Evana est un roman très particulier, entre récit onirique et fresque contemplative, qui se découpe en trois parties bien distinctes les unes des autres. Dans la première, on rencontre
Evana, jeune pantine crée par Professeur, qui s'éveille au monde, aux mots et aux sensations. Je ne vais pas m'étendre sur les deux autres parties pour ne pas en dévoiler trop sur l'intrigue, mais dans chacune d'entre elles, le récit se déroule dans de nouveaux lieux, radicalement différents des précedents, et
Evana fait la rencontre de nouvelles personnes.
La première partie m'a beaucoup plu dès les premières pages, elle est en effet très intrigante. Comme
Evana, le lecteur essaye de comprendre ce qu'elle fait là, qui est Professeur, quel est son but. le récit se déroule principalement en huis clos et
Evana ne côtoie que Professeur, son créateur, qui fait d'elle ce qu'il veut et surtout, l'empêche de d'être, de faire ou de ressentir ce qu'elle voudrait. Cette première partie aborde de façon imagée et forte les relations toxiques, la manipulation, le libre-arbitre entravé, la séquestration et les violences psychologiques.
Malheureusement à partir de la seconde partie et jusqu'à la fin du roman, j'ai trouvé que l'ensemble devenait trop nébuleux pour moi. J'avais du mal à voir où l'autrice emmenait le lecteur et ses personnages et j'ai progressivement perdu de mon intérêt pour l'histoire. J'ai eu beaucoup de mal à comprendre les comportements, réactions et motivations des antagonistes qui manquaient aussi bien de développement que d'explication. Dans chaque partie il y avait des redondances et il manquait d'action ou de rebondissement à mon goût. Mais je comprends tout à fait que le récit soit plutôt axé sur de la réflexion, la contemplation et la philosophie, ce n'est juste pas vraiment ma tasse de thé.
Evana est un beau personnage. On la suit depuis sa « naissance », on la voit grandir et apprendre. Elle est donc très naïve et ne sait pas forcément comment se comporter avec autrui. J'ai aimé suivre son évolution et la voir se forger grâce à ses rencontres et ses expériences. Peu à peu, elle s'émancipe, hausse la voix et devient maîtresse de son destin et de ses choix. J'ai également adoré Creori qui est extrêmement touchant.e et fait preuve d'une bienveillance et d'une gentillesse sans pareil tout en tirant
Evana vers le haut et vers la liberté. Leur amitié est superbe !
L'écriture est très poétique, parfois même lyrique, musicale et sensible. La plume confère une grande importance aux couleurs et aux teintes qui viennent colorer les pensées et idées d'
Evana et le regard qu'elle porte sur le monde qui l'entoure. L'autrice joue sans cesse avec les mots, les sonorités en les associant et c'était astucieux, créatif et très agréable à lire. Mais j'ai trouvé que les dialogues étaient peu naturels et manquaient d'émotion, sonnant très robotique par moments.
Evana est donc un roman hautement singulier, véritable ovni littéraire qui oscille entre récit initiatique, conte et poésie. Si je ressors un peu perdue et mitigée de ma lecture, les thèmes abordés sont en revanche très importants et portent un message de tolérance et de féminisme qui font chaud au coeur. Dans tous les cas, c'est une lecture qui ne laisse pas indifférent.e !
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