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sur 1032 notes
Les belles endormies, Yasunari Kawabata
Lorsque Eguchi est introduit chez les "Belles endormies", il découvre un lieu semblable à nul autre. de vieux messieurs paient afin de passer une nuit aux côtés de jeunes vierges endormies par de puissants narcotiques.
Au cours de ces moments volés, Eguchi va s'appuyer sur ce qu'il découvre dans la chambre des voluptés pour revenir sur les femmes qui ont marqué sa vie... indéniablement... de celles qu'il a aimées à celles qui l'ont marqué. Veritable réflexion sur la vie, l'amour, le temps qui passe et l'inéluctable fin, ce roman court, paru en 1961 au Japon, émeut autant qu'il captive.
Kawabata est un immense écrivain, doté d'une plume d'une rare finesse et il me tarde d'aller plus avant dans la découverte de ce prix Nobel de littérature.
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Yasunari Kawabata est un des grands écrivains du XXe siècle. Il est d'ailleurs le premier japonais à gagner le Prix Nobel de Littérature. Ce livre est paru en 1961 mais n'est traduit en français qu'en 1970.
Qui sont ces Belles Endormies ? Ce sont des jeunes filles, adolescentes, qui , la nuit, vont dormir (à l'aide de narcotiques) dans une maison bien particulière. Car lorsqu'elles dorment à poings fermés, des vieillards considérés « hommes de tout repos » (impuissants) vont les rejoindre dans leurs chambres et couchent à leurs côtés …. quoiqu'ils puissent faire, la demoiselle ne se réveillera pas. On touche, caresse un peu, embrasse parfois mais on ne franchit jamais la limite tacite. C'est une quête de plaisirs pour ces Messieurs … souvenirs de jeunesse, méditation sur la vieillesse, goûter l'innocence et la douceur de l'enfance avant la mort ….
Bien écrit, d'une grande délicatesse, poétique, empreint d'un érotisme dénué de toute obscénité mais je me suis senti un peu mal à l'aise … les scènes nocturnes narrées ici ne sont-elles pas des viols? Est-ce moi qui est trop “politiquement correcte” ? Est-ce le pays, le contexte, la culture de l'époque ? Je ne crois pas que l'écrivain avait l'intention d'écrire un roman sur la gérontophilie, mais en ces temps du “MeToo” ….je ne sais pas trop quoi penser ?
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Grand livre !
Ce petit roman m'a ravi à tous les sens du terme. Plein de poésie, de contemplation bien sûr, de vie intérieure, de nostalgie et de calme. Personnellement, je n'y ai vu aucune perversité. Quel est l'homme qui n'a jamais aimé regarder sa compagne endormie ou assoupie ? Virginie d'ou C Millet nous ont-elles enlevé cette capacité, pour ne plus être que des “baiseurs” de compétition ?
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Un vieillard se rend à cinq reprises dans un petit club de "belles endormies", sorte de maison close où des jeunes femmes, vierges, sont droguées au somnifère pour le plaisir de vieillards de plus en plus impuissants qui dorment le temps d'une nuit avec elles. La "règle" étant qu'il est interdit de les déflorer.
A cinq reprises, ce vieillard, Eguchi, en même temps qu'il voit son corps vieillir, ses belles années de séducteur s'éloigner et sa mort approcher, va ressentir le désir de plus en plus intense d'accomplir l'acte interdit.
C'est dans la grande solitude de cette maison où jeunes égarées et vieillards esseulés ne se croisent que dans le silence, que le récit finira sur un sombre drame.
Comme dans Pays de Neige, Kawabata explore les lieux secrets et sombres du Japon. Comme dans Pays de Neige, c'est au moment de refermer le bouquin qu'éclot toute la noirceur de cette tragédie.
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« Les belles endormies » ne m'ont pas assommé par le talent de son auteur.

Le sujet très pervers est certes original et son traitement intéressant, même si les longues descriptions minutieuses de corps juvéniles assoupis trainent pour moi en longueur et ne se révèlent pas aussi érotiques qu'elles pourraient l'être.

Kawabata touche pourtant une vérité essentielle, qui est que les désirs des hommes ne s'estompent pas avec l'âge, certains s'accroissant même à mesure que la santé et la vigueur déclinent lentement.

Derrière le masque de la sagesse qu'est censé donné l'age mur, se cache donc souvent des hommes torturés par de puissants désirs à l'état de fermentation du fait de l'impossibilité de leur réalisation physique.

Mais à coté de ce propos et d‘une certaine finesse de style, Kawabata déroute par sa conclusion en queue de poisson laissant le lecteur interdit sur la teneur réelle du message apporté.

Malgré ces quelques réserves, il est fort probable que je veuille encore découvrir cet auteur.
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Ce roman se découvre d'un seul mouvement comme une longue nouvelle au style très fluide et nous emporte dans un univers troublant et dérangeant aux allures de conte fantastique avec un final inquiétant et énigmatique.

L'argument de départ pourrait paraître scabreux mais il est surtout prétexte à l'exploration des différents états d'esprit qui animent Eguchi face au mystère des ces «belles endormies » qui seront tour à tour investies comme des êtres charnels désirables et source de frustration, des corps à profaner ou à détruire pour peu qu'on s'approprie le pouvoir de transgresser les interdits de cette sorte de maison close, des figures de projection, au sens psychanalytique, favorisant des réminiscences de toutes les femmes qui ont compté pour lui (sa femme, ses maîtresses, ses filles et bien évidemment sa propre mère), des entités pouvant évoquer des divinités et comparées à des Bouddhas, puis des spectres potentiellement maléfiques à partir du moment où il envisage la possibilité qu'elles puissent se réveiller durant son sommeil.

Les rapports de force s'inversent et se déplacent psychologiquement dans ce qui ressemble à une sorte de régression fantasmagorique dont la fonction pourrait être de préparer Eguchi mentalement à l'éventualité de sa propre mort. Ces belles endormies sont effectivement des miroirs inversés qui lui font prendre conscience de son vieillissement et de sa jeunesse à jamais perdue. Il tente d'apprivoiser la peur de cette déchéance attendue puis de la dépasser après avoir exploré tous les possibles, de la révolte à la résignation. Et cette acceptation passe par une sorte de séance d'auto-analyse qui fait surgir des figures poétiques ou monstrueuses, des joies ou des frustrations, de la colère ou de la violence, et finalement une sorte d'apaisement dans le retour à une figure maternelle protectrice. Il est alors prêt à accepter tout ce qui pourrait survenir de potentiellement menaçant et les dernières lignes nous laissent devant une énigme d'allure policière dont on ne connaîtra pas le dénouement. En tout cas Eguchi semble prêt à accepter ce qui se passera.

Un texte mystérieux et envoûtant aux multiples interprétations.
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Bonjour à tous,

Après Mishima, et avant Tanizaki et Oé, première lecture de Kawabata, prix Nobel de littérature en 1968.

"Les belles endormies" est un court roman (comme la majorité de ce qu'a écrit l'écrivain japonais) publié en 1961.
Il figure dans la vingtaine de récits qui composent le volume de la collection pochotheque (sommaire en commentaire)

Le vieil Eguchi, 67 ans, sur les recommandations d'un ami, décide de se rendre à la maison des belles endormies.
La particularité de cet établissement : permettre à des vieillards, désormais "hommes de tout repos" (à comprendre au sens sexuel), de passer une nuit avec une jeune femme, plongée dans un sommeil profond dont rien ne pourra l'en tirer.

Il les observe, elles, leur chevelure, la position de leurs mains, leurs moindres mouvements pendant ce sommeil irréel.

Ces visites sont pour Eguchi l'occasion, au contact de leur peau, de leur odeur, de se remémorer des moments de sa vie. Des réminiscences du passé qui lui reviennent à l'esprit sans crier gare.

A ces souvenirs se greffent des réflexions sur la vieillesse, notamment masculine. Ces hommes decrépis qui comme lui viennent dans ce lieu étrange, doivent-ils inspirer la pitié ou de l'indulgence?

"Les belles endormies" est donc un très beau roman, délicat. Une espèce de parenthèse finement écrite, rempli de cette poésie de ton caractéristique de la littérature japonaise.

Kawabata était le maître de Mishima, dont il prononça l'éloge funèbre après le suicide de ce dernier par seppuku.

En 1972, à presque 73 ans, il met également fin à ses jours (en ayant recours au gaz).

Il existe une correspondance entre les deux hommes, publiée chez Albin Michel (et reprise en livre de poche) que je ne manquerai pas de me procurer lorsque j'aurai approfondi ma connaissance de l'oeuvre de ces deux grandes plumes de la littérature nippone.
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Juste un souvenir, une curieuse émotion au souvenir d'un passage de cette lecture. Lorsque le vieux caresse avec un immense plaisir non dissimulé une de ces femmes. Pas l'once d'un début de perversion dans ce roman. Juste la volupté, la sensation de l'instant présent. Et une furieuse envie de vivre, lorsque l'on sent la mort approcher. Il existe une édition illustrée de photographies de ce roman que je relirai surement un de ces jours.
Une jeune amie me demandait récemment, pas tout à fait innocemment : "mais pourquoi les hommes qui approchent des 60 ans recherchent les très jeunes femmes ?
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Avec sa magnifique plume, Yasunari Kawabata signe un roman extrêmement dérangeant avec "Les belles endormies".

A la fin de leur vie, certains hommes se complaisent à réaliser un obscur fantasme.

Dans une mystérieuse demeure japonaise, ils achètent des nuits hors du temps et se glissent dans un lit aux côtés d'adolescentes nues devenues inconscientes sous l'effet de puissants sédatifs.

Eguchi, soixante-sept ans, tente pour la première fois l'expérience. Il est tout d'abord troublé et interdit par l'inconscience et l'aspect juvénile des jeunes filles qu'il découvre. Privé du moindre échange, il doit imaginer les secrets qui planent derrière leurs paupières closes.

Puis, Eguchi commence à se connecter à lui-même et à renouveler ces instants troublants. Ainsi, au travers d'une jeune fille évanouie, il redécouvre une odeur, un geste, et se connecte peu à peu à des sens oubliés et à ses souvenirs. Cette méditation le plonge auprès d'anciennes conquêtes féminines. Il est propulsé jusqu'au coeur de son enfance.

Ces nuits obscures seront également propices à une véritable catharsis de l'âme. Ainsi, aux côtés de ces jeunes filles, les hommes, en quête d'une mort douce, extériorisent les démons qui les hantent.

J'avais aimé l'univers poétique de Kawabata au travers de son roman "Tristesse et Beauté". Pour autant, ce livre m'a laissé un véritable sentiment de malaise.

Cette maison laissant des jeunes filles parfaitement inconscientes dans les bras de vieillards est profondément atroce.

Si la plume de Kawabata est toujours aussi belle et dépeint avec sensualité la vieillesse, la solitude et la mort, il demeure un sentiment de dégoût bien vif à la fin de ma lecture.

Lien : https://memoiresdelivres.wor..
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Je referme ce court roman avec un sentiment d'irréalité qui perdure et je me dis que décidément la littérature japonaise aime bousculer le lecteur par les thèmes choisis et surtout par la manière de les traiter. Dans ce roman, Kawabata nous parle de la vieillesse, de la solitude, du désir, des regrets et de la mort mais il aborde ces sujets d'une manière très particulière.
Eguchi, âgé de 67 ans, découvre la maison des “belles endormies” dans laquelle il peut passer la nuit avec un jeune fille vierge endormie d'un sommeil artificiel. Les clients sont tous de “tout repos” mais Eguchi se voit encore dans la force de l'âge et donc différent des autres clients. Cependant, à côté de ces jeunes filles, leurs odeurs, leur peau, leur visage vont faire resurgir chez le vieil homme des souvenirs enfouis d'autres femmes qu'il a connu.
Réticent, tout d'abord, Eguchi ne peut s'empêcher de revenir dans cette mystérieuse demeure.

Je salue l'écriture très poétique de Kawabata pour traiter du thème de la fin de vie, du rapport au corps et à la sexualité. Il réussit à mettre en éveil nos cinq sens par ses descriptions à la fois réalistes, subtiles et érotiques mais jamais vulgaires du corps des jeunes femmes et des sensations ressenties par Eguchi. Il en ressort un texte d'une grande beauté et d'une grande délicatesse.

Ecrit dans les années 60, ce texte n'expose que le point de vue de l'homme qui vieillit face aux corps de jeunes femmes. J'imagine très bien qu'aujourd'hui on pourrait écrire le pendant de ce roman avec une femme âgée allant dans une maison du même type pour dormir aux côtés de jeunes hommes.

Il s'agit du premier roman de Kawabata que je lis et je sais déjà que ce ne sera pas le dernier car il m'a donné envie de me plonger dans la bibliographie de cet écrivain hors du commun.
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