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3,45

sur 94 notes
Très habilement, Jauffret se glisse dans la peau de Flaubert, lequel est saisi au moment de son dernier bain. Comme le grand auteur mythique souffre d'épilepsie, il reçoit la visite de ses personnages, qu'il confond avec des êtres réels ou qui se présentent à lui comme s'ils étaient réels. Tous ses visiteurs ne sont pas des êtres fictifs issus de ses romans, il y a en a beaucoup d'autres : des femmes, des hommes avec qui il eut des relations, fit des voyages, entretint une correspondance. le livre de Jauffret nous plonge dans l'univers d'un homme qui vouait son existence à la perfection du style, mais ne manquait pas pour autant de jouir de ce que ses sens pouvaient lui offrir. C'est loin d'être scolaire, c'est vivant, c'est touffu, ça ne respecte pas un ordre chronologique, mais on suit une ligne existentielle qui circule à travers les romans, la correspondance et les relations amoureuses de Flaubert. Jauffret fait mourir beaucoup de gens dans ses romans et ses nouvelles, mais il est aussi capable de ressusciter les morts.
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Je n'avais jamais entendu parler de l'auteur, ça a été jouissif de découvrir sa verve, et ses anachronismes, sa grande connaissance du sujet Flaubert et du contexte socio historique. Je me suis vraiment délectée en le lisant même si la ficelle de faire se souvenir un mourant de sa vie passée est un peu grosse, c'est fait avec tendresse,avec humour et mené tambour battant.
Il faut croire que je ne connaissais pas Flaubert non plus car je l'imaginais bon bourgeois cossu installé avec sa bourgeoise bien plan-plan,et bien j'avais tout faux.
Les pages où sont décrits les derniers instants de l'écrivain sont un petit chef d'oeuvre et ma foi drôles malgré le sujet.
MAIS bon sang de bon soir,les éditions du Seuil,vous êtes de connivence avec un groupement d'opticiens ou bien??? Les dernières pages intitulées chutier,peut être des notes de Flaubert ou des notes de Jauffret imprimées en si petits caractères, c'est du foutage de gueule,ou du foutage de vieux!!!! Voilà donc une trentaine de pages que je n'aurai pu déchiffrer, malgré la grande curiosité qui me tenaille.
Les éditions du Seuil, c'est vraiment NUL,ce choix!
Désolé pour Régis Jauffret,mais comme j'écris une critique sur le livre,je ne mettrai pas 5 étoiles malgré la qualité de cette biographie très originale à cause d'un choix invraisemblable de la maison d'éditions. Par contre, maintenant que j'ai fait connaissance avec cet auteur, j'espère pouvoir lire encore d'autres livres de lui.
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Entrons dans cette salle de bains, et comme Madame Bovary, pointons-nous devant lui. C'est son dernier bain, ensuite dès qu'il se lève, il s'habille, va dans son bureau et fait une hémorragie cérébrale. Lui, l'épileptique, qui contracte au cours de sa vie de débauchés la syphilis, aura toute sa vie était malade, sujet à des crises fréquentes. Madame Bovary le toise, alors qu'il est allongé dans son bain, et lui assène son mécontentement : elle a détesté son roman. Celui qui la rend si célèbre. Elle le déteste, lui, surtout. Cet écrivain qui a, au XIXème siècle, choqué la pensée en la présentant comme une épouse infidèle, mais fera d'elle, dans l'avenir, l'héroïne romantique par excellence. Et elle doit son triomphe à ce dépravé, ce pervers qui mesure 1,84 m et pèse plus de 100 kg. Comme pour Baudelaire, la littérature va vite effacer le côté obscur du génie pour en faire un grand homme. Avec ce roman, nous plongeons dans une époque aux moeurs légères, nous croisons les artistes mais aussi les personnages de ses romans comme des ombres menaçantes.
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En ce 8 mai 1880, Gustave Flaubert s'apprête à prendre ce qui s'avèrera être son dernier bain. Quelques heures plus tard, en effet, le grand écrivain décèdera. Alors qu'il est plongé dans sa baignoire remontent à la surface les souvenirs de sa vie et les fantômes de ses personnages, notamment celui d'Emma Bovary.

Régis Jauffret a scindé son livre en trois parties. La première utilise la première personne du singulier pour donner la parole à Gustave Flaubert dans une sorte d'autobiographie qui retrace la vie de l'écrivain. La seconde revient au “il” et se concentre sur les derniers instants de Gustave Flaubert.

La troisième, intitulée “Chutier” regroupe les textes que Régis Jauffret n'a pas retenus. Evacuons tout de suite cette dernière partie, j'ai renoncé à la lire. La typographie minuscule m'a rebutée et, même si l'idée m'a parue excellente, j'ai refermé le livre sans lire les presque 60 pages de cette partie.

Nous sommes ici dans une biographie qui n'a rien de conventionnel. La première partie, dans laquelle Gustave Flaubert a la parole, revient sur la jeunesse et la vie de l'écrivain. On y découvre un Flaubert vivant, bon vivant même, amoureux de femmes et d'hommes, habité par la littérature et l'idée de laisser une oeuvre qu'il peaufine inlassablement. Gustave explique, raconte, commente même notre XXIème siècle et le travail de Régis Jauffret ! Et c'est à la fois amusant, décalé et bien envoyé !

La seconde partie s'attache aux dernières heures. En revenant au “il” Régis Jauffret en profite pour convoquer les fantômes des personnages créés par Flaubert et notamment Emma Bovary. Qui n'est pas très contente et qui éreinte ce pauvre Gustave. Car Emma se sent malmenée, incomprise et reproche son destin à son auteur. Et Gustave peine à se défendre au cours de ce voyage hallucinatoire.

C'est un livre étonnamment moderne et plein de vie, qui donne une image très différente de ce qu'on pourrait imaginer de Flaubert si on ne le connait qu'à travers son oeuvre.
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Deux parties constituent ce roman évoquant la biographie de Flaubert. Dans la première (« Je »), c'est l'auteur lui-même – ou plutôt son esprit transféré en 2021- qui nous raconte sa vie. Dans la seconde, (Il »), on retourne au 8 mai 1880, quand Flaubert prend son dernier bain. Au seuil de la mort, il revoit en rêve tout ce qui constitua sa vie, mélangeant famille, amis et amies, personnages de ses romans : un véritable film surréaliste.
Régis Jauffret a beaucoup d'imagination et son bouquin est drôle, parfois comique. Mais il est bien trop bavard et souvent confus : un élagage aurait été bienvenu !
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« le dernier bain de Gustave Flaubert »… noie son lecteur dans les références biographiques tantôt bien documentées, tantôt fantasmées, tantôt épicées, entrecoupées de scènes surjouées qui tiennent parfois du Grand-Guignol.

Je suis fan de Flaubert, grâce aux cours d'un prof génial sur « Madame Bovary », à l'université. Une adorable amie ayant fréquenté les mêmes amphis et sachant que je souhaitais lire ce livre, me l'a offert. Demi-désillusion, hélas !

La première partie (« je »), où Jauffret fait parler Flaubert, est intelligente et instructive. Elle serait d'une lecture agréable sans cette manie de flanquer un peu partout des tirets qui ne signalent ni des dialogues, ni des incises. Cette première partie m'a d'ailleurs donné envie de relire « le perroquet de Flaubert » (Julian Barnes), alors que je ne pense pas faire de même pour le livre de Jauffret.

J'ai trouvé la deuxième partie (« il ») insupportable : style boursouflé ; délires divers ; interventions des personnages sans queue ni tête (ou plutôt : avec ! – « tête borgne aux oreilles coupées » déposée dans un compotier de cristal ou promenée en ville dans un carton à chapeau ; « verge de Maxime » [référence à Ducamp], etc.) ; redondance ; prétention… ça n'apporte rien à Flaubert et pas grand-chose à l'auteur (enfin, si ! Des critiques élogieuses, semble-t-il).
La troisième partie est un « chutier » : comme on dispose, après la confection d'un vêtement, de chutes de tissu, nous avons ici des bribes de texte ne figurant pas dans le livre, mais réunies en fin d'ouvrage, dans une typographie illisible.
C'est beaucoup pour un seul homme, et le malheureux Flaubert n'en méritait pas tant, lui qui prônait « l'impersonnalité artistique » et déclarait : « C'est un de mes principes qu'il ne faut pas s'écrire » !
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Regis Jauffret vient de publier aux Editions du Seuil : « le dernier bain de Flaubert ». Derrière ce titre ,un peu énigmatique se cache une sorte de biographie romancée de l'illustre écrivain écrite dans un joli style et faisant s'exprimer Flaubertlui-même.

Il nous peint le décor de son enfance dans cet hôtel Dieu de Rouen avec un père chirurgien qui opère sous les fenêtres de ses enfants, sa vie de famille, ses crises d'épilepsie depuis l'adolescence et ses amours ,un peu particuliers avec des femmes (A peine adolescent avec Elisa Schlesinger) puis Louise Collet et beaucoup de prostituées un peu partout, mais aussi avec l'amour de sa vie Alfred le Poitevin de cinq ans son aîné, Maxime du camp et Louis Bouilhet et quelques jeunes lors du voyage en Orient. Il nous dit comment il a détruit presque toute la correspondance amoureuse, notamment avec Alfred.

Il évoque ses lectures à haute voix dans sa famille et chez ses amis et règle son compte au passage à la théorie du « gueuloir » propre à améliorer le style.

Flaubert nous parle et nous raconte comment ses personnages et bien sûr, Emma Bovary reviennent le visiter régulièrement. A propos de ce roman il évoque le procès qui lui fût fait et son acquittement dû , nous dit-il, à l'intervention de son frère auprès de Napoléon III . Evoquant cette affaire il a des mots très durs pour les Juges et je le cite :

« Napoléon III donna des ordres.

Ils sont habitués à obéir ces esclaves de la Loi, prêts à la trahir pour une promotion, une médaille et d'ordinaire pour rien. Vos tribunaux pendant les périodes troubles obéissent aux pouvoir dictatoriaux comme après aux vainqueurs d'iceux sans que leurs sbires aient fait amende honorable ou soient remplacés par des propres. Sur ordre ils m'acquittèrent en hiver, au nom de la loi inique ils castrèrent Les Fleurs du mal de six poèmes au mois d'août.

Courbant l'échine devant l'empereur le tribunal replâtra.

Le temps manquait pour recommencer la besogne. On se borna a contredire les premiers attendus par un dixième et un onzième bâclés en toute hâte reconnaissant qu'en définitive j'étais un brave homme respectueux de ces valeurs que malmenait mon ouvrage qui pour ordurier qu'il fût n'en avait pas moins été longuement et sérieusement travaillé…………

Gredins.

Juges, procureurs, avocats de la partie civile vous savez que votre descendance aura honte du crime l'esprit que vous commettez en bande organisée. Prenez donc votre plaisir en hâte, bientôt le temps vus accablera ,fera de vous des fripouilles.

-Des Pinard. »

Dans la deuxième partie Régis Jauffret fait , une nouvelle fois apparaître Emma Bovary et il y a là une longue diatribe de l'intéressée qui adresse des reproches à Flaubert pour l'avoir, selon elle, maltraitée.

Et puis c'est l'agonie de Flaubert, la mort est là, elle rôde, elle l'entoure, il l'a voit ,lui parle son décès, le chagrin de Guy de Maupassant, la cupidité de la nièce Caroline et de son mari et l'enterrement.



Au total un livre remarquable, particulier entre l'essai et le roman et dans un style éblouissant où l'on se régale de pépites presque à chaque page. Régis Jauffret nous fait croire à ce Flaubert. A lire absolument en cette année Flaubert. Les critiques ne s'y sont pas trompés.
Lien : http://jpryf-actualitsvoyage..
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Un ouvrage très probablement bien documenté (je n'ai pas recoupé les informations qui y sont données) mais qui s'enferre très vite dans des redites, des moments peu clairs où je pense avoir compris que l'on revenait en arrière sans que cela présente un intérêt quelconque.

Le style est ampoulé, désespérément lourd, pénible à lire, prétentieux.

Ce qui ressort de cela c'est que le sexe est la principale préoccupation de Flaubert, ce qui laisse à penser que s'il a écrit c'est par distraction, peut-être même sans s'en rendre compte.

Pour moi, ce type d'ouvrage appartient à ce genre qui se veut littéraire et qui, pour cela doit être compliqué à lire et où cet aspect d'apparence l'emporte sur le contenu.

Un roman d'un tel ennui que je n'ai pu mener sa lecture à son terme. La vie est trop courte pour s'ennuyer.
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J'apprécie les biographies traditionnelles comme celle que je venais de terminer sur Paul Morand par Pauline Dreyfus, mais j'aime encore plus celles qui sont déconstruites, imaginatives et qui bousculent le temporel. le dernier bain de Gustave Flaubert de Régis Jauffret en fait partie. Un joyau littéraire qui m'a régalée du premier mot au dernier, sans compter ces chutes de phrases jetées à la fin de l'ouvrage par l'auteur, comme ces bouts de tissu abandonnés par le tapissier une fois son travail terminé.
Je ne fais pas partie des flaubertiens. Ce que je connais de Gustave Flaubert, c'est Emma Bovary, lu peut-être à l'adolescence lorsque je me gavais frénétiquement de classiques, mais dont il ne m'est resté que les versions cinématographiques. Je suis entrée dans le récit de Jauffret, accompagnée du roman d'Alexandre Postel, Un automne de Flaubert et de celui, évanescent, de Julian Barnes, le perroquet de Flaubert. Bref, l'innocence incarnée en regard de l'immense écrivain et de son oeuvre.
Quant à Régis Jauffret, je connaissais sa prose et son talent et n'avais ainsi aucune réticence à aborder son drôle de récit. Inconvenant, licencieux, sarcastique. Une narration construite à deux voix, celle de l'auteur imbriquée parfois à son sujet, lequel, poursuivi par ses personnages (« pareils à une bande syndiqués ils le haïssaient comme un patron »), songe, au seuil d'une mort imminente recherchée et honnie toute sa vie, à sa postérité romanesque.
J'ai été emportée dans un monde révolu, celui de Flaubert installé dans son cabinet de travail à Croisset. J'ai déambulé dans les circonvolutions de son cerveau, rencontrant ses amis et ses amours, sa famille et ses créatures de fiction, elles-mêmes sorties de rencontres réelles. J'ai ressenti tristesse et joie mêlées face à un homme qui ne voulait se consacrer qu'à l'écriture, se soustrayant volontairement à la vie domestique que représentaient femme et enfants. « J'aurais voulu passer le reste de ma vie dans une boîte scellée où j'aurais pu écrire et rêvasser à l'abri de la population du monde. Je me sentais parfois à vif, pelé comme une fruit, écorché comme un supplicié. le moindre contact, un simple regard m'irritait. »
Un gros coup de coeur pour une lecture qui m'a profondément émue.

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Regis Jauffret fait parler Gustave Flaubert du fond de son bain dans lequel il a quitté la vie mais pas la verve et l'imagination insatiable de l'écrivain. hanté par ses personnages et notamment Emma Bovary qui lui réclame un autre destin, il ne peut hélas rien y changer étant mort mais son esprit le tourmente encore ainsi que les souvenirs d'une vie très particulière. Regis Jauffret a trouvé dans cette façon d'évoquer la vie et l'oeuvre de Gustave Flaubert un moyen ironique et drôle de parler d'un auteur tourmenté par l'écriture et totalement obsédé par le style, les personnages, ses propres périgrinations. le style de régis Jauffret est enlevé, mordant, riche de la connaissance intime de l'écrivain. Il dresse le portrait très vivant d'un mort qui n'en finit pas de nous hanter par son oeuvre. Un exploit et un très grand plaisir de lecture.
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