Bonjour à tous,
Après Mishima, et avant Tanizaki et Oé, première lecture de Kawabata, prix Nobel de littérature en 1968.
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Les belles endormies" est un court roman (comme la majorité de ce qu'a écrit l'écrivain japonais) publié en 1961.
Il figure dans la vingtaine de récits qui composent le volume de la collection pochotheque (sommaire en commentaire)
Le vieil Eguchi, 67 ans, sur les recommandations d'un ami, décide de se rendre à la maison des belles endormies.
La particularité de cet établissement : permettre à des vieillards, désormais "hommes de tout repos" (à comprendre au sens sexuel), de passer une nuit avec une jeune femme, plongée dans un sommeil profond dont rien ne pourra l'en tirer.
Il les observe, elles, leur chevelure, la position de leurs mains, leurs moindres mouvements pendant ce sommeil irréel.
Ces visites sont pour Eguchi l'occasion, au contact de leur peau, de leur odeur, de se remémorer des moments de sa vie. Des réminiscences du passé qui lui reviennent à l'esprit sans crier gare.
A ces souvenirs se greffent des réflexions sur la vieillesse, notamment masculine. Ces hommes decrépis qui comme lui viennent dans ce lieu étrange, doivent-ils inspirer la pitié ou de l'indulgence?
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Les belles endormies" est donc un très beau roman, délicat. Une espèce de parenthèse finement écrite, rempli de cette poésie de ton caractéristique de la littérature japonaise.
Kawabata était le maître de Mishima, dont il prononça l'éloge funèbre après le suicide de ce dernier par seppuku.
En 1972, à presque 73 ans, il met également fin à ses jours (en ayant recours au gaz).
Il existe une correspondance entre les deux hommes, publiée chez Albin Michel (et reprise en livre de poche) que je ne manquerai pas de me procurer lorsque j'aurai approfondi ma connaissance de l'oeuvre de ces deux grandes plumes de la littérature nippone.