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Ce week-end, je suis partie loin d'ici, au bout, du bout du monde. J'ai accompagné Jean-Paul Kauffmann dans un pays où le temps n'a pas de frontière, où le vent gronde "d'une voix du bout du monde". Je suis revenue aux sources du chaos sur une terre inhabitée, une terre de désolation que les hommes ont essayé d'apprivoiser, en vain. L'homme qui n'aime pas le vide, a cependant posé des noms sur les monts, les baies, les cabanes et les lacs, comme vestiges d'histoires personnelles.

Ces histoires sont celles des Kerguelen découvertes dans ce roman
La suite ici :
http://arcetciel.canalblog.com/archives/2008/06/30/9755143.html#comments
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Restant toutefois un peu en demi-teinte, le beau récit d'une immersion géographique et historique dans le vent des Kerguelen.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/09/18/note-de-lecture-larche-des-kerguelen-jean-paul-kauffmann/

Premier récit publié sous forme de livre à part entière du journaliste Jean-Paul Kauffmann, aux éditions Flammarion en 1992, « L'arche des Kerguelen » (sous-titré « Voyage aux îles de la Désolation » dans les premières éditions), en prenant pour sujet central un archipel ô combien fascinant, dans sa nudité apparente même, concentre la plupart des beautés et un bon nombre des pièges de la littérature de voyage de la fin du XXème siècle, telle que la décrivait Emmanuel Ruben dans son « Dans les ruines de la carte » (dont on aimerait tant ici qu'il soit prochainement réédité). Nettement plus érudit, certainement (en particulier dans son retraçage des heurs et malheurs du « découvreur » de ces îles) que le roman graphique d'Emmanuel Lepage, « Voyage aux îles de la Désolation », qui lui est postérieur de presque vingt ans, il est aussi nettement moins incisif. La quête de la « belle formule », souvent réussie – et parfois un peu ratée -, est toujours apparente – ce qu'évitera par exemple, au prix d'une introspection plus fondamentale, et d'une insertion dans une mélancolie géopolitique si poignante, le Vassili Golovanov de « Éloge des voyages insensés » (2002), à propos de l'île Kolgouev, au nord de la mer Blanche.

À la décharge du journaliste alors bien lancé sur le chemin d'un devenir-écrivain, ce voyage – et son compte-rendu peut-être trop habité, donc, de passages obligés et de quelques ressassements (sans tomber, loin de là, dans le maniement intensif de clichés du voyage érudit qui viennent gâcher la marchandise dans certaines tentatives de confrères – intervient peu de temps (deux ans et quelques mois) après la fin du calvaire vécu en tant qu'otage au Liban de mai 1985 à mai 1988, et l'on sait désormais à quel point il fallut du temps à Jean-Paul Kauffmann pour pouvoir retrouver ses sensations après une telle épreuve. Lorsque ces démons auront été affrontés et vaincus, ultérieurement, et qu'une forme d'humour sincère réapparaîtra, on pourra alors se délecter d'ouvrages moins directement proches de la tentative de catharsis, tels que, par exemple, « La maison du retour » en 2007 ou le superbe « Venise à double tour » en 2019, parmi bien d'autres. « L'arche des Kerguelen » n'en demeure pas moins une lecture captivante, où le sentiment de l'absence de quelque chose de largement indéfinissable ne gâche tout de même qu'à peine le plaisir à l'oeuvre.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Un archipel battu par les vents, isolé, tellement lointain qu'il en deviendrait presque mythique. C'est là que Jean-Paul Kauffmann, pour répondre à un besoin impérieux datant de son enfance a décidé de nous convier à son exil volontaire. On redécouvre donc avec plaisir une plume passionnée, érudite et incroyablement évocatrice, celle d'un homme pour qui le mot liberté semble prendre sens chaque jour qui passe, comme pour conjurer la captivité dont il fut un jour victime.
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Îles qui m'étaient totalement inconnues avant de parcourir ce livre, j'ai été ravie de les découvrir via ce récit de voyage, où magnifiques descriptions, anecdotes historiques et informations géographiques, permettent de les rendre incroyablement vivantes aux yeux du lecteur. Un très plaisant moment de lecture.
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Un beau voyage dans les terres australes pour retrouver un petit bout de France ! Les îles de la désolation, peuplées de lapins qui ont creusé partout leurs galeries. le lapin a été introduit par des marins sur la Grande Terre de l'archipel de Kerguelen en 1874 ceci pour subvenir aux besoins d'éventuels naufragés. Une catastrophe écologique.
JP rêve de voir la fameuse arche de pierre, mais avant il explore la terre, explore l'histoire de la terre et épluche toutes les archives que chacun des diskers (chef de district des Kerguelen) se doit d'écrire pour conter son expérience. Il visite les baraques abandonnées, cherche les tombes, prononce de nouveau les noms de ces marins oubliés et enterrés si loin de leur pays.
Et il n'oublie pas de raconter le calvaire de Yves Joseph de Kerguelen de Trémarec l'explorateur breton au service du roi LOUIS XV qui fut si mal récompensé.
La fin est surprenante car elle met en scène un autre lapin entre l'auteur et Port-Christmas.
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La collection La petite Vermillon, des éditions de la Table ronde, fait peau neuve. C'est le moment ou jamais d'évoquer l'un de ses titres phares.
Existe-t-il dans quelque baie lointaine un lazaret pour âmes blessées ? Lorsqu'il n'est plus possible de slalomer entre les regards compassionnels et les questions répétitives liées à son statut d'ex-otage, mieux vaut se mettre au vert. Mais si le mal persiste et que l'on n'est plus propriétaire de son image, alors il faut alors fuir la communauté des hommes. Aux antipodes de préférence, loin des routes maritimes tracées par la mondialisation. A l'extrême sud de l'océan Indien se trouvent providentiellement les îles de la Désolation, autre appellation de l'archipel des Kerguelen. Sur cette terre oubliée un improbable pavillon tricolore est battu par les cinquantièmes hurlants. C'est ici le royaume des albatros et depuis peu la Patagonie sentimentale d'un écrivain. Quel endroit chargé de sens, à la consonance si cathartique pour prendre un nouveau départ au milieu de nulle part, fouler des pieds un sol vierge et avoir le privilège de baptiser des lieux en conquérant. L'auteur retiendra qu'aux Kerguelen, sorte d'anti-colonie de peuplement, «personne ne vous y attend et, quand vous repartez, vous n'y laissez nulle trace». La liberté de choisir son propre lieu de réclusion serait-elle l'étape nécessaire dans la reconquête de sa vie ? Telle est l'une des nombreuses questions suscitées par cette envoûtante robinsonnade.
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Ce récit de voyage est un pur bonheur ! On envie l'auteur d'avoir eu la possibilité de passer plusieurs semaines sur ces îles et d'en visiter de nombreux endroits. Fort bien documenté, mêlant histoire, géographie, faune et flore, ce livre qui constitue presque une monographie des lieux nous fait rêver et nous laisse tout de même le goût amer de l'inaccessible.
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J'aime bien comme auteur Jean-Paul Kaufman : j'ai lu des livres d'études sociologiques et aussi celui sur Napoléon à Longwood (Saint Hélène). Il sait bien décrire et rendre des éléments de détail vivants.
C'est aussi le cas sur cette ile où il n'y a pas grand chose, si ce n'est une atmosphère. La végétation est limitée, l'histoire limitée et pourtant il arrive à nous intéresser et j'ai eu, à la fin de ce livre, le sentiment d'y avoir été.
J'apprécie aussi son travail de recherche, notamment littéraire, et les enseignements qu'il en tire. Je ne connaissais les Kerguelen. Maintenant, elles me sont plus familières.
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Un long voyage, à l'autre bout du monde, au bout de soi-même.
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"Dans cette vallée que je croyais morte, m'est révélé pourquoi le vent est à l'origine de la création du monde." (76)

"Le vent gouverne l'archipel, bien qu'officiellement l'autorité française ait la maîtrise de ce district. Voilà pourquoi la France a tant tardé à exercer sa souveraineté aux Kerguelen. Face au vent, on ne domine rien. (…) le vent proclame aux Kerguelen l'absolue fluidité des choses. L'instant n'a pas d'épaisseur, le futur n'a pas d'avenir." (90)

Par un très grand hasard, au moment où j'ai ouvert ce livre pour la première fois, j'étais en train de broder un personnage symbolique de la mythologie navajo : Homme Vent Gris. Inspiré des peintures de sables exécutées au cours des voies chamaniques, il porte à la fois le souffle du monde et celui du corps. Comme en écho avec le vent libre et primitif des Kerguelen.

"Ni humaines ni inhumaines : a-humaines." (169)

"Notre présence n'est pas déplacée, elle est inexistante. Nous sommes absents de ce monde apparemment sans limites. Les lignes et les volumes, la couleur de la roche sont là pour eux-mêmes. Les nuages, l'eau, la lumière qui d'ordinaire procurent un sentiment de sécurité ne suggèrent rien." (71)

En écho aussi, le pavé d'Anne Lehoërff sur l'évolution de l'homme, "Préhistoires d'Europe", que j'étais en train de lire. Jean-Paul Kaufmann nous raconte l'espace non peuplé, non nommé, non exploité, où la soupe originelle sent la bière et où on peut attraper un arc-en-ciel à main nue. Les êtres passent et s'effacent. Ses inspirations sont bibliquement très marquées, mais il a une relation si intime avec ses sources qu'il reste ouvert à l'inconnu. Aller vers autre chose ne le rebute pas. Il pioche des citations qui entrent en résonance avec l'essentiel, avec ma proche recherche profonde. Des brumes se dissipent qui laissent la place à d'autres brumes. La justesse de ses réflexions aspire au dépouillement.

"Quand on a tout perdu, on peut s'inventer l'abondance; posséder n'a toujours été qu'une histoire d'imagination." (127)


Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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