AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,17

sur 460 notes
Je remercie les éditions Pygmalion – ainsi que Sarah – pour cette magnifique réception ! Dès que j'ai vu la couverture et lu l'accroche, j'ai su qu'il me fallait ce roman. Ça n'a pas l'air comme ça, mais j'ai des périodes où j'aime me plonger dans des drames contemporains ; ça me ramène un peu les pieds sur terre, après toutes les histoires de fantasy et fantastique que je lis. En plus, c'était l'occasion rêvée pour découvrir l'auteur dans un contexte moins imaginaire, sachant que j'étais ressortie mitigée des Étoiles de Noss Head. En fait, après avoir refermé cette petite perle, j'ai eu un mal fou à passer à autre chose. Quand la nuit devient jour m'a littéralement transportée !

Camille, presque trentenaire, raconte son parcours, une succession de cauchemars toujours plus envahissants. Bien entourée, choyée, désirée, elle n'en demeure pas moins détachée de son existence et combat ce corps qui la révulse avec la plus grande énergie. Car Camille ne s'aime pas. Littéralement. Et cette souffrance remonte à son enfance, où déjà, elle ressentait un mal-être dévorant. La jeune femme somatise (c'est-à-dire que sa souffrance psychologique a des répercussions cliniques : elle souffre de douleurs abominables). Entre les crises de boulimie, d'anorexie, d'automutilations, de dépression profonde et de tentatives de suicide… C'est devenu trop pour elle.

Plus les années passent, et plus Camille s'aperçoit que la seule issue qui s'offre à elle est la mort. Elle prend alors une décision irréversible et lourde de conséquences : passer par le suicide médicalement assisté. Elle intègre donc un centre spécialisé, dans lequel elle sera suivie par un psychiatre jusqu'au jour J, le 6 avril 2016.

J'écris cette chronique avec les réminiscences de mes émotions de cette nuit. J'ai ouvert ce livre et me suis retrouvée dans une spirale infernale, incapable de m'en détacher jusqu'à la fin. J'ai eu peur de retrouver la substance de Avant toi par Jojo Moyes, ou encore Je vous demande le droit de mourir, l'histoire véridique de Vincent Humbert. Heureusement, Sophie Jomain a très bien su sortir son épingle du jeu.

L'histoire commence avec un long prologue qui nous explique les grandes lignes du parcours de l'héroïne, du début de son combat jusqu'à sa décision de mourir. Ce prologue m'a fascinée, même s'il était carrément déprimant. Il est puissant et extrêmement effrayant, d'une certaine manière. L'héroïne est prisonnière de son propre corps. Ses démons intérieurs ne lui laissent jamais de répit. Dans ce prologue, on assiste à sa descente aux Enfers, avec des habitudes alimentaires qui font le yoyo et des instants d'accalmie pour mieux replonger par la suite. J'ai été soufflée par cette entrée en matière peu.

Dans ce roman, Sophie Jomain a misé sur un réalisme incisif, qui m'a beaucoup impressionnée. J'ai moi-même travaillé dans des services psychiatriques accueillant des personnes souffrant de troubles du comportement alimentaire et de dépression ; j'ai trouvé qu'elle avait très justement dépeint ce milieu. le récit est tout en justesse. Il y a beaucoup de recherche, c'est creusé, bien manié et je n'ai décelé aucune fausse note.

La plus grande problématique reste ce désir de se donner la mort. La décision de Camille est prise, et elle ne compte pas dévier d'un iota. La mort est, à ses yeux, sa porte de sortie. Elle la vit comme une délivrance, une conjuration. Sa maladie la tourmente, l'engloutit et la dévore, alors quelle option lui reste-t-il ?

Mes émotions se sont entrechoquées, créant dans mon esprit un triste méli-mélo. J'ai moi-même un proche qui s'est donné la mort, et je dois admettre que ça a éveillé en moi des sentiments très puissants et difficiles à réfréner. D'abord, de la colère. On se dit que l'héroïne est égoïste. Ses parents lui ont donné la vie. Ils l'adorent, la soutiennent contre vents et marées depuis de longues années, sans jamais faillir. Et elle, cette vie, elle la piétine. Elle a la stabilité, l'amour, les proches, le confort... Mais son désir de disparaître l'emporte sur le reste.

Oui, je lui en voulais, je la trouvais ingrate et inconsciente de la chance qu'elle avait. Qu'elle abandonne alors que d'autres se battent pour vivre, n'est-ce pas un triste paradoxe ? En même temps, je culpabilisais de penser ainsi, moi qui ai toujours assumé ma position au sujet de l'euthanasie. Pour ça, Sophie Jomain est une magicienne, elle a su éveiller en moi des contradictions que je ne soupçonnais même pas.

C'est là que ça devient intéressant, parce que quelque part, je ne pouvais pas m'empêcher de compatir au mal-être qui ronge Camille comme une gangrène. Sa vie n'est plus qu'un trou béant dans lequel elle chute sans jamais en voir le fond. On se dit qu'effectivement, il n'y a pas 36 solutions pour la sortir de cet enfer. Et si la mort pouvait être cette solution ?

Camille est comme un petit animal craintif et inapprivoisable. Elle a le sentiment de ne pas appartenir à ce monde, de ne pas y avoir sa place. Une phrase en particulier m'a bouleversée. Je l'ai trouvée magnifique dans sa vérité, parfaitement en adéquation avec les pathologies psychiatriques que certains ont du mal à supposer, même à notre époque et dans notre société :

« Les maladies incurables sont généralement visibles à la longue, mais la mienne est sournoise. Elle se cache et donne l'illusion de ne pas exister. Elle est pourtant bien là, chaque jour, chaque nuit. Elle court dans mes veines comme un poison et insuffle à mes poumons un air irrespirable. »

Finalement, c'est délicat de porter un jugement sur la décision de Camille. Puis ce roman a le don d'écorcher les émotions à vif. Il n'est pas là pour nous conter une petite histoire mignonnette, mais pour nous amener à comprendre la complexité de la situation de Camille.

Cette décision de se faire euthanasier, c'est aussi le combat qu'elle mène, avec beaucoup de courage. Car il faut être capable d'affronter sa famille, sa colère et ses larmes. Les gens autour d'elle sont animés de bonnes intentions, mais ne réagissent pas toujours de la manière qu'elle espérait. Sa mère passe par la case évitement, puis acharnement thérapeutique. Elle est prête à en arriver à toutes les extrémités pour l'empêcher de commettre l'irréparable. Son père est en plein dans le déni et se persuade intérieurement que l'espoir est toujours permis. Mais peut-on retirer le droit de mourir à une personne qui souffre?

La romance, quant à elle, m'a totalement transportée. Je n'en dirai pas beaucoup plus à ce sujet pour ne pas gâcher le plaisir des potentiels futurs lecteurs, mais ces instants m'ont mis beaucoup de baume au coeur. Ils étaient comme suspendus dans le temps. Même si en arrière-plan, le compte à rebours continue de s'égrener.

En résumé, Quand la nuit devient jour est une claque, un charivari d'émotion qui nous explose au visage. L'histoire est intense et puissante, les sentiments grimpent crescendo, pour nous laisser sans force – presque apathiques – dans les dernières pages. Avec une sensibilité peu commune, Sophie Jomain nous confronte à nous même. Quand la nuit devient jour ne fait que 238 pages, une parenthèse dans une vie, mais il a l'impact d'un coup de massue.

Lien : http://april-the-seven.weebl..
Commenter  J’apprécie          30
Un livre qui peut être dérangeant à la vue de la société dans laquelle nous vivons. Mais chaque personne, qui a, vécu la dépression, au côté de personnes dépressive ou rongée par la maladie, s'y retrouvera
Commenter  J’apprécie          30
Le livre «Quand la nuit devient jour» de Sophie Jomain est un roman qui traite de problématiques difficiles mais combien actuelles et nécessaires. C'est un livre émotionnellement dur qui pose question autant sur la vie que sur la mort. Les mots utilisés sont justes, la souffrance décrite dans tout ce qu'elle a de plus laid. Un roman touchant et plein d'humanité.
Commenter  J’apprécie          20
Rarement un livre aura suscité autant d'émotions en moi. Depuis son adolescence, Camille se sens mal dans sa peau. Elle déteste son corps et le maltraite. Elle arrive à un point où elle se sens tellement mal qu'elle envisage l'euthanasie. Je n'en dirai pas plus sous peine de spoiler..ce n'est clairement pas un livre à lire un jour de déprime!
Commenter  J’apprécie          20
Bien que restant un peu sur ma faim, ce roman m'aura happée d'un bout à l'autre. le sujet, très délicat, plutôt tabou, est raconté avec beaucoup de finesse, de justesse, de sensibilité... Sans parler de s'identifier à Camille, cela permet d'avoir un autre regard sur la dépression, incurable, poussant à aller jusqu'à l'euthanasie. Je le referme avec tristesse, mais aussi envie de célébrer la vie !
Commenter  J’apprécie          20
Impossible de lâcher ce livre de Sophie Jomain, Quand la nuit devient jour.

Que d'émotions ressenties face à la souffrance de Camille qui ne s'accepte pas, en proie à de grandes souffrances physiques et psychologiques.

Après avoir tout essayer pour aller mieux, elle décide d'avoir recours à l'euthanasie assistée.

Dure décision, pas comprise par sa famille.

Le thème de ce livre est très sensible et la justesse, douceur de la plume de l' auteure nous permet de ressentir les émotions de chaque personnages.

Mouchoirs indispensables.

Une belle histoire que je vous recommande.
Commenter  J’apprécie          20
"On m'a demandé un jour de définir ma douleur. Je sais dire ce que je ressens lorsque je m'enfonce une épine dans le pied, décrire l'échauffement d'une brûlure, parler des noeuds dans mon estomac quand j'ai trop mangé, de l'élancement lancinant d'une carie, mais je suis incapable d'expliquer ce qui me ronge de l'intérieur et qui me fait mal au-delà de toute souffrance que je connais déjà.
La dépression. Ma faiblesse.
Le combat que je mène contre moi-même est sans fin, et personne n'est en mesure de m'aider. Dieu, la science, la médecine, même l'amour des miens a échoué. Ils m'ont perdue. Sans doute depuis le début.
J'ai vingt-neuf ans, je m'appelle Camille, je suis franco-belge, et je vais mourir dans trois mois.
Le 6 avril 2016. Par euthanasie volontaire assistée."

Un livre poignant et drôle à la fois.
Commenter  J’apprécie          20
J'ai beaucoup entendu parler de Sophie Jomain et de ses romans. J'en ai d'ailleurs plusieurs chez moi, que je n'ai pas lu. Ce livre est donc le premier livre que je lis d'elle. Et je recommencerai avec plaisir !

J'ai adoré ce livre ! Bien que ma formation de psy m'ait fait tiquer plusieurs fois pendant le livre : en effet, quelques éléments sont quand même peu réalistes à mon sens. Cependant, j'ai tout de suite accroché aux personnages de Camille, à sa douleur, à sa détresse. Camille est un personnage attachant et très vivant, quoi qu'elle en dise.

La situation que dépeint l'autrice au travers du choix de Camille et de la réaction des proches, m'a paru plus juste.

Je dirais que ce livre est addictif, triste et émouvant, beau et drôle, saisissant. Je vous recommande ce livre pour un agréable moment lecture !
Lien : https://freelfe.blogspot.com..
Commenter  J’apprécie          20

J𠆚i découvert cette autrice avec son dernier roman ( M𠆚sseoir cinq minutes avec toi ) que j𠆚vais beaucoup aimé. Donc je continue ma découverte des œuvres de @sophiejomain et ce roman est une véritable claque.
Au début je ne savais pas vraiment dans quoi je m𠆞mbarquais mais grâce à la plume fluide et addictive de l𠆚utrice j’y allais avec plaisir. Puis on commence à entrevoir le sujet principal du roman et je ne saurai vraiment vous dire ce que j𠆚i ressenti exactement. On se sent si petit aux côtés de Camille et de sa souffrance. On se sent si démuni lorsque l’on voit la douleur de ses parents.
Je pense que c𠆞st un roman qui va me marquer pendant encore longtemps. Parce que forcément un roman sur l𠆞uthanasie ça ne laisse pas indifférent.
Commenter  J’apprécie          20
Un livre difficile à lire émotionnellement, mais important. On va suivre une jeune femme de 29 ans, dans les dernières semaines de sa vie. Camille souffre de dépression et a demandé à être euthanasiée en Belgique. Cette histoire nous plonge dans sa vie et dans l'enfer de son quotidien. J'ai décidé de lire cette histoire sans à priori, en faisant abstraction de mes convictions personnelles pour mieux comprendre cette jeune femme.
Certains passages sont difficiles mais montrent les mécanismes de la dépression, la mésestime de soi et ses conséquences psychologiques et physiques souvent invisibles.
J'ai fini cette lecture les yeux remplis de larmes ne sachant pas quoi penser de ce roman. J' ai eu besoin d'écouter une interview de Sophie Jomain pour mieux comprendre les intentions de l'auteure et digérer cette histoire.
Commenter  J’apprécie          20




Lecteurs (1143) Voir plus



Quiz Voir plus

Les étoiles de Noss Head (quizz sur le nom des personnages)

Quel est le nom de l'héroïne ?

Sisi
Wick
Hannah
Davis

8 questions
129 lecteurs ont répondu
Thème : Les étoiles de Noss Head, tome 1 : Vertige de Sophie JomainCréer un quiz sur ce livre

{* *}