Les tomes consacrés à la caste des Errants sont souvent les plus forts émotionnellement et celui-ci, c'est la claque dans la gueule et en littérature, j'aime en recevoir.
Les auteurs nous proposent un magnifique album, tant au niveau des dessins qui subliment le scénario qui n'a rien de bancal ou de non recherché.
Pas besoin d'avoir fait des longues études pour voir le parallèle entre la société des Nains et la nôtre et pas besoin de décodeur pour comprendre que la plume de
Nicolas Jarry tacle nos sociétés où la naissance prime sur le reste.
On ne marche pas toujours au mérite, dans nos sociétés.
Qui entre dans les grandes écoles ? Peu d'enfants d'ouvriers et s'ils y entrent, ils vont en baver. Tout est fait pour les Fils de mais si votre père n'est pas issu d'une grande famille, vous êtes quasi forcé de rester à votre niveau, à ne pas trop vous élever, pas trop faire de votre gueule, car c'est mal vu.
Ici, c'est le même. Qui entre dans la caste prestigieuse de la Forge ? Les fils des forgerons, pas ceux des bas-fonds, des quartiers pauvres, pas les Errants.
Les Errants, ce sont les sans-dents, les plus pauvres, ceux qui ont été radié des Ordres des Nains, ceux qui ne peuvent pas toucher une arme, qui sont interdits de savoir, qui sont voués à rester dans leur fange et ce, ad vitam æternam.
Personne ne pense que parmi ces parias, il y a sans doute des Nains intelligents, des Nains qui mériteraient d'être mis en avant, des Nains plus prometteurs que le fils de, qui lui, ne vaut pas tripette, mais aura la fonction car il est le fils de son père.
Dans cette fange se débat Brum, un Errant, fils sans père (il n'est pas resté après avoir fait tagada avec la jeune fille qui sera la mère de Brum), un fils dont la mère a dû faire le trottoir pour subvenir à leurs besoins, un jeune Nain fort comme un boeuf, intelligent, mais qui doit le cacher, car c'est mal vu.
Alors, il cache le travail qu'il fait avec son cerveau et montre ses poings qu'il sait utiliser mieux que personne.
Le début de l'album ne me laissait pas présager ce genre d'histoire puisque nous étions face au légendaire capitaine de la légion de fer, un certain Brum. J'ai même regardé la couverture pour être sûre que j'avais bien lu « Brum des Errants ». J'ai continué ma lecture, sourcils froncés et puis j'ai compris : c'était la genèse de Brum.
Et quelle genèse, bordel de dieu ! Non ça ne fait pas que bastonner ou se cogner, sous leurs allures de fight-club, d'arène pour les combats où l'un sort sur ses jambes et l'autre pas, il y a de la profondeur dans l'histoire et des petites phrases assassines dans les réflexions de Brum.
Finalement, que l'on soit dans le monde des Nains, des Elfes, ou des Hommes, c'est toujours la même histoire sur fonds de lutte des classes, de jalousie, d'envie, de hiérarchie, de lois stupides, de gens rejetés et de médiocres mis sur les hauteurs alors qu'ils ne le méritent pas car ils sont profondément cons.
Encore un très bon album !
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