Et l'on conclut forcément, à l'instar de Marx, que ces trois euros ne veulent rien dire. Rien, sinon qu'un monde où l'on promène des légumes sur vingt mille kilomètres pour gagner quelques centimes est un monde insensé. Un monde qui s'auto-détruit, comme l'Europe de 14-18, cependant qu'une poignée de privilégiés vit la vie de château en tirant son épingle de ce jeu déréglé (p. 49).
Avant la généralisation des transports en commun, remarqua Georg Simmel, les gens ne se trouvaient jamais dans la situation de se regarder les uns les autres sans se parler durant de longues minutes — avec quel soulagement, de nos jours, ne s'absorbent-ils pas dans leur écran pour échapper à cette situation bizarre ! (p. 65)
« D'ailleurs tout cela est assez dérisoire, notait Debord à l'âge de vingt ans. On pourrait aussi bien se taire ; ou se branler ; ou se suicider si on en avait le courage. On essaiera tout de même de s'amuser. » Avoir le cafard est si peu sportif (p. 34).
N'oublions pas que se lever le matin par obligation d'aller travailler, c'est être pauvre (p. 54).
Plier les jours en attendant les vacances, travailler pour gagner de l'argent tandis que s'allonge la liste de ce à côté de quoi l'on passe, puis, vite, courir se distraire, vraiment ? (p. 79)