Les Belles Endormies est le nom d'un étrange établissement qui propose à ses vieux clients de passer la nuit au côté de belles jeunes femmes plongées dans un profond sommeil par de puissants somnifères. Il leur est permis de les toucher, mais sans aller plus loin, ce que la "décrépitude" de l'âge ne leur permettrait d'ailleurs pas. Eguchi est l'un d'entre eux et va y passer quatre nuits, auprès de femmes très différentes.
Plus qu'un conte érotique, ce court roman est une description du fonctionnement de la mémoire, des souvenirs enfouis, réprimés qui refont soudain surface à la faveur d'une sensation.
Les "belles endormies" n'apportent pas, hormis le plaisir sensuel de les regarder et les toucher, de véritable satisfaction sexuelle à Eguchi, mais chacune d'entre elles, par le contact de sa peau, son odeur...va faire renaître en lui des souvenirs anciens, tous liés aux "femmes de sa vie" (une liaison de jeunesse, ses filles, sa mère, une aventure d'un soir).
S'ensuivent de longues réflexions où Eros et Thanatos s'entremêlent, symbolisés par les adolescentes et les vieillards , les unes dans l'éclat de leur jeunesse mais pâles et inertes, les autres proches de la mort mais éveillés.
Ces réminiscences vont aussi le plonger dans des cauchemars, dont les descriptions semblent destinées à l'étude d'un psy : femme castratrice aux jambes multiples, bébé monstrueux. C'est à une séance d'analyse que se livre le vieil Eguchi nuit après nuit, sur un futon au lieu d'un divan ;-), jusqu'à finalement remonter à l' image primale : "Ce dont il pouvait se souvenir, c'était des jours d'enfance où, dans son sommeil, il cherchait les seins de sa mère jeune".
Cette approche psychanalytique m'a semblé par moments un peu trop appuyée, mais j'ai aimé le lire aussi comme une sorte de fable fantastique, voire de conte gothique.
source : pollanno
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