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EAN : 9791095434207
168 pages
Editions Do (08/10/2019)
4.14/5   7 notes
Résumé :
"L'Age du fer" est à la fois un conte et un roman du passage à l'âge adulte. Une histoire racontée du point de vue d'une enfant qui a grandi dans la Finlande, puis la Suède, des années 50. "L'Age du fer", parce que la vie dans la ferme familiale est rudimentaire et difficile ; mais aussi en référence aux éclats d'obus entrés dans les jambes du père. "L'Age du fer", parce que la petite fille pense que ce fer a affecté non seulement les jambes de son père, mais son co... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Le 7 août 1948 s'achevaient les jeux olympiques de Londres, le Finlandais Viljo Heino favori de l'épreuve avait laissé la médaille d'Or filer à Émile Zatopec suivi par Alain Mimoun. La Finlande perdait son statu inviolé, celui des rois du 10 000m
Les Finlandais avaient Jusque-là dominé toutes les épreuves des JO précédents sur le 10 000 m, avec les fameux doubles médaillés d'or, Pavo Nurmi et Laase Viren.
Mais qu'est-ce qui fait courir ces Finlandais ? Les Russes ou les Suédois, les uns voulant les annexer, les autres les soumettre à la couronne. de son pays Arja Kajermo la narratrice devenue écrivaine parle peu et pourtant.
La Finlande est riche d'une mythologie particulière et féconde par les Samis, population autochtone très ancienne. Une minorité souvent malmenée en Suède et en Norvège, du fait de leurs coutumes et notamment celui de l'élevage des Rennes ( Cf les ouvrages de Olivier Truc ).


Nous sommes en 1950 et nous suivrons une famille d'agriculteurs, une histoire racontée par Arja la petite fille, dont "la grand-mère était une femme en colère. La plupart du temps c'était contre son papa qu'elle était en colère avoua t-elle page 30."
Avec vigueur son autorité règne à la suite du décès de son mari sur l'ensemble de la famille. Elle puise son énergie, peut être sur les droits des femmes, le droit de vote fut accordé aux femmes avant tous les autres pays démocratiques.


Elle va se heurter à son propre fils, un fils aîné qui finira par baisser les bras. Elle règne aussi par sa force de caractère refusant toute dépense inutile ne croyant qu'en la vertu du travail. Arja Kajermo la narratrice se souvient page 13 : "grand-mère remontait la colline en suivant le chemin de terre avec l'allure constante d'un char russe. C'était difficile de garder le rythme. "


La famille finit par partir en Suède, poussée par cette irritable patronne mais la vie ne sera pas aussi florissante que le papa pouvait l'imaginer.
"Les éclats d'obus que papa avaient toujours dans les jambes depuis 1944, chacun d'entre nous les portaient dans son coeur écrit-elle page 84."


Le jour où son papa lui a demandé de lui montrer qu'elle était sa main droite, puis sa main gauche, tout l'univers de la petite fille a basculé. Arja ne savait pas qu'il y avait une main plus importante que l'autre.
C'est à ce moment-là que j'ai complètement arrêté de parler, et préféré passer pour une idiote incapable de faire la différence entre la gauche et la droite incapable d'apprendre le Suédois.

Puis plus tard elle ajouta, "je veux rentrer à la maison je ne veux pas rester ici je veux retourner vivre avec grand-mère et Tapio. Je vais habiter là où je peux parler. J'ai regretté d'avoir ouvert la bouche et d'avoir parlé ce jour-là page 122."


Cependant l'épisode qui apparaît à la fois comme le plus fantasque et le plus drôle est celui où la jeune écrivaine raconte comment son frère a un jour accroché un caleçon long pour remplacer le drapeau de la Suède. Un caleçon long bien bleu de la couleur de la Finlande
Tout y est résumé, le besoin de parler sa propre langue le besoin de se parler en famille avec sa propre langue, le besoin de se retrouver sur son propre territoire là où on a commencé à vivre.

Est-ce un livre sur l'apprentissage de la vie d'adulte, le passage de la vie d'une petite fille vers la maturité ou plus simplement un livre sur l'épreuve de l'exil.
Cette épreuve, les enfants l'ont vécu dans leurs mots, dans leurs jeux, dans le plaisir d'être en famille parler ou pas le finnois. Cette épreuve de l'exil, ils l'ont vécu à travers le jeune Tapio qui venait les rejoindre chaque été et chaque été était devenu une épreuve de séparation. Un abandon de plus qui les éloignait de leurs terres natales. L'auteure Arja écrit pour digérer cette expérience, l'exprimer en anecdotes, en mots, et en événements subtils et délicats qui peu à peu dessinent une fissure entre la mère et le père.


La mère continue à parler le finnois alors que le père ne souhaite entendre de la part de sa famille que le Suédois avec l'obsession qu'il a de s'implanter et de passer inaperçu sans faire de vagues.
L'ensemble est comme une broderie qui peu à peu révèle un climat à la fois tendre et sombre quand la petite fille sent que ses racines se diluent, s'estompent, le langage du coeur, sa langue natale ne passe plus alors elle préféra se taire.
Toutes les émotions passent à travers ses silences qu'elle efface peu à peu par les livres de contes qu'elle va dévorer un par un de Grimm à Andersen.
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« L'Age du fer est à la fois un conte et un roman du passage à l'âge adulte… » C'est une histoire qui est racontée par une petite fille et qui peut donc paraître par moment, un livre destiné à des enfants, mais ce n'est qu'une première impression. ( Il peut toutefois être lu par des adolescents. Je ne suis cependant pas convaincue que le style et l'histoire elle-même les séduisent)
C'est un livre assez particulier car sous des apparences simples, il nous montre la dureté de la pauvreté, les préjugés, la ségrégation mais aussi la difficulté d'intégration pour les immigrés, le regard pas toujours bienveillant. L'histoire se passe dans les années 50, en Finlande pour la première partie et en Suède pour la seconde.
J'ai rarement lu des livres sur ces pays ( au-delà des policiers) et j'ai beaucoup apprécié ce dépaysement, même si ce n'est pas la gaieté, l'opulence ou encore la chaleur humaine que l'on y trouve mais bien plutôt la misère, le rejet, la discrimination.
C'est également un livre particulier de par sa forme. A côté d'une écriture simple, il y a donc des thèmes durs abordés mais aussi il y a tout au long de ce livre des illustrations enfantines. On oscille donc toujours entre le monde de l'enfance et le monde adulte. C'est un choix que je trouve tout à fait judicieux et qui, s'il m'a un peu surpris, m'a beaucoup plu. J'ai particulièrement aimé la deuxième partie lorsque la famille part s'installer en Suède.
C'est une totale découverte pour moi. Je ne connaissais ni l'auteur ni les éditions ni la collection. Je suis donc ravie de ce petit intermède.

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La narratrice de ce roman, aux accents autobiographiques, nous conte, avec toute la fraîcheur et l'innocence enfantine propres à son âge, même si feintes - et c'est ce qui donne encore plus de poids au propos -, son enfance morcelée entre son pays natal, la Finlande, et son pays d'"adoption", la Suède, que sa famille rejoindra après quelques années à subsister tant bien que mal.

Car nous sommes dans la Finlande de l'après-guerre, ruinée et ravagée par les Allemands après que le pays a choisi de signer un traité de paix avec l'URSS en 1944, donc de se battre contre l'Axe, et dans une indépendance de façade, car l'influence de l'URSS sourd dans tout le pays. Il est de fait difficile, pour le père, de travailler durablement, d'où la fuite de la famille en Suède, pour une situation malheureusement à peine meilleure. Car être un immigré finlandais a un sens à l'époque, et les démarches nécessaires pour s'acclimater, se faire accepter, sont compliquées.

Le récit, profondément orienté vers le merveilleux, les mythes et légendes finlandais saupoudrés de réalisme, comme peut les comprendre une enfant, devient, en même temps que la narratrice grandit et que la situation se complique, de plus en plus sérieux, violent, grave, jusqu'à n'être plus que baigné dans un réalisme trivial à l'arrivée en Suède, comme si l'âge de l'enfance était désormais révolu avec le déracinement. Il se lit d'une traite, tant l'histoire de notre protagoniste est touchante et magnifiquement contée, qui plus est servie par de superbes illustrations, réalisées par la nièce de l'autrice.

Une découverte comme je les apprécie, et d'Arja Kajermo, et des éditions Do, dont je me suis depuis procurée de nouveaux titres.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
On a apporté notre guerre avec nous. Les éclats d'obus que Papa avait toujours dans les jambes, depuis 1944 et la pénible retraite liée à la défaite, avaient réussi à s'introduire jusque dans ses enfants. Chacun d'entre nous portait dans son coeur un éclat de ce métal.
On ne serait jamais en paix. Pas en Suède. Nulle part.
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Il y avait aussi le problème des lettres qui se ressemblaient , comme le "b" et le "d". La maîtresse disait qu'on n'avait qu'à s'imaginer que c'était des bâtons, l'un avec un gros ventre, l'autre avec un gros derrière. Mais ça n'aidait pas parce que tout dépendait dans quel sens ils allaient.
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Tout était tellement plus simple depuis que j'avais arrêté de parler. Je n'avais jamais à redouter de dire une bêtise. Le silence c'était une sécurité.
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Les femmes parlaient toujours à voix basse entre elles. Si elles riaient, les hommes disaient qu'elles gloussaient. Les femmes recommençaient alors à parler tout bas en croisant les mains dans leur giron et en soupirant. Et elles me disaient d'aller jouer plus loin.
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Je suis restée cachée derrière la porte. Papa avait ce côté étrange et séduisant qu'ont les gens qui reviennent d'un long voyage.
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