AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,09

sur 801 notes
J'ai toujours fait les choses à contre-courant ou suivant mon propre courant. Au moment où s'excitent les réseaux sociaux sur les livres à venir, j'avais envie de vous parler de la petite femelle de Philippe Jaenada.
La petite femelle, c'est avant tout une histoire d'amour.
Entre un homme et une femme.
Séparés par 50 ans.
Philippe Jaenada retrace la vie de Pauline Dubuisson, auteure d'un crime passionnel dans les années 50 et lourdement condamnée.
Avec la petite voix qui le caractérise, il mène une enquête fournie et scrupuleuse. Il étire des scènes anodines de la vie sur des pages entières comme pour construire un pont entre nous et elle. Entre lui et elle.
Au travers de cette enquête digne d'une histoire passionnante de Pierre Bellemare qu'on écouterait avidement, les yeux fermés, l'oreille collée à la radio comme dans les années 80, dans le doux ennui d'un début d'après-midi dans une morne campagne, c'est non seulement sa vie à elle que l'on découvre mais aussi la France de la Guerre, la France des années post-guerre, la France des années 50. Autant vous le dire de suite, on est loin de la France des résistants et de la liesse post-guerre. Cela ressemble plutôt salement, méchamment à une France misogyne, étriquée, dont l'opinion publique tire à vue, tire la sonnette de la bienséance, tire tout vers le bas. Et cela résonne étrangement avec celle des années 10 et des réseaux sociaux.
Le procès d'une femme devient le procès de la femme ; et c'est pas joli joli.
Au fur et à mesure des découvertes et réajustements historiques rigoureux auxquels se livre l'auteur, une tendresse se dessine. Ses intrusions du présent dans les lieux qu'elle a fréquentés trace le trait d'union entre elle et lui. On sent son désir de la serrer très fort dans ses bras, l'aimer, la consoler. de la vie. de ces hommes persuadés de leur droiture. de cette négation totale des aspirations de cette jeune femme à simplement être elle-même.
L'histoire pourrait être glauque, elle l'est d'ailleurs, mais elle n'est pas que glauque. Grâce à l'humour et le sens de la dérision de Philippe, grâce aussi à cette formidable tendresse pour Pauline, Pauline Dubuisson, toutes les petites Pauline à venir.
Par amour, le récit devient féministe.
Son histoire devient un peu la nôtre. Celle d'une trajectoire contrariée. Celle que peuvent vivre toutes celles et tous ceux qui n'ont pas su se résoudre à être simplement ce que la société ou les bonnes moeurs attendaient d'eux.
A toutes celles et tous ceux qui refusent de se résigner.
A toutes celles et tous ceux qui, peut-être à sa lecture, refuseront de se résigner.
(Il se trouve que Philippe Jaenada use beaucoup de la parenthèse, comme une machine à remonter le temps ou à le suspendre, à transformer 3 mots et une sensation en 50 pages. Je me devais donc de lui rendre un hommage complet, à défaut d'être subtil. J'écris depuis ma terrasse, les pieds sur la table (je fais ce que je veux, je suis chez moi), admirant mes ongles d'orteil joliment teintés de rouge que je n'ai pour une fois pas perdus lors du marathon de Paris (j'ai failli perdre la vie, j'aurais préféré perdre les ongles, comme les années précédentes mais je n'ai pas dû cocher la bonne option), je contemple la couverture du livre en me disant qu'être aimée ainsi à distance ça lui fait une belle jambe à Pauline (je ne sais pas si elle aussi elle vernissait ses ongles mais elle n'a jamais couru de marathon), je me dis que défendre les livres écrits par des auteurs qui défendent les femmes, c'est un bon moyen pour que les Pauline d'aujourd'hui ne deviennent pas comme Pauline Dubuisson (sauf pour les ongles vernis, mais c'est pas obligé non plus). Je me dis qu'on va encore se moquer de moi (pas à cause du vernis mais parce qu'il parait que je parle beaucoup et souvent de Philippe Jaenada (il a écrit d'autres livres aussi bons que la petite femelle)(si ça se trouve il porte aussi du vernis, je n'ai jamais vu ses pieds nus (à Philippe)). Je contemple le soleil couchant sur ma terrasse et je me dis que je m'en fous de ce qu'on peut dire. Moi je l'aime, la Petite femelle. de Philippe Jaenada)
Commenter  J’apprécie          80
Roulement de tambour.
La saison de lecture 2020 est ouverte.
Une fois n'est pas coutume, je commence par un dessert.
Eh oui, que voulez-vous, je suis gourmand.
Et là j'ai choisi de me faire mal.
J'ai pris un truc que beaucoup trouvent lourd à digérer.
Pas moi. Normal, vous me direz, vu que je commence par ça.
C'est donc La petite femelle d'un auteur que j'adore, Philippe Jaenada qui ouvre le bal.
On est beaucoup à aimer, ils sont nombreux à grimacer.
Il faut dire que Monsieur Jaenada, il y met les ingrédients.
D'abord, il choisit un personnage.
Ici, Pauline Dubuisson. Jeune femme condamnée en novembre 1953 pour l'assassinat de son amant, enfin de celui dont elle voulait faire sien.
Apparemment, il n'était plus tout à fait d'accord ce qui contraria fortement la belle demoiselle (en 1953 ce mot était encore d'usage).
Que s'est-il passé dans ce petit appartement parisien ?
C'est ce que va tenter de décortiquer l'inspecteur Philippe. Car c'est une véritable enquête qu'a menée l'auteur afin de nous livrer ces quelque 700 pages.
On pourrait lui attribuer plein de rôle. Auteur, biographe, enquêteur, avocat, journaliste...
Il a fouillé, lui (contrairement à certains protagonistes cités dans son roman) il a cherché dans le passé des uns et des autres.
Il s'est posé mille questions.
On voit bien l'empathie pour Pauline, mais peux-t'on le lui reprocher ?
Coupable ?
Oui.
Mais méritait-elle un tel procès,  un tel acharnement ?
Bien sûr, depuis sa plus tendre adolescence elle a commis des erreurs, bien sûr elle a péché (Euh, là, j'avoue que le mot est gentil). À 14 ans flirter (ou plus ?) avec l'occupant allemand, forcément c'est mal vu, d'ailleurs, on lui fera payer dès la fin de la guerre.
Et puis ces hommes qu'elle aime, ou qu'elle croit aimer, qu'elle quitte et qu'elle regrette aussitôt ou avec lesquels elle rêve avant de se rétracter.
Elle est compliquée Pauline.
Mais bon, je vais pas vous réécrire le livre, ce n'est pas le but ici.
Non, je vais vous dire que Jaenada fait du Philippe Jaenada.
Il détaille, jusqu'à agacer son lecteur parfois. (Mais faut le comprendre, c'est du travail sérieux, il rigole pas...)
Il brode, et là j'ai retrouvé tout son talent, sa patte. Franchement qui pourrait se permettre, au milieu d'un sujet aussi dramatique, de vous parler saucisses, ou encore slip kangourou et même vous narrer une de ses cuites mémorable, Hein, qui, à part lui ?
Et puis, comme il ne devait pas trouver son livre assez long, (mais bon, quand on parle dessert, il n'y en a jamais assez), il joue au journaliste du célèbre magazine "Détective" (là, je vais le titiller, il est évident à la lecture de ce bouquin qu'il ne porte pas ce journal dans son coeur) en nous retraçant le parcours de criminel(le)s dont le parcours croise le chemin de Pauline Dubuisson ou d'autres personnages de la petite femelle.
Bon, moi, je me suis régalé, mais je vous préviens, ce gâteau est plutôt du genre moka.
Un peu lourd à digérer pour certains et j'avoue qu'il vaut mieux être léger pour s'y attaquer.
Mais peut-on reprocher à un écrivain d'écrire ? À un romancier de...romancer ?
La plume de Philippe Jaenada est une plume de passionné et quand on est passionné on est excessif.
(C'est parfois ce que je me dis en écrivant mes chroniques, d'ailleurs, mais je suis comme lui, je m'autorise tout...)


Commenter  J’apprécie          283
Je ne suis pas ce qu'on peut appeler un client acharné des biographies et encore moins des affaires judiciaires. Les très bonnes critiques du livre m'ont incité à découvrir le destin tragique d'une femme hors de son temps magnifiquement retracé par la plume incisive de Philippe Jaenada.
Le travail d'investigation très minutieux de l'auteur démonte toute la procédure d'enquête et le procès à charge contre Pauline Dubuisson. Elle a tué effectivement, mais les circonstances du drame restent dans l'ombre (enquête bâclée malgré les moyens techniques de l'époque) au profit d'un portrait de femme froide, calculatrice et arrogante, mis en avant par la presse et la justice, qui ne colle absolument pas au schéma classique de la femme de la société. Un homme dans sa position n'aurait certainement pas eu le même traitement injuste et biaisé. Clouée au pilori par la presse et l'opinion publique, aucune chance ou circonstance atténuante ne lui sera offerte même lors de sa rédemption quand son passé ressurgira dans les médias pour fêter l'anniversaire glauque de cette affaire. Elle s'échappera de la tourmente par le suicide, érigé en geste de dignité par son père en cas d'échec.
Philippe Jaenada raconte l'histoire d'une femme émancipée, intelligente à la froideur héritée de son père, des événements tragiques de la seconde guerre mondiale et du manque d'affection de sa mère totalement effacée, et réhabilite sa mémoire avec ce récit extrêmement documenté qui se lit comme un roman.
Les nombreuses digressions désopilantes ou assassines de l'auteur ajoutent un caractère jubilatoire à ce livre remarquable.
Commenter  J’apprécie          82
Après avoir terminé Une joie féroce de Sorj Chalandon, j'ai téléchargé un autre titre de Philippe Jaenada – j'avais adoré mon écoute de la Serpe et j'avais très envie de retrouver la plume du roi de la digression. Je me suis donc retrouvée avec La petite femelle, dont mes collègues avaient dit le plus grand bien.

Dans ce livre, ce pavé de 720 pages que j'étais ravie d'avoir dans mon téléphone et pas en broché dans mon sac à main, Philippe Jaenada s'intéresse au meurtre de Félix Bailly par Pauline Dubuisson en 1953. Il nous raconte la personnalité de Pauline, son passé, les circonstances du meurtre, le procès. Comme il en a l'habitude, son enquête est minutieuse et passionnante. Et surtout pleine de digressions.

J'ai tellement ri en écoutant ce livre. Et pourtant le sujet est très sérieux et tragique, mais entendre le lecteur raconter l'accident de Jaenada au café de Flore et son évasion de l'hôpital. L'écouter parler du mot saucisse présent dans presque tous les romans de l'auteur – sauf dans ceux qui ont moins marché (faut-il y voir un lien ?), parler de sa belle-famille en se disant qu'il sera sans doute persona non grata aux prochaines fêtes de Noël. Tout ça me fait vraiment rire et me met d'excellente humeur – apparemment soit cela ne marche pas avec tous ceux à qui j'en parle, soit je ne sais pas raconter les histoires, mais ça n'a pas eu l'air de convaincre autour de moi (et franchement je ne comprends pas pourquoi).

L'histoire de Pauline Dubuisson, racontée par Jaenada est vraiment fascinante – on se croirait dans un film noir des années cinquante. L'ancienne maîtresse qui abat celui qu'elle aime avant de louper son suicide. Une foule qui veut sa tête, un avocat qui dépasse les bornes, des journalistes qui font de Pauline Dubuisson une meurtrière sans remords, avide de sexe et d'argent. Philippe Jaenada, lui, dresse un portrait plus humain. Plus nuancé. Qui permet de comprendre. Et surtout qui m'a fait passer un excellent moment.

J'ai beaucoup aimé la voix de Bernard Gabay, parfait pour le rôle. Il est également la voix française de Robert Downey Jr., Antonio Banderas, Andy García, Ralph Fiennes et Viggo Mortensen.

Une chose est certaine : les livres de Philippe Jaenada sont faits pour être écoutés. Malheureusement, je n'en ai pas trouvé d'autres en version audio. C'est bien dommage. D'ailleurs, si quelqu'un m'entend chez Audible ou ailleurs, n'hésitez pas à enregistrer les autres romans de l'auteur.
Lien : https://mademoisellemaeve.wo..
Commenter  J’apprécie          81
C'est bien mais c'est long... J'aurais bien coupé un peu dans ce (gros) volume très documenté. L'histoire, racontée une première fois, est reprise en détail.s au moment du procès. C'est un peu redondant.
Reste que j'ai découvert un auteur, un style, une personnalité... un genre d'Emmanuel Carrère plus cool et plus drôle. Je vais lire son chameau sauvage, très vite.
Commenter  J’apprécie          30
Attention, livre à lire!
Car il éclaire...
Ce bouquin, c'est l'histoire vraie de Pauline Dubuisson, accusée d'avoir tué Félix, son amant, en 1951. Cela, elle ne l'a jamais nié.
Quand les foudres d'une société jugeante, l'accablant avant même le procès et jubilant presque en attendant la peine capitale, se sont abattues sur cette jeune femme, combien ont cherché à la comprendre?
Cette traîtresse tondue a couché avec les allemands quelques années auparavant! Plus tard elle fut une mangeuse d'hommes! Alors?? C'est bien la preuve que ce diable de femme n'a aucun coeur ni aucune autre once de sensibilité.
Mais, est-elle vraiment le monstre froid que tous ont décrit à l'époque?
Et si, grace à l'enquête minutieuse de l'auteur retranscrite dans ce livre, des décennies plus tard, nous prenions le temps d'aller à sa rencontre, faire sa connaissance, prendre du recul et, peut-être, comprendre l'histoire et la détresse de Pauline Dubuisson...
Commenter  J’apprécie          90
Les digressions de l'auteur rendent la lecture pénible. C'est dommage car l'histoire est intéressante. Je ne supporte plus ses parenthèses dans les parenthèses. J'ai déjà repéré une clôture de digression avec 3 parenthèses comme ceci ))). Insupportable. Cela délaye le récit et à force le délicieux bouillon devient de l'eau sans goût.
Commenter  J’apprécie          00
J'avais déjà essayé, il y a quelques temps ...
Ce livre m'est encore tombé des mains.
Commenter  J’apprécie          00
Comme toujours avec Jaenada, on apprend. Avec bienveillance d'abord et humour aussi, ce qui mine de rien n'est pas si fréquent. Jaenada est un féministe pourrait-on dire, je dirais juste un gars honnête et plein de bon sens. Merci de nous éclairer sur ce fait divers qui éclaire les années d'occupation sous un nouvel angle et incitera je l'espère nombre de journalistes à prendre exemple. Et nombre de policiers et magistrats à ne plus céder à la facilité car j'ai quand même l'impression qu'aujourd'hui sévissent encore les mêmes manquements professionnels et erreurs de jugement qui semblent provenir d'une absence totale d'objectivité ou de conscience professionnelle. Merci à l'auteur de tenter avec toujours autant d'humilité de rétablir certaines vérités.
Commenter  J’apprécie          70
Un très bon livre qui retrace la vie de Pauline Dubuisson. Cette jeune fille que l'on surnomme la ravageuse, la hyène. Cette jeune fille en avance sur son temps qui ne voulait pas être seulement une épouse une mère. Ce livre raconte la vie et les tourments de cette tragique héroïne.
Commenter  J’apprécie          70




Lecteurs (1846) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1753 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}