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EAN : 9782228932844
96 pages
Payot et Rivages (18/01/2023)
4.15/5   13 notes
Résumé :
L’un des textes les plus célèbres de la philosophie contemporaine. Cinquante ans après sa publication (en 1971), les pro et les anti continuent de s’affronter à partir de cet essai de philosophie morale sur la question du droit à la vie et du droit à disposer de son corps.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Je suis étonnée de ne voir aucune note de lecture mise en ligne pour ce livre que mon libraire m'a présenté comme un classique. Peut-être n'est-ce pas tant un classique que cela, mais peu importe, c'est une lecture que j'ai trouvée très intéressante. L'autrice, qui s'inscrit dans le courant de l'éthique pratique, est avant tout connue pour cet article, publié en 1971, à un moment donc où le débat sur la légalisation de l'avortement dans les pays occidentaux était à son paroxysme.
Judith Jarvis Thomson ne se facilite pas la vie car elle accepte d'emblée que le foetus, et ce dès les premiers instants de la conception, a le droit du foetus à la vie. Elle ne dit pas qu'il a effectivement ce droit d'après elle, mais pose cela comme une hypothèse de travail avec l'objectif de montrer que, même dans ce cas et en reconnaissant ce droit à la vie, l'avortement demeure philosophiquement un droit.
Pour cela, elle utilise un outil de réflexion qu'elle affectionne, l'expérience de pensée. Pour éviter le jargon, on pourrait tout simplement dire que Judith Jarvis Thomson raisonne par analogie, avec notamment celle du violoniste. Cela donne un livre plutôt facile à lire, sans le jargon et les phrases alambiquées que l'on peut trouver dans certains livres de philosophie. le raisonnement de Judith Jarvis Thomson est intéressant, provoquant. En déplaçant le regard d'une focalisation sur le droit du foetus à vivre vers le droit de la femme à disposer de son corps, elle ne peut que provoquer une vraie réflexion, et ce que l'on soit a priori pour ou contre le droit à l'avortement.
Bien sûr, Judith Jarvis Thomson est pour le droit à l'avortement, le titre de son article ne laisse pas planer le doute, mais ce livre a été lu tant par des défenseurs que des opposants à ce droit et a nourri les débats dans les deux camps. le raisonnement par analogie m'a aidée à progresser dans ma propre réflexion, même si je me suis toujours méfiée des analogies, qui ont toujours leurs limites. C'est bien d'ailleurs sur ce terrain que les opposants au droit à l'avortement ont combattu ce texte. Il est vraiment intéressant de voir le choix de l'avortement comment deux droits qui s'affrontent, et comment ils doivent être réconciliés ou départagés. Au vu de ce texte, l'expression « My body, my choice », « Mon corps, mon choix », prend pour moi sa pleine signification et je crois que je le comprends enfin, comme je comprends mieux d'où peuvent venir certaines positions de limitation du droit à l'avortement (comme par exemple le limiter aux cas de viol, une position que je ne partage pas et que je ne comprenais même pas, maintenant, si je ne la partage toujours pas, je peux comprendre le raisonnement qui la sous-tend).
C'est donc un texte passionnant à lire, qui qui pousse à être exigent avec sa propre réflexion, à ne pas se contenter d'un discours tout fait, d'un prêt-à-penser certes confortable mais mais trop simpliste et étriqué. Un texte qui a plus de 50 ans mais est toujours d'actualité dans un monde où le droit à l'avortement semble reculer (remplacez juste Henry Fonda par Brad Pitt, ou tout autre jeune premier à votre goût…). Un texte qu'il est bon de lire et qui est bien plus accessible que la plupart de ses compagnons d'étagères au rayon philo ou essais. Il demande certes un peu plus de temps que ce que ses 80 pages trop aérées pourraient faire penser, mais c'est un temps riche et enrichissant.
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A l'heure où le droit à l'avortement entre dans la constitution française, il ne faut pas oublier qu'aux USA, le Cour Suprême a abrogé ce droit en 2022. Chaque état peut désormais l'interdire ou fortement le limiter, ce qui est l'intention, quand ce n'est déjà fait, de plus d'une vingtaine d'états.

N'est-ce pas le bon moment pour découvrir l'essai de Judith Jarvis Thomson (1929-2020), une philosophe américaine qui a publié un article en 1971 intitulé "A défense of Abortion", et qui est connue justement pour cet article.

Cinquante ans plus tard, son texte reste terriblement d'actualité.

Dans un style clair, elle entre dans le vif du débat, sans se perdre dans des termes philosophiques que l'on appréhende mal. Elle utilise des exemples concrets dans lequel elle propose au lecteur de s'imaginer dans une situation lambda.

Par exemple : Si vous vous retrouviez attaché à un violoniste inconscient et que vous êtes seul à pouvoir le sauver ?

A partir de ce postulat, elle raisonne par analogie, en adoptant d'emblée la position des anti-avortements, à savoir que le foetus est une personne dès la conception, pour dérouler son développement.

Selon les éditions Payot, cet article est l'un des textes philosophiques les plus cités et commentés de notre temps, outre que c'est la première fois (1971) que la philosophie s'empare de la question de l'avortement.


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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
[...] mais permettez-moi à présent de vous demander d'imaginer la situation suivante. Vous vous réveillez un matin dans un lit, dos à un violoniste inconscient. Un célèbre violoniste inconscient. Une maladie rénale mortelle lui a été diagnostiquée et, après examen minutieux de tous les dossiers médicaux disponibles, la Société des mélomanes a découvert que vous étiez la seule personne à disposer du bon groupe sanguin pour l'aider. Votre enlèvement a donc été organisé et, la nuit dernière, le système circulatoire du violoniste a été branché au vôtre, de façon que vos reins puissent extraire les substances toxiques du sang du malade et du vôtre. À présent, le directeur de l'hôpital vous dit : « Écoutez, nous sommes désolés de ce que la Société des mélomanes vous a infligé. Si nous avions su, nous n'aurions jamais autorisé cette opération, mais c'est maintenant fait et le violoniste est désormais relié à vous. Le débrancher le tuera. Mais pas d'inquiétude, vous n'en avez que pour neuf mois. Ensuite, il sera guéri et pourra être débranché sans risque. >> Vous incombe-t-il moralement d'accepter cette situation? Il ne fait aucun doute qu'il serait très aimable à vous d'accepter et vous feriez alors preuve d'une grande gentillesse. Devez-vous le faire autant? Et si la situation ne durait pas neuf mois, mais neuf ans? Ou encore plus longtemps? Et si le directeur de l'hôpital vous disait : « Ce n'est pas de chance, je le reconnais, mais vous devez maintenant rester au lit avec le violoniste pour le reste de votre vie. Car souvenez-vous que toute personne dispose du droit à la vie, et les violonistes sont des personnes. Il est vrai que vous avez le droit de décider ce qu'il advient dans et de votre corps, mais le droit à la vie d'une personne l'emporte, alors le violoniste ne pourra jamais être débranché de vous. >> J'imagine que vous trouveriez ces propos choquants, [...]
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