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EAN : 9781974676194
308 pages
CreateSpace Independent Publishing Platform (19/08/2017)
4.73/5   13 notes
Résumé :
Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas profité de ce cadre idyllique.
Pourquoi ne pas y aller cet été, avec sa fiancée
L’occasion rêvée pour ses parents de rencontrer l’élue de son cœur.
Retraités et heureux propriétaire de leur maison dans les Alpes, ils
seraient ravis d’apprendre la nouvelle.

Kate Del Ferra diplômée de Lettres et passionnée de Littérature universeLLe aux grands « L » et aux grandes ailes. Grande lectri... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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C'est grâce à un ami sur Facebook que j'ai eu le plaisir de découvrir ce livre. Un cadeau qui m'a touché... Laurent a très bien cerné la lectrice que je suis...

Un thriller psychologique d'une excellente qualité ! Le ton est donné dès le départ par l'auteur Kate Del Ferra.

C'est l’histoire d'une vie qui va à un moment basculer… Le titre ne vous dira rien et pourtant tout tourne autour... Jinjinaji... C'est beau, avec une connotation exotique... Ne, vous y trompez pas, il y a aussi la comédie qui tue... Pourtant ici point de sang, point de meurtres et pourtant les envies de tuer sont présentent...

Pour faire un bon thriller, un bon auteur n'a pas besoin de balancer de l'hémoglobine à tout bout de champs, ni balancer des cadavres à toutes les sauces... Il suffit d'avoir du talent et de maîtriser l'art de l'humour noir, du cynisme et que le lecteur comprenne cet humour complètement décalé. Cela nécessite un vrai travail sur l'intrigue, les personnages qui seront au centre du sujet...

Une intrigue d'une rare qualité que l'auteur mène avec brio de la première à la dernière ligne avec une écriture maîtrisée et fluide, elle entraîne le lecteur dans un délire complètement inattendu !

Des personnages dont la construction est faite avec talent, tout tourne autour d'un quatuor qui peut tout à fait se transposer dans la réalité ! Nous sommes cernés et c'est peu de le dire... Contrairement à ce que l'on croit parfois, les pires ne sont pas les étrangers, mais les membres d'une même famille qui peuvent se détruire... Ça nous ressemble et c'est tellement loin de nous en même temps... Ces relations familiales parfois bien tordues qui peuvent nous faire fuir... Que l'on hésite à fuir... Que l'on pense maîtriser... Mais à un moment tout bascule et l'on ne maîtrise rien... Ou plus rien...

Une lecture qui invite à la réflexion tout en se tordant le bide de rire parfois, avec les situations cocasses et l'on visualise tellement bien les yeux ronds que font certains...

Une construction narrative dans laquelle l'auteur a fait le choix de donner la parole à un personnage, qui va livrer sur un plateau ses interrogations, mais aussi un pan de son existence, de sa manière de voir les choses et de vouloir les contrôler... À travers, son regarde le lecteur est invité à comprendre on non... Tour à tour, on a les visions des autres membres de cette famille et là le lecteur passe du rire réel et non feint, à l'étonnement le plus total, tellement les situations sont délirantes... On se demande si c'est vrai... Si vraiment les choses se déroulent comme ça...

L'auteur, a un réel talent de conteuse d'histoire, avec un cynisme déconcertant elle plante l'intrigue, ne ménage pas ses personnages et cela pour le plus grand plaisir du lecteur ! C'est jubilatoire, c'est cynique, le sentiment de gêne, de honte, d'horreur... On passe par tout plein de choses qui nous remuent les tripes, nous font rires.

J'adore cet humour complètement décalé et cynique... J'aime cet humour noir qui te permet de prendre de la distance avec les horreurs des situations qui peuvent se présenter...

Il faut un sacré degré d'empathie, d'introspection pour présenter un tel bouquin avec ce cynisme qui te permet de justement de ne pas perdre pied.

Les rapports humains sont décortiqués avec maîtrise et surtout l'auteur emmène son lecteur dans une aventure qu'il ne voit pas venir, elle livre peu à peu, avec parcimonie les révélations qui vont tour à tour déstabiliser, étonner le lecteur pour complètement le laisser sur le carreau tellement il ne voit pas venir LE truc …. Ce truc qui sera le déclencheur...

L'auteur tout en douceur et avec humour, pousse le lecteur à vivre l'intrigue comme un miroir dans lequel il pourrait se voir... Qui n'a pas vécu la première rencontre avec ses futurs beaux parents ? Qui n' pas été, parfois été déstabilisé par une « plaisanterie » limite... La ligne à ne pas franchir avec les familiarités qui sont déstabilisantes ou cet empressement à accueillir « l'autre » comme s'il faisait partie de la famille... Au point de devenir envahissant, harcelant... De ne pas oser y mettre une limite par amour, par peur...

Savoir dire stop, non, ne se fait pas qu'à l'extérieur... Il faut aussi savoir le dire en famille, entre amis... Et à mon sens, c'est là que cela s'apprend en premier... Si nous n'en sommes pas capables dans nos sphères familiales et amicales, serons nous armés pour le faire à l’extérieur ? Savoir déceler la perversité sous toutes ses formes, ces manipulations quotidiennes dont nous pouvons être les victimes

Un vrai coup de cœur livresque, d'une excellente qualité avec un humour audacieux, glaçant et grinçant à la fois qui fait sourire, rire, révolte et donne envie de vomir... Qui ne laisse pas indifférent, qui présente la perversion sous des angles bien réels et palpables avec des situations aussi loufoques les unes que les autres et pourtant tellement réalistes, que chaque lecteur devrait pouvoir y retrouver un peu de lui, pour peu qu'il le fasse avec recul et avec un œil emprunt d'empathie, se mettre en retrait pour savoir lire entre les lignes et pour que le plaisir soit total.

Une comédie dramatique où les sentiments exacerbés sont disséqués, avec une écriture fluide et cynique à souhait avec une pointe d'humour noir. Pas de fioritures, aucun mot n'est inutile.

Tout prête à sourire et pourtant, c'est d'une profondeur déroutante.
Lien : https://julitlesmots.com/201..
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Un thriller psychologique jubilatoire, intense et génial !!!

A la retraite, les couples qui ont des enfants, n'attendent souvent qu'une chose : que leurs enfants leur rendent visite. de temps à autre.
Après une petite absence, 6 mois tout de même, quelle ne fut pas la surprise et la joie chez Jacques et Nicole, un couple de retraités de Chamonix, d'apprendre que leur fils, unique, vient leur rendre visite et pour présenter également sa petite amie.
Le jour J, tout ne se passera pas comme prévu.
Le début des ennuis commence et ce qui ne devait n'être qu'une formalité et une jolie petite réunion de famille va vite tourner au cauchemar ...
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A la seule évocation du titre du livre au nom imprononçable, je me demandais bien sa signification. Un lieu ? Un nom propre ? le nom d'une plante ?
Rapidement, vous aurez l'explication, ce sera l'un des fils conducteurs de la trame d'un livre qui m'a bluffé de bout en bout.
La plume de l'auteure est d'abord incisive, elle n'a pas son pareil pour disséquer, déflorer, découvrir l'envers du décor ou les dessous du vernis d'une famille au bord de la crise de nerf.

Avant la rencontre capitale qui va réunir les quatre personnages principaux du livre, l'histoire nous fait rencontrer les deux retraités, vivant un quotidien somme toute paisible, fait toutefois de disputes incessantes, de remontrances, on dit parfois que ce genre d'échanges permet de crever l'abcès, d'apprendre à se connaître encore mieux s'il le fallait, même au début d'une vie de retraité, à l'heure où l'on aspire, enfin à une certaine tranquillité après une vie de labeur pour payer qui les traites d'une maison à Chamonix, qui les études de leur fils, mais vous allez vite déchanter devant le déferlement des aimables banalités échangées entre les deux protagonistes. Une atmosphère déjà pesante, une morosité ambiante, tension mortifère de tous les instants ...
Les scènes de ménage se multiplient, pour un oui ou pour un non, les verbes et les phrases assassines fusent, l'impression d'assister à des scènes de joutes verbales hautes en couleur, sans temps mort, la moindre réflexion prête à réaction impulsive, les nerfs à fleur de peau, l'effet débridé et funeste de la vieillesse à sa plus mauvaise définition, la débandade, le déclin d'un couple qui s'invective à ce point, c'est écrit de manière réaliste, la narration à la première personne de Jacques (et qui s'avère le principal interlocuteur de l'histoire et vous comprendez tout, à la fin) donne le change pour une immersion totale, l'impression d'être parti intégrante du décor, comme un témoin assisté.

Si vous regardez bien la couverture du livre, il est indiqué "La comédie de l'été", effectivement, dans cette première partie, le style de l'auteure est à la fois corrosif, mordant, grinçant, on en prend plein les oreilles, çà siffle de partout et comme qui dirait, c'est pas "joli, joli" pour gronder un gamin suite à une bêtise, la grossièreté et la vulgarité ne sont pas mis au placard, c'est même l'essence et l'énergie qui donnent toute cette verve, cette divine comédie humaine. Plus que de raison, je me suis à la fois senti sourire (jaune) mais une certaine forme de malaise car je me demandais, après toutes ces années de vie commune, en tant que couple uni pour le meilleur et pour le pire, comment on peut en arriver là, qu'est-ce qui pousse deux personnes qui ont échangé leurs voeux sacrés du mariage en arrivent à ce point à tirer à boulets rouges, des phrases vipérines à foison, qui tient les rênes de la maison, qui tirent les cordons de la bourse, vous serez en équilibre instable, au bord du précipice, le drame n'est pas loin.

Certes, c'est un thriller psychologique, parfois, il n'est pas nécessaire de faire couler le sang, de faire éclater des corps et des membres pour donner l'attribut de thriller à un roman, dans Jinjinaji, l'auteure fait preuve d'une écriture qui suffit à insuffler une situation explosive, désespérée, des protagonistes au bord du précipice, je me suis demandé si l'un ou l'autre n'allait pas finir par craquer, tôt ou tard ...
Jusqu'au deuxième acte et l'arrivée miraculeuse, après 6 mois d'une longue attente, un des motifs de disputes entre Jacques et Nicole, cette longue agonie dans l'espoir de voir enfin leur fils se manifester.
Inévitablement, je n'ai pas pu m'empêcher de me poser une question, quelle tristesse et cruelle désillusion si ce couple de retraités n'avaient pas eu d'enfant(s).
Bref, vient le jour de la renaissance, l'espoir refait surface dans l'optique, l'horizon et l'avenir des jours un plus heureux joyeux chez Jacques et Nicole.
L'arrivée de l'enfant divin, le fils unique, Julien, va ranimer la flamme déjà passablement bien amochée chez ses parents.
Mais une surprise de taille les attend avec la petite amie de Julien.

L'histoire prendra alors une tournure encore plus folle, plus délirante, des situations cocasses, des fulgurances inattendues, une radiographie complète ce qui peut rassembler, désunir, retrouver, séparer, un yoyo permanent de passer du rire aux larmes et réciproquement, vous n'avez pas finir de vous sentir encore plus dans la confidence, dans une intimité encore rapprochée, toujours une ambiance délétère, de plus en plus étouffante, les non-dits et les silences prolongées prennent une place de plus en plus prégnantes, des arrangements, des complots, des trahisons, des mensonges, des vérités qui vous déboussolent, vous désorientent, un brillant exercice de style de la part de l'auteure qui prouve qu'il est possible de donner au thriller psychologique toute l'ampleur et le suspense qui sied au genre. Et sans effusion de sang, de viscères et autres.
Les chapitres sont intenses, ce parti pris en la personne de Jacques prend un relief particulier car il est à la fois victime, coupable, innocent, bourreau, manipulateur, ce qui donne une certaine complexité à comprendre ce personnage.
C'est une lecture jouissive, troublante mais tellement enrichissante, un paradoxe, je me suis imprégné de chaque action, pensée, parole prononcées par les uns et les autres.
On se plaît à prendre position pour l'un mais le chapitre d'après, vous pourriez très bien vous trahir et prendre plutôt la défense d'un autre personnage.
Souvent, les protagonistes se regardent en chien de faïence, se jaugent, se lancent des piques qui seront vite remplacées par d'autres altermoiements, désagrègements qui amèneront des attitudes de plus en plus tendues, nerveuses, passant d'une certaine accalmie ou meilleur sentiment à des échanges haineux, menaçants, qui aura le dernier mot ?

J'ai été subjugué, littéralement soufflé par le talent de l'auteure à nous emmener très loin dans les élucubrations d'un couple puis la nouvelle donne ne va qu'intensifier la trame, la rendre plausible au possible, qui n'a pas déjà ressenti ou entendu chez certains couples cette jalousie maladive, une forme de possessivité, les classiques querelles qui animent des familles depuis la nuit des temps, les tentatives de désarmorçer des situations vouées à l'échec d'une solution pacifique, à lire ces derniers mots, on se croirait viscéralement dans un roman de guerre et pourtant, ici, tout se passe dans un modeste foyer domestique, comme en huis-clos, en milieu restreint.
L'impression qui m'a souvent effleuré l'esprit pendant la lecture, des personnages évoluant dans une pièce de théâtre avec un décor minimaliste et improvisant totalement leur jeu, en ayant juste l'usage des mots comme arme de persuasion, pour faire valoir leur personnage, les faire évoluer, les faire se transcender. Comme une chorégraphie et un spectacle savamment orchestrée de main de maître par l'auteure, Katia del Ferra. Chapeau l'artiste !
A un moment, Jacques est isolé dans une pièce, il est en pleine introspection, le lecteur suit alors son raisonnement, son cheminement intérieur, sa position, son indécision, son anxiété, son angoisse, ses sentiments qui l'animent à ce moment précis, les 3 autres personnages, comme un hors-champ au cinéma l'interpellent, Jacques se déplace alors pour les rejoindre ...
C'est dire si l'écriture de ce roman est réussie, addictive, immersive.

Comme dans tout thriller digne ce nom, des surprises vont émailler le récit, des vérités vont éclater à la face de tous les personnages qui n'en sortiront pas indemne, le choc des révélations, le fossé des générations, la danse du diable, la perfidie des uns et des autres, c'est totalement hilarant, enlevé, loufoque par instant comme transgressif, violent dans ses propos et sa logique implacable, un roman impitoyable.
J'aime lire des romans où l'humour noir ou pas est dosé subtilement, sans prendre trop le pas sur la réalité des faits et gestes des personnages principaux, un exercice délicat et d'une grande profondeur dans l'humanité et émotionnelle de ses acteurs, l'auteure évite tous les poncifs du genre qui auraient pu tourner à une certaine lourdeur, à une lecture fastidieuse et somme toute ennuyeuse.
Katia del Ferra troque sa plume pour mieux manier les mots avec qui le bistouri qui le scalpel pour faire jaillir, modeler, déformer, fouetter, émouvoir, blesser, caresser, rendre palpable la noirceur qui couve tous les personnages dans leur plus simple apparat, leur vice, leur répertoire d'insanités et d'inhumanité, leur faiblesse.

Jusqu'à la fin choc(inutile de vous demander de bien vouloir commencer par le début, c'est le crédo ou leitmotiv de tout lecteur de thriller, n'est-ce pas ?), sous peine de passer complètement à travers de cette histoire subversive à souhait et d'un grand talent d'auteure, dans la gestion de son temps, de la peinture au vitriol d'une famille qui a tout à gagner ou ... à perdre, une mise en abîme irréversible, l'indéfendable, les comportements pernicieux de certains, la déliquescence d'un foyer bien sous tout rapport et sous son meilleur jour. La vérité est ailleurs ...

J'ai découvert une auteure, Kate del Ferra, un premier roman qui m'a littéralement fait passer du rire, de l'humour noir et mordant à des scènes dures, psychologiquement parlant, d'une viscosité parfois insoutenable par la teneur et le comportement de certains personnages, une forme de comédie douce-amère mais vous découvrirez que c'est un doux euphémisme pour définir cette histoire à cette simple étiquette.

Je rajouterai juste que c'est un livre qui peut s'adresser à tout le monde, bien que la nature des personnages soit unique, un peu de Jacques par-ci, un zeste de Nicole par là, un brin de Julien, on se reconnaît peu ou prou, on a plus ou moins des affinités avec eux et qui appelle dans une certaine mesure, à donner
et à faire ressentir une forme d'empathie, de compréhension à défaut de les cautionner dans l'absolu.

Cela s'appelle (oui je vais y arriver finalement, à force de le répéter, çà finit bien par rentrer ou à sortir des lèvres) Jinjinaji de Kate del Ferra, un premier roman réussi, exigeant, transgressif, définitivement pour moi un coup de coeur.
C'est édité aux Editions de la JOIE.

Vous comprendrez le choix de la couverture, une forêt, comme un effet renversant ou un miroir inversé, comme une image et son double à l'envers, à l'instar de ses personnages, dans les toutes dernières lignes du roman.
Effets de sensation et d'effroi garantis.
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Mais qu'est-ce que c'est que ce binz?
*
J'ai lu ce roman dans le cadre du challenge Pioche dans ma PAL mai 2018. Que @Patience82 m'a retenu.
Le titre ressemble étrangement au film Jumanji que j'ai beaucoup apprécié. La couverture au paysage de forêt en miroir m'intrigue.
Et quelle n'est pas ma surprise à la fin du 1er chapitre de voir que finalement le récit ne se passe pas du tout dans la nature.
Non, c'est un huis-clos dont il s'agit. J'ai mis 2 étoiles/5 et ce malgré les très bonnes notes (et bonnes critiques) vues ici.
Certes, si on aime les dramas, sorte de thriller psychologique dont c'est la mode en ce moment, vous serez bien servis.
Malgré le côté addictif , "le page-turner" de ce roman, je n'ai pas adhéré complètement aux critiques élogieuses des autres lecteurs.
*
La plume de l'auteure est très agréable, bien écrite, les dialogues sont percutants, d'un humour décapant et des propos remplis de subtilité.
Justement, tellement subtil que je n'ai pas compris le ton donné à l'ensemble. Dramatique oui mais jusqu'à quel point?
Le personnage principal, Jacques le père que je n'ai pas pû cerner. Et Nicole la mère , au comportement ambivalent.
Sommes-nous dans un monde onirique, un rêve ou alors bien ancré dans la réalité?
La fin est bizarre et m'a amené un moment d'analyse et de réflexion mais en aucun cas j'ai crû entrevoir un épilogue me convenant.
So what?
Bref, vous l'aurez compris, j'ai tourné en rond, et cette situation m'a déboussolé! Peut-être que vous arriverez à dénouer les tournures inattendues et démêlerez les fils de l'intrigue. Pas moi :)
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Un livre subtil et brillant « Jinjinaji , la comédie qui tue !". Mais qu'est-ce donc, ce « Jinjinaji » ? Je ne vais pas donner les clés du titre et de tous ses accessoires qui sont nécessaires à l'intrigue et à l'ensemble de ses thèmes, chaque lecteur a le droit aux mêmes surprises que moi. L'auteur a fait un résumé très bref, j'ai compris en le lisant qu'il y avait une bonne raison à ça. Alors, je vais essayer d'expliquer les nombreuses qualités de ce livre sans rien spoiler.
Il y a d'abord sa construction. L'auteur a mis en place une technique littéraire et son résultat est assez exceptionnel. Avec un choix narratif risqué, elle a donné la parole à un seul personnage qui raconte à la première personne du singulier les aléas de son existence. C'est intime. L'auteur fait entendre et lire les propos et les pensées du personnage principal. Quels qu'en soient le sens et la visée, ils sont cohérents et crédibles en ce sens qu'ils sont tout à fait conformes à la personnalité du narrateur, qui est un dur à cuir. Ici Kate del Ferra a fait preuve d'une véritable prouesse en ce sens qu'on rit d'abord de ce personnage, de ce qu'il dit, de comment il voit les choses jusqu'à ce que vienne l'étape suivante, l'étape des conversations. Avec les dialogues, elle a créé un pont entre l'espace du dedans, l'esprit et la pensée de son narrateur, et l'espace du dehors qui est occupé par les autres protagonistes. Avec ce procédé, les visions divergentes de la même réalité sont rendues palpables et grâce à cette même technique, on passe continuellement du rire à l'ébahissement, de la bouffonnerie au malaise, de la familiarité admise, toutefois avec réserves, à la familiarité suspecte et dérangeante pour finir sur une médiocrité atterrante et inadmissible. La truculence, et l'agressivité latente qui est comme l'âme cachée de cette narration à la première personne, ne laisse pas un instant de stabilité au lecteur, on est sur le qui-vive, vacillant et incertain, on doit savoir ce qui se passe vraiment et comment ça va se terminer.
Après la construction, il y a son histoire qui est des plus originales. Son résumé et puis ses débuts m'ont rappelé « Mais qui a peur de Virginia Wolf ? » : un couple en péril, désuni, après une réception, reçoit un jeune couple présent à la même soirée, qui vient chez eux pour un dernier verre, le jeune couple serait uni par un amour indéfectible. Comme dans un miroir, le couple âgé voit le reflet de sa propre jeunesse pleine de charme et d'illusion, et réciproquement les jeunes fiancés amoureux voient en ces deux êtres aigris, l'avenir décadent qui les attend. Mais j'arrête là la comparaison, très vite, j'ai abandonné cette piste, parce que l'auteur a pris une direction à laquelle on ne pense pas du tout et qui m'a tenu en haleine jusqu'à la fin. L'arrivée des jeunes dans la maison de Jacques et Nicole, est forte en symboles. Qui est cette jeune femme que le narrateur ne quitte plus des yeux ? Un personnage qui paraît secondaire, est absolument important dans ce livre, comme une opposition ferme et permanente à un despotisme, tout doux, dira-t-on, qui ne peut plus rester secret. La ravissante jeune femme suscite une amertume et une frustration croissantes puisqu'au grand dam du narrateur, elle est intransigeante, elle a une forte personnalité. Malgré elle, elle annonce des péripéties tout à fait imprévues qu'on saisit beaucoup mieux à la relecture du chapitre de son apparition dans le roman et de certains passages qui suivent. En la personne de la jeune femme, venue de loin, comme sortie d'un épais brouillard, qui a maintenant une place sûre et sérieuse dans le cœur du fils, il y a le choc des cultures qu'on croit que l'auteur nous annonce, mais là encore, on est à côté de nos pompes, l'auteur ne met pas de temps à orienter son lecteur ailleurs, hors des sentiers battus, hors de la comédie humaine, loin des clichés éculés, elle vient lui secouer le cerveau avec une tonne de surprises et d'interrogations sur les rapports humains, sur les limites qui écartent le rire innocent du rire de malaise, du rire de connivence et coupable. D'originalité, l'histoire n'a pas son pareil. L'histoire est surprenante, admirablement écrite et orchestrée. L'abondance de la lettre « J », est comme un reflet de nos propres « moi », un miroir qui renvoie au narcissisme latent de tout un chacun, le livre est perturbant parce qu'il interroge son lecteur, que veulent dire vraiment les plaisanteries autour d'une table familiale ? Comment et où s'arrêtent les droits et les limites de l'appropriation ? Mine de rien, dans cette comédie apparente, le suspense est total, les scènes hilarantes et des dialogues cocasses se succèdent. J'étais sensible à la clairvoyance d'une romancière qui prend un plaisir fou à nous maintenir éveillés jusqu'à la fin. Un drame, un thriller psychologique et pas une seule goutte de sang. Tout se passe comme s'il était interdit de passer du cérébral de haute volée à la médiocrité sanglante de thrillers standards. Tout est fait et dit par les quatre personnages souvent en situation confinée et glauque. On sourit, au début de tendresse pour ce couple amer de retraités, on rit de leur franche joute verbale ou de leur cessez-le feu, on compatit, et petit à petit, au cours des chapitres qui défilent, les scènes nous arrachent des rires de gêne et d'incrédulité quand d'autres énervent et font transpirer. Ce roman-théâtre est brillant, reposant sur l'humour et la clairvoyance, il pose des questions cruciales qui nous concernent tous, sur les limites entre la famille et la familiarité, la possession et la protection, l'amour ambivalent, l'appropriation et le respect, la dépendance affective et l'invasion, le harcèlement sous toutes ses coutures en lieu publique et dans l'espace privé. L'auteur nous apprend qu'elle a écrit son roman quatre ans avant sa publication, le sujet, très actuel, prouve ici son intemporalité.
L'excellent JINJINAJI que je ne peux que conseiller, est un subtil travail d'écrivain qui réussit à faire rire d'un humour noir et grinçant tout en faisant froid dans le dos. Je l'ai adoré, il est magistral.
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Jinjinaji, la comédie qui tue, par KATE DEL FERRA
En dramaturge et romancière, l'auteur de Jinjinaji a construit et écrit un roman bluffant et plein de subtilité.
Le narrateur nous met de son côté à l'ouverture du livre qui est comme l'ouverture d'un rideau. On se dit qu'il est touchant ce bonhomme qui était un jour, comme beaucoup, un écolier qui n'a pas pu se faire accepter. Mais peu à peu, les chapitres prennent une tournure inattendue, on commence à se poser de sérieuses questions. Ce qui était une lecture confortable et sans danger se change en une lecture incertaine, à un degré que dorénavant on lit le récit intime de Jacques avec quelques précautions, notre attitude de lecteur est interrogée par l'auteur. le trouble et le malaise s'installent. On est un peu secoué comme ces dormeurs qui sont tout à coup obligés de se réveiller au bruit du clairon. Si jusqu'ici on a cru que Nicole était une mère possessive qui souffrait de l'absence de son fils, on va désormais devoir regarder la réalité en face mais pas à travers Jacques. On doit mettre de la distance avec ce personnage. Mais ce ne sera pas si facile. On est tout le temps berné par lui. Est-ce Nicole qui est possessive ou est-ce Jacques qui est étrange ? le gamin aurait-il mal tourné, de l'excès de souffrance ou de son excès de narcissisme ? C'est un vrai personnage, il est susceptible, pervers, il dramatise tout ce qui le concerne et dédramatise tout ce qui peut arriver aux autres. Les sentiments et les pensées des autres le laissent insensible. Il est tenace, son nombrilisme est paroxystique, mais il est aussi convaincant, hilarant tout en étant gênant. Les blagues insidieuses, la médiocrité, une familiarité outrageante, et les propos hors sujet, qui font le monde du narrateur, nous font rire, parce que les situations sont délirantes. Mais c'est souvent un rire jaune. Avec notre sourire glacé, au lieu de détester franchement ce personnage, on se surprend à s'attacher par moments à lui, on se surprend à avoir pitié de lui, à lui trouver quelques excuses mais on a aussi très envie de le jeter dehors, on voudrait le fuir et on reste encore, pour savoir jusqu'où il se le permet. Cette attitude de la part du lecteur, le rapproche des autres protagonistes, on comprend comment surtout sa femme a dû vaciller comme nous entre la détestation et la compassion…
Le livre nous perturbe, sa perspicacité et son humour nous tiennent en haleine et en déséquilibre. C'est un roman mené avec une grande maîtrise, Kate del Ferra connaît bien son sujet, du début à la fin, elle contrôle toutes les situations, elles s'enchaînent comme les scènes d'une pièce de théâtre. Préparez-vous à vous faire mener par le bout du nez par un personnage que dans la vraie vie on fuirait à toute vitesse et sans se retourner...
Je referme le livre, heureuse de n'avoir pas vu une seule goutte de sang malgré l'atmosphère mortuaire qui plane. Tout est dans les paroles et les comportements. Je relis certains passages, avec cette question qui ne me quitte pas : ne serait-ce pas, par hasard, Nicole le personnage principal ? Je conseille vivement ce livre de littérature qui vise juste et ne recule pas devant un sujet dur et tabou. C'est brillant.
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