Roman listé parmi les 10 meilleurs ouvrages de littérature asiatique dans la " Bibliothèque idéale " de
Bernard Pivot.
Des vieillards " de tout repos " passent la nuit auprès de jeunes filles nues, endormies sous l'effet de narcotiques. le vieux Eguchi se rend à plusieurs reprises dans cet établissement, allongé au côté de ces belles endormies, évoque le souvenir de certaines femmes de sa vie. Récit très chaste, d'un grand esthétisme où se mêlent des réflexions sur l'amour, la vieillesse, la mort.
Je rejoins l'avis de viou1108. Je me suis globalement ennuyé. Récit trop esthétique justement, qui suinte l'excès de délicatesse. Eguchi s'attarde sur les visages, sur le galbe d'un sein ou la couleur d'un mamelon éventuellement, est sensible à l'odeur des corps (aspect le mieux rendu selon moi, bien que très en deçà de ce que Jean-Baptiste Grenouille du « Parfum » aurait pu en faire), à la couleur de la peau, mais s'arrête là. Vous avouerez que pour apprécier tous les charmes d'une jeune femme, même endormie, c'est un peu juste. D'autant plus que Eguchi se flatte, à la différence des autres vieillards qui fréquentent l'établissement, de n'être pas encore " de tout repos ". Sa sensibilité n'est donc pas éteinte. Mais sous les cendres de ses désirs ne couve aucun feu. le thème de la beauté du corps féminin, superbe sujet, surtout pour un vieillard nostalgique qui pourrait se délecter esthétiquement du spectacle offert, est à peine effleuré sous le regard de l'insipide Eguchi. Il ne se passe presque rien, même en pensées, et les réflexions d'Eguchi sont le plus souvent morbides (étrangler une jeune fille, enfreindre l'interdit de la sexualité, mourir d'un arrêt cardiaque…). Son comportement est surprenant car il paye cher pour voir mais prend un somnifère pour dormir avec sa belle, ou demande à prendre le même narcotique que l'une d'elles.
Au-delà de l'esthétique qui ne suffit pas, j'attendais plus de hardiesse cérébrale… Cette littérature épurée, surtout sur un tel sujet, ne me correspond pas. Je n'ai pas vibré. Je ne me suis pas vraiment identifié à Eguchi. En m'imaginant à sa place, vieillard impotent, je me serais au moins offert une orgie visuelle de ces corps féminins tout en me plongeant dans les souvenirs des corps étreints dans ma vie passée.
Il n'en reste pas moins que le scénario de ce roman est excellent et ne laisse pas indifférent, car le fantasme de disposer d'une femme endormie (sans même penser à l'usage possible de cette liberté…), proche de celui du voyeurisme (voir sans être vu) est universel et très masculin. le titre «
les belles endormies » est magnifique.