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sur 139 notes
Un très touchant et poétique texte qui nous emmène en Corée et en particulier sur l'île de Jeju. C'est un texte bouleversant, qui avec une écriture poétique va nous parler d'épisodes tragiques de l'histoire de la Corée. En 1948-1949, des milliers de civils ont été massacrés par l'armée.
Je continue à découvrir et apprécier les écrits de cette auteure et la traduction parfaite nous permet d'en appréhender toute la poésie. de belles pages sur la neige qui tombe. L'auteure "s'attaque" à des faits tragiques et souvent occultés de l'histoire de son pays (insurrection d'étudiants dans "celui qui revient"). Elle parle aussi très bien des relations humaines, des déchirures, des traumatismes des personnes (comme dans "la végétarienne") . Avec des beaux mots, de belles images, elle nous interpelle sur des maux de cette société coréenne, sur les déchirures, les traumatismes.
Malgré ces sujets difficiles, l'auteur nous embarque dans ce voyage avec des moments terribles mais aussi des pauses de poésie pure. Elle parle très bien de l'amitié, du pouvoir des rêves, de l'imagination.
Ces textes permettent aussi de ne pas oublier des oubliés de l'histoire, est ce que les adieux sont possibles ou impossibles ?
#Impossiblesadieux #NetGalleyFrance
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C'est une histoire de neige, d'amitié, d'oiseaux blancs, de cinéma, de cauchemars… une tempête balaye ce roman, elle est météorologique et métaphorique.
Tantôt déchaînée, tantôt curieusement apaisée, elle coupe progressivement l'héroïne et le lecteur du monde extérieur, étouffe les sons, engourdit les sens… puis survient la mémoire, elle aussi blanche, presque surréelle : raconter les vies emportées, cette même neige qui se dépose sur les visages sans fondre…
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« Impossibles Adieux » est un roman de la coréenne Han Kang, traduit par Kyungran Choi et Pierre Bisiou (2023, Grasset, 330 p.). A le lire, le récit me fait penser au « Die Winterreise » (Le voyage d'hiver), une suite de lieder de Franz Schubert, composé en 1827 sur 24 poèmes de Wilhelm Müller. L'unité du premier cycle du « Winterreise » est placé sous le signe du voyage. Il tient à l'obsession du passé, symbolisé par le mode majeur, en opposition avec le monde du présent, écrit en mode mineur. Cela commence avec un « Gute Nacht », de tonalité funèbre. Les douze lieder suivants qui ne regardent plus vers le passé, mais vers la mort, avec « Die Nebensonnen » (Les Soleils Fantômes). « Je vis trois soleils dans le ciel ». Lieder qui accompagne le roman de Gérard Oberlé, le grand maître de la librairie antique et surtout du roman noir, dans son roman « Retour à Zornhof » (2004, Grasset, 260 p.). Depuis son superbe manoir-bibliothèque nivernais de Pron, Gérard Oberlé revient sur ses terres, via Henri Schott, un écrivain d'une soixantaine d'années. Malade, du genre qu'il ne soigne pas, il revient dans le village de son plateau lorrain, Danne, à côté de Phalsbourg, avant la descente sur Saverne par l'autoroute. Paysage plat, battu par les vents et la neige en hiver, le vrai nom est « Danne-et-Quatre-Vents » d'où la connection avec « Die Winterreise ». J'y pense chaque fois que j'y passe pour aller à Strasbourg. À la fin du livre, l'auteur, malade, mais comme apaisé, pourrait reprendre à son compte la mélodie de Schubert : « Je suis au bout de mes rêves / Pourquoi m'attarder parmi les dormeurs ? »
Ce sont donc trois femmes, Gyeongha, son amie Inseon et sa mère qui vont être confrontées à leur mémoire commune. C'est le massacre de Jeju de 1948, où des milliers de personnes ont été tuées par le gouvernement soutenu par les Américains.
Le « soulèvement de Jeju » commence le 3 avril 1948 sur l'île de Jeju au sud de la Corée. Cette dernière est encore unifiée. En 1948, le gouvernement provisoire de l'armée américaine se retire pour transmettre le pouvoir à un président élu, L'assemblée des Nations Unies appelle à la tenue d'élections sous la supervision de la commission de l'ONU. En mai 1948, le comité populaire provisoire organise des élections législatives et les candidats soutenus par le gouvernement remportant 86,3 % des voix pour un taux de participation de 99,6 %. Ces élections sont aussi organisées clandestinement dans le sud. Mais, le pays va vers la partition, qui débouchera sur la guerre de Corée, de juin 1950 à juilllet 1953. le soulèvement de Jeju et sa répression coûtent la vie à entre 14 000 et 60 000 personnes sur une île qui compte à l'époque 300 000 habitants. L'intervention de l'armée sud-coréenne est particulièrement brutale, et cause la destruction de nombreux villages. Par réaction, elle suscite des rébellions dans la péninsule ainsi que la mutinerie de plusieurs centaines de soldats. La rébellion dure jusqu'en mai 1949. Quarante mille résidents de Jeju s'enfuient au Japon, et créent une « Jeju town » à Osaka. C'est donc un traumatisme très fort qui marque le pays tout entier et ses habitants, avant que la partition du pays en 1953 ne finisse par couper les populations en deux mondes séparés.
Ce n'est ni la première, ni la dernière fois, que la Corée du Sud vit une insurrection qui se termine en bain de sang. Un autre roman de Han Kang « Celui qui revient » (2016, Serpent à Plumes, 234 p.) est sorti sous une belle couverture grise à fleurs d'hibiscus dans une traduction de Jeong Eun-Jin et Jacques Batilliot. Un véritable choc littéraire que ce livre écrit en hommage aux morts des émeutes de mai 1980. Cela se passe après la prise du pouvoir par la junte militaire, régime on ne peut pas dire plus autocratique avec quelques libertés vis-à-vis des droits de l'homme. Etait ce le prix à payer pour que les chaebols prennent (avec l'aide du gouvernement) le pouvoir économique du pays (et ceci au détriment de certaines règles démocratiques et à quelques libertés suspendues). Cela ne se passe pas sans heurts et les manifestations augmentent à Séoul, et à Gwangju, l'ancienne capitale de la province de Jeolla du sud. Les problèmes interviennent après l'assassinat de l'ancien président Park Chung-hee, semblant de libéralisation et en mai 80, grandes manifestations dans tout le pays. Répression impitoyable par l'armée, sous prétexte d'éradiquer le sursaut communiste (non vérifié). La répression a été très brutale, avec tirs à balles réelles. En particulier, à Gwangju, on estime les morts entre 600 et 2000 sur environ 200 000 manifestants pour une ville de 750 000 habitants. Les personnes arrêtées sont au nombre de 56 000 dont 39 000 envoyées en camps de rééducation. L'actuelle présidente Park Geun-hye est d'ailleurs la fille du président assassiné. Elle s'est timidement excusée pour les dégâts causés par son père sous son régime (c'est joliment dit, en tous cas). Il est frappant que 25 ans après, ces blessures liées à la répression ne soient toujours pas refermées. A cette époque en 2008, les étudiants étaient toujours en cités séparées par sexe.
La Corée du Sud est un pays où le taux de suicide est très élevé. On peut comprendre pourquoi. J'avais été frappé, lors d'un voyage à Séoul en 2008, depuis le Japon voisin, par l'aspect de la ville. Ville très vaste, peuplée, mais aux contrastes presque choquants. Une ville ancienne, avec ses marchés locaux très animés, et une périphérie dans lesquels les immeubles rendent quelconques nos cités banlieusardes de type Nanterre ou du 9.3, presque idylliques par leur taille. Idem pour la campagne environnante, parcourue en TGV (modèle français) que l'on a été très fier de me montrer jusqu'à Daejeon à une petite heure au sud de Séoul.
Retour à Jeju et à ces trois femmes. Depuis, la dictature militaire avait fait de cette histoire un sujet tabou jusqu'au milieu des années 90. Dans le dialecte de l'île, il y a un mot qui désigne « garder le silence », et qui accompagne toujours le récit de Jeju.
Le roman est structuré en trois parties. Dans la première, Gyeongha quitte Séoul pour l'île, le tout dans une violente tempête de neige. Dans la seconde partie, on plonge dans les abîmes de la nuit de l'être humain. Et dans la troisième, les personnages s'échangent une bougie. Sachant que le thème de ce roman est un massacre, Han Kang voulait un roman léger, d'où les thèmes de la neige, de l'oiseau et de la flamme. Ces trois entités se réflètent dans le texte, à la manière d'une construction pénitentiaire qui surveille tout, avec, en ombre chinoise (‘mauvais jeu de mot) les ombres des disparus de Jeju. Par exemple, Gyeongha rêve une scène où des arbres noirs ont une taille humaine. « le champ où je me trouve s'étend sur une colline hérissée de milliers d'arbres noirs sans cimes ni branches, de troncs nus. Ils sont de tailles légèrement variées, comme des personnes d'âges différents. Il ne sont guère plus épais qu'une traverse de voie ferrée mais courbés, tordus, l'ensemble évoquant une frise composée de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants maigres qui se tiendraient sous la neiges, épaules voûtées ». Cela va fournir à son amie Inseon, un moyen d'interpréter une intuition à propos de sa défunte mère décédée, qu'elle ne saisit pas entièrement. C'est une partie du triangle du roman, où les trois femmes sont liées par l'invisible et le non-dit : un rêve, le silence lié au récit du massacre de Jeju, ou à l'amour qu'elles se portent.
Avec en toile de fond l'autre massacre, celui de Gwangju, l'ancienne capitale de la province de Jeonam tout au Sud de la péninsule, où Han Kang est née en 1970. Puis surtout, ce sont les émeutes de 1980, que Han Kang prendra pour cadre dans « Celui qui revient » (2016, Serpent à Plumes, 234 p.). Roman terrible que cette succession de sept nouvelles sur les émeutes et leur répression. Comme pour exorciser la violence, en 2018, elle prend une chambre à Jeju. « [elle] marchait beaucoup, et [elle s'est dit] au cours de {ses] promenades, que ce rêve était lié à la mémoire, à ce lieu, mais aussi à l'histoire universelle de l'humanité ».
Et là, à Jeju, elle découvre la neige, « La neige tombe. / Sur mon front et sur mes joues. / Sur ma lèvre supérieure et sur mon cou. / Elle n'est pas froide. / Elle est comme des plumes. / Juste le poids de la pointe d'un pinceau ». Elle part à la suite de Gyeongha qui part là-bas pour sauver le perroquet blanc d'Inseon, qui s'est coupée deux doigts, et se trouve captive d'une tempête, accomplissant un périple pour rejoindre la maison isolée de son amie. Il fait froid, le paysage disparaît sous la neige, elle perd ses repères. « Je sors dans le séjour et constate que la neige continue de tomber derrière la fenêtre gris-bleu. de gros flocons, comme si d'innombrables oiseaux blancs s'abattaient en même temps, silencieusement ». C'est le retour au « Winterreise ». C'est un livre de deuil qui, à l'image de la complainte romantique du lieder, cherche la beauté au sein même de la perte. Elle a alors cette phrase magnifique « Je voulais qu'il neige du début jusqu'à la fin du livre. Quand il neige, j'ai toujours l'impression que l'on entre dans une autre dimension. La neige tombe entre la réalité et le rêve, et crée un espace intermédiaire qui remplit l'espace vide dans cette histoire, l'espace que pourrait occuper Dieu ». C'est aussi la signification du titre, où en coréen le terme « adieu » signifie à la fois l'adieu, et le fait de se détacher de quelqu'un. « Impossibles Adieux » c'est donc la décision de ne pas dire adieu, mais aussi le fait de ne pas faire ses adieux.
Retour aussi au bouddhisme et à la pensée tao, avec l'absence-présence de Dieu, et surtout la symbolique du chiffre trois. Avec les trois personnages féminins, la réalisatrice de documentaires, l'artiste ébéniste et la mère qui consacre sa vie à attendre le retour de son frère victime du massacre, la romancière dessine ce qui pourrait être un autoportrait. On constate alors que le roman qui est presque un rêve ou un onirisme écrit, est un un hymne à l'amitié, et surtout un formidable réquisitoire contre l'oubli. « Tout devient silencieux, la fin d'une musique, le volume baisse progressivement avant de s'effacer, comme le visage de quelqu'un qui s'endort soudain en arrêtant de chuchoter ».
Et retour sur les oiseaux « Je ne sais pas comment dorment les oiseaux, ni comment ils meurent. Si leur vie s'arrête quand les dernières lumières s'éteignent. Si leur vie, comme un courant électrique, continue de couler jusqu'à l'aube ».


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Han Kang signe un roman glaçant mais essentiel. Entre fantastique et réalité implacable, elle nous plonge dans l'atrocité de l'Histoire coréenne. Poétesse, l'auteure nous embarque dans le fantastique et la douceur glaçante de la neige pour en faire émerger la mémoire traumatique d'un pays qui n'a pu affronter ce passé qu'au début des années 2000.
Lien : https://surlaroutedejostein...
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Un livre difficile à appréhender au début, car les souvenirs, les rêves et les cauchemars de la narratrice se mélangent sans cesse. Et pourtant, derrière ce texte onirique se cache une lourde histoire, celle d'un massacre sur l'île de Jeju en 1948. Comme hantée par les fantômes de l'île, la jeune Gyeongha va nous faire revivre ces évènements. Des nuits de terreurs pour les survivants et la découverte d'une histoire méconnue pour cette habitante de Séoul. Même si je ne suis pas sûre d'avoir tout compris à cette histoire, j'ai beaucoup aimé le style de Han Kang. Elle nous donne l'impression que son récit part dans tous les sens, néanmoins elle nous captive et nous intrigue jusqu'à nous dévoiler son véritable message, comme un hommage aux victimes oubliées.

#NetGalleyFrance
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Lorsque j'avais lu « la végétarienne «  de cette auteure, l'étrangeté de l'univers de celle-ci m'avait laissée un peu abasourdie sur le côté avec l'impression de n'avoir pas compris ce livre de qualité. Même impression avec ce livre-ci que j'ai beaucoup aimé mais auquel je crains de n'avoir pas compris grand chose. Toutefois , constatant que je faisais énormément de rêves au cours de ma lecture à la différence de mes nuits habituelles, j'ai conclu qu'elle s'adresse à notre inconscient et qu'il ne s'agit pas de tout comprendre mais de ressentir l'émotion et la volonté de l'auteure.
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Grâce à la masse critique de Babelio, j'ai eu le plaisir de pouvoir découvrir ce nouveau roman de Han Kang, ayant beaucoup apprécié La végétarienne et Leçons de grec. Impossibles adieux est un récit différent de ses précédents par son thème cependant le style propre de l'autrice se retrouve.

Le roman est séparé en trois parties : Oiseau, Nuit et Flamme. Les deux premières sont composées de six chapitres nommés tandis que la dernière partie sert de conclusion.

Ce roman met en avant deux femmes, Gyeongha et Inseon, anciennes collègues de travail devenues amies, mais s'étant perdues de vue depuis quelques années. Gyeongha est contactée par son amie lorsque cette dernière se retrouve alitée. Ayant laissée derrière elle son île natale et son perroquet, Iseon demande à son amie de se rendre à Jeju le plus vite possible pour nourrir son oiseau avant qu'il ne soit trop tard. Commence alors une aventure presque irréelle, tel un songe lors d'une longue nuit d'hiver où la tempête frappe durement.

L'écriture poétique de Han Kang m'a à nouveau charmée. Il est difficile de démêler les rêves - ou les hallucinations - de la réalité mais c'est aussi ce qui confère à ce roman sa force. Tout en racontant l'histoire des deux héroïnes - leur rencontre, leur amitié... - le roman aborde un pan cruel de l'Histoire de la Corée avec les massacres de civils prétendument communistes perpétrés en 1948-1949.

Les deux femmes (sur)vivent une vie solitaire, telles des fantômes. Elles veulent témoigner de l'Histoire traumatique mais cachée de leur pays. J'avais déjà été confrontée au soulèvement de Jeju dans L'île des femmes de la mer de Lisa See. Toutes les deux dénoncent la cruauté de cet événement avec des images très crues même si Han Kang joue avec la beauté de la neige qui recouvre ce qui s'est passé.

Impossibles adieux est un très beau roman témoignant de ces atrocités et luttant contre l'oubli de ces événements.
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Impossibles adieux d'Han Kang.

« Chaque fois qu'il neige, tout me revient. J'ai beau essayé de ne pas y penser, cette chose resurgit sans arrêt. »

Gyeongha et Inseon sont amies de longue date. Gyeongha doit se rendre sur l'île de Jeju pendant l'hospitalisation de son amie et aller nourrir son oiseau. Une tempête de neige l'y attend et un retour sur une sombre et tragique partie de l'histoire coréenne.

Entre 1948 et 1949 ,la répression d'un soulèvement populaire que les autorités américaines accusent d'être « communiste » ,fait plus de 30000 morts , soit plus de 10% de la population de l'île.

Ce roman se lit comme un conte funèbre, qui dévaste le lecteur.
Personnellement ,je découvre ce fait historique.
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Le livre traite du conflit sur l'île coréenne de Jeju (qui comptait à l'époque 300,000 habitants) en 1948 et 1949 dans lequel des milliers de personnes ont été tuées quand il y a eu un soulèvement local contre la résolution n° 112 des Nations Unis qui appelait à la tenue d'élections (un nouveau phénomène en Corée) sous la supervision de la commission de l'ONU. Les communistes se sont opposés aux élections.

La pièce centrale du livre est le massacre de civils par l'armée. "Le schéma s'est répété dans presque tous les cas : les villageois étaient rassemblés dans une cour d'école avant d'être exécutés à proximité, dans un champ ou au bord de l'eau." Trente mille civils exécutés. Vingt mille civils qui se sont dissimulés dans les montagnes.

Une légende qui apparaît tard dans le livre décrit bien la relation entre les personnages et le passé. Selon cette légende, une femme avait donné à manger à un mendiant, et ce dernier lui avait conseillé d'escalader une montagne voisine le lendemain...et de ne pas regarder le village en arrière pendant qu'elle le faisait. le lendemain, le village a été victime d'une catastrophe naturelle pendant que la femme gravissait la montagne. Comme Orphée, elle n'a pas pu résister à la tentation de regarder en arrière ; et (contrairement à Orphée) elle s'est transformée en pierre. "Qu'y avait-il dans ce village pour qu'elle se retourne encore et encore?" Avec cette légende, on perçoit l'attrait irrésistible du passé et le mal qu'il peut causer. On peut se demander également: Qu'y a t-il dans la rébellion de l'île de Jeju pour que les personnages re retournent encore et encore? L'un des personnages nous donne la réponse : "Il devait y avoir là-bas quelqu'un qu'elle voulait sauver, sinon à quoi bon se retourner sans cesse?" Cependant, qui veulent les personnages de Impossibles Adieux sauver avec leur retour à un massacre qui s'est passé il y a plus d'un demi-siècle? Dans ce livre, il y a des moments où on ignore si les morts sont revenus pour interagir avec les vivants.

Concernant le style du livre, il est lent, avec un rythme hypnotique et parfois poétique, comme cette description du sentiment qui suit la mort d'un être cher: "Je pensais que je reviendrais enfin à ma propre existence après sa disparition, mais le point de non-retour était atteint, je ne pouvais revenir en arrière.....Alors que je n'avaid plus besoin de mettre fin à mes jours pour fuir, je vivais avec l'envie de mourir."

Je me suis parfois interrogé sur l'étendue de la relation entre Gyeongha et Inseon. Parfois les passages comme les suivants suggèrent une relation qui dépasse l'amitié : "Nos corps ne se touchent pas mais nos ombres flottent sur les murs comme deux géants siamois liés par leurs épaules"...."ses bras, portant encore la froideur du dehors, chargés aussi d'une odeur de cigarette, me happaient aux épaules."

Après avoir lu les deux tiers du livre, j'ai eu l'impression que les personnages étaient simplement une excuse pour donner une leçon d'histoire. C'est-à-dire que le ton du livre est devenu trop pédagogique, consistant en de longs monologues racontant les atrocités.

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L'atmosphère de ce livre est très éthéré, presqu'irréel.
Entre les flocons de neige se racontent des pages sombres de l'histoire de la Corée. Une histoire sur l'amitié, sur la filiation. Une belle écriture à la fois poétique et sculptée.
je recommande.
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