Le faune Barbe-Bleue

Le sujet de ce roman très intéressant pourrait faire l'objet d'un devoir sur table en philo : qu'est ce que l'art ?
La question s'impose à l'héroïne du roman qui dans le cadre de sa thèse, dirigée par le professeur Henri Vidal (au nom au combien académique) se plonge (si je puis dire) dans l'univers d'un artiste contemporain, Joseph Barthelemy Schneeball, dit Bart, un drôle d'oiseau surgi du néant et de l'univers de la finance, un détourneur de tableaux, un plasticien (et le mot n'est pas trop fort), un créateur de performance dont les travaux dérangent le monde l'art et le monde tout court entre pornographie et voyeurisme.
Dans le cadre de sa thèse, notre héroïne Elisabeht H, va être confrontée au rejet instinctif de sa soeur, Aveline, dite Avy, journaliste pour l'oeuvre de Schneeball ainsi qu'à celle de Martin Showlager, critique d'art. Car sa thèse va amener Elisabeth à s'immerger tellement dans le travail de Bart qu'elle va en tomber amoureuse, jusqu'à ce qu'elle ouvre une porte pas fermée à clef.
C'est un roman étrange, et qui se lit rapidement. Bien construit, on se sent aspiré par les recherches de l'héroïne, comme l'eau dans le siphon, car les oeuvres de Schneeball sont une part de lui-même, son reflet dans l'eau sombre d'un lac et il vaut mieux parfois, de ne pas traverser le miroir au risque d'y trouver des monstres qu'on ne veut pas connaître.
On pense à Koons, à Hirst, à Mueck, à ceux qui lorsque leurs oeuvres sont exposées dans des lieux comme Versailles, provoquent l'ire des puristes à tort ou à raison au point de provoquer des réactions parfois violentes.

Une jeune femme qui fait sa thèse sur un artiste contemporain très controversé a l'occasion de le rencontrer. Elle en tombe amoureuse et s'installe chez lui. L'homme a déjà croisé plusieurs femmes dans sa vie dont le destin tragique est à l'origine de son inspiration morbide à moins que ce ne soit l'inverse. Une enquête policière qui ne dit pas son nom, un dénouement surprenant. Une bonne surprise alors que le quatrième de couverture ne m'avait pas inspirée.