Il aura attendu longtemps dans ma PAL, ce
Exécutions à Victory de
S. Craig Zahler, traduit par
Sophie Aslanides. Comme si j'avais longtemps repoussé le moment redouté pour les auteurs que j'apprécie, où j'arrive au bout de leur production disponible.
Une appréhension vite éloignée par le plaisir de retrouver les atmosphères si particulières de l'enfant terrible du polar US noir et déjanté, où violence, sévices et hémoglobine se mélangent dans un style décalé, cynique et drôle, formant un cocktail absurdo-tarantinesque à siroter avec volupté.
On y suit Bettinger, inspecteur dans l'Arizona, qui apprend vite le prix du zèle exercé à l'encontre d'un proche du maire quand il reçoit dans la foulée sa mutation à Victory, au fin fond du Missouri.
« le nom de la ville, c'est Victory. (Bettinger ricana.) Pense au pire bidonville que tu aies jamais vu, chie dessus pendant quarante ans et tu auras une idée de ce à quoi ça ressemble. »
Prend le Far West et remplace le climat chaud par du blizzard et tu auras une idée de Victory, ville où le ratio flic/délinquant est un des plus faibles de l'Amérique, un paradis pour gangs, meurtriers, dealers et proxénètes. Et flics corrompus aussi. Que l'on commence à assassiner méthodiquement un à un…
Si
Exécutions à Victory n'atteint pas les niveaux des autres Zahler (ah, les chacals…), c'est que la barre était particulièrement haute. Il reste un livre à l'intrigue bien torchée, aux dialogues ciselés et percutants avec une montée en tension vers un final en apothéose qui reste la marque de l'auteur.
C'est noir, très noir, forcément cinématographique, et avec une galerie de personnages aux personnalités marquées et excessives qui les rendent inoubliables. Zahler quoi…