pages (mon record est pourtant de 1 200 p) à la construction des phrases, façon poupées russes , rendant celle-ci un peu indigeste sur la longueur, je l'avoue…Amis lecteurs, vous êtres priés d'être très concentré si vous ne voulez pas décrocher.

Tel le chirurgien qui a manié le scalpel pour lui retirer « la petite balle de ping pong » nichée dans un de ses sinus, l'auteur s'attèle à décortiquer toute cette macabre histoire (non sans un long détour par la grande Histoire) en pointant toutes les zones d'ombres qu'il a relevé, se livrant durant 4 ans à un travail d'enquête de terrain et de rédaction minutieux au point de se demander si cela ne l'avait pas rendu « maboul », je le cite.

La question se pose un peu, tout de même…tant cette lecture peut finir par être aliénante pour le lecteur aussi : trop de détail tue le détail et surtout noie le sujet de fond. Sans compter la frustration de toujours ignorer en fin de cette enquête si poussée, l'identité du véritable assassin, l'auteur étant persuadé de l'innocence du coupable tout désigné.

La question reste en suspens… Je referme cette lecture, « monstrueuse » elle aussi par sa densité et sa complexité, (et ses égarements aussi) avec un sentiment de « Tout ça, pour ça… ».
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