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EAN : 9782253240846
544 pages
Le Livre de Poche (19/01/2022)
4.25/5   14 notes
Résumé :
New York, rentrée 1964. Sylvia Barrett, jeune professeure de lettres tout juste
diplômée, est affectée au lycée Calvin Coolidge, dans un quartier défavorisé de
la ville. Idéaliste et volontaire, elle espère initier ses élèves aux joies de
la littérature. Au lieu de cela, elle est accueillie par des classes
surchargées, des pénuries de fournitures, des directives grotesques et des
lycéens qui ne manifestent pas le moindre intérêt po... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Je ne connaissais ni le livre d'origine (états-unis, 1964) ni le film qui en a été fait (Robert Mulligan, 1967).
Je me suis donc immergé avec un plaisir gourmand dans cet ouvrage à la forme originale qui narre l'entrée en enseignement d'une jeune idéaliste littéraire New-Yorkaise.
Dans un lycée "à problème" (of course) sinon point de roman, sauf bluette sentimentale peut être, mais alors attention à la loi, je ne crois pas que la jeune prof de lettres n'ait épousé un président.
La forme originale : un mélange de genres : épistolaire (la majorité), mémos officiels issus de l'éducation nationale de là-bas, introspection, dialogues...
C'est un peu déroutant au début mais comme l'écriture est belle et bien traduite, l'immersion est immédiate.
Le fond : complètement inventé, rien de "vécu par l'auteure" mais tellement bien imaginé que cela en est souvent drôle, parfois un peu émouvant.
Je n'ai cessé de me demander ce qu'est devenu, aujourd'hui, à l'ère de la vidéosurveillance, de la toile, de la gestion informatisée de tous les aspects administratifs de l'éducation, ce type d'établissement.
Car j'ai eu le sentiment en lisant d'une plongée dans un passé presque préhistorique, mais sans savoir ce que sont devenus les héritiers modernes des homo sapiens dont il est question dans ce livre.
Est-ce la même chose ? Sont ils traités de la même façon ?
Ont ils les mêmes problèmes de fond : reconnaissance, espoir, solitude, exclusion ? Les enseignants sont ils du même genre ?
Enfin, la postface vaut son pesant d'or. L'auteure y explique sa situation au moment de l'écriture, ses motivations, ses impressions et cela mérite la lecture.
Un très bon moment nostalgico-historique.



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Voici un roman, car il s'agit bien d'un roman, même si le sous-titre laisse entendre qu'on s'apprête à lire un témoignage, dont la forme est tout à fait inhabituelle. Composé de lettres écrites par Sylvia Barret, la jeune enseignante, à son amie Ellen à qui elle confie son désarroi, ses doutes, de communications internes entre enseignants, des mémos de l'administration, de textes d'élèves, de remarques de ceux-ci glissées dans la boite à idée sous couvert d'anonymat, d'extraits d'un cahier de brouillon, ce qui pourrait paraitre un fatras incohérent, permet à Bel Kaufman de construire un portrait de l'équivalent de notre belle Education Nationale qui confie nos chères têtes blondes à qui veut bien s'en charger, lance de jeunes enseignants sans expérience, sans outils dans l'arène d'une salle de classe, en leur assignant une mission hautement exemplaire : celle de former les adultes de demain. Des adultes dotés d'un minimum de culture générale, d'un minimum d'expérience du raisonnement, des adultes pensant…. 😊
Dans ce lycée imaginaire se côtoient évidemment des élèves que l'auteure a fortement typés : le timide qui n'ose pas prendre la parole devant la classe, la jeune fille fleur bleue qui fantasme sur le jeune prof séduisant, le rigolo de service, le dur qui ne connait que le rapport de force ; des profs type : des expérimentés sévère ou bienveillant, la débordée, le désespéré, le dilettante ; mais aussi les autres membres du personnel : du Proviseur enfermé dans son bureau qui n'en sort que pour prononcer des discours soporifiques, le proviseur-adjoint terrifiant aussi bien les élèves que les profs, l'infirmière qui n'a de recours pour soigner les élèves que de leur offrir un thé ayant interdiction de donner quoique ce soit, ou de toucher quelque bobo que ce soit, la documentaliste qui refuse que les livres sortent de la bibliothèque et aussi quelques parents investis ou largués ou agressifs…
Quel talent que d'avoir réuni ce qui semble être un maelström décousu de docs, et qui, par un agencement brillant, permet de décrire cette institution qui marche sur la tête.
Le titre original en est un excellent exemple « Up the down staircase » soit « monter l'escalier réservé à la descente ». Dommage que le choix de la traduction fasse perdre le sel ce que l'auteure elle-même, dans sa postface, explique comme étant non seulement révélateur de la mesquinerie de l'administration (les injonctions absurdes sont très drôles) mais aussi une métaphore de celui qui choisit d'aller à contre-courant du système.
Le système est absurde : obsession de résultats quantifiables obligation de compléter des tableaux que personne ne lit jamais, réunions chronophages qui ne règlent aucun problèmes cruciaux, jargon fait d'acronymes que seuls les initiés comprennent comme « Lettres SS » = cours de Lettres avec les sujets stagnants, « FC » = Formule clé soit une phrase profonde caractérisant chaque élève qui sera elle-même notée sur la « FP » = fiche permanente sur laquelle on trouve aussi le « PEP » = profil de l'élève personnalisé. Bel Kaufman n'oublie bien évidemment pas le manque cruel de moyens : locaux délabrés, manque de craies, de chaises, de tables…

Je me suis régalée de ce tableau d'une institution certes étasunienne, certes des années 60, certes imaginée dans un quartier défavorisé mais dans lequel j'ai reconnu bien des situations, des aberrations, des inepties rencontrées durant ma longue carrière d'enseignante.
C'est pertinent, c'est drôle et je ne m'étonne pas que ce roman ait été un best-seller aux Etats Unis dès sa sortie.
Merci à @BurgBabil qui par son billet m'a mis sur la piste de cette pépite.
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Si j’étais un homme, je me ferais pousser la moustache.
Ce matin, les élèves, agglutinés sur le trottoir devant l’entrée du lycée, se sont écartés sur mon passage. Les filles étaient soit pâlichonnes, soit masquées sous une épaisse couche de maquillage, et les garçons me lançaient des œillades appuyées. « Hééé… mécékiça ! Visez-moi un peu… waouh ! » Leurs sifflements admiratifs et insolents m’ont poursuivie à l’intérieur.
(Ou mieux, tiens, une barbe.)
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Beaucoup de nos élèves – bien qu’ils aient physiquement atteint leur taille adulte – ont un niveau de lecture correspondant à la fin de primaire. Leurs lectures se résument à des bandes dessinées basiques et des romans policiers. Ils suivent leur scolarité depuis une dizaine d’années maintenant, et pourtant ils ne savent pas ce qu’est une phrase.
Les livres que l’on nous demande d’étudier n’ont, la plupart du temps, rien à voir avec rien, et ne figurent au programme que parce qu’ils ont toujours été étudiés, parce que le lycée en possède un stock, parce qu’un comité ou un autre a été chargé de pondre une liste.
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Pour un esprit jeune, un cliché a la saveur d’une nouveauté. Croire en son étoile ! Les cordonniers sont les plus mal chaussés ! Et lorsque la sonnerie de fin a retenti, j’ai eu droit au plus beau des compliments : ils ont râlé ! Ils se sont agglutinés devant la salle, gazouillant comme des moineaux impatients de picorer les graines que j’avais semées, lorsque nul autre que le Parfait Abruti a surgi.
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Tu te familiariseras rapidement avec la langue d’ici. « Voilà un défi à relever » veut dire que c’est à toi de te débrouiller ; une « relation interpersonnelle » désigne un conflit entre deux gosses ; si tu entends parler des « services municipaux secondaires de soutien à la discipline », contacte les flics ; le département des « arts du langage » est tout simplement le département des lettres ; si on te baratine à propos de la « littérature indexée sur le niveau de lecture des élèves et leur expérience », c’est qu’il n’y a plus d’autres ouvrages disponibles ; un « individu qui manque d’intérêt pour son cursus » est un délinquant, sans oublier le fameux « j’ai été informé… » annonciateur d’ennuis à venir.
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Les autres, me semble-t-il, ont baissé les bras, quand ils ne passent pas leurs nerfs sur les élèves. « Les êtres capables agissent, les autres enseignent. » À l’instar de la plupart des proverbes, celui-ci n’est qu’à demi vrai. Ceux qui en sont capables, enseignent ; les autres – les êtres amers, ceux qui se sont fourvoyés ou ont échoué dans différents domaines – trouvent dans le système scolaire un prétexte, ou un refuge. Il y a Mary Lewis, timide et soumise, qui se traîne dans les couloirs aussi chargée qu’une mule et ne vit que pour le surmenage et la pénibilité, qui suit à la lettre la moindre directive émanant de la direction, bref une martyre consentante du système.
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