Ah que cet ouvrage m'éveille des souvenirs étranges ! Rien que son visuel est amusant : il reprend la charte graphique habituelle des
Presses Universitaires de France (PUF) au tournant de l'an 2000, avec un portrait grand format de l'historienne en couverture et trois portraits petit format à l'arrière. Je ne sais pas pourquoi cela me reste en tête, cet aspect est désuet et en totale contradiction avec le fait que l'historienne concernée se met en avant non par sa personne, mais par son immense savoir.
Dans tous les cas, La France au XVIe siècle reste dans ma mémoire avant tout pour son propos. Il décrit le visage d'un pays entier, puissant et avantagé, mais complexe et troublé, entre deux dates charnières bien choisies, 1483 et 1598 (la deuxième est une évidence, la première pouvait être mise en balance avec 1498 afin de ne pas étendre le siècle trop loin). Cet ouvrage n'est pas un essai, ce n'est pas une thèse parmi d'autres, c'est une synthèse dans tout ce qu'elle a de bénéfique, car c'est une synthèse véritablement globale sur un sujet immense.
La France au XVIe siècle aborde tout ce qui compose une société à n'importe époque mais par le prisme des changements qui s'opèrent, soit de manière abrupte et donc plus spectaculaire, soit de manière sous-jacente, davantage sur le long terme, dans le royaume de France, tantôt uni, tantôt partagé sur des thèmes fondateurs comme la religion, la montée de l'absolutisme politique, l'usage des cultures antiques, la circulation de nouvelles marchandises et des nouvelles idées (et la nouvelle circulation des marchandises et des idées aussi d'ailleurs).
Arlette Jouanna met au service de ce vaste panorama érudit toutes les recherches qu'elle a pues mener durant tant d'années pour synthétiser notre vision d'une France qui se cherche, mais qui peut s'apaiser en affrontant des bouleversements qui, même s'ils sont graves, sont salvateurs dans ce qu'ils construisent sur le long terme.